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Encore un jour qui touche à sa fin. Une interminable journée à ne rien faire d'autre que de tourner en rond dans la maison et éviter tout contact avec l'extérieur.
Le soleil est sur son déclin et disparaîtra bientôt à l'horizon, illuminant de ses derniers rayons le villages et les champs quis'étendent à perte de vue.
C'est une vision magnifique et je regrette presque de devoir rester enfermée.
Ma vision se brouille rapidement et des larmes finissent par rouler sur mon visage. Je ne les essuie pas et les laisse tomber sur le parquet, le coeur serré.
Derrière mois, la porte d'entrée s'ouvre et je sursaute quand elle se referme. Je me retourne, hésitante et attends que la personne s'annonce, le coeur cognant contre mon sternum.
- C'est moi, annonça la voix familière de sa soeur. Tout va bien.
Une grande femme brune apparaît dans l'embrasure du salon dans lequel je me trouve. Instantanément, mon coeur se relâche et je reprends mon souffle.
Elle portent un sac de course à chaque mains et tous deux semblent bien lourd. Le frigo n'est pourtant pas vide.
Océanne surprend mon regard interrogateur.
- Ce n'est pas avec tes plats préparés que tu vas te nourrir.
Elle tourne les talons et prend la direction de la cuisine.
- En plus, ajoute-t-elle en posant les sacs sur la table présente au milieu de la pièce. Nos frères et soeurs vont arriver. Tu ne voudrais pas qu'ils meurent de faim.
Je suis de plus en plus intriguée par ce qu'elle raconte. Pourquoi je ne l'apprends que maintenant ? Aucun d'eux ne m'a informé de leur visite. Pourtant c'est MA maison. En y réfléchissant, je comprends peu à peu que ce n'est pas une simple visite de courtoisie.
- Tu leur as parlé.
Ce n'est pas une question. Océanne ne prend donc pas la peine de répondre. Au lieu de ça, elle commence à vider les sacs pour essayer de les ranger dans les quelques placards.
- Où est-ce que tu ranges tes aliments non-périssables, questionne-t-elle après avoir ouvert les placards à vaisselle.
Je le lui indique d'un geste de la main. Je sais qu'elle essaye d'éviter le sujet, mais c'est mal me connaître.
- Océanne, réponds-moi ! Tu leur as dit ce qu'il s'est passé.
Le dos tourné, elle ferme lentement le placard et soupire.
- Ce sont nos frères. Je ne pouvais pas leur cacher ça. Si tu avais entendu Damien au telephone. Et Cecilia était en larmes.
Elle ne peut pas s'en empêcher, dès qu'il se passe un truc avec l'un de nous, le reste de la fraterie doit absolument le savoir et agir pour montrer qu'on est une famille soudée. Même si ce dernier point n'est pas toujours vrai. Si je lui en ai parlé, c'est bien parce que c'est la seule que je considère comme une vraie soeur. La seule qui ne m'a pas laissée de côté ou harcelée lorsque nous étions gamins.
En l'appelant ce jour-là, j'espérais qu'elle laisse ses manies de rapporteuse de côté, mais non, elle me ramène tout le monde quand je n'ai envie de voir personne.
- Je ne veux pas les voir.
Océanne hausse les épaules. Elle affiche un air indifférent tout en continuant de vider les sacs. Elle range la plupart des articles dans les meubles et en garde quelques-uns sur la table, certainement pour le repas de ce soir. Quelques légumes, des harricots, et ce qu'il semble être du boeuf. Si elle décide de préparer un pot-au-feu, elle a interêt à s'y mettre rapidement.
- A moins de rester enfermée dans ta chambre, et même ça je doute que ça suffise, tu n'auras pas le choix.
Quelle bonne idée elle me donne là ! Je ne vais cerainement pas rester assise et subir leur présence en plus du reste. Ce serait trop pour moi. Leurs regards de pitié, ils peuvent se les garder.
Je tourne donc les talons et part me réfugier dans mon sanctuaire au premier étage. C'est le seul endroit où je me sens réellement en sécurité ces derniers jours. Enfermée à double tour. Il a fallu beaucoup de patience à Océanne pour me faire sortir et marcher jusqu'au salon. Je ne suis toujours pas rassurée quand je passe cette porte, mais je reprends petit à petit mon indépendance. Seul hic, sortir de chez moi est chose impossible en ce moment. Pas après les évènements récents. Le regard de jugement des autres m'est insupportables. Et l'idée de le croiser... me donne des crises d'angoisse.
Rien qu'à cette pensée, ma poitrine se comprime douloureusement et ma respiration se fait de plus en plus difficile. L'air à du mal à atteindre mes poumons.
Allez Ondine... compte dans ta tête.
Il me fautquelques minutes pour que mon coeur reprenne un rythme normal et que ma respiration se calme.
Après avoir reprit le contrôle de mon corps, je m'allonge sur mon lit et prends mon telephone posé sur la table de nuit. Je m'attarde un moment sur les réseaux sociaux. Je ne sais pas pour qu'elle raison, mais voir certaines publications de mes amis me rassurent et m'attristent en même temps. Tout va bien pour eux, leur vie continue, tandis que la mienne est brisée.
Pas un ne le sait, pas un n'a prit de mes nouvelles dernièrement, en dehors de camille avec qui je suis restée en contact avec le lycée. Pour autant, je ne lui ai rien dit. Je ne voulais pas gâcher ses vacances avec son mari.
Quand elle appel, je prends un faux air enjoué et écoute attentivement le récit de son voyage en Italie, son passage au colysée puis son passage à Venise et plus encore, Vérone. Avec le fameux balcon de Juliette, et, juste en dessous, une statue représentant la jeune femme. Apparement, toucher sa poitrine porterait chance et mon amie se moquait ouvertement des supersticieux qui se bousculaient pour toucher la femme en bronze.
Je dois bien avouer que ce passage m'a fait rire aussi, d'autant plus que Lucas à quand même réussi à la convaincre de tenter sa chance avec un "au pire, qu'est-ce qu'on risque ?"
Toute ses photos sont postées sur Facebook et Instagram avec les fameuses citations sur la vie. Quelques-unes montraient aussi des plats à l'air succulent avec l'adresse du restaurant.
Je laisse un like sur chacune des photos jusqu'au moment où j'entends une porte claquer et des voix s'élever en bas. Ils sont arriver.
Océanne semble les accueillir et les accompagne dans le salon tandis que les premières questions fusent. Même si je n'entends que des sons étouffés à travers la porte, j'imagine sans mal ce qu'ils disent.
- Comment va-t-elle ?
- Où est-elle ?
- Est-ce qu'elle tient le coup ?
Ou encore :
- Pourquoi elle ne vient pas nous voir ?
Il ne mettront pas longtemps à venir frapper à la porte en m'ordonnant de leur ouvrir.
Je pose mon telephone et observe le plafond blanc sans vraiment le voir. mes pensées dérivent vers un autre temps où nous étions encore des gamins. Cecilia qui passait son temps à m'ignorer et à soigner son apparence. Damien, Eric et Fred qui passaient leur temps à me chercher des problèmes...
Océanne était la seule qui lui adressait la parole de temps en temp. De nombreuses fois elle avait tenté d'arranger les choses entre mes frères et moi, sans succès. Puis nous avions grandis et chacun avait fait sa vie. Océanne est la seule avec laquelle j'ai gardé un vrai contact. Ca ne me dérangeais pas de ne pas avoir de nouvelles des autres, un simple "Joyeux anniversaire !" pour chacun de nous était largement suffisant. Pourtant, Océanne continuait de m'informer de leurs faits et gestes.
Des bruits de pas se font entendre dans les escaliers, légers, mais en même temps bien sonores. Des chaussures à talons ? Lorsque la personne s'arrête devant ma porte et commence à frapper, j'ai ma confirmation sur l'identité de cette personne.
- Ondine, sors de là s'il te plaît, demande Cécilia d'une voix assez fortes pour que je puisse l'entendre, sans pour autant le crier.
- Fiche moi la paix, rétorqué-je avant de m'enfouir sous ma couette.
Rapidement, je manque d'air, j'aménage donc un petit trou dans ma cachette et ne bouge plus. Ma soeur aînée ne bouge pas non plus. Elle attend certainement que je change d'avis et lui ouvre la porte. Elle abandonne bien facilement. Je l'entends soupirer avant de repartir vers les escaliers, ses escarpins claquants contre le parquets du couloir.
Je n'ai même pas le temps de savourer ma solitude que quelqu'un d'autre se précipite dans les marches et vient cogner de manière un peu plus virulente.
Mon frère, quel qu'il soit, ne me laissera pas tranquille, mais je ne réagis toujors pas et n'en ai pas l'intention. Il s'acharne sur la porte, me faisant sursauter au passage. Mon coeur commence à s'emballer.
- Ouvres immédiatemment cette porte !
Un silence lui répond et il recommence à frapper le bois de ma porte. elle tremble sous ses coups, mais ne céde pas. Je me recroqueville un peu plus sur moi-même, les mains sur mes oreilles.
Il continu ainsi jusqu'à ce qu'une voix s'élève du rez-de-chaussée pour l'interrompre.
- Arrêtes ! Elle est déjà traumatisée. Tu empires les choses !
Les coups cessent brusquement. Un choc plus léger se fait entendre et il reprends la paroles plus calmement.
- S'il te plaît ne reste pas enfermée.
Il soupir avant de s'éloigner.
- On t'attends en bas. Vient quand tu te sentiras assez forte, mais ne t'attends pas à ce qu'on parte ce soir.
A son tour, il descend et me laisse seule avec mes idées noires. J'entends leur voix en bas, mais ne peux distinguer ce qu'ils se disent.
J'attends que ma respiration se calme avant de retirer les mains de mes oreilles et de sortir la tête de sous la couverture. L'air commençait à manquer.
Je reste néanmoins recroquevillée dans mon lit avec la ferme intention de ne pas en sortir de la soirée.
Plus tard dans la soirée, une délicieuse odeur de légumes et de viande bouillis vint me chatouiller les narines.
Quelques minutes plus tard, des pas se font de nouveau entendre dans les escaliers et la voix d'Ondine se fait entendre à travers la porte restée close, me suppliant de venir manger.
Je ne prends pas la peine de lui répondre et fais semblant de dormir.
De toute façon, je n'ai pas faim.
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