Chapitre 30 :
Depuis deux semaines je prends un traitement. Sans même savoir contre quelle maladie je lutte. Une infirmière m'a fait une piqûre. Je prends des comprimées tous les jours. Contre quoi ? C'est tout ce que je demande. Mais Enzo refuse en bloc de me le dire. Ce doit être grave. L'infirmière prend des notes de mon état. On me surveille de près. Et pas seulement les médecins et Enzo mais aussi les nobles. Surtout les nobles, ils guettent le moindre instant où je déraperais pour saisir l'instant et m'humilier. Avec l'annonce de nos fiançailles, les followers se sont rués sur mon compte, je ne sais qu'en penser. Je ne sais que penser de l'influence des réseaux sur les gens et sur leur opinion. Tout est effrayant. C'est trop puissant. Trop dangereux. Trop addictif de ce que j'en vois sur les nobles. Je ne sais pas ce qu'on attend de moi. Je reçois des messages d'inconnu et ne sais quoi leur répondre. Beaucoup ont vu la vidéo où je m'évanouis et cette image qui colle à ma peau me brûle et me dévore. Je suis seule. Et j'ai peur. J'ai peur de mourrir, oui. J'ai peur de me perdre. De dégénérer. J'ai peur, oui, de lui aussi. J'ai si peur de le perdre. Alors je me concentre sur autre chose, je remplis mon cerveau d'informations, je veille à la situation politique française, aux actes de Louis, aux conséquences qu'elles pourraient avoir sur l'Italie. Je reste focus, ainsi il n'y a plus rien d'autres dans mon esprit. Plus de maladie, plus de nobles, de réseaux sociaux ou de peurs. Louis a invité Henry Guojènne a débattre sur l'avenir de la France. J'ai trouvé que c'était une bonne idée malheureusement le concurrent c'est plutôt bien défendu. Le peuple n'hésite plus, il veut se battre, il veut un nouveau commencement. Je pense qu'il ne peut plus rien faire. Mais je ne sais pas encore comment l'Italie va se positionner face à la révolution. Ni comment moi je dois agir. Je représente la France en Italie, et l'alliance entre nos deux monarchies, alors comment faire à présent ?
Jeudi 11 juin 2223
Matin de mon mariage
Aliénor Gautier
Il aura fallu plusieurs heures pour accrocher parfaitement chacune de mes mèches de cheveux, toute une matinée pour que l'on me considère enfin comme prête. Je n'ai pas eu le droit à une seule seconde de solitude, de mon réveil aux aurores à la cérémonie il y a eu à chaque minutes une ribambelle de domestiques, de rubans et de dentelles voletant autour de moi. Et lorsque j'ai finalement quitté les dames je me suis retrouvée accompagnée de trois gardes à l'armure étincelante de propreté en ce jour exeptionnel. Je ne me souviens pas m'être avancée, je ne me souviens pas non plus de la douce musique qui accompagnait mes pas, cet instant si proche me semble éloigner de plusieurs années, il semble appartenir à un autre monde lorsque le prêtre s'adresse à moi.
Ma robe est blanche. Elle flotte autour de moi en toute légèreté. Mes épaules sont découvertes et les manches, faites du même tissus que la jupe, effleurent de leur voile mes avant-bras. Le corset au bustier en cœur marque le contour de mon buste et me maintient droite depuis le début de la cérémonie. La dentelle, les cristaux et les ornements d'or et d'argent qu'il abrite brillent de mille feux et de luxe. Le moment est venu.
- Aliénor Élisabeth Marguerite Gautier acceptez-vous de prendre pour époux Enzo Romano Denolizzi ?
- Oui, je le veux.
- Très bien, vous pouvez embrasser la mariée.
Il se penche vers moi et pose un doux baiser sur mes lèvres, aussi léger qu'une brise et aussi tendre que de la guimauve. Il laisse sur ma bouche un goût amer de regret. Pourquoi donc faut-il que tu sois prince ?
☆
- Elle est ridicule.
- Le prince m'hérite mieux.
- La France n'est qu'un puit sans fond et elle n'est qu'une incapable d'une monarchie détruite.
Les mots affluent autour de moi, j'entends distinctement les chuchotis de tous les nobles. Ils me détestent. Moi aussi je ne me pensais pas à la hauteur, ce doit être vrai. Le bruit résonne dans ma tête et me donne envie de crier. Mais qu'ils se taisent bon sang. Qu'ils se taisent enfin.
Les paroles me font le même effet que les lumières de cette salle de bal. Elles m'éblouissent, tournent autour de moi et me font perdre la raison.
- Aliénor ?
Mon esprit se recentre sur le visage soucieux de mon époux devant moi. Une main sur ma taille, l'autre tenant ma main droite nous dansons ensemble lentement.
- Tu vas finir ridé prématurément à cause de moi.
- Comment cela ?
- Ce pli entre tes sourcils n'arrêtent pas d'apparaître.
Un maigre sourire se dessine sur son visage fatigué.
- Je suis désolée de te causer autant de soucis.
- Tu ne m'en cause pas, rejette t-il.
Je ris jaune.
- Écoute les nobles, ils sont dans le vrai.
- De quoi parles-tu ?
- Je suis la fin de ton royaume, la décadence me guette.
- Tu n'es pas folle, il secoue sa tête.
- Alors qu'est-ce que j'ai ? je m'exclame, pourquoi, pourquoi, pitié, par pitié dis moi pourquoi je m'évanouis ? Pourquoi je réagis excessivement et impulsivement ? Pourquoi ma vision se noircit ? Pourquoi mes sens jouent contre moi ? Pourquoi ?
Ma voix se réverbe dans la grande salle où a lieu les célébrations me renvoyant l'écho de ma colère et de mes paroles prononcées trop haut, presque criées. Sur moi tous les regards son rivés, celui d'Enzo est rempli d'une tristesse que je ne peux supporter de regarder, ceux des nobles sont rieurs et leur téléphones sont dirigées vers moi, ceux du Roi et de la Reine sont profondément désapprobateurs et ceux des princesses que j'ai rencontré en France sont peinées et désolées. Ormis la France toutes les familles royales européennes ont été invité, la colère retombant je baisse le visage lassé et dégouté de moi-même d'avoir fait une telle scène devant tant de monde.
Je soupire et relève mon visage vers Enzo. J'effleure la courbe de son visage.
- Je t'aime tellement. Que fais-tu avec moi ? Lorsque tu t'en renderas compte enfin je n'aurais plus rien. Tu es la seule chose qui me reste.
Je laisse retomber lentement ma main.
Enzo arrive à me surprendre encore plus, alors que je retenais difficilement mes larmes, il m'attrape par la taille pour m'amener contre lui et chuchoter à quelques centimètres de mes lèvres.
- Je t'aime. Et ceux même si le monde s'opposait à nous.
Après cela, il fait quelque chose qui me surprend encore plus. Il scelle nos lèvres me coupant le souffle et me sert contre lui. Fermant les yeux j'oublie le monde autour de nous, j'oublie les musiciens, j'oublie les lustres éblouissants au dessus de nous. J'oublie tout, il n'y a plus que nous. Plus que ses lèvres contre les miennes et ses bras autour de moi. Plus que sa passion qui me coupe le souffle. À travers ce baiser il me transmet toutes ses émotions, je sens à quel point son cœur bat dans sa poitrine, à quel point il m'aime. J'en aurais presque le tournis. Je sépare nos lèvres d'un centimètre à peine pour lui souffler :
- Je t'aime également... mais à quel prix ?
- Tu réfléchis trop. Vis au lieu de t'inquiéter.
- Tu as raison.
Je regoûte un instant le parfum de ses lèvres.
- Reprenons la danse avant que mes parents ne fassent une syncope.
Je souris et prends la main qu'il m'offre. Nous nous balançons au rythme de la musique les yeux dans les yeux comme si nous étions encore seul au monde.
À la fin de la soirée, après avoir profité du buffet et de la musique durant plusieurs heures. Enzo m'emmène à travers les couloirs décorés de fleurs et de lumière pour le mariage. Après avoir monté une flopée de marches de marbre, il finit par m'ouvrir une porte en bois massif dans une allée semblant mener à peu de pièces. Derrière cette porte se révèle un salon assez sobre. Enzo ne prend pas la peine d'allumer la lumière et ferme derrière moi. Ses yeux brillent dans le noir lorsqu'il se posent sur moi. Il ne dit rien. Je brise le silence en murmurant :
- Qui a t-il ? Où sommes nous ?
- Ce sont mes appartements.
Il lève sa main vers moi avant de la faire retomber aussi tôt.
- Enzo ?
- Tu es magnifique dans cette robe... princesse Aliénor Denolizzi, rajoute t-il.
Je rougis.
- Ma douce princesse, il caresse du dos de ses doigts la courbure de mon menton créant des étincelles sur ma peau. Tu guériras, je te le promets.
Sa main se loge au creu de mon cou y diffusant une étrange chaleur dans tout mon corps. L'intensité de son regard sur moi, m'intimide et me fascine tout à la fois. Il se rapproche d'un pas. La tension entre nous est à coupée au couteau lorsqu'il finit finalement par se pencher vers moi et m'embrasser lentement et goulûment. D'abord atone je réponds rapidement à son avidité. Je pose mes mains au bord de son visage tandis qu'il passe ses bras autour de mon dos et de ma taille pour me serrer contre lui. Comme si on pouvait devenir qu'une personne et fusionner. Ses mains glissent ensuite lentement le long de mon dos jusqu'à se poser sur mes hanches. De là, il nous tourne tous les deux et me plaque contre le mur le plus proche. Mon cœur bat à cent à l'heure, et lorsque nos bouches se séparent essoufflées, nos soufles s'entremêlants sont hachés. Mes lèvres me semblent durcis par nos baisers de plus en plus enflammés. Nos corps en veulent plus, ils s'appellent et se tendent l'un vers l'autre, avides. Mes yeux sont fixés sur ceux noirs et profonds d'Enzo, sur son visage à la machoire marqué et à la beauté royale. Ses mains sont délicates un instant et sauvages celui d'après. Elles jouent avec le ruban de mon corset avant de commencer à le défaire en continuant de m'embrasser. Il nous faut plusieurs minutes pour parvenir à faire tomber ma robe au sol. Un rire s'échappe de mes lèvres lorsqu'il me cueille pour me porter en princesse. Je déboutonne tranquillement son uniforme pendant qu'il m'emmène dans la prochaine pièce : la chambre à coucher. Sa veste tombe au sol, puis sa chemise à son tour. Torse nu, il me dépose sur le lit. Nous sourions bêtements et nous embrassons peau contre peau. Mes mains plaquées sur son torse musclé descende sans même que je n'y prenne garde le long de ses abdos jusqu'à s'accrocher à sa ceinture pendant qu'il embrasse mon épaule. Nous finissons par ôter le reste de nos vêtements et réalisons notre devoir conjugale par désirs et envies plus que par un réel devoir.
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