Chapitre 12


Myosotis ouvrit les yeux, et ce qu'elle vit ne fut pas le plafond de sa chambre mais des arbres à perte de vue. Elle cligna plusieurs fois des yeux et se releva doucement en les frottant. Elle se trouvait au milieu de la forêt. Comment était-elle arrivée là ? Aucune idée. Il y avait des brins d'herbes dans ses cheveux courts et de la terre s'amassait sous ses ongles. Elle poussa un long soupir et se releva. Que la vie était fatigante depuis qu'elle était sur cette île entourée de mystères ! Myosotis détestait les secrets.

Heureusement, elle commençait à bien se repérer dans la forêt et n'eut pas de mal à trouver le camps. Un frisson parcourut son échine quand elle aperçut un uniforme noir. Elle accéléra sa marche. Arrivée au camps, elle fut accueillie par Anémone.

- Ah tu es là ! s'exclama celle-ci. Les gens commençaient à dire que tu étais retournée chez les écorchés.

Elle fit vivement non de la tête. Plus jamais.

- Bon, viens, je vais te passer d'autres vêtements. Et puis, tu as besoin d'une bonne douche je pense.

Anémone la guida à travers la place où déjà bon nombre de gens s'activaient. Anémone poussa un rideau de branches et elles arrivèrent dans un endroit un peu à l'écart. De petites cabines en bambou s'alignaient.

- Voici les douches ! s'exclama Anémone, visiblement fière.

Elle avait inventé un système de tuyaux en pente qui ramenait l'eau de la mer jusqu'au douche. Elle ouvrit une cabine et lui indiqua un cordon de perle.

- Tire dessus pour faire venir de l'eau. Ce n'est pas très chaud, je te préviens.

Sur-ce elle partit. Elle entra timidement dans la douche, et tira sur le cordon. L'eau froide heurta sa peau, mais avec le temps, Myosotis avait pris l'habitude. Un tourbillon d'eau boueuse s'engouffra dans le trou situé au milieu de la douche. Elle tira une seconde fois pour arrêter l'eau. Elle se pencha et trouva dans un petit pot de verre ce qui devait être un gel douche. Il avait une couleur légèrement bleutée, et quand elle ouvrit le pot, une odeur de fleurs l'envahit. Elle sourit, et commença à l'étaler sur son corps et ses cheveux. Elle se rinça, et trouva posé sur le haut des bambous une serviette pliée qu'elle attrapa. Elle s'enroula dedans. Elle était plus rèche que celles du monde céleste mais ce n'était pas désagréable. En avançant un peu elle trouva accrochés sur une branche des vêtements. Elle les attrapa et revint dans la cabine afin de se changer en toute intimité. C'était une blouse blanche large et légère, avec le col coloré et la fin avec de petites franges multicolores. Il y avait un short en jean, ainsi que des bottes de cuire beiges à lacet. Elle enfila tout et glissa sa chemise dans son short.

C'était le passage de l'uniforme noir à l'uniforme blanc. Le passage de l'ombre à la lumière. Elle sortit et retrouva les autres sur la place principale, qui était désormais vide. Seule Mitsuki était là, assise par terre en train de jouer avec ses poupées de pailles et de feuilles. Elle aurait tellement pu avoir meilleur si elle n'avait pas été une âme errante. Elle lui sembla très grande pour jouer encore à ce genre de choses. Myosotis la rejoint et s'accroupit pour être à son niveau.

- Mitsuki ? fit-elle poliment.

La jeune fille releva la tête vers elle, les yeux brillants de malice.

- Oui ?

- Hier, qu'est-ce que tu voulais dire par « c'est elle l'ange noire ? ».

Mitsuki sourit comme si elle avait affaire à une ignorante puis se concentra sur ses poupée.

- Gabin fait presque ce rêve tous les soirs. Il voit un ange aux ailes noires, et dès qu'il s'approche de lui, il se prend des balles dans les ailes et dans le coeur. dit-elle sans détourner des yeux son jeu.

- Quel est le rapport avec moi ? Je ne te suis pas.

Mistuki lui sourit.

- C'est de toi qu'il rêve.

Myosotis éclata d'un rire nerveux.

- C'est impossible, on ne se connait même pas.

- C'est ça, la magie. Dès qu'il t'a aperçu, il t'a reconnue, mais il ne savait pas où il t'avait rencontré. Il t'a beaucoup observé tu sais.

Ce moment était juste affreusement gênant. Myosotis ne savait pas quoi répondre, alors elle fit un sourire crispé. C'était effrayant, non ? Pourquoi tombait-elle que sur des garçons bizarres ?

- Ne rougis pas comme ça. De toute façon, vous tomberez amoureux l'un de l'autre un jour.

- Tu l'as vu dans l'avenir ? s'exclama Myosotis, les yeux écarquillés et plus inquiète que jamais.

Mitsuki esquissa un demi-sourire.

- Je l'ai vu dans vos coeurs.

Sur-ce, elle ramassa ses poupées et partit.

Les joues de Myosotis étaient devenues écarlates.



- Comment ça, Myosotis s'est enfuie ?! rugit Désirée.

- Chut, ne le dis pas si fort. Caleb te tuerais s'il t'entendait. répondit Katy, une écorchée au cheveux rose qui avait fait partie de l'équipe de recherche de Myosotis.

Désirée serra les poings et les dents.

- C'est n'importe quoi. Elle s'est perdue cette idiote, comme d'habitude.

- Non, elle est partie de son plein gré. On l'a cherchée partout, crié son nom, mais rien. Elle est partie.

- Impossible.

- C'est pourtant la vérité. Et puis de toute façon, qu'est-ce que ça peut te faire ?

- Rien. Rien du tout, je m'en moque de c'te débile. mentit Désirée, enfermée dans ce sentiment de colère.

Elle pivota sur ses talons et frappa son poings contre un arbre.

- Elle ne s'en sortira pas comme ça ! cria-t-elle rageusement.



Myosotis mangeait en silence, à côté de Gabin et d'une fille qu'elle ne connaissait pas. Elle était vraiment mal à l'aise depuis que Mitsuki lui avait dit que celui-ci l'observait et rêvait d'elle presque chaque nuit. Le garçon blaguait avec d'autre sans se soucier d'elle. Elle observa ses pommettes saillantes, son nez droit, son sourire resplendissant et ses yeux bleus océan. Cela renforça son malaise alors elle détourna le regard.

Elle engloutit rapidement son repas et monta dans sa chambre. Bercée par le chant des sirènes, elle ferma les yeux et sombra dans les bras de Morphée.

Seulement, au bout milieu de la nuit, elle fut réveillée par un bruit sourd, comme quelque chose qui venait de tomber dans sa chambre. Elle ouvrit les yeux et se trouva face à une silhouette féminine. Sans qu'elle eut le temps de réagir, la silhouette l'attrapa par le col de son tee-shirt et la tira à elle. Elle put alors distinguer le visage de Désirée. Celle-ci esquissa un sourire mesquin.

- Si tu pensais que tu pouvais me laisser seule comme ça...

Elle la lâcha avec violence et Myosotis se cogna la tête contre le mur de bois. Elle voulut se relever mais Désirée tendit la main vers elle, et sans qu'elle ai eu à la toucher, Myosotis se mit à léviter en l'air.

- Petite pétasse. Monstre d'égoïsme. J'espère que tu as obtenu ce que tu voulais. vociféra-t-elle.

Elle ne lui donna pas le temps de répondre et elle la lâcha. Myosotis s'écrasa sur le sol. Elle grimaça de douleur.

- Maintenant tu vas devoir payé l'addition. Et crois-moi, elle est salé.

Myosotis se remit à voler. De l'autre main, Désirée ouvrit la porte. Des mains invisibles la jetèrent dehors, au bout du palier. Myosotis s'agrippa comme elle put au bois pour ne pas tomber. Désirée, de sa marche gracile, s'approcha doucement d'elle.

- Désirée, arrête ça tout de suite. Il faut que je t'expliques. Aide-moi à me relever et je te dirais tout, promis. déclara-t-elle, paniquée.

La belle fit non avec la tête, avec un sourire de rage aux lèvres.

- Myosotis, finalement tu es comme les autres. Une sale hypocrite, peut-être la pire de tous. Tu ne vaut pas mieux que ceux que tu fuis.

Sur-ce elle écrasa ses doigts et Myosotis lâcha prise, tombant lourdement au sol. Tout devint sombre autours d'elle et elle ferma les yeux.

Elle ne sut combien de temps elle était restée inconsciente. Quand elle se réveilla, sa tête la faisait affreusement souffrir ainsi que son bras droit. Elle essaya de le bouger, mais tout ce qu'elle obtint fut une grimace de douleur. Mais ce n'était pas ça le pire. Elle entendit un grognement qui lui était désormais familier. Celui des loups.


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