Chapitre 13


Son premier reflex fut de reculer, ce qui lui arracha à nouveau une grimace de douleur. Les loups l'avaient déjà encerclée. Elle essaya de parler leur langue, comme elle l'avait fait avec Gabin, mais rien ne vint. Seul le silence sortit de sa bouche. Sa tête lui faisait horriblement mal et la peur lui rongeait les entrailles. Elle était prise au piège. Cette fois-ci était la bonne, l'île avait eu raison d'elle et allait lui voler son âme. Il n'y avait aucun moyen de s'en sortir. Un miracle se produisit. Quelque chose l'attrapa par la taille et la souleva de terre. Ses pieds s'éloignaient des loups, mais aussi du sol. Elle se tourna vers la personne qui la serrait contre lui en volant.

- Gabin. souffla-t-elle.

- Tu as le chic pour te fourrer dans des situations dangereuses. fit-il d'un ton moqueur, un sourire aux lèvres.

Alors c'était ça son pouvoir, il volait. Elle regarda en bas. Oh mon dieu, qu'elle était haute ! Monter une échelle, ok. Voler dans les airs, non ! Elle ferma les yeux immédiatement. Il rit et la serra un peu plus contre lui pour ne pas qu'elle tombe. Ils continuaient de voler vers le haut. Les yeux fermés, elle passa ses bras derrière son cou pour être plus stable. Son visage était crispé.

- Allez, ouvre les yeux. Le paysage est magnifique. fit la voix de Gabin.

Elle ouvrit les yeux, pour les fermer une seconde après, trop apeurée. Elle avait eu le temps d'entrevoir les arbres qui surplombaient la mer. Il éclata de rire.

- C'est bon, tu t'es bien marré ? Me sauver des loups à rempli ton ego masculin ? Tu peux me reposer maintenant ? demanda-t-elle sèchement et agacé.

Nouvel éclat de rire.

- C'est tellement drôle de te voir comme ça Myosotis, je ne m'en lasserais jamais.

- Repose-moi. ordonna-t-elle d'un ton pressant.

Elle ouvrit les yeux seulement lorsqu'elle sentit de nouveau le sol sous ses pieds. Gabin se trouvait face à elle, un sourire arrogant aux lèvres. Il attrapa son poignet droit et l'inspecta à la lumière de la lune.

- Il faudra aller chez la guérisseuse. Tu es tombée de ton lit Myo ?

Elle lui jeta un regard noir.

- Désirée m'a jeté du haut d'une cabane ! Je me suis fracassée la tête contre le sol ! éclata-t-elle.

- Du calme Myo. On ira soigner tout ça demain, tu es entière et c'est ce qui comptes. Au moins, je vois que tu as gardé ton caractère de chien, c'est rassurant.

Il s'apprêta à s'envoler mais elle l'arrêta de son bras valide.

- Je viens de t'annoncer qu'on vient d'essayer de m'assassiner et c'est ta seule réponse ?!

Un demi-sourire fendit le visage du beau garçon.

- Si tu savais à quel point la vie est dangereuse ici.

Et il se retourna, monta sur la rambarde et se jeta dans le vide.

- Crétin ! cria-t-elle alors qu'il s'envolait vers sa chambre.

On entendit du bruit en bas.

- On a attrapé une écorchée ! hurla quelqu'un.

Immédiatement, tout ceux qui n'avaient pas été réveillés par le bruit le furent et ils descendirent tous de leur cabane. Tous sauf Myosotis. Impossible de descendre une échelle avec un seul bras. Elle se concentra et déploya ses ailes. L'aile droite était largement plus petite que l'autre, ce qui l'empêcha de voler droit. Quand elle arriva au sol, les plumes d'argent avaient les yeux fixés sur elle, horrifiés.

- On n'a pas le droit d'utiliser nos pouvoirs ! s'exclama une fille avec un mélange de colère et de crainte.

- Je ne pouvais pas descendre. ELLE m'a cassé le bras.

Elle pivota et pointa un doigt accusateur sur Désirée qui se débattait. Deux garçons la tenaient fermement par les bras.

- Une écorchée a blessé une plume d'argent ! Nous sommes en guerre !

- Du calme du calme. intervint Anémone. Nous sommes en paix.

Elle s'approcha de Désirée, un regard sérieux au visage. De prêt, bien que différentes, les deux jeunes filles se ressemblaient beaucoup.

- J'espère que tu as une bonne raison d'être venue blesser l'une des nôtres.

- Elle m'a abandonnée ! se défendit Désirée. Ce n'est pas digne d'une écorchée !

Un sourire mélancolique apparut sur le visage d'Anémone tandis que son regard voguait au loin.

- Hum, c'est douloureux. Mais vois-tu, Myosotis n'est pas une écorchée, mais une plume d'argent. Par contre, toi, tu en es une, et je ne peux te laisser t'en aller pour le moment.

- Quoi ! Pas question ! Laissez-moi partir !

Et elle se débattit de plus belle. Ses cheveux verts s'échappaient de se tresse et retombaient sur son visage. Les garçons la poussèrent et l'emmenèrent vers une chambre libre et l'y enfermèrent. Anémone se tourna vers Myosotis.

- Évite d'utiliser tes pouvoirs, c'est dangereux. Nous trouverons un moyen pour que tu puisses retourner à ta chambre. En attendant, repose-toi.

Gabin s'avança vers elle mais elle se dépêcha de s'envoler. Ce garçon était un sombre idiot, il ne méritait pas qu'elle lui adresse la parole.


Elle fut réveillée par le bruit des vagues. Elle ouvrit les yeux et fut aveuglée par le soleil. Elle se releva vivement, et ses mains rencontrèrent le sable. Elle soupira. Elle n'avait pas le souvenir d'être allée se balader sur la page puis s'être endormie. Elle se releva, épousseta ses vêtements remplie de sable avec son bras valide et se dirigea vers le camp. En entendant le chant des sirènes, une idée lui vint. Mais il était trop tôt. D'abords, elle devait aller déjeuner.

Alors qu'elle allait s'asseoir à la grande table, à côté de n'importe qui sauf Gabin, celui-ci lui dit :

- On dirait que mademoiselle est somnambule.

Elle l'ignora. Elle ne lui adressera pas la parole tant qu'il ne lui aura pas fait ses excuses.

Une fois préparée, elle revint à la plage, vide à cette heure-ci. Elle était au courant des risques qu'elle allait courir. Mais cette idée méritait d'être essayée, même si l'angoisse lui tordait le ventre. Même si les conséquences pouvait être grave. Même si elle ne serait plus jamais la même.

Elle allait se transformer en sirène. Elle pourrait sympathiser avec elles, et grâce à ça, ils pourraient s'échapper.


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