Chapitre 17 - Orfeo
Fanélia
L'après-midi touchait à sa fin quand Fanélia sortit de son lit. Isidore dormait toujours, engoncé dans ses couvertures. Ils avaient dormi côte à côte, tandis qu'Oscar s'était étendu sur une banquette, proche d'une lucarne. Le jeune homme cherchait la lumière, même pour trouver l'obscurité et le sommeil. Il n'avait cessé de se tourner et se retourner avant de s'endormir, la faë avait fini par lui demander de cesser, car il faisait trop de bruit. Maintenant, Oscar dormait profondément, comme Isidore. Fanélia se pencha vers son ami et retira quelques fleurs qui avaient germé dans ses cheveux durant la nuit. Isidore avait abandonné son sac sur le sol, des pinceaux s'amoncelaient par terre, en désordre. Elle les ramassa en soupirant pour les poser sur le lit, puis observa la pièce où ils avaient trouvé refuge. La Dame leur avait accordé l'une des plus grandes chambres. Les domestiques avaient même proposé qu'ils en aient chacune une, mais Isidore avait insisté pour qu'ils ne soient pas séparés.
Après avoir avalé une rasade d'eau et dévoré les biscuits mis à leur disposition, Fanélia décida d'aller prendre un bain aux termes. Elle se sentait moite, à cause de l'air ambiant, et elle s'ennuyait fermement. Avec un peu de chance, à cette heure-ci, elle ne risquait pas de croiser des faës qu'elle connaissait. Les membres de l'Ordre du Terrier devaient s'entraîner dans les souterrains, elle serait seule. Elle quitta la chambre et s'enfonça dans les grands couloirs taillés dans la roche calcaire. Les souvenirs affluaient par dizaine, alors qu'elle marchait dans les galeries. À chaque fois, la faë les repoussait, mais ils revenaient en masse. Elle entendait les rires de ses amis, enfants. Elle revoyait son père, le regard dur, mais le sourire au coin des lèvres. Elle se rappelait les jeux de cache-cache, l'espièglerie de ses camarades. Dans les couloirs, des domestiques balayaient des feuilles mortes, entrées par les lucarnes sans y avoir été invitées. Parfois, on apercevait une queue orange, ou brune. Un renard, un écureuil, une taupe, entré dans ce grand terrier pour trouver de la chaleur et se protéger des vents.
Fanélia s'arrêta à l'angle d'une galerie pour observer à travers la lucarne. De grands barreaux de fer cerclaient la pierre, sur lesquels des feuilles avaient été gravées. Elle se pencha et laissa son regard courir sur la mer qui s'étendait à l'horizon, bleu pâle. De l'écume se dessinait sur la surface transparente. Fanélia respira l'air des embruns, avant de continuer sa route jusqu'aux termes. Les bains se trouvaient dans l'une des grottes les plus basses du palais, pour préserver la chaleur des sources. Quand elle arriva, la faë eut le plaisir de trouver l'espace vide. Elle retira ses vêtements, ne gardant que ses sous-vêtements, et se glissa dans l'eau chaude, où de petites bulles éclataient à la surface, à cause du soufre. Elle nagea quelques instants, profitant du calme et de la tiédeur du lieu. La faë se laissa tomber sur le dos, pour flotter, les yeux fermés. Elle avait rarement le temps de profiter à Apidae. Valère leur imposait un rythme effréné, et elle n'aimait pas laisser Isidore seul trop longtemps. Ici, même si elle était entourée de faës plus rusés les uns que les autres, elle savait pouvoir compter sur la parole de la Dame. Elle l'avait protégée par le passé, Fanélia lui faisait confiance.
Elle aurait pu rester ici des heures, si ce moment de magie n'avait pas été interrompu par l'une des personnes qu'elle désirait éviter.
— Je savais que je te trouverai ici.
Fanélia se redressa vivement. Elle plongea dans l'eau, laissant son corps nu disparaître, protégeait par les vapeurs. Un faë, les cheveux longs et roux, détachés, le corps seulement protégé par une toge préservant ses parties intimes, se glissa dans l'eau chaude pour la rejoindre. La faë recula, faisant de son mieux pour ne pas laisser la rage la dévorer, alors même qu'Orfeo n'avait pas encore attaqué. Elle aurait dû se douter qu'il la chercherait. Peut-être qu'une part d'elle désirait cette confrontation ?
— Que fais-tu ici ? demanda-t-elle.
— Je vis ici, rappela-t-il. Mais toi, tu n'aurais jamais dû revenir.
Il s'approcha encore. Son regard de prédateur coulait sur elle. Fanélia recula, jusqu'à atteindre le mur opposé. Son poignard était bêtement resté sur son tas de vêtements, abandonné au début des bains. Elle aurait dû le prendre pour se baigner. Tant pis, si elle devait se battre, ce serait à main nu. Cette fois, elle le tuerait.
— Tu m'as pris quelque chose, il y a cent ans.
— Tu m'as pris quelque chose aussi.
— J'exige réparation.
— Tu sais que tu ne pourras pas les récupérer ? cracha Fanélia. Quand c'est coupé, c'est coupé.
Les yeux du faë virèrent au noir. Plusieurs fois, Isidore avait mis en garde Fanélia sur sa tendance à répliquer de façon un peu trop impulsive. Elle ne savait pas tenir sa langue, encore moins face à Orfeo qu'elle détestait.
— Tu m'as privé d'une partie de ma virilité. Je ne pourrai jamais me reproduire.
— Tu m'as balafré, lui rappela-t-elle, pointant du doigt la cicatrice qui courait de sous son œil jusqu'à ses lèvres. Nous sommes quittes.
— Tu m'appartiens, Fanélia.
Il tendit sa main vers elle. Ses doigts manquèrent de la saisir, elle fut plus vive. D'un bond, elle s'extirpa des bains, rejoignit le sol, puis courut vers le tas de vêtements afin de récupérer son poignard. Elle eut juste le temps de se saisir de l'arme, avant de sentir le corps froid et vigoureux d'Orfeo lui tomber dessus. Le faë agrippa sa nuque et la plaqua sur le sol, ventre à terre. Elle se crispa, alors que ses doigts se resserraient sur son cou. En poussant un cri de rage, Fanélia tenta de se dégager, donnant des coups de couteau au hasard. Elle avait beau être habile, Orfeo avait la force pour lui. Il appuya de tout son poids sur elle, lui coupant le souffle.
— Tu n'aurais jamais dû revenir ici Fanélia !
— Quoi... Aux ... bains ? souffla-t-elle en tentant de se dégager.
— Au terrier. Les abeilles t'ont peut-être adoptée, mais tu n'as jamais été l'une d'entre elles. Tu n'es qu'un renard errant, sans foyer. Et tu sais ce qu'on leur fait, aux solitaires...
Elle sentit la main du faë glisser contre elle. Cette fois, ce ne fut plus de la simple colère qu'elle ressentit, mais une rage profonde, vieille de plusieurs dizaines d'années. Sa main agrippa fermement son poignard, celui-là même avec lequel elle s'était défendue cent ans auparavant, et elle le planta dans la main du faë qui s'était glissée sur sa poitrine. Orfeo poussa un cri rauque. Il s'écarta suffisamment pour que Fanélia puisse se retourner et lui donner un coup de poing en pleine figure.
— Je vais te tuer, cracha-t-il, du sang coulant sur le menton.
Elle jeta ses pieds en avant. Il lui retomba dessus, poussant son corps contre le sien, trop fort pour qu'elle puisse bouger. Fanélia gesticula, hurlant de rage. La main d'Orfeo agrippa la sienne, il lui arracha le poignard et le jeta dans le bain bouillonnant, tandis qu'elle tentait toujours de se dégager. Fanélia planta ses dents dans son cou. Orfeo hurla de douleur avant de la repousser. Ses doigts se resserrent sur son cou, elle se remit à suffoquer.
— Ce sera rapide, tu verras. Ça fait cent ans que j'attends de me venger.
Fanélia se débattait, mais ses forces l'abandonner. Orfeo serrait trop fort, elle ne pouvait plus respirer.
— Ce sera moins long si tu cesses de lutter.
Elle le repoussa en arrière, il manqua de tomber, puis se rua de nouveau sur elle. Pourquoi s'acharnait-il autant ? Pourquoi ne la laissait-il pas tranquille ? Pourquoi fallait-il qu'il continue de penser qu'elle lui appartenait ?
— Mon père n'aurait pas voulu ça, cracha-t-elle. Il t'a élevé Orfeo ! Il t'a élevé, et c'est comme ça que tu le remercies ?
— Et toi, comment m'as-tu remercié ?
Il la frappa au visage. Elle continua de lutter, cherchant à se dégager. Il devenait fou. Elle ne le reconnaissait plus. Il n'avait plus rien de l'enfant avec lequel elle jouait petite. Mais cela faisait longtemps qu'il n'était plus cet enfant, ni elle cette petite cousine qui l'admirait. Tout avait changé à la mort de son père. Orfeo, persuadé de posséder un droit sur elle, s'était mis en tête qu'elle lui donnerait sa main. Il n'avait jamais accepté son refus. Et depuis cent ans, il ressassait sa vengeance. Fanélia le frappa à l'entrejambe. Il hurla de rage, puis plaqua ses mains autour de son cou.
— Arrête de te débattre !
Elle suffoquait, mais elle ne pouvait pas cesser de lutter. Si elle mourrait entre ses mains, Isidore serait seul avec Oscar. Seul avec la Dame de l'Automne.
— Lâche... moi, cracha-t-elle, les dents serrées.
— Pourquoi ? Pour que tu ailles retrouver ton prince ? Ce petit freluquet qui te suit partout ? C'est trop tard pour lui, Fanélia ! Tu m'entends ! Trop tard. Il va retomber entre les mains de son père et de ses frères ! Tu le sais très bien. Tu ne peux pas lutter. C'est leur jouet préféré.
Fanélia hurla, de rage, de colère, de douleur. Elle détestait Orfeo. Elle le haïssait plus que n'importe qui au monde. Pourtant, la menace la glaçait. Il n'hésiterait pas à dénoncer Isidore, elle le savait. Elle le connaissait. La parole de la Dame ne comptait pas à ses yeux. Il ne savait pas obéir.
— Je... t'interdis ..., balbutia-t-elle.
— Lâche-là immédiatement !
Fanélia eut à peine le temps de relever la tête qu'une masse s'abattit sur la tête d'Orfeo, d'une violence telle qu'elle l'envoya rouler sur le côté. La faë passa ses bras par-dessus son visage, pour se protéger. Elle entendit plusieurs coups pleuvoir, s'abattant avec force, à un rythme effréné. Elle resta prostrée ainsi, plusieurs secondes sans oser se retourner, tâchant de reprendre sa respiration. Les coups continuèrent de résonner. Une fois. Deux fois. Dix fois. Elle attendit, tremblante. Le poids du corps d'Orfeo continuait de peser sur elle. Elle le sentait toujours, ses mains baladeuses, ses mots, son souffle. Sa tête reposait encore sur son ventre. Elle se dégagea comme elle le put, s'écartant. Elle se força au calme, prit plusieurs bouffées d'air, ne souhaitant pas montrer combien elle avait eu peur de ce qui aurait pu arriver.
Elle releva la tête pour remercier le faë qui était intervenu pour la sortir de là. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque ses yeux rencontrèrent ceux, effrayés, d'Oscar. Le jeune homme tenait un chandelier entre ses mains. La bougie reposait sur le sol, éteinte. L'humain ne bougeait plus, tétanisé par ses actes. Les mains tremblantes, il laissa retomber son arme de fortune sur le sol, avant de reculer. Le chandelier résonna dans la grotte, avant d'être aspiré par l'eau et de disparaître.
— Qu'est-ce ... qu'est-ce que j'ai fait ?
Fanélia dirigea son regard sur Orfeo, étendu sur le sol. Le crâne du faë ne ressemblait plus qu'à une affreuse bouillie de sang. Oscar ne s'était pas contenté de l'assommer, il lui avait fracassé le crâne avec une violence dont Fanélia ne l'aurait jamais cru capable. Ce jeune homme aux bras maigrelets, à l'air plus effrayé qu'un écureuil, venait non seulement de la sauver, mais aussi de tuer l'être qu'elle détestait le plus sur cette terre.
Fanélia ne savait pas quoi dire, ni quoi faire. Elle fixait Orfeo, perplexe, le cœur battant à tout rompre.
— Fanélia ? entendit-elle.
— Tais-toi.
Elle leva la main devant elle, interrompant Oscar. Elle avait besoin d'une minute, juste une minute, pour reprendre ses esprits. La faë posa sa tête entre ses mains et souffla. Elle inspira profondément, plusieurs fois, jusqu'à ce que les battements de son cœur retrouvent un rythme normal. Jusqu'à ce que sa tête ne tourne plus. Jusqu'à ce que les vertiges disparaissent. Orfeo l'avait agressé. Il avait cherché à la tuer. Encore une fois. Elle souffla encore, puis compta jusqu'à dix. Pendant dix secondes, elle s'autorisa à avoir peur. Le corps tremblant, elle ferma les yeux, juste le temps de reprendre ses esprits et d'étouffer cette angoisse qui sourdait en elle. Elle pouvait y arriver. Elle y était déjà arrivée.
Elle rouvrit les yeux, enfouissant ses sentiments en elle pour garder la tête froide. Il fallait agir et vite. La faë récupéra ses vêtements et les enfila. Oscar détourna le regard, les bras ballants le long du corps. Une fois habillée, Fanélia alla vérifier le pouls du faë.
Il ne battait plus.
Vu comme son crâne était fendu en deux, il était peu probable qu'il ait survécu, mais elle se devait de vérifier.
— Il faut faire disparaître le corps, déclara-t-elle.
— Que... quoi ?
— Aide-moi à le rouler jusqu'au bain. Les sources ressortent par ce côté de la grotte, elles se jettent dans la mer. L'eau l'emportera.
Elle désigna un coin opposé, où l'eau s'enfonçait pour rejoindre l'océan. Incapable de réfléchir, Oscar obéit à Fanélia. Ils roulèrent le corps jusque dans le bain bouillonnant, poussant fort pour le faire plonger. Le corps d'Orfeo pesait lourd, le sang suintait sur le sol. Fanélia étouffa un haut le cœur, face au dégoût qu'elle ressentait. Il était mort. Mort. Son cadavre glissait entre ses doigts.
Fanélia se glissa dans l'eau, pour le porter jusqu'à l'embouchure de la source. Elle eut du mal à le faire passer, poussa sur ses muscles, jusqu'à ce qu'il disparaisse, emporté par le courant. Quand elle revint, les vêtements trempés, elle trouva Oscar agenouillé, en train de nettoyer le sol avec sa manche pour recouvrir le sang de terre. Elle l'attrapa par le poignet.
— Il faut remonter. Nous devons nous changer.
— Je ... je ne voulais pas le tuer. C'était ... Je voulais juste l'assommer, mais en le voyant, je n'ai pas pu ... ça m'a rappelé Valère... ma mère... ses cris... les tortures et... je ne voulais pas le tuer, je ne suis pas un meurtrier... j'étais juste... j'étais juste...
— ... en colère, acheva Fanélia. Orfeo méritait de mourir.
Les yeux d'Oscar perlaient de larmes. Pour la première fois, Fanélia ressentit un immense sentiment de gratitude envers une personne, un être humain qui plus est. Durant des années, elle n'avait pas compris l'affection qu'Isidore leur portait. Elle n'avait pas non plus compris pourquoi il voulait aider Oscar à s'enfuir. Elle n'aurait jamais imaginé que ce frêle humain la libérerait du faë à cause de qui elle avait fui cet endroit, et qu'elle avait craint de recroiser durant cent années. Un élan de reconnaissance la saisit. Un sentiment un peu trop humain à son goût, mais incontrôlable.
— Orfeo était mon cousin, avoua-t-elle. À la mort de mon père, il a réclamé de m'épouser, c'était son dû, soi-disant, pour me protéger. J'ai refusé.
Elle porta son doigt jusqu'à son visage, désignant sa balafre.
— Il m'a marquée en représailles.
Oscar ne semblait pas savoir quoi dire. Il continuait de pleurer et de trembler, les yeux rivés sur la cicatrice de Fanélia. En général, elle ne supportait pas qu'on la dévisage ainsi, mais pour une fois, elle n'y voyait aucune curiosité malsaine. Oscar semblait seulement chercher à comprendre, à décrypter son passé, à travers sa cicatrice.
— J'ai dû fuir après cela, continua-t-elle, se confiant à cet inconnue comme elle ne l'avait jamais fait avec personne d'autres, à part Isidore.
— C'est pour cela que tu es... une abeille et pas un renard ? tenta de comprendre Oscar.
— Je suis un peu des deux, sourit-elle. La Dame de l'Automne m'a aidée à fuir et intégrer l'Ordre du roi Andonéïs pour me protéger d'Orfeo. Il n'a pas apprécié que je l'émascule.
Un sourire étira les lèvres de Fanélia, à ce souvenir. Il lui avait peut-être pris sa beauté, la balafrant à jamais, mais elle lui avait pris bien plus ce jour-là. Il n'avait jamais supporté de perdre ses précieuses bourses reproductrices. La Dame de l'Automne lui avait toutefois interdit de mettre les pieds à la Cour de l'Automne, pour la protéger.
— Alors... j'ai bien fait de le tuer ? balbutia Oscar.
— Oui, tu as bien fait, lui répondit-elle.
— C'est la première fois que je tue quelqu'un. Je ne savais pas qu'il y avait autant de violence en moi.
Il avait été enlevé, torturé, enchaîné, amputé. Fanélia comprenait sa rage. Elle n'était pas directement dirigée contre Orfeo, mais contre tous les faës qui s'en étaient pris à lui. Sa main se dirigea vers l'épaule du jeune homme.
— Tu as beaucoup subi. Il était peut-être temps que tu dises stop.
Il hocha la tête. Il allait falloir qu'il remonte, Isidore ne dormait sûrement plus et d'autres pouvaient arriver. Du reste, elle voulait quitter cet endroit, elle suffoquait ici, même si elle ne l'avouerait pas à Oscar. Dans cette grotte, dans ces bains, au fond de ce palais, elle se sentait prisonnière. Orfeo était mort, mais son ombre la suivrait toujours.
Oscar, tremblant, se releva, Fanélia garda sa main sur son épaule et serra fort.
— N'en parles pas à Isidore.
— Mais... il ...
— J'ai dit, n'en parle pas ! répéta-t-elle. Il n'a pas besoin de savoir. C'est entre toi et moi. Tu as compris ?
Oscar hocha la tête, une seconde fois. Comme un pantin obéissant. Fanélia s'en voulait d'être dure avec lui, mais elle n'avait jamais appris à être autrement. Isidore lui reprochait sans cesse son ton bourru. Elle retira sa main et tenta un sourire maladroit, il le lui rendit. Ses yeux noisette, si apeurés, lui firent penser à Isidore. Elle sentit un élan de tendresse la saisir, qu'elle repoussa. Il revint. Fichu Isidore, il l'avait contaminé. Pourtant, elle sourit encore, avant de se détourner et de s'engouffrer dans les escaliers pour regagner la sortie.
Finalement, peut-être que les êtres humains pouvaient avoir de bons côtés.
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