Chapitre 29
Une agréable chaleur régnait paisiblement dans l'humble pièce. La cheminée en marbre crachotait des petites étincelles. Le parquet foncé était recouvert près de l'entrée d'un tapis en peau de bête qui invitait à retirer ses chaussures. Non loin, près d'éclats de porcelaine qui jonchaient le sol, une lourde table en bois s'enfonçait de ses puissants pieds au centre de la pièce. Entourée de deux chaises, elle était recouverte d'un fin chemin de table en dentelle sur lequel était déposé un gros bouquet de perce-neige, d'iris naines, d'hépatiques et d'hellébores de Noël qui dégageaient une odeur hivernale. Derrière un petit escalier en colimaçon montait, se tortillant sur lui-même, dissimulant l'entrée d'une cuisine, accompagnée près d'elle d'un immense miroir vertical, posé à même le sol qui donnait une jolie impression de grandeur. A gauche des sœurs, un long buffet noir longeait le mur dont la peinture reflétait une couleur lin rassurante.
Après s'être déchaussées sous le lourd regard de l'homme, elles s'assirent près du canapé en cuir vert qui faisait l'angle en face de la cheminée. La femme avait un sourire faux, mais qui avait l'air d'essayer d'être bienveillant. Elle déposa un plateau de thé. Elle les recouvrit d'une couverture, peu sûre d'elle, ses doigts tremblants presque.
Myra la remercia poliment, sans lever les yeux, voulant presque se fondre dans le canapé. Ses paroles, prononcées en traînant, restèrent sans réponse, retombant dans le silence. L'homme avait refermé la porte et tendu, restait très droit, observant les sœurs. La femme s'était assise dans un fauteuil, assez loin, et avait croisé les mains, attentive. Elle avait déposé sa tasse devant la petite table basse devant elle. Sa tête était légèrement penchée en arrière et ses yeux étaient perdus dans ceux des sœurs. Son visage était ridé et ses cernes creusaient son visage. Le silence se prolongeait, devenait lourd et dense, comme les nuages juste dehors. Immobile. Le silence s'alourdissait sous le poids la fixité et de l'impassibilité des hôtes. Les sœurs essayaient péniblement de boire même si chaque gorgée les brûlaient. Myra rebrisera le silence, tentant de dégager d'un centimètre la gêne.
- Veuillez accepter nos excuses. Nous ne voulons pas paraître intruses. Nous sommes juste complètement... Je suis Myrabelia...
- Oui, vous êtes complètement perdues. Myrabelia Mérope, Calypso Alya et Elicia Andromeda Alba. Vous êtes complètement perdues. Ça se voit bien. Dans tous les sens du terme. C'est plutôt facile à deviner.
Les sœurs se raidirent. De la fragilité fissurait leur visage impassible.
-Je vous accueille, cessez vos sermons et vos excuses, nous ne sommes pas au palais ici.
Sa voix tentait ardemment d'être chaleureuse.
-Je suis Douce Borée et mon mari Leonard Borée. Le temps qu'il parte à la chasse, vous auriez le temps de vous reposer, mais partez après. Je peux laver vos vêtements si vous voulez et il y a des restes du repas.
Elles ne l'écoutaient que d'une oreille, leurs corps apaisés s'envolaient si vite. La gentillesse leur paraissait trop irréelle pour y croire. La fatigue pourtant était omniprésente et lacérait leur esprit et leurs muscles. Elles furent remmenées, à mi-chemin entre le sommeil, par le claquement de la porte. Elles aperçurent par la fenêtre, l'homme, manteau au vent, sortir en courant, le fusil à la main, avant de s'endormirent profondément.
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