Chapitre 21

L'alchimie, une aide précieuse


Le voyage continua en caravane, dans une ambiance joyeuse et plaisante. Hirelda poursuivait de consolider son bouclier de Terre, pendant qu'Ozia se plongeait dans ses grimoires d'alchimiste, récupéréés lors de leur exploration d'Iznarum. Installés dans la cabine, Kain et Gavion guidaient les Karabas invoqués à travers la route pavée jusqu'au domaine de Noria. Quant à Allen, il restait à côté de Noria, se confondant en excuse pour ne pas avoir su la protéger de Gavion, même si elle tentait de le rassurer car Gavion n'allait pas la tuer pendant leur exercice, malgré un doute avait subsisté au fond de son esprit au moment de se faire attaquer.

Épuisée, Noria restait sur le canapé, la tête posée sur l'épaule d'Allen. Plus elle s'en rapprochait de son domaine, plus elle sentait son ventre se nouer sous l'angoisse de revoir son père. La main dans celle d'Allen, elle respirait lentement pour tenter de chasser son stress, mais son cœur continuait de battre la chamade. Heureusement, son camarade enroula son bras par-dessus de ses épaules et la serra contre lui. Elle sourit, sentant la chaleur du corps de son ami.

***

La nuit tombait dans la région. Un océan d'étoile recrouvrit le ciel, alors que Noria, installée dans la cabine aux côtés de Gavion, sentit le froid parcourir son corps. Mais au loin, une chose étrange apparut. Elle fronça les sourcils, désignant du doigt d'épais tentacules luisants d'une lueur écarlate qui s'élançaient vers les cieux.

– Ce sont les mêmes qu'à Iznarum ! révéla-t-elle au sage.

Il marmonna quelque chose d'inaudible, avant d'ordonner aux Karabas d'écorces d'accélérer. Après plusieurs centaines de mètres, Noria reconnut ce qu'il restait du pont qui menait à son domaine. Les Titanomanciens descendirent de la caravane pour faire face à ce spectacle aussi incroyable qu'inquiétant.

L'ancienne ville de Noria se trouvait sur une petite île au milieu d'un immense lac, dont le seul moyen était de traverser un grand pont. Par la nage, les récifs autour ne permettait pas de les escalader facilement, mais aujourd'hui, impossible de faire l'un ou l'autre. Des tentacules tachetés d'un rouge vif empêchaient quiconque de s'y rendre.

Même s'ils ne semblaient pas empêcher la population de passer, les champignons, éparpillés sur le chemin, au corps vermeil et au chapeau biscornu dégageaient des spores rouges. Noria n'avait jamais vu une chose pareille. Depuis quand la corruption occupait-elle les lieux de son enfance ? Pourquoi personne n'empêchait cette chose de progresser ? Que se passait-il chez elle ? Immédiatement, son esprit pensa à ses domestiques et ses amis restés sur place. Elle réprima un sanglot et serra les poings de colère.

– Arrête ! N'avance pas ! Gronda Ozia en rattrapant Hirelda.

Son amie s'apprêtait à traverser sans attendre, peur de rien. Hirelda repoussa sa main d'un coup d'épaule et la scruta avec attention.

– Qu'est-ce qui a ? demanda-t-elle. Tu crois que l'on risque quelque chose ?

– Évidemment ! s'énerva l'alchimiste. Je suis tombée dessus dans un des grimoires que l'on a volés à Iznarum !

Tout le monde s'intéressa à elle. Ozia retourna dans la caravane en vitesse, ressortit avec l'un des ouvrages et l'ouvrit avec hâte, cherchant le chapitre correspondant. Titanomanciens se placèrent dans son dos et regardèrent les pages par-dessus son épaule. Noria reconnut un croquis des champignons sur la droite et des descriptions sur leurs effets sur la feuille d'en face.

– Les spores relâchées par les champignons s'infiltrent dans la peau et empoisonnent tout être vivant, lut Ozia. Au bout de quelques minutes, la victime étouffe, jusqu'à ce qu'un autre champignon pousse à travers son propre corps.

– Faut être débile pour inventer des sorts pareils ! s'énerva Kain.

– Pour vous protéger de ses effets néfastes, outre être le lanceur de sort, il vous faudra boire un élixir de Krokaren, continua la Titanomage de foudre.

Ozia énuméra tous les ingrédients, puis resta silencieuse.

– Et ? poussa Allen à répondre. Tu as tout ?

Ozia secoua la tête.

– Non, mais ça reste facile à trouver en boutique. Par contre, il faut de la bile de Krokaren, et ça, c'est beaucoup plus rare.

– C'est quoi un Krokaren ? demanda Noria, curieuse.

– C'est un animal unique, expliqua Gavion. On en trouve que dans un seul endroit dans le monde et c'est... très loin. C'est une sorte de bête au long cou qui ne mange que de l'herbe. Je crois que sa bile est utilisée dans les plus puissants antidotes...

– C'est exact, confirma Ozia en refermant le livre. Mais peut-être qu'on en trouvera à Unvalia.

Noria tiqua à ce nom. Il s'agissait de la plus grande cité d'Alchimie. Elle ne la connaissait que de nom, mais son père faisait souvent appel à eux pour leur commander toutes sortes de potions et élixirs. Elle n'avait jamais pu le suivre jusque là-bas pour y découvrir toute la beauté de la cité, si bien décrite par sa mère quand elle lui lisait une histoire. Malgré les circonstances, Noria ne put s'empêcher de brûler envie de l'explorer.

Sans plus attendre, les Titanomanciens se mirent en route. À l'aide de leur caravane, ils suivirent le chemin qui contournait les montagnes, pour se diriger vers le sud. La capitale du royaume, Alanka, s'étendait sur la pointe du continent, au bord de la mer. Et juste avant de s'y rendre, une grande cité s'était établie au-delà de la rivière, entre deux immenses forêts : Unvalia.

Les Titanomanciens arrivèrent à Unvalia lorsque le soleil se couchait à l'horizon. Gavion usa de sa magie pour rappeler ses Karabas et miniaturiser la caravane. Pendant ce temps, Noria et ses amis faisaient face à l'entrée de la ville. Une belle arche de métal annonçait la cité avec de belles lettres gravées, ainsi que des drapeaux virevoltant avec le vent. Des voitures à vapeur entraient et sortaient, tandis que les piétons circulaient sur les trottoirs dans un brouhaha incessant.

Construits avec de magnifiques pierres blanches, les bâtiments de trois étages s'étalaient le long de l'allée avec ses tuyaux de cuivres qui les suivaient pour alimenter tout le monde en vapeur. Plusieurs boutiques proposaient de la nourriture diverse et variée, ainsi que des souvenirs pour les simples visiteurs.

Au fil de leur marche, les Titanomanciens arrivèrent sur une place absolument gigantesque, où les voitures étaient heureusement interdites. Derrière des jardins magnifiques et parfaitement entretenus, un bâtiment encore plus resplendissant s'étalait sur quatre étages. De nombreuses personnes vêtues du même uniforme, mais de couleur différente, arpentaient les allées pavées encerclées de plusieurs bassins, eux-mêmes agrémentés de belles fontaines.

– Qu'est-ce que c'est ? demanda Noria, émerveillée.

Ozia s'avança de quelques pas et croisa les bras. Son expression changea, comme si elle était prise d'une profonde nostalgie.

– C'est la plus grande académie d'Alchimiste, annonça-t-elle en souriant. C'est là que j'ai appris les bases de l'alchimie pendant quelques années.

– Et que représentent les robes de couleurs ? demanda Kain d'un air taquin.

Ozia le fusilla du regard. Elle n'aimait pas que l'on se moque de son ancienne école. Noria commençait enfin à en découvrir davantage sur sa nouvelle amie. Si elle défendait autant l'honneur de son ancienne académie, c'est qu'elle en avait de très bons souvenirs.

– C'est les différents niveaux d'alchimistes ! gronda Ozia. Les blancs aux motifs d'ailes de papillons sont les rangs les plus élevés d'ailleurs ! Je crois que j'ai encore ma robe, dit-elle d'un air pensif.

Noria aurait bien aimé étudier dans un endroit comme celui-ci. Elle enviait la Titanomage de foudre d'avoir pu mener une scolarité normale, pendant qu'elle buchait chez elle, loin de tout camarade de classe, à apprendre la politique. Ici, les élèves discutaient de la manière à élucider les problèmes des devoirs soumis par les professeurs, d'autre les maudissait d'être si sévère, tandis que certains pensaient déjà aux soirées qu'ils organisaient pour se détendre après tant d'apprentissages.

– Contrairement aux études, les alchimistes font ça par niveau et non par année, expliqua Ozia. Tu apprends ce que t'impose un niveau et tu dois passer un examen devant des juges en t'inscrivant à des dates précises. Une fois que tu as réussi, tu montes d'un cran et ta robe change. Si tu rates, tu recommences l'apprentissage.

Noria acquiesça, mais comprit toute la difficulté de s'en sortir. C'était une façon de faire à double tranchant. Un élève pouvait mettre moins d'un an pour parvenir à monter d'un niveau, mais une personne avec des lacunes risquait de s'enliser dans un rang. Elle ne savait pas si elle trouvait la méthode bien pensée, ou trop dure pour un élève en difficulté.

– Ozia ?!

Le cri de joie d'un homme interpella l'équipe. Ils se tournèrent vers un homme vêtu d'un costume trois-pièces gris. Arborant un sourire sur son visage fin aux cheveux rasés, il écarta les bras, et Ozia se jeta à son cou. Elle l'enlaça en ricanant, si heureuse de le revoir. C'était la première fois que Noria la voyait aussi enjouée.

– Tu m'as tellement manqué, Ozia ! dit-il en desserrant son étreinte.

– Toi aussi, Dowen ! Qu'est-ce que tu deviens ?

L'homme en question fit un signe de tête vers le reste du groupe.

– Tu ne me fais pas la présentation avant ?

Honteuse, Ozia recula et tendit la main vers le groupe. Elle les désigna un par un, en prenant le soin de parler d'eux comme des amis. Noria écarquilla les yeux, surprise de la voir les appeler de cette manière. Elle ne pensait pas qu'elle les considérait comme telles.

– Un Sage parmi vous ? C'est dingue... dit-il les yeux rivés sur Gavion. Qu'est-ce que vous venez faire ici ? demanda-t-il. Je suppose que tu n'avais pas seulement envie de revoir ma belle gueule d'amour, n'est-ce pas ? railla-t-il d'un air moqueur.

Ozia lui tapa amicalement le torse avec le sourire.

– Arrête un peu ! Effectivement, nous cherchons un ingrédient rare qui devrait se trouver qu'ici. Tu pourrais nous aider ?

Il gratta sa barbe de trois jours.

– Oui, sûrement, mais tout va bientôt fermer. Ce sont plutôt les bars qui vont animer la ville à cette heure. Vous avez un endroit où dormir ?

Noria et les autres s'observèrent. Personne n'avait pensé à repérer les auberges dans le coin, et pourtant, la nuit tombait à petit feu dans la région.

– Venez tous chez moi, il y a de la place ! s'exclama Dowen. Comme ça, je vais pouvoir rattraper le temps perdu avec Ozia !

L'intéressée ouvrit la bouche pour répondre. Dowen la prit au dépourvu en plaçant son index devant ses lèvres.

– Chut. T'as pas le droit de refuser, déjà que tu es partie sans rien dire.

Ozia détourna le regard, la gorge serrée. Noria y décela une nouvelle histoire qui semblait tourmentée son amie. Peut-être que ce Dowen pouvait la renseigner sur le passé de l'Alchimiste.

– Pas moi, répondit Gavion. Je vais aller par-là ! J'ai des choses à faire !

Avant même que les Titanomanciens puissent lui répondre, le Sage partait déjà à contre sens et disparut dans la foule. Dowen ne chercha pas à comprendre, il haussa simplement les épaules puis guida le groupe à travers la ville.

Les ruelles semblaient de plus en plus animées la nuit tombée. Les élèves profitaient de ce temps libre pour oublier leurs études. Dans une rue bondée de bars, Noria ne put s'empêcher de grimacer face à l'odeur des effluves d'alcools qui envahissait l'air ambiant. La fête battait son plein. Les élèves dansaient sous une musique particulièrement entrainante, pendant que d'autres mangeaient des plats succulents. L'estomac de Noria gronda, réveillé par les assiettes au contenues alléchantes.

Ils arrivèrent dans un coin de la ville occupé par des pavillons clôturés de portails blancs. Un grand parc s'étalait au centre de ce lotissement, puis Dowen les invita à rentrer dans sa demeure : une belle maison blanche à étage, avec un beau jardin avant parfaitement taillé. Les propriétaires des lieux devaient avoir des moyens élevés pour se payer de telles maisons.

– Tu vis vraiment ici ? s'étonna Ozia.

Dowen haussa les épaules.

– J'ai pas mal réussi depuis ton départ.

Elle arqua un sourcil.

– Je vois ça...

Une fois entrés dans le grand salon, les Titanomanciens restèrent sans voix face à cette beauté. Tout était impeccablement rangé et d'une extrème propreté. Des étagères offraient de nombreux livres à la reliure magnifiques, tandis qu'une immense baie vitrée dévoilait un vaste jardin avec quelques arbres épars.

Hirelda, comme à son habitude, se laissa tomber dans le canapé en forme de L dans un long soupir.

– Enfin posée !

Noria restait aux côtés d'Allen, tandis que leur hôte refermait la porte et se dirigeait vers la cuisine, seulement séparée par un bar, pour leur préparer un thé.

– Je vais vous faire à manger pour ce soir, déclara-t-il en faisant chauffer de l'eau. Et nous avons deux chambres d'amis.

Dowen sortit un service à thé puis versa le tout. Il déposa un plateau sur la table et proposa une tasse à chacun de ses invités.

– J'espère que ça ne vous dérange pas de partager la même chambre ?

Noria, qui venait de s'installer à côté d'Hirelda, prit une gorgée de ce breuvage chaud et réconfortant. Les notes de fraises se déversèrent sur son palais. Lorsqu'elle la reposa sur la coupelle, Hirelda enroula ses bras autour de son cou et la rapprocha brusquement vers elle.

– Meuh non ! s'exclama-t-elle. J'aime bien dormir avec mon amie ! dit-elle en rigolant.

Noria se débattit pour s'éloigner de son étreinte. Elle acquiesça d'un hochement de tête, même si son regard se porta sur Allen. La dernière nuit passée ensemble lui manquait. Elle aurait aimé pouvoir partager sa couche avec le jeune homme, se blottir contre lui, bien au chaud. Rouge de honte à cette idée, la jeune femme se renfrogna, sous le regard incrédule de sa meilleure amie. Pendant ce temps, Kain récupéra les biscuits mis à disposition. Il observait les environs avec attention, comme s'il cherchait les issus de secours en cas de problème. Noria était reconnaissante d'avoir quelqu'un aussi sérieux dans le groupe, contrairement à Hirelda qui se jetait dans le danger la tête la première.

Ozia s'installa avec Dowen pour prendre de ses nouvelles. Pendant quelques minutes, ils échangèrent sur les derniers évènements d'Unvalia. Dowen lui expliqua qu'il avait réussi à passer au rang d'instituteur pour enseigner à son tour les bases de l'Alchimie aux premiers niveaux. Ozia, quant à elle, éluda complètement les évènements pour simplement lui dire qu'elle avait rencontré le groupe par hasard et qu'ils avaient besoin d'aide.

Après ça, les Titanomanciens aidèrent Dowen à mettre la table, avec un couvert de plus. Le temps qu'ils s'occupent de ça, un autre homme pénétra dans la maison. Vêtu d'une robe blanche qui révélait son cinquième niveau à l'académie, il salua tout le monde, surpris de voir autant d'invités. Dowen arriva à sa rencontre pour récupérer le sac qu'il tenait à la main, et lui souhaita la bienvenue en l'embrassant.

Ozia croisa les bras avec le sourire.

– Tu as enfin trouvé quelqu'un ?

Dowen présenta alors son compagnon à tout le monde.

– Varid Jurien. Nous sommes ensemble depuis quelque temps maintenant. Tu as faim ?

– Et comment ! déclara Varid. Tu veux de l'aide ?

– Non, va t'installer avec les autres. Ils t'expliqueront ce qu'ils font là.

Varid acquiesça. Il se changea rapidement puis rejoignit le groupe à table. Plus tard, Tout en mangeant une grande salade composée vraiment très bonne, les Titanomanciens expliquèrent ce qu'ils venaient faire dans la cité des Alchimistes, prenant le soin d'éviter de parler de la malédiction de Noria et de son appartenance avec la maison Orwyn.

Kain posait des questions de façon très habile. Il demanda ce qu'il advenait de la famille Orwyn, sachant pertinemment que les tentacules n'allaient pas être passés inaperçus. Dowen expliqua que le royaume d'Alanka y avait envoyé des éclaireurs qui n'étaient jamais revenus, et qu'ils essayaient de trouver un moyen de s'y rendre, mais le domaine était coupé du monde.

Depuis ce jour, moins d'argent circulait dans l'Académie. En effet, la famille Orwyn offrait de généreux dons pour l'aider à rester debout. Elle s'était désormais tournée vers des dons personnels pour continuer d'exister. Des Alchimistes offraient maintenant leur service contre une somme d'argent que l'Académie imposait. La vie devenait de plus en plus compliquée et tôt ou tard, elle devrait demander de l'aide au conseil d'Alanka, un cercle de personne qui gérait la politique de la région, alors que les Alchimistes désiraient garder leur indépendance.

Noria se sentit peinée par tous ces évènements. Elle se demandait toujours si cela aurait évolué ainsi si elle était restée chez elle. Mais sa détermination n'en grandit que davantage. En plus de devoir confronter son père, elle pouvait aussi rétablir l'ordre des choses en remettant sur pied sa famille. Elle préféra se taire, mais au fond d'elle, elle promit à ces deux Alchimistes qu'elle ferait tout ce qu'elle pouvait pour aider leur communauté.

Grâce à Ozia, la discussion bifurqua sur l'Alchimie. Elle demanda quelles étaient les dernières inventions et ils parlèrent d'eau. Noria passa les détails bien trop compliqués pour comprendre qu'ils arrivaient avec un système de pression, et des cristaux d'essence de feu, à délivrer chaque habitation en eau chaude et froide.

Dowen et Varid, en un sourire narquois, la guidèrent jusqu'à la salle de bain. Noria les observa faire le tour d'une grande baignoire quand ils ouvrirent deux robinets crachant de l'eau. À sa surprise, Noria découvrit de l'eau déjà chaude. Même s'il s'agissait d'une prouesse qu'elle félicita, leur installation n'était encore qu'un test avant qu'elle ne soit utilisée dans la région.

Après le repas, Noria en profita pour prendre un bain. Enfin un véritable moyen de se nettoyer. De plus, les hôtes lui avaient proposé du savon, un savant mélange de plusieurs d'huiles et de minéraux. Elle avait tant à apprendre des Alchimistes... Si elle parvenait à se libérer de cette malédiction, elle reviendrait étudier ici pour en apprendre davantage.

Vêtue d'une nuisette élégante que les garçons gardaient, elle se dirigea vers sa chambre. Elle croisa Allen par hasard au détour d'un couloir, les joues rouges en la voyant habillée de la sorte. Noria, amusée, se mit face à lui pour que ses yeux se porte sur elle.

– Tout va bien ? demanda-t-elle.

– O-oui...

Noria lui sourit. Allen le lui rendit timidement.

– T-Tu es très belle... murmura-t-il.

Noria rougie à son tour. Elle se mordit les lèvres inférieures, si contente d'entendre ces mots, surtout de sa part. Elle dessina un cercle des pieds, les bras derrière le dos.

– Merci. Tu dors avec Kain alors ?

Allen observa la porte de sa chambre.

– Oui ! On est parti pour discuter, je pense.

– Depuis quand vous vous entendez aussi bien ? demanda Noria, curieuse.

Allen se renfrogna. Il évita de répondre, avouant simplement qu'il lui avait sauvé la vie dans la brume d'Iznarum. Noria le croyait, mais elle savait pertinemment qu'il cachait quelque chose. Depuis le temps qu'ils se connaissaient, il ne pouvait pas lui dissimuler un secret aussi facilement. Mais s'il ne voulait pas lui en parler maintenant, alors elle ne le forcerait pas.

Au lieu de ça, Noria l'enlaça et l'embrassa sur la joue, avant de rejoindre sa chambre. Allen resta de marbre, bien trop angoissé pour répondre et la laissa disparaître derrière la porte qu'elle ferma derrière elle.

– Bon, ça y est ? demanda Hirelda.

La jeune femme, déjà couchée dans le grand lit double, observait d'un air narquois. La pièce offrait une belle armoire et deux belles tables de nuit où se trouvaient des lampes à cristal d'essence. Mais plus besoin d'un outil pour les embraser, un petit bouton permettait decréer une flamme juste en dessous du cristal, et celui-ci se mettait à luire dans une belle couleur de feu.

– Ça y est quoi ? demanda Noria, feintant de comprendre sa question.

Noria se glissa sous les couvertures et s'allongea sur le dos, l'esprit embrumé par la discussion avec Allen. Elle aurait aimé passer la nuit avec lui, mais devait-elle vraiment se lancer dans une relation alors qu'elle risquait de mourir ? Ses doutes l'épuisaient. Elle aimerait tellement en finir pour pouvoir enfin vivre la vie qu'elle voulait.

– Tu sais très bien ! répondit Hirelda en se tournant vers elle. Tu l'as embrassé ? Vous avez fait quoi l'autre nuit ?

Noria rougie.

– Rien, on a dormi.

– Quoi ? C'est tout ? s'étonna son amie.

Noria haussa les épaules.

– Que veux-tu qu'il se passe ? On vient de se voir dans le couloir et il m'a dit que j'étais jolie avec ma nuisette. Je l'ai pris dans mes bras et je lui ai fait un bisou sur la joue avant de venir.

Hirelda resta bouche bée.

– Mais... pourquoi ne l'as-tu pas embrassé ? C'était le moment ou jamais !

Noria soupira. Elle n'avait pas envie d'avoir cette discussion une énième fois. Le silence s'installa, mais Hirelda ne comptait pas en rester là.

– Il faut y aller ma grande ! On va bientôt te débarrasser de ça... dit-elle en passant la main sous la nuisette de Noria.

Elle frôla le tatouage du bout des doigts. Le corps de Noria répondit d'un frisson, alors que son cœur s'accélérait.

– Mais, je ne sais pas vraiment comment m'y prendre. Trouver le bon moment, murmura-t-elle.

Hirelda ricana. Elle prit la tête de Noria entre ses mains.

– Tu glisses tes mains sur ses joues et ensuite, tu te rapproches de lui comme ça.

Noria n'eut aucun temps pour réagir. Son amie posa lentement ses lèvres sur les siennes. Sans comprendre ce qu'elle faisait, Noria suivit la cadence alors qu'Hirelda passa la main dans son dos pour atteindre ses fesses. La jeune femme sentit le bout de la langue d'Hirelda jouer avec la sienne, avant qu'elle ne se retire et recule. Le corps de Noria fut parcourut d'un frisson et son cœur battait à grande vitesse.

– Voilà ! Ce n'est pas compliqué, railla Hirelda.

Noria resta interdite.

– Ah ! Excuse-moi, ça fait longtemps que j'en rêvais, avoua Hirelda.

Noria ne savait même plu quoi penser. Son esprit essayait de mettre de l'ordre dans tout ce qu'il se passait, mais elle se sentait complètement perdue. Elle ne savait pas qu'elle plaisait à autant de personnes.

– Vraiment ? demanda-t-elle finalement.

– T'inquiètes, je sais que ton cœur appartient à Allen, rassura Hirelda. C'était pour t'apprendre à embrasser !

Elle avait beau en rire, Noria sentait qu'il ne s'agissait pas que de ça. La jeune femme souhaita bonne nuit à Noria avant d'éteindre la lampe près d'elle, laissant Noria en proie à son esprit tourmenté. Après un long soupire, elle se laissa bercer par le sommeil.


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