Chapitre 7:
J'ai l'impression de vivre dans un brouillard. Mes membres semblent fait de cotons et j'ai l'impression de ne pas être là. Je suis loin, très loin et les sons et les couleurs m'arrivent brouillés par les kilomètres qu'ils doivent traverser pour m'atteindre.
Mais qu'est-ce qui m'arrive?
- Faut que je me réveille, faut que je me réveille... ce soir il y a le bal faut que je sorte de ce cauchemar
J'ouvre les yeux et me regarde dans le miroir face à moi. Je suis toujours aussi brune, ma taille toujours aussi fine mais je semble si différente, mon visage a perdu toute sa sérénité, je semble tendue, sur mes gardes et fatiguée.
Je vois des larmes couler sur le visage de cette fille face à moi. Je passe ma main sur ma joue, ce sont mes larmes.
- Pourquoi est-ce que je perd le contrôle ?
Je m'empresse de sécher mes larmes, Émilie ne va pas tarder à arriver avec mon costume et il est hors de question qu'elle me voit pleurer, je ne veux pas avoir à dire que je suis totalement perdue, totalement rongée par la peur et que le monde semble se découdre face à moi.
Je suis assise sur le bord de mon lit, le regard perdu dans le vide lorsqu'Emilie frappe à la porte avant d'entrer.
- Mademoiselle! Regardez comme vous allez être belle dans ce costume!
Elle me tend avec enthousiasme une robe mauve aux froufrous blancs. Elle y a cousu des fleurs violets foncées, sur le bout du jupon il y a tellement de ses petites fleurs en satin que l'on ne voit presque pas le tissus mais plus l'on monte vers le bustier de la robe moins il y en a. La robe est magnifique mais je ne suis pas sûre que je le serais dedans. Je me sens si différente à l'intérieur; comme brisée et avec des morceaux en moins, comment pourrais-je être la même à l'extérieur?
Elle m'aide à enfiler la robe, le jupon semble éclore autour de moi. Ensuite Émilie s'applique à dessiner des fleurs et des volutes sur mes bras comme un gant fait de fleurs. Je me pare d'un collier d'améthyste et d'une perruque fait d'un très jolie chignon d'où s'échappe des boucles de cheveux dorés. Le chignon est piquée de fausses violettes assorties à ma robe. Il ne me reste plus qu'à mettre les lentilles et le masque. La veille encore mon masque était simple en velours noir et sans fioritures, maintenant grâce au talent d'Émilie la moitié droite du masque est recouverte de fleurs, encore une fois asorties à ma robe et des rubans blancs et violets pendent sur le côté.
Lorsque je me regarde dans le miroir ce n'est pas moi. Mes yeux sont maintenant verts, mes cheveux blonds et bouclés, je ne suis plus moi, d'aucune façon. J'espère que ce n'est qu'une mauvaise passe.
Tu n'as pas de raison d'avoir peur, me dis-je comme un mantra.
- C'est superbe Émilie. Merci.
- Ça me fait plaisir mademoiselle, me sourit-elle chaleureusement, allez, allez la fête n'attend que vous, plaisante t-elle
Je lui souris légèrement avant de sortir de ma chambre. Dans les couloirs je m'efforce de me rassurer: je me tiens plus droite, je souris de manière plus convaincu, lève le menton et m'encourage mentalement. Après tout personne ne me reconnaîtra.
Lorsque j'entre dans la salle de bal je suis surprise de voir la différence avec les bals conventionnel. Sans les apparences chacun se comportent plus librement, j'ai l'impression d'avoir quitté la Cour tant tout est vrai.
Les danses et la musique sont plus guillerettes, les conversations plus vives et franches, sous un masque il est étonnament plus facile d'être véritablement soi. Mon regard fend la foule et en me retrouvant parmis une telle vivacité qui semble pour une fois véritable me fait oublier ma peur. Je regarde tout le monde et ne reconnaît personne et cela est très frustrant pour quelqu'un qui a l'habitude de tout observer.
Alors que je prends une pâtisserie une voix grave à côté de moi me fait tourner la tête.
- Je ne savais pas que les fleurs aiment le sucre.
L'homme à côté de moi a un grand sourire et malgré ses lentilles violettes je vois ses yeux pétiller. Étrangement sa remarque ne m'agace pas au contraire elle m'amuse.
- C'est bien connue pourtant, je lui réponds en souriant avant de mordre dans le choux.
- Si je ne me trompe pas c'est la troisième pâtisserie que vous prenez.
Je finis ma bouchée avant de lui répondre:
- Je n'aime pas devoir choisir et l'on ne mange jamais trop de pâtisseries.
- Si vous le dîtes.
Il accompagne sa taquinerie d'un clin d'œil qui me fait pouffait de rire. Prise de curiosité, je l'observe pour essayer de savoir qui il est. Son caractère ne m'aidant absolument pas, personne n'est aussi sympathique à la Cour. À moins que... il fait à peu près la même taille et à la même carrure. Oui, ce doit être Louis, sa perruque est blonde et avec ce chapeau il a l'air d'un cowboy en costume trois pièces.
- Personnellement je ne savais pas que les cowboys étaient aussi chics.
- Et bien si, ils aiment énormément mélanger les genres.
- C'est pour ça qu'en plus du chapeau de cowboy vous avez des plumes grises sur votre masque, dis-je en hochant la tête compréhensive.
- Tout à fait, dit-il en rigolant.
Nous nous taisons quelques instants, mais le silence entre nous n'est pas pesant. Je regarde l'ambiance et la joie qui m'entourent.
- C'est fou...
- Quoi donc?
Je me tourne de nouveau vers l'homme que je suppose être mon meilleur ami.
- La différence lorsque les apparences ne sont plus là est frappante.
- Le monde est plus joyeux lorsqu'il n'est plus scruté.
- Vous avez raison...
Je lui fais un petit sourire.
- Je sais ce que vous pensez, me dit-il me faisant hausser un sourcil, c'est bien dommage que ce ne soit pas tout le temps le cas.
- Vous avez raison.
- Vous vous répétez, mais si j'ai toujours raison comme vous le dîtes je vais finir par devenir narcissique.
- Vous n'avez pas de raison de l'être.
- Ce n'est pas très gentil dis-donc.
- Qui a dit que j'étais gentille?
- Votre visage d'ange et votre sourire, répond-il en me regardant dans les yeux avec un grand sérieux.
Ce regard et le compliment qui l'accompagne me fait doucement rougir et baisser les yeux. Une main chaude vient faire se relever mon visage, mes yeux tombent sur ceux remplis d'étoiles de Louis, je n'avais jamais vu ces étoiles dans ses yeux. J'ai l'impression en regardant ceci, de tomber dans le ciel et de flotter au milieu des étoiles. Je sombre lentement mais cette fois je ne suis pas effrayée.
Derrière son masque, je vois ses joues rougir alors qu'il se racle la gorge.
- Et si l'on dansait?
Ma proposition me surprend encore plus que lui mais il prend ma main et m'entraîne sur la piste alors que la musique est particulièrement entraînante est décalée. Je me demande si c'est ce genre de musique que le peuple écoute. Mon interrogation s'évapore dans un rire alors que Louis me fait tourner plusieurs fois. Nous rions énormément, nous nous balançons, sa main me guide pour me faire m'enrouler dans ses bras, je m'échappe en riant et nous continuons de danser ainsi, sans suivre aucune règles, durant ce qui semble être des heures.
J'ouvre les yeux, il me regarde inquiet et me tient fort dans ses bras comme si j'allais tomber.
- Vous allez bien?
- Oui tout va bien, j'ai eu une petite perte d'équilibre c'est tout.
En réalité je n'avais absolument aucune idée de ce qu'il venait de se passer. Il dessere ses bras alors que je recule pour qu'il me laisse et lui montrer que je tiens debout. Je lui fais un grand sourire alors que ma vie semble m'échapper. Mais que s'est-il passé? Qu'est-ce qui ne va pas chez moi?
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