Chapitre 15
- Une brosse ? répéta Marine, étonnée.
Plusieurs sirènes venaient de les rejoindre.
- Approche. fit Myosotis avec un signe de la main en essayant de paraître sûre d'elle.
Marine s'exécuta. Les sirènes avaient beau avoir de beaux cheveux, ils étaient complètement emmêlés. Myosotis commença à la coiffer, en commençant par les pointes. Parfois, Marine lâchait un petit « ouille ! » mais quand elle eut terminé, les autres sirènes s'exclamèrent avec admiration :
- Wow, Marine, tes cheveux !
Ses longs cheveux bruns et ondulés brillaient de mille feux.
- Moi aussi je veux avoir ces cheveux ! s'écria une sirène à la queue rose.
Les « moi aussi ! » fusèrent dans l'assemblée des sirènes. C'est ainsi que Myosotis passa toute son après-midi à les coiffer.
- Myosotis, tu es la meilleure ! la remercièrent-elles.
Elle sourit et prit un air sérieux.
- Je pourrais vous rapporter d'autres brosses si vous me faites une faveur.
- Tout ce que tu voudra !
Son sourire s'agrandit.
- Parfait. Je vais y aller les filles, je reviendrais bientôt.
Sur-ce elle nagea vers la surface tandis que les autres sirènes lui criaient au revoir. C'était si facile de les avoir dans la poche. Oh mon dieu, elle se mettait à penser comme Caleb ! Son coeur se serra, et elle essaya de diriger ses pensées vers autre chose. Elle sortit de l'eau et s'empressa de retrouver sa blouse qui avait séché avec le temps. Son short en jean réapparut comme par magie lorsque ses jambes revinrent à la normale. Elle poussa un soupir de satisfaction. En traversant la forêt, elle croisa Gabin, qu'elle ignora soigneusement.
- Tu ne me parles toujours pas n'est-ce pas ? demanda-t-il agacé.
Elle continua son chemin. Il lui attrapa la main pour la stopper. Ils se regardèrent droit dans les yeux. Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose, seulement rien ne sortit. Il réprima donc sa parole, fronça les sourcils et fourra dans la main de Myosotis quelque chose de plat et de froid. Elle découvrit sur sa paume une pierre blanche au reflet arc-en-ciel. Il y avait un trou sur l'une des extrémité et un cordon de cuir passait à travers.
- C'est une pierre de lune. expliqua Gabin en évitant son regard. Je l'ai trouvé dans une grotte. A ce qu'il parait, ça aide à soigner les crises de somnambulisme.
Par trouver, il entendait chercher pendant plus d'une heure. Elle fut bien plus touchée qu'elle ne l'aurait cru par son geste. Alors comme ça, il avait pensé à elle... Elle ne savait pas trop quoi penser de ce garçon. Tout était si bizarre entre eux, comme si une vitre teintée les séparait.
- Merci beaucoup Gabin, c'est très gentil. Je ne sais pas trop quoi dire.
- Alors ne dis rien.
Il releva enfin la tête vers elle et sourit. Il attrapa la pierre et lui fit signe de se retourner. Il attacha délicatement le collier qu'il lui avait fait dans sa nuque.
- Et voilà ! s'écria-t-il fier de lui.
Elle sourit d'un air gênée en guise de réponse.
- Il faut que je te parles de quelque chose. déclara-t-elle.
- Dis-moi, je suis tout ouï.
- Non, pas ici. Les gens risqueraient de nous entendre. répondit-elle en baissant le ton.
- Oh non, ce n'est pas vrai. Tu es déjà tombée amoureuse de moi ! s'exclama-t-il en arborant un immense sourire.
Elle leva les yeux au ciel et bifurqua vers la gauche, l'invitant à la suivre. Au bout d'une dizaine de minutes, ils arrivèrent à l'oasis. Elle plongea ses yeux dans les siens.
- Gabin, j'ai trouvé un plan pour qu'on s'échappe d'ici. murmura-t-elle bien que personne ne pouvait les entendre.
Gabin était toujours sûr de lui et ironique, pourtant, elle vit son visage se décomposer sous ses yeux. Quelque chose en lui sembla s'éteindre, comme si avait appuyé sur le bouton off de son sourire rayonnant.
- Myosotis, on ne peut pas s'échapper.
Elle ne savait pas vraiment si le ton de sa voix était dépité, craintif ou préventif. Elle attrapa les mains du garçon pour appuyer ses propos.
- Si ! J'ai trouvé un moyen infaillible. Les sirènes me doivent une faveur, elles nous laisseront passer. expliqua-t-elle telle une enfant excitée la veille de noël.
- Et que fais-tu des gardes ? demanda-t-il d'un ton plat et agacé.
- On trouvera un moyen.
- C'est trop dangereux Myosotis. Il faut que tu abandonnes.
Elle fronça les sourcils, extrêmement déçue par sa réaction.
- On aura qu'à construire des bateaux ou même des sous-marins ! Il y a des gens très talentueux parmi nous.
Il ferma les yeux et inspira, comme pour se calmer.
- On ne peut pas partir. articula-t-il en espaçant bien chaque mot.
Elle se mit à la secouer avec son bras valide.
- T'es un crétin ou quoi ? s'emporta-t-elle. Pourquoi tu abandonnes ? On peut le faire ! Pourquoi tu te laisses aller ! Regarde-moi Gabin, regarde-moi !
Il ouvrit les yeux et des éclairs sortirent de ses pupilles.
- Tu n'es au courant de rien Myosotis. Ca ne fait que quelques semaines que tu es arrivée. On ne peut pas s'échapper.
Elle lâcha doucement sa main. Elle avait la gorge nouée et elle avait envie de pleurer. La déception est le pire des sentiments. Elle s'était imaginé un scénario improbable et exagéré, mais elle avait vraiment pensé qu'il aurait partagé son enthousiaste. Son rêve tombait à l'eau, non pas couler par les sirènes, mais couler par lui.
Il dû deviner son désarroi, car il devint plus doux.
- Myosotis... Tu sais ce qui arrive lorsqu'on utilise trop ses pouvoirs. Ne prends pas de risques inutilement.
Et il partit, la plantant là.
- Parce que maintenant tu t'inquiètes pour moi ?! cria-t-elle alors que la forêt engloutissait sa silhouette.
Elle se laissa tomber au bord de l'eau et regarda son reflet. Ses cheveux avaient déjà bien poussé. Elle soupira.
- Qui es-tu ? demanda-t-elle à son reflet.
« Plus la même qu'avant, ça c'est sûr. » Myosotis voyait la déprime pointer le bout de son nez.
- Non ! Il ne faut pas se laisser aller ! s'encouragea-t-elle.
Elle se leva en serrant le poing contre sa cuisse. Elle allait s'éloigner mais elle entendit du bruit. Des pas craquer sur le sol. Elle se retourna et son coeur manqua un battement.
- Je savais que j'avais entendu ta voix. fit calmement Caleb, un immense sourire aux lèvres.
Elle aurait voulu partir en courant, l'insulter, ou au moins dire quelque chose, mais des liens amoureux s'étaient enroulés autours de sa gorge, ses mains et se pieds et l'empêchaient de faire quoi que ce soit.
- Ca m'a fait beaucoup de peine quand tu es partie tu sais. dit-il en fixant l'eau.
Il la regarda de nouveau et son sourire s'évapora.
- Oh, Myosotis, regarde ce qu'ils ont fait de toi... soupira-t-il. Ils t'ont détruite. Personne pour t'aider, personne pour s'inquiéter pour toi. Ils font tous semblant d'être tes amis mais ils se moquent de toi.
Il se rapprochait d'elle et elle était toujours incapable de bouger. La main de Caleb caressa son bras.
- Je sais à quel point tu es fragile. Je sais que tu as besoin de quelqu'un sur qui t'appuyer. dit-il avec douceur.
Elle ne pouvait pas résister. Elle avait une telle attirance pour lui. Il la serra dans ses bras, et elle se laissa aller contre lui. Elle posa sa tête sur son épaule et ferma les yeux, laissant la chaleur qu'il dégageait l'envahir. Tout allait bien. Tout irait bien tant qu'elle resterait avec lui. Elle remonta son visage et ses lèvres vinrent trouver celles de Caleb. La main du garçon remonta du bas de son dos jusqu'à son cou.
Puis il serra, et immédiatement elle perdit connaissance, s'écroulant dans ses bras.
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