Chapitre 9 - Le portrait de la vengeance
Fanélia
— Descends aux cachots, ordonna le commandant Valère.
Dans son esprit, l'ordre sonna comme un couperet. Allongée sur son lit, dans le dortoir de l'Ordre, Fanélia se redressa, tirée violemment de son sommeil. Le soleil se levait à peine, il perçait à travers les carreaux de la fenêtre ouverte, laissant filtrer l'air frais. Dans le lit d'à côté, Léontine dormait à poings fermés, la main au-dessus du front et Ylian ronflait. Comme toujours, Philippine ne s'était pas couchée ici. Quant à Silas, il n'était pas rentré la veille ; sans doute était-il allé se perdre dans les bras d'une conquête.
Fanélia cligna des yeux plusieurs fois, le temps d'émerger.
— Pourquoi faire ? interrogea-t-elle.
— Va chercher le prisonnier et ne discute pas.
— Lequel ?
— Ne joue pas l'idiote ! Je parle de la vermine humaine que nous avons ramenée d'Envarïs. Accompagne-le jusqu'à mon frère.
— Pourquoi ? insista Fanélia.
Même sans l'entendre, elle eut l'impression de sentir l'agacement de Valère dans son esprit.
— Arrête de poser des questions. Obéis.
Fanélia se leva. Son corps, encore engourdi par le sommeil, lui criait de se recoucher. Son bras droit lui faisait mal, elle avait un peu trop forcé lors de l'entraînement la veille. Elle changea rapidement de chemise, récupéra sa ceinture et son poignard après avoir passé de l'eau sur son visage et dans ses cheveux.
— Isidore n'aime pas être dérangé le matin.
— Tu crois que j'en ai quelque chose à faire ? gronda Valère. J'ai besoin d'un portrait du prisonnier. Le plus vite possible.
— Comme vous le voulez.
Elle serra les dents et quitta le dortoir. Fanélia aimait son Ordre, elle était fière de faire partie de la Ruche, mais elle n'avait jamais apprécié son commandant, et pour cause... La faë s'enfonça dans un long couloir et descendit de grands escaliers en pierre, recouverts de lierres, qui menaient jusqu'à la cour principale. Les jardins fleurissaient de jour en jour, les jardiniers du palais taillaient déjà les buissons, leur donnant des formes animales qui plaisaient beaucoup à la reine. Fanélia reconnut une abeille, puis un papillon, mais délaissa vite sa contemplation pour s'enfoncer sous l'arcade qui menait à l'aile des cachots. Des roses recouvraient les hautes colonnades, la lumière se reflétait sur les pétales de couleurs.
Bientôt, le décor floral s'effaça au profit d'un couloir obscur, éclairé par des torches . Fanélia poussa une lourde porte et descendit l'escalier en colimaçon menant aux cellules. Deux gardes somnolaient, assis sur des tabourets en bois. Ils se levèrent en l'entendant.
— J'ai besoin des clefs de la dernière cellule, ordre du commandant Valère.
Les soldats ne se le firent pas dire deux fois. Les membres de la Ruche étaient craints, on ne discutait pas un ordre émanant directement du chef. L'un d'eux poussa la porte d'une alcôve et en ressortit aussitôt avec une clef rouillée qu'il lui tendit.
La faë s'enfonça dans les longs couloirs, jusqu'à atteindre la cellule où dormait l'humain. Allongé sur le sol terreux, son visage reposait sur son bras tendu, couvert de crasse. Fanélia plissa le nez, l'odeur lui montait à la gorge et lui donnait des haut-le-cœur.
— Eh ! Toi ! L'humain. Tu dors ?
Le garçon bougea à peine alors que Fanélia entrait dans la cellule. La porte grinça quand elle l'ouvrit, mais l'humain ne fit aucun mouvement, comme s'il était mort. Elle s'avança et posa un bout de sa botte sur son épaule, le secouant légèrement. Il sursauta et se releva d'un bond, ses lourdes chaînes cliquetant sur le sol, ses poignets et chevilles toujours prisonnières.
— Que voulez-vous ?
Ses mains vinrent aussitôt protéger son visage. Fanélia plissa les yeux, on n'y voyait presque rien dans cette cellule et elle avait du mal à le distinguer. Malgré cela, les mouvements du prisonnier trahissaient sa crainte.
— Tu vas me suivre, sans faire d'histoire, et sans poser de questions.
— Où ? murmura-t-il.
— J'ai dit sans poser de questions.
L'humain se recroquevilla. Fanélia se pencha et le libéra de ses chaînes, avant de l'attraper par le bras pour l'aider à se relever. Il trébucha, lui arrachant un nouveau soupir. Pourquoi fallait-il que les êtres humains soient si maladroits ? Si fragiles ? Ils n'avaient aucune grâce, tenaient à peine debout quand on les poussait. Sans faire dans la délicatesse, Fanélia le maintint fermement et le força à avancer. Le jeune homme marchait difficilement en frottant ses poignets recouverts de sang séché. Ils avancèrent jusqu'à l'entrée des cachots, les soldats les laissèrent passer et ils grimpèrent les escaliers. Fanélia le trouvait lent, elle l'aurait bien fait avancer plus vite, mais il s'emmêlait les pieds.
Déplorable.
Arrivé dans le couloir éclairé par le soleil qui se levait, le jeune homme mit ses mains devant ses yeux pour se protéger de la lumière. Après tout ce temps passé en cellule, il souffrait de l'éclat du jour. Fanélia le relâcha et il vacilla avant de se rattraper à une bordure de fenêtre. Ses doigts tachés resserrèrent le muret, mais le lierre but aussitôt les traces ensanglantées. La faë glissa son regard sur l'humain, ses vêtements tombaient en lambeau, ses cheveux ressemblaient à de la paille, son visage était couvert de crasse. Elle ne pouvait vraiment pas le conduire ainsi à Isidore.
— Je vais t'emmener prendre un bain.
— C'est vrai ?
Le jeune homme, craintif, osait à peine la regarder. Fanélia adressa une prière silencieuse à la Déesse Mère. Pourquoi fallait-il que le commandant Valère l'ait envoyée s'occuper d'un humain si stupide ? Et qu'est-ce qu'Isidore lui trouvait ? Elle récupéra son bras et l'entraîna jusqu'aux thermes. L'endroit était vide à cette heure-ci, exception faite aux esclaves qui nettoyaient les lieux. Ils leur jetèrent un regard surpris, alors que Fanélia poussait sans délicatesse l'humain jusqu'à l'un des bassins.
— Le savon est ici, les linges là.
L'humain ne bougeait pas, planté au milieu des thermes, comme un empoté. Avait-il besoin d'un mode d'emploi pour utiliser les bains ? Même si elle n'avait jamais mis les pieds à Castelroche, la capitale des hommes, la faë avait déjà accompagné une délégation à Envarïs. Ils ne possédaient pas de thermes, mais ils n'étaient pas censés ignorer à quoi servait l'eau. Au pire se lavaient-ils dans les rivières ! Fanélia hésita à le pousser pour lui faire comprendre, mais elle eut peur qu'il se noie. Elle esquissa un geste, l'humain sembla percuté, il retira ses vêtements crasseux et s'enfonça dans l'eau.
La faë appela l'un des esclaves pour qu'il récupère les vêtements.
— Allez m'en chercher des propres.
Elle s'écarta, laissant le temps au prisonnier de se laver et il fallut une bonne vingtaine de minutes pour qu'il soit présentable. Désormais habillé d'une chemise et d'un pantalon en toile de lin, les cheveux propres, elle lui trouva presque du charme, avec ses lunettes qui reflétaient le soleil. Son nez manquait de finesse, mais ses cheveux bouclés, ses yeux noisette, ses fossettes et ses taches de rousseur lui donnaient un air mutin. Fanélia resta quelque seconde à le dévisager.
— Merci, chuchota-t-il alors qu'elle lui faisait signe de le suivre.
— Je l'ai fait parce que tu sentais mauvais, pas pour toi.
— Merci quand même.
Il semblait avoir retrouvé de la vigueur, maintenant qu'il était propre. Comme quoi, un bon coup de savon pouvait changer bien des choses !
Ils remontèrent jusqu'à l'aile royale et Fanélia s'arrêta devant la porte du prince, puis frappa deux fois. Isidore ne répondit pas, elle décida donc d'entrer et trouva le prince assis sur la terrasse, face à une tasse de thé. Comme chaque matin, il observait le soleil se lever en picorant des biscuits qu'il trempait dans l'eau chaude parfumée. Fanélia fit un signe discret à l'humain pour qu'il attende près de l'atelier. Le bureau d'Isidore débordait, il ne savait pas ranger. Des fleurs séchées, abandonnées sur le sol, et le lierre recouvrant les murs, donnaient à la pièce un air féerique. Les yeux du prisonnier couraient partout, impressionnés.
Fanélia s'avança vers son ami et sa main vint trouver son épaule.
— Isis, je suis désolée de venir si tôt, mais ton frère...
— Je suis au courant, murmura-t-il.
Les iris dorés d'Isidore rencontrèrent les siens. De gros cernes couraient sous ses yeux, il paraissait avoir mal dormi.
— L'humain est là.
— Il s'appelle Oscar.
Isidore se retourna, ses yeux se perdirent sur l'être humain – Oscar donc – et un sourire éclaira son visage avant qu'il se lève, délaissant son petit déjeuner pour venir saluer le jeune homme. Surpris, celui-ci sursauta lorsque les mains du prince se saisirent délicatement des siennes. Une petite abeille se trouvait sur l'épaule d'Isidore et fixait ses yeux d'insectes sur l'étranger.
— Est-ce que tu as soif ? l'entendit-elle demander. J'ai du thé. Nous pouvons les accompagner de sablés à la cannelle, ou au miel. Sinon, mes domestiques m'ont livré des chocolats ce matin.
— Isidore ! le coupa Fanélia. Ton frère souhaite que tu réalises un portrait de l'humain, il faudrait peut-être...
— Il s'appelle Oscar ! la coupa Isidore. Peut-on faire preuve d'hospitalité avant ? Ce serait une honte pour notre espèce que de le laisser dans un tel état de délabrement avant de lui tirer le portrait. Tu ne crois pas ?
Fanélia faillit lui rappeler que la politesse et la civilisation concernaient les faës, non les humains, mais elle se retint. De toute façon, avec Isidore, c'était peine perdue.
Malgré ses exhortations et mises en garde, le prince entraîna le jeune homme vers sa terrasse, alors que l'abeille s'envolait pour butiner une fleur. Fanélia les suivit du regard. Elle n'était pas étonnée du comportement de son ami, plutôt dépité. Même en ignorant les véritables intentions d'Arzel et Valère, elle doutait qu'ils veuillent juste offrir un instant de sérénité au prisonnier. Pourtant, Isidore se comportait comme si on lui faisait un présent merveilleux, avec la naïveté qui le caractérisait.
— Bien, je peux te proposer du thé au jasmin, à la rose et à la violette. Lequel préfères-tu goûter ?
— Euh. Je ...
Si Isidore paraissait heureux et enjoué à l'idée de partager un instant de convivialité avec le prisonnier, ce dernier paraissait surtout craintif. Comment lui en vouloir ? Les faës étaient réputés pour jouer avec les humains. Fanélia avait souvenir d'une nuit où Orféo était rentré de campagne, annonçant qu'ils avaient capturé une douzaine d'hommes qu'ils avaient abreuvé de thé aux épices jusqu'à ce que leurs estomacs se noient. Oscar craignait-il cela ? Ces légendes et contes faés passaient-ils la frontière ?
Ignorant tout des desseins d'Arzel et Valère, inconscient du fait qu'ils étaient sûrement en train de le manipuler - ou alors, il le savait, mais ne souhaitait pas y penser - Isidore bavardait face à un Oscar perplexe. Fanélia aurait bien aimé croire que ses aînés avaient enfin reconnu son art, mais cela aurait été ignorer leur caractère manipulateur. La jeune garde du corps devait vraiment tirer cette affaire au clair. Qu'est-ce qu'Arzel et Valère espéraient obtenir en demandant à Isidore de dessiner le portrait d'Oscar ?
Face à Isidore, l'humain continuait de serrer ses bras contre son torse. Il avait à peine touché à son thé qui exaltait un filet de fumée. Ses yeux parcouraient la chambre d'un air à la fois émerveillé et apeuré. Fanélia pouvait le comprendre, cet endroit faisait toujours un drôle d'effet. La première fois qu'elle était venue ici, elle aussi avait été perturbée de se trouver dans une pièce ayant davantage l'apparence d'une forêt que d'une chambre.
— Tu viens avec nous ? l'invita Isidore.
— Non merci, répondit-elle. Je dois aller m'entraîner.
— Tu t'entraînes suffisamment, je suis sûr que tu n'as plus rien à apprendre.
— On a toujours quelque chose à apprendre.
Elle préférait le laisser sociabiliser, enfermé dans son monde imaginaire, pendant qu'elle mènerait son enquête, plutôt que de rester ici à se tourner les pouces. Isidore s'était déjà lancé dans l'un de ses monologues dont il avait le secret, tout en versant du thé dans sa propre tasse en porcelaines.
Fanélia quitta la chambre avec la ferme intention de comprendre ce qu'il se tramait. Arzel ne pouvait pas être honnête. Quant à Valère, il détestait l'art, les dessins d'Isidore lui arrachaient toujours des grimaces de dégoût. Fanélia fit un bref passage aux cuisines pour récupérer un pain aux raisins qu'elle grignota tout en rejoignant le terrain d'entraînement. Des bruits de lames s'entrechoquant lui parvinrent alors qu'elle rejoignait la cour. L'Ordre s'entraînait déjà depuis un moment.
— Tu es en retard ! lança Léontine en la voyant arriver.
Elle se baissa juste à temps pour éviter le coup porté par Ylian. De l'autre côté du terrain, Silas échangeait des parades avec Philippine. Cette dernière tenait deux lames entre ses mains, contrant les mouvements du garde sans paraître fatiguée. Philippine les surpassait tous et Fanélia avait toujours admiré sa dextérité. Même elle, pourtant fille d'instructeur militaire, n'avait pas son habileté au combat.
— Je peux te parler ? demanda-t-elle à Léontine.
Cette dernière para un dernier coup, puis s'écarta d'Ylian, les sourcils froncés. Comprenant que Fanélia souhaitait échanger quelques mots en toute intimité, il rejoignit Silas et Philippine pour leur laisser de l'intimité. Silas et lui se retrouvèrent face à la protectrice de la reine, amusée de s'opposer à deux adversaires.
Léontine récupéra une gourde d'eau, but une longue gorgée, puis attendit que Fanélia prenne la parole, ce qu'elle finit après une bonne minute.
— Arzel et Valère veulent qu'Isidore réalise un portrait du prisonnier. Je l'ai conduit jusqu'à lui ce matin.
— Je suis au courant, confirma Léontine.
— Pourquoi veulent-ils cela ?
— Pourquoi pas ?
Son amie haussa les épaules. Ses cheveux, coiffés en un chignon, révélaient ses oreilles pointues et ses grands yeux clairs. Fanélia poursuivit :
— Arzel et Valère détestent l'art, ils ont toujours affirmé que les dons d'Isidore étaient inutiles et que ses dessins ne valaient rien.
— Ils disent cela pour le blesser, soupira Léontine. Ses œuvres valent de l'argent, la Cour du Printemps s'est bien enrichie grâce à cela.
— Je doute qu'ils veuillent un portrait pour le vendre cette fois-ci. Et s'ils avaient orchestré une nouvelle machination pour lui faire du mal ? Léontine, si tu sais quelque chose, tu dois me le dire.
Son amie secoua la tête, un air désolé sur le visage.
— Fanélia ! Je suis la garde du corps d'Arzel. Je lui dois protection et fidélité. Je ne peux pas tout te révéler, même si j'apprécie Isidore.
— Arzel est un manipulateur. J'ai besoin de comprendre comment il souhaite se servir du prince et de son travail.
Sans répondre, Léontine but une dernière gorgée d'eau, puis plissa ses yeux, signe qu'elle réfléchissait sur la meilleure marche à suivre. Ses iris se perdirent de chaque côté du terrain d'entraînement, comme pour vérifier que les princes du Printemps n'étaient pas présents, ou que les autres Abeilles ne les écoutaient pas. Fanélia n'aurait pas dû exiger de Léontine qu'elle trahisse Arzel, elle-même ne l'aurait pas fait, mais elle savait aussi que Léontine adorait les commérages et qu'elle était incapable de garder un secret.
— Bon, garde pour toi ce que je vais te dire, d'accord ?
— Bien sûr.
Fanélia fit le signe d'une bouche cousue. Elle savait que son amie finirait par flancher. Ce n'était pas pour rien qu'elle dansait et discutait avec tout le monde lors des bals.
— Il paraît que les dessins d'Isidore ont un pouvoir.
— Tu me l'as déjà dit, rappela Fanélia. Il utilise ses dons lorsqu'il peint, cela donne plus de profondeur à son art.
— Tu ne m'as pas comprise ! Les œuvres d'Isidore ne sont pas seulement de jolies toiles. Elles sont imprégnées de magie, et cette magie peut être utilisée.
Fanélia fronça les sourcils. Où voulait-elle en venir ? Léontine lui fit signe de se pencher vers elle et chuchota :
— Je ne sais pas si tu t'en souviens, mais l'année dernière, Adonis a commandé un portrait de sa fiancée.
— Je ne me souviens pas de toutes les commandes d'Isidore, soupira Fanélia.
— Ils devaient se marier à la saison chaude, mais elle l'a quitté pour un autre. Ça l'a mis très en colère et évidemment il voulait se venger.
Léontine s'arrêta, ménageant son suspense. D'un regard, Fanélia l'encouragea à poursuivre. Pourquoi fallait-il toujours que son amie mette tant de temps avant de lui céder des informations ? Il n'était pas nécessaire qu'elle joue les conteuses pour ménager un public inexistant.
— D'après ce que j'ai compris, il a utilisé le portrait réalisé par Isidore pour la faire souffrir. Il suffisait qu'il appuie sur certains points de son visage pour lui déclencher d'horribles douleurs. Des maux de tête, des souffrances à la mâchoire, aux tempes, aux fossettes, aux yeux. La pauvre s'est retrouvée alitée à cause de fortes douleurs. On dit que ça l'a rendue folle et qu'elle a perdu l'esprit.
— Par la Déesse Mère !
Fanélia posa sa main sur sa bouche, estomaquée. Les mots de Léontine étaient d'une violence innommable. Ce qu'elle lui révélait dépassait tout ce qu'elle aurait pu imaginer. Elle avait toujours su qu'Isidore utilisait ses dons pour peindre et dessiner. Ses dons débordaient de lui. La nature agissait comme une source d'énergie, mêlée à ses émotions décuplées par sa grande empathie. Elle donnait à ses œuvres le réalisme que les faës de toutes les Cours étaient prêtes à payer des fortunes.
Peindre avait toujours permis à Isidore d'apaiser son esprit. Sa magie, ses tableaux, tout cela canalisait son anxiété et le protégeait du monde extérieur. Il n'avait sûrement pas conscience du pouvoir qu'il injectait dans ses œuvres, et ce que d'autres pouvaient en faire. Visiblement, Adonis l'avait découvert par hasard, mais maintenant que l'information était entre les mains d'Arzel, qui savait ce qu'il pourrait en faire ?
Ce qu'il allait en faire.
Le portrait d'Oscar ne serait pas un simple portrait.
Ils comptaient l'utiliser, Fanélia ne savait pas encore comment ni pourquoi, mais elle savait une chose : cela briserait Isidore. Le sort de ce mortel ne lui importait pas. Mais celui de son ami, si.
Il ne supporterait jamais l'idée que ses œuvres servent à faire du mal à quelqu'un. Surtout un être humain
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