Chapitre 25 :

- Alors... expliquez-moi.

C'est-ce que m'a dit le policier alors que toute mes pensées étaient tournées vers Enzo.

- Je vous demande pardon ?

Sa voix m'a ramené dans la réalité.

- Vous ne semblez pas être anarchistes... ou vous le cachez très bien, alors pourquoi portez vous leur marque.

- Attendez, attendez, je porte une main à ma tempe, je ne comprends pas ce que vous me dites. Pourquoi parlez-vous d'anarchistes, pourquoi nous avoir arrêtés ?

L'homme soupire exaspéré par ma naïveté et mon ignorance.

Je ne comprends pas ce que je fais ici. Après nous avoir interpelé, les policiers nous ont fait monté dans leur voiture. Je n'ai rien vu de Paris à part les magasins qui bordent la route sur le chemin entre la station et le commissariat. Là, on nous a séparé et ça m'a effrayé, je me suis sentie seule. Seule et perdue. Encore. Je pensais pouvoir changer, j'en avais l'espoir, j'arrivais presque à le croire. Tout aurait pu changer en Italie, changer pour le mieux. Mais non. J'étais faible et incapable d'être seule. Je m'en veux d'être si faible, j'aimerais réussir à être indépendante, mais c'est compromis.

- Mademoiselle ?

- Oui.

- Vous ne m'écoutez pas.

- Pardonnez-moi. Je... je suis légèrement perplexe, pourquoi dites-vous que je porte la... marque des anarchistes vous avez-dit ? Mais je n'ai rien d'une anarchiste ! Je n'ai rien fait monsieur, je puis vous l'assurer.

- Je puis vous l'assurer ? répète t-il. Mais d'où venez-vous bon Dieu pour parler comme cela et être autant déconnecter de la réalité ?

Je ne réponds pas, incapable de répondre quoi que ce soit à ce qu'il vient de dire.

- Reprenons depuis le début.

- D'accord.

- Vous ne m'avez pas répondu au début de l'interrogatoire, vous étiez complètement ailleurs, comment vous appelez-vous ?

- Aliénor Élisabeth Marguerite Gautier...

- Qui a trois prénoms, rit-il.

- Je n'ai pas terminé, je proteste.

- Quoi dont ?

- De vous donner ma dénomination. Je suis Aliénor Élisabeth Marguerite Gautier Duchesse du Haut-Rhin.

- Duchesse du ?

- Et fiancée du prince héritier du Royaume d'Italie, le prince Enzo.

Il me regarde se demandant si je plaisante, soudain, tout devenant plus clair, il se redresse et se lève en se pliant de milles excuses. Je le rassure rapidement. Il me prévient qu'il va aller voir son collègue. Il me laisse alors dans la pièce intimidante.

- Euh... madame la duchesse ? dit-il avec une certaine hésitation sur ma dénomination.

- Oui, dis-je suprise qu'il soit déjà de retour.

- Je suis allé voir mon collègue qui est avec votre fiancé, venez avec moi nous voulons vous parler à tous les deux.

- Très bien.

Je me lève me demandant ce qu'il s'est passé dans ma tête entre le moment où il a quitté la pièce et celui où il est revenu. J'ai l'impression qu'à peine une seconde s'est écoulée entre les deux.

Je suis donc le policier jusqu'à une autre salle d'interrogatoire où se trouve effectivement un autre policier et Enzo.

Comment vas-tu semble me demander ses yeux. Je lui réponds d'un sourire rassurant.

- Asseyez-vous duchesse.

J'obéis tandis qu'il rejoint son collègue de l'autre côté de la table.

- Alors, euh Vos Altesses ?

- Pas vraiment en réalité, pas tant qu'on est pas marié en tout cas.

J'hoche la tête de contentement, en effet tant que je ne suis pas mariée mon titre reste duchesse et non pas altesse.

- Mais ça n'a pas d'importance ne vous souciez pas de cela, poursuit-il.

- Très bien. Il est dangereux pour vous de prendre les transports en commun.

- Je puis vous affirmer que si nous avions pu nous n'aurions pas choisi cette solution.

- Bien sûr. Étant au service de sa Majesté le Roi, nous estimons que nous devons veiller à la sécurité de ses invités tant qu'ils sont sur le sol français. Cependant, la ville est loin d'être sûr. Nous voulons vous proposer de vous amener nous même jusqu'à l'aéroport.

- C'est très cordial de votre part.

- Juste une chose avant, dis-je leur regard se tourne vers moi, expliquez-nous pourquoi vous nous avez pris pour des anarchistes.

- Je ne sais pas si nous sommes autorisés à dire cela, dit-il l'air gêné.

- J'exige de comprendre pourquoi nous avons du subir un tel traitement, dis-je en espérant avoir l'air autoritaire.

- En réalité, les personnes ont été invité à parler de manière la plus neutre possible, pour plus de transparence.

Je fronce les sourcils tout cela me semble bien étrange.

- Les personnes qui continuent de parler avec leur accent sont considérées comme opposants à la sûreté et à l'ordre national, en l'occurrence, des anarchistes.

Je jette un œil à Enzo, il m'encourage du regard à ne pas en demander plus. Je comprends son point de vue plus sage que ma curiosité avide et mon impulsivité alors je me contente de les remercier pour leur réponse en souriant.

- Je pense que nous pouvons y aller si il n'y a rien d'autre, dit Enzo en se relevant.

À cet instant, avec le ton qu'il a employé et l'assurance et l'autorité naturelles qui ressortent de lui, il m'apparait comme la première fois pour un roi. Et étrangement, je me sens à la fois déroutée, admirative et dépassée par ce fait. Je le laisse m'aider à me relever avec galanterie en angoissant doucement. Il est fait pour gouverner et moi je ne suis qu'une ombre.

Comme une ombre je le suis lui et les policiers jusqu'à leur véhicule. Ça y est on va quitter la France et cela ne me fait absolument rien. Enfin, il y a bien ce poids dans ma poitrine.

Ce poids ne s'évanouit pas dans la nature. Il resta durant le trajet, était toujours là lorsque l'on arriva à l'aéroport, il était également là lorsqu'on acheta des billets et lorsqu'on monta à bord. Je me surpris moi-même lorsqu'une larme dévala mon visage tourné vers le hublot.

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