Chapitre 10:

Après le déjeuner je suis retournée en compagnie du prince et de ses prétendantes. On a joué de la musique tous ensemble et étonnament j'étais heureuse et calme. Après m'être préparée j'attend dans le hall avec d'autres nobles que tout le monde arrive pour partir au palais Garnier. Lorsqu'enfin tout le monde est prêt les nobles se répartissent dans les voitures. Bien évidemment, je me retrouve en compagnie du prince et des autres demoiselles.

- Savez-vous ce que nous allons voir?

Nous nions toutes.

- Très bien, je suis assez curieux de savoir... mais vous, quel ballet préférez vous?

Je réponds immédiatement sans aucune hésitation:

- Roméo et Juliette.

- Pourquoi? demande t-il sérieusement.

- C'est une histoire tragique. Lorsque nous voyons Roméo et Juliette nous savons pertinemment que l'histoire finira mal, et pourtant, comme eux, nous avons l'espoir que l'amour triomphera, que leur amour sera plus fort, plus fort que le destin et que la mort. L'histoire finit mal et pourtant nous continuons de rêver d'une telle histoire d'amour. Malheureusement l'amour ne suffit pas... pas pour eux, donc sûrement pas pour les autres non plus.

- Nous ne sommes pas des personnages de roman, il faut croire en l'amour.

- Les personnages de roman sont inspirés de la réalité.

- Mais pas l'inverse.

- Vous pensez différemment il semblerait.

- Effectivement.

Après mon intervention personne d'autre n'ose donner son avis. J'ai vraiment un talent pour créer un blanc.

J'admire le paysage, nous avons quitté, depuis un moment maintenant, Versailles et son domaine. Le trajet semble se dérouler en un instant tellement je suis obnubilée par ce qui défilent sous mes yeux. J'ai si peu l'habitude de sortir. J'ai passé ma vie à Versailles, quelque fois nous partions en vacance profiter du domaine familial mais jamais je n'ai pu sortir de ces deux lieux. Jamais je n'ai pu parler à des personnes n'appartenant pas à la Cour. Soudain une clameur se fait entendre alors que nous traversons la capitale, face à l'Opéra j'observe avec surprise et terreur le spectacle qui se joue sous mes yeux. Des membres du peuple, plus d'une centaine au moins, couvrent le roi de reproches et essaie d'entrer dans les carosses. Soudain je vois des soldats accompagnants les nobles et les familles royales sortirent leurs armes, j'ouvre la porte du carosse et leur hurle de ne pas tirer. Le silence se fait dû à la surprise de chacun mais je m'empresse de continuer de parler avant que l'agitation ne reprenne.

- Le roi a justement eu une idée pour satisfaire les injustices marquantes entre la Cour et le peuple!

Tous se tournent vers moi, dédain, colère, surprise, mépris mais surtout espoir se lit sur leur visage.

- Aliénor j'espère que vous savez ce que vous faites, murmure derrière moi le prince d'Italie.

D'un autre carosse je vois Louis sortir et se tenir face à la foule.

- La séparation entre la Cour et vous ne doit plus exister, dans un premier geste j'invite qui le voudra au dernier bal fêtant mon arrivé sur le trône ce samedi soir. Et j'envisage également de mettre en place un système de référendum pour que chacun d'entre vous puissent être plus impliqué dans la vie politique du pays.

En écoutant d'une oreille le discours du Roi je prête une attention toute particulière aux gens composants la foule. Ma curiosité grandit et m'emplit entièrement. Les gens sont tellements différents que ce soit leurs cheveux ou leurs vêtements on ne pourrait pas croire que nous sommes les citoyens d'un même pays.

- C'est fou, je chuchote dans un souffle

- Quoi donc mademoiselle? demande une voix grave à côté de mon oreille

Je me retourne subitement, Enzo se tient juste à côté de moi, notre proximité me gêne étrangement.

- Euh... je mets quelques secondes à me remémorer ce à quoi je pensais. La différence entre les gens du peuple et nous. Regardez presque toutes les femmes que je vois portent un pantalon, en dehors d'une balade à cheval, on n'imaginerait même pas cela à la Cour.

- La cour italienne est différente.

- Ah oui? dis-je avec un réel étonnement

- Il y a effectivement une coupure physique entre le peuple et nous, mais la cour italienne ne s'est pas défait des changements mis en place et de l'évolution qui a eu lieu lors des siècles précédents les révolutions monarchiques.

- Oh. Ce doit être un autre monde.

- Tout juste. Vous êtes curieuse ? dit-il avec un air malicieux sur le visage.

Je remets une mèche de mes cheveux derrière mon oreille tentant vainement de dissimuler mon embaras.

- Je pense que ça veut dire oui.

Après ça il me fait un petit clin d'œil et saute du carosse. Il me tend sa main.

- Voulez-vous toujours venir voir ce ballet?

Je m'aide de sa main pour descendre du carosse en lui répondant que je serais ravie de la voir avec lui.

La foule s'étant un peu dispersée nous rejoignons sans encombre l'opéra. Accrochée au bras d'Enzo, mon regard se perd vers les personnes restées pour voir les royautés, certains me regardent en souriants.

- Je pense posséder quelque chose pouvant grandir votre curiosité pour tout ce qui vous est inconnu.

- Qu'est-ce que c'est ? dis-je intéressée et intriguée

- Je ne l'ai pas sur moi.

À ces mots je lâche son bras et le regarde de travers.

- Vous êtes vraiment irratrapable. Vous commenciez à être sympathique et là...

Je me retrouve à cour de mots, incapable de réussir à exprimer ce sentiments d'injustice. Si c'est pour me laisser en suspens il n'avait pas besoin de m'en parler!

- Et là je vous laisse sans voix, propose t-il avec ce sourire de malice que je commence à voir régulièrement sur son visage.

Décidée à ne pas me laissez avoir par son arrogance insupportable je reste calme. Il croit m'avoir, il veut que je me vexe, m'énerve et l'attaque verbalement, et bien il en est hors de question. Je ne dis pas un mot et me contente d'avancer jusqu'à la salle.

Cet opéra est décidément tout aussi éblouissant que Versailles, la décoration, les dorures, les moulures tout est divin et luxueux. Ce lieu dégage quelque chose de féérique et merveilleux.

Nous nous asseyons l'un à côté de l'autre, et après quelques minutes de discussion à voix basse entre les nobles, l'orchestre commence à jouer et enfin le rideau se lève sur l'histoire de Giselle.

Un cœur blessé par un mensonge et une fidélité impossible. Danse, folie et mort. Des fantômes épris de vengeance. Pourra t-elle sauver les deux hommes amoureux d'elle? Les lueurs de l'aube les sauvent d'une danse mortelle.
Albrecht et Hilarion sont effectivement sauvés mais qui pensent en cette fin heureuse à Giselle qui elle ne verra plus jamais la lumière du Soleil?

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top