Chapitre 16

Myosotis se réveilla dans un endroit étroit. Sa vision devint nette et elle réalisa qu'elle se trouvait dans une cage. Plus par réflexe que dans l'espoir que celle-ci s'ouvre, elle accrocha vivement ses mains aux barreaux et se mit à les secouer. La silhouette de Caleb ne tarda pas à apparaître. Il se pencha vers la cage où elle était enfermée et prit un air faussement soucieux.

- Alors mon petit oiseau, on a essayé de s'échapper ?

Il regarda sur le côté, une mine boudeuse.

- Moi qui croyais pouvoir te faire confiance... Ta liberté t'a brûlé les ailes.

Il revint à elle, tandis qu'elle le foudroyait du regard.

- Pauvre petit oiseau en cage, si tu t'étais envolée pour de bon, ton chant joyeux m'aurait manqué.

Il attrapa un barreau et un énorme sourire fendit son visage.

- N'oublie pas que tu m'appartiens.

- Je ne suis pas un oiseau, et encore moins ta propriété ! répliqua-t-elle.

Son sourire s'agrandit.

- N'aie crainte, tu es la pièce maitresse de ma collection.

Il lâcha le barreau et s'éloigna sans un mot de plus. Les épaules de la jeune fille s'affaissèrent. C'est à ce moment exacte qu'elle réalisa à quel point elle s'était trompé sur le compte de Caleb. Il était complètement fou. Manipulateur, égoïste, fourbe et excellent menteur. Il ne l'avait jamais aimé. Tout ce qu'il voulait, c'était la posséder, comme il possédait tous les écorchés sous son régime de mensonge. Il était malade.

Elle poussa un long soupire. Sa cage se trouvait au milieu de nulle part, complètement entourée d'arbre. Caleb avait sûrement dû s'arranger pour l'enfermer dans un endroit où personne ne pouvait la trouver.

Mais s'il croyait qu'il allait l'avoir comme toutes les autres filles qui étaient passées avant elle, il se trompait ! Myosotis contrôlait de mieux en mieux ses pouvoirs, et ils devenaient de plus en plus puissants. Elle ferma les yeux et se concentra. Son sang bouillonnait dans ses veines. Elle serra les poings, ses muscles se contractèrent. Elle se mit à rétrécir et rétrécir, jusqu'à ce qu'elle ne deviennent plus qu'un petit point noir : une fourmi. Réduite à la taille d'insecte, elle n'eut aucun mal à se faufiler entre les barreaux de sa cage. Elle avança d'un pas rapide dans la forêt, puis une fois qu'elle fut sûre que personne ne pouvait l'attraper, elle reprit sa forme humaine. Et elle se mit à courir. Loin de tout ça, loin de sa peine, loin de ses souvenirs. Elle s'était peut-être libérée mais une voix au fond d'elle lui chuchotait qu'elle était à jamais sous l'emprise de Caleb. Il détenait son coeur, et il pouvait l'utiliser pour la détruire. De plus, elle avait beau partir loin de lui, elle savait qu'il ne s'arrêterait pas là. Il continuerait de la chercher. Elle était à sa merci. Elle trébucha et se rattrapa comme elle put sur son bras valide. Elle se releva immédiatement et continua de courir. Il y avait de la boue sur ses genoux et la peur restait encrée sur son visage. Elle se sentait comme le jour où les C.A.E l'avait poursuivie. Elle ne savait pas où elle était, ne savait pas où aller. Son souffle était court et ses poumons la brulaient. Mais elle ne pouvait pas s'arrêter. Elle avait plus mal au coeur qu'aux pieds. Elle courut à travers la forêt, se prit des branches dans la tête, des ronces qui s'entortillaient autours de ses chevilles. Mais la douleur physique était incomparable à celle morale. Elle arriva devant le grillage des Perdus. Avec toutes ces histoires, elle avait failli oublier Blizzard ! La jeune fille se trouvait dans un coin, ballottée entre deux Perdus qui se disputaient.

Elle aussi, elle était là à cause de Caleb. A elle aussi il lui avait volé son coeur et son âme. Il lui avait pris tout ce qu'elle avait et lui avait juste laissé un esprit embrouillé et un être ravagé. Myosotis ressentit un pincement au coeur, car désormais elle comprenait parfaitement Blizzard. Elle ne voulait pas devenir comme elle. Blizzard devait être la dernière. Elle cria son nom, et le visage claire de la jeune fille s'éclaira. Il avait beau être comme d'habitude secoué de spasmes, elle trouva dans son regard une harmonie. Elle avait sûrement dû être une très belle fille dans le passé, bien plus belle que Myosotis. Blizzard courut à elle jusqu'à ce qu'elle soit bloquée par le grillage.

- Myosotis !

Son visage à moitié brumeux prit un air inquiet.

- Comment ça s'est passé ? Dis-moi que tu es loin de Caleb ?

- Oui, désormais je suis chez les plumes d'argent.

Blizzard poussa un soupir et son visage se fendit en un sourire tordu. Le soleil miroitait dans ses cheveux blanc. Les reflets de sa chevelure ressemblait à ceux de la pierre de lune.

- Myosotis, il faut que tu me fasses sortir d'ici.

- Je suis dans une situation difficile en ce moment. Je ne peux pas te délivrer pour l'instant, car où pourrais-je te cacher ? Mais je te dois une faveur. Je reviendrais te chercher, c'est promis, et te rendrais visite le plus souvent possible.

Son visage de décomposa pour former une expression de déception intense.

Nouveau pincement au coeur.

- Je te le promets Blizzard. Et je ferais en sorte que Caleb soit puni pour ce qu'il t'a fait. répéta-t-elle.

Les grognements des Perdus redoublèrent et ils se mirent à se jeter contre le grillage. Myosotis poussa un cri de surprise et recula.

- Tu devrais partir maintenant. déclara platement Blizzard.

Et elle disparut dans la foule.

Cela devait bien faire 3 heures que Myosotis s'était absentée. Quand elle arriva au camps, elle avait des feuilles dans ses cheveux emmêlés et des égratignures sur les bras et les jambes. Mais le pire, c'était son regard. Vide, comme des ténèbres sans fin. Quand Gabin l'aperçut, il courut à elle.

- Myosotis... souffla-t-il inquiet.

Il voulut attraper son bras mais elle continua sa route. Elle monta mécaniquement l'escalier de fortune qu'on lui avait construit afin de monter dans sa chambre, entra dans la cabane et claqua la porte. Elle se plaqua contre une coin de mur et se mit en boule. La pression retomba d'un coup. Elle baissa la tête et se mit à pleurer à gros sanglots. Son corps était secoué par ses pleures silencieux. La porte s'ouvrit, elle tourna ses yeux plein de larmes vers la garçon qui se trouvait à l'embrasure. Gabin.

- Myosotis, ça ne va pas ?

- Vas-t-en s'il te plait. demanda-t-elle d'une voix tremblante.

A la place, il s'approcha d'elle. Il avait l'air soucieux et doux à la fois. Mais était-ce sincère ? Pouvait-elle lui faire confiance ?

- Parle-moi. Dis-moi ce qui ne va pas.

- Je t'ai dit de t'en aller. Part ! dit-elle avec plus d'agressivité qu'elle ne l'aurait voulu.

Il se stoppa net et fit doucement demi-tour. Il ferma la porte, puis se plaqua contre celle-ci.

- Myosotis, je sais comme la vie ici peut être difficile, crois-moi. commença-t-il, derrière la porte.

- Je sais comme on peut se sentir coincé, comme si on ne pouvait pas s'en sortir. Mais c'est faux tout ça, crois-moi. On peut se relever. Ca demande du temps, mais on peut être heureux de nouveau.

Elle entendit ses pas reculer.

- En attendant Myosotis, je suis là moi. Tu peux t'appuyer sur moi. Je ne sais pas quels horreurs Gabin t'a faites, mais je ne suis pas comme ça. Viens me voir dès que tu en as envie. Tu pourras me parler dès que tu te sentiras prête. Ne garde pas tout sur toi Myosotis. Tu peux lâcher prise, tu as le droit d'être mal, fatiguée de temps en temps. On trouvera une solution à deux.

Elle entendit ses pas s'éloigner et raisonner contre les marches de son escalier de fortune.

Mais si elle lâchait prise, ne s'écraserait-elle pas sur le sol ?


NDA : Vous avez vu, j'ai changé de couverture, elle vous plait ? Elle a été faite par Rose Prune. 

Comme je suis assez chargée en ce moment, mes publications sur cette fiction risquent de s'espacer. Je vous embrasse, et merci pour vos votes ! 


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