Caleb


If you could see me now

If you could see my smile

See your little boy

Oh, would you be proud ?

See me now. The kooks. 

(d'ailleurs je vous encourage à l'écouter)


Un jour, la mère de Caleb était tombée et s'était violemment claqué la tête contre le sol de marbre. Ça avait commencé doucement. Au début, elle oubliait les noms, les rendez-vous, ce qu'elle faisait dans cette pièce. Puis elle avait commencé à avoir de plus en plus de mal à suivre une conversation, et se perdre dans les tréfonds de sa mémoire. Voilà comment ça avait terminé :

Caleb, alors âgée de 10 ans, se réveilla et alla dans la cuisine afin de préparer le petit déjeuner. Il vivait seul avec sa mère. Lorsqu'ils apprennent à la naissance que leur enfant est une âme errante, beaucoup de parents n'assument pas et préfère s'enfuir. C'était le cas de celui de Caleb, et il vivait avec le remords d'avoir été abandonné par son père. Parfois la nuit, avant de s'endormir, il s'imaginait un père qui lui racontait des histoires et bordait son lit. Un père qui était fier de lui.

Sa mère fit irruption dans la cuisine. Quand elle aperçut le petit garçon attablé à sa table, elle fronça le sourcils et serra les poings.

- Qui êtes vous ? s'écria-t-elle.

- Maman ? fit-il avec un mélange d'inquiétude et d'étonnement.

- Je répète, qui êtes-vous ? Pourquoi êtes vous ici ? Comment êtes-vous entré ? demanda-t-elle avec un ton agressif.

- Mais maman, c'est Caleb, ton fils. répondit-il d'un ton implorant.

Elle fit non avec la tête.

- Ne joue pas à ça avec moi petit, je n'ai pas d'enfants.

Les larmes lui montèrent aux yeux. Il avait peur de sa propre mère. Voyant qu'il ne réagissait pas, la femme se pencha et attrapa son poignet afin de l'extirper de la chaise. Ses yeux s'ouvrir de stupeur.

- Pas de tatouages ! s'écria-t-elle.

Ses ongles s'enfoncèrent dans sa peau.

- Maman, arrêtes, c'est pas drôle. Tu me fais mal maman. pleura le petit garçon.

Elle se dirigea rageusement vers le salon en trainant derrière elle le garçon qui la priait d'arrêter.

- Je te préviens, je vais appeler les gardes !

Cette fois-ci, il était pétrifié par la peur.

- Tout mais pas ça ! S'il te plait maman, il vont m'emmener ! M'emmener loin de toi ! Maman, pas ça !

- Arrêtes de m'appeler comme ça ! Je ne suis pas ta mère !

Elle attrapa un cube lumineux et tapa dessus une série de chiffres qui représentait des lumières de couleurs différentes. La photo d'un C.A.E fut projetée au-dessus du cube.

Il tenta de s'échapper, de trouver une cachette. Sa mère, à coup sûr, allait reprendre ses esprits et prévenir les gardes que tout ça n'était qu'une simple erreurs. Quand les hommes en noirs ouvrirent la porte et se trouvèrent devant lui, il prit ses jambes à son coup, et ce cogna contre un torse, celui de sa mère, qui s'était décalée pour le bloquer. Il sentit que lui attrapait les bras et qu'on le tirait vers l'extérieur, tandis qu'il s'égosillait à crier toujours le même mot, encore et encore « Maman ».


Ses pieds nus touchèrent le sable qui lui sembla glacé. Il contempla le paysage autours de lui et tout ce qu'il vu fut un océan d'amertume. Dans la vie, on ne pouvait compter sur personne. Tout ce qu'il avait toujours eu était sa mère, et aujourd'hui il l'avait perdue. Pourquoi les cieux pleuraient-ils toujours au-dessus de sa tête ? Il eut envie de pleurer, mais les larmes ne lui vinrent pas. C'était comme si il avait dépassé son quota de tristesse pour toute sa vie, et qu'il était condamné à rester coincé dans cet état engourdie. Il n'était ni triste ni heureux, juste profondément vide.

- Ah ! Je savais qu'un nouveau venait d'arriver ! s'écria une voix derrière lui.

C'était une fille qui avait à peu près son âge, avec des cheveux châtain mi-long.

- Il faut faire vite, les gardes ne doivent pas te trouver ! s'écria-t-elle, comme si tout cela n'était qu'un jeu.

Elle lui attrapa la main et se mit à courir. Il la suivit jusque dans la forêt. Une fois parfaitement cachés par les arbres, ils s'arrêtèrent. Désormais, il pouvait observer la jeune fille comme bon lui semblait. Jamais il n'avait vu de créature si charmante sur cette planète. Elle avait un teint bronzé, des fossettes sur le coin des joues et de grands yeux violets et rieurs.

- Je m'appelle Anémone.

Elle fit un sourire qui réchauffa son âme solitaire.

- Caleb.

A partir de ce moment là, Anémone devint celle qui comblait le vide que la vie avait creusé en lui. Elle était tout pour Caleb, tout. Il était tombé amoureux d'elle au premier regard, du moins c'est ce qu'il pensait. Peut-être que d'une certaine manière, elle était devenue sa nouvelle mère, une mère qui resterait à es côtés pour toujours. Ils étaient inséparables. A deux, ils régnaient sur l'île. Ils connaissaient tous les recoins merveilleux qu'elle pouvait cacher, et parfois, quand le ciel s'obscurissait et que le monde devenait trop petit pour eux, ils se retrouvaient à l'oasis et contemplait l'eau rosée. Anémone était la seule à qui il avait raconté ce que sa mère lui avait fait. C'était la seule qui comptait, le monde pouvait se détruire, tant qu'elle était avec lui, tout irait pour le mieux. Ils avaient beau être libres comme l'air sur cette île, pouvoir grimper aux arbres et jouer avec les animaux, parfois, le monde, de l'autre côté de cet océan, leur manquait. Enfin, il ne manquait pas vraiment à Anémone, car ses parents l'avait livrée aux gardes dès la naissance. Mais elle assurait que son plus grand rêve était de rejoindre la rive d'en face et de découvrir ce monde inconnu. Elle disait qu'elle trouverait un moyen de s'échapper, et que bien sûr elle l'emmènerait avec lui. Ils se complétaient. Caleb était la famille qu'Anémone n'avait jamais eu et Anémone était pour Caleb la personne qui remplaçait celle qui l'avait abandonné.

Puis vint la découverte des pouvoirs. Au début, c'était un phénomène effrayant. D'un jour à l'autre, votre corps change et c'est vraiment déstabilisant. Puis s'ensuit le moment où vous réalisez que vous êtes bien plus puissant que vous ne le pensez, et ça, c'est vraiment grisant. Seulement très vite, Anémone interdit à toutes les âmes errantes d'utiliser leurs pouvoirs. Elle disait que c'était dangereux, et que de toute façon, on s'était toujours débrouillé sans, alors autant continuer ainsi.

Caleb n'était pas d'accord mais il l'aimait bien trop pour oser la contredire.

Il ne lui avoua jamais son amour. Anémone était comme un oiseau. Ce qu'il aimait chez elle c'était sa liberté. Etre en couple c'était lui couper ses ailes.


Mais les enfants de 10 ans qui jouaient à s'éclabousser grandirent. Ils étaient de plus en plus souvent en désaccord. Tant qu'Anémone appartenait à lui seul, il pouvait accepter que son amour ne soit pas réciproque. Mais depuis qu'elle était jeune fille, beaucoup trop de garçons lui tournaient autours. Caleb piquait des crises de jalousie qui entrainait une longue dispute, qui se terminait toujours par « Pardon, tu sais que je t'aime. » Et il la prenait dans ses bras.

Tous les problèmes ne peuvent pas se régler par un simple pardon. Peut-être que Caleb avait épuisé tout son stock de sentiment, car un jour il n'arriva plus à gérer.

- Putain ! J'en ai marre ! cria-t-il.

- S'il te plait calme-toi. Tu ne crois pas que j'en ai assez de tes crises de gamin ?

Il serra les poings et les jointures de ses mains devinrent blanches.

- Ce ne sont pas des crises de gamins.

- Si.

- Ce ne sont pas des crises de gamin ! Tu avais promis que tu m'aimerais toujours !

- Mais je t'aime Caleb.

- Tu avais dit que je serais le seul. fit-il, la voix tremblante.

Elle tendit la main vers lui, mais il l'écarta d'un geste violent.

- Tu m'as trop utilisé. Je m'en rend compte maintenant. ajouta-t-il, sa colère montant au fur et à mesure.

Elle avait pris son coeur et elle l'avait piétiné.

- Voyons, tu sais bien que tu dis n'importe quoi.

- C'est parce que c'est n'importe quoi pour toi ! Pour moi c'est important ! hurla-t-il.

Il la saisit par les épaules et lui jeta un regard brulant de haine.

- Caleb je t'en supplie, calme-toi... Tu me fais peur- là.

Il la lâcha et la jeune fille recula de plusieurs pas en arrière.

- Caleb... commença-t-elle.

- Non ! Ne dis plus rien, tu n'est qu'une sale manipulatrice ! Tu es une menteuse ! Je ne veux plus te voir !

- Caleb, je ne sais pas exactement ce que je t'ai fait, mais je m'excuse.

- Tu ne comprends pas ! Ca ne marche pas comme ça ! C'est terminé ce temps-là ! Terminé !

Toutes les autres âmes errantes, alertées par le bruit, arrivèrent et regardèrent la scène sans bouger.

- Je ne veux plus te voir ! cria-t-il.

Anémone, bien que patiente, finie par craquer à son tour :

- Non mais tu n'en a pas assez de faire de ma vie un Enfer ? Pourquoi tu fais ça Caleb... C'était si bien avant... pourquoi tu gâches tout... pourquoi tu déchires notre amitié comme une vulgaire feuille de papier ? demanda-t-elle, les larmes aux yeux.

Elle l'aimait si fort, elle le considérait comme son frère, mais il devenait si jaloux, il l'empêchait de vivre.

Pendant un instant, ils se regardèrent ainsi sans bougé, figé par la stupeur, enfermée dans une bulle de souvenirs, avec devant leur yeux l'avant/après. Caleb en eut le coeur brisé. Anémone était la seule personne au monde qu'il ne voulait pas rendre triste. Puis la colère surgit, comme un volcan en éruption.

- Je m'en vais ! C'est toi qui gâches tout !

Il ne controlait plus rien. Il s'approcha d'elle, leva son poing, près à la frapper, quand soudain, il entendit une pensée « Je vais l'assommer avec cette bouteille de verre pour qu'il ne puisse pas lui faire de mal. » Il évita de justesse la bouteille, mais une partie frappa la moitié de son visage, au niveau du menton. Il toucha sa joue droite et il sentit le sang couler sous ses doigts. Le coup l'avait fait redescendre sur Terre.

- Je vais bâtir un autre clan. déclara-t-il calmement.

Il leur tourna le dos et partit en sens inverse. C'est ainsi qu'il créa les écorchés, en hommage à cette petite cicatrice à côté de sa lèvre. Et à chaque fois qu'il la voyait dans son reflet, c'était le visage d'Anémone qui apparaissait.


« Un jour j'ai caché mes sentiments, et maintenant je ne les retrouves plus. »


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