Chapitre 57
Le groupe eut juste le temps de courir se cacher et un obus s'écrasa là où ils se trouvaient quelques instants auparavant, en arrachant au passage quelques arbres.
"Comment vouliez-vous survivre à ça ? s'emporta Diedrich.
_ Très simple, répondit Irène d'un ton évident. On ne s'attendait pas à ça !
_ Tu es comme ta mère", grogna l'homme, provoquant un sourire satisfait de la jeune fille.
Celui-ci s'effaça aussitôt lorsqu'elle se rendit compte que la machine la visait. Elle poussa Diedrich sur le côté et roula de l'autre, évitant de justesse un nouvel obus. Irène se mit à jurer.
"C'est une blague ? Comment on va faire pour sortir de là ? Il faut que je retrouve les garçons !
_ Je m'en occupe Lady ! sourit Sebastian en atterrissant à côté d'elle, Ciel dans ses bras. Vous n'avez qu'à aller les chercher.
_ Magnifique, grommela la brunette. Et je vais où moi ?"
Elle observa un instant le Panzer, avant de montrer le sommet de l'appareil à Sebastian.
"Je pense que tu peux tenter d'entrer par là, proposa la jeune fille. Il y a peu de chance qu'ils aient renforcé le toit. Ils ont sûrement préféré renforcer le reste.
_ Tu réfléchis vite, la complimenta Ciel. Sebastian, détruit cette machine.
_ Yes my lord."
Sebastian lança son maître dans les bras de sa cousine et s'élança vers le machine.
"En fait, tu es léger, lança Irène, un sourire amusé aux lèvres.
_ Merci de le remarquer, soupira Ciel, agacé.
_ Désolée mais tu ne pourras pas rester ici très longtemps, s'amusa Irène en reposant son cousin. Je dois aller chercher les autres.
_ Je t'accompagne. Avec la chance que tu as, tu te ferais tuer à la première occasion.
_ Quel pessimisme, soupira Irène d'un air théâtral, avant de lui tirer la langue et de lui montrer un de ses iris devenu rouge. Je suis assez forte pour me débrouiller seule... Et puis, j'ai Emily."
L'adolescente s'éloigna alors, laissant le reste du groupe face au Panzer. Après plusieurs minutes de marche, des voix attirèrent son attention. Elle avança doucement dans l'ombre des arbres, curieuse. Elle aperçut deux jeunes hommes, assis sur la branche d'un arbre, discutant avec animation. L'un d'eux portait un objet bizarre avec une lame, tandis que l'autre écrivait dans un livre, en réajustant sans cesse ses lunettes. Celui-ci s'écria :
"Les documents envoyés par le département anglais sont vraiment captivants !
_ Tu as l'air très intéressé Sasha, remarqua son compagnon.
_ Tu imagines ? L'Angleterre et l' Allemagne ! J'en frissonne !"
Au loin, une énorme explosion retentit. Sebastian a dû détruire le Panzer, se dit Irène, soulagée. Les deux hommes ne parurent pas se préoccuper du vacarme et continuèrent à discuter.
"Je crois que tu es un des rares shinigamis à apprécier ton travail.
_ C'est tellement bien d'être un shinigami monsieur Rudgard !" s'écria Sasha en riant.
Irène faillit s'étouffer. Il y a aussi des shinigamis en Allemagne ? se dit-elle, surprise. Elle suivit plus attentivement le déroulement de la conversation.
"Tu as lu le dossier de la fille démon ? demanda Sasha, des étoiles dans les yeux.
_ C'est certainement une erreur, soupira Rudgard. Les shinigamis et les démons ne peuvent pas avoir d'enfant. C'est donc impossible qu'on rencontre un jour une demi-démone...
_ Tadam ! s'écria la concernée en sortant de sa cachette. Vous parliez de moi ?"
Rudgard faillit tomber de sa branche tandis que Sasha atterrit juste devant la jeune fille.
"Alors c'est toi Irène ? Je suis tellement content de te rencontrer enfin.
_ Hum... Contente de l'apprendre.
_ Tu es vraiment l'enfant d'un démon ?" la questionna Rudgard, perplexe.
Les yeux d'Irène devinrent rouge sang.
"Cela répond à votre question ?
_ C'est incroyable ! Dis-moi, qu'est-ce que ça fait d'être un démon ? Comment réagis ton corps ? Est-ce que tu peux mourir ?
_ Bien sûr qu'elle peut mourrir Sasha, elle a une âme. Mais son nom n'est pas sur la liste d'aujourd'hui.
_ Et celui d'Aloïs ? s'inquiéta la jeune fille.
_ Non plus, la rassura Sasha. Votre heure n'est pas encore venue !
_ Pas encore, murmura Rudgard.
_ Qu'est-ce que vous voulez dire ?" demanda Irène, les sourcils froncés.
Des bruits de pas attirèrent leur attention et les shinigamis en profitèrent pour disparaître. Aloïs et Grey sortirent de l'ombre, l'air paniqué.
"Tu vas bien ? demanda Aloïs en se précipitant vers sa fiancée.
_ Pas trop mal, vu la situation, fit sa fiancée. Vous avez trouvé un moyen de sortir d'ici ?
_ Oui ! sourit Grey. Il y a une gare abandonnée pas trop loin d'ici. On pourra rejoindre le manoir de Diedrich plus facilement comme ça.
_ Il est allemand ? s'écria Irène, surprise, avant de se souvenir. Il a dit que c'était un ancien ami à mon père !
_ Il a dû te prendre pour la fille de Vincent, ce qui est logique vu ta ressemblance avec Ciel, raisonna tranquillement Grey.
_ Et comment le connais-tu ?
_ En tant que majordome de la Reine, je me dois de connaître toutes les personnes liées aux nobles du mal.
_ Génial, soupira Aloïs. Et si nous partions maintenant ?"
Irène hocha la tête. Les deux garçons l'emmenèrent jusqu'à un immense bâtiment abandonné. Le reste du groupe était déjà à l'intérieur, s'affairant autour d'un wagon sans toit. Irène se précipita sur Sullivan, inquiète.
"Ça va ?
_ On va bientôt y aller, les prévint Diedrich.
_ Où est Sebastian ?
_ Il est allé régler un problème, répondit Ciel, à l'intérieur du wagon. Montez !"
Les deux filles obtempèrent et bientôt, le train fut prêt à partir. Alors que tout le monde commençait à se détendre, un cri déchira l'air :
"Lady Sullivan !"
Wolfram était à la porte de la gare, son arme braquée sur Sullivan. Le coup parti et la balle s'enfonça dans le torse d'un jeune femme en uniforme qui s'apprêtait à tirer sur la sorcière.
"Tu es un traître, lâcha faiblement le soldat en s'écroulant sur le sol.
_ Lady Sullivan ! Je vous ai menti ! Vous n'êtes pas une sorcière ! Vous êtes une fille normale !"
La jeune fille était en pleurs dans les bras de son amie, tandis que son majordome se rapprochait doucement d'elles. Lorsqu'il fut devant elle, Sullivan murmura :
"Merci Wolfram."
Un claquement sec retentit dans le bâtiment et Wolfram tomba, laissant apparaître son dos tâché de sang. Le soldat s'était relevé, un rictus dédaigneux aux lèvres.
"Mort aux traîtres..."
Sebastian apparut derrière elle et la transperça d'un coup de dague.
"C'était la dernière", commenta le démon.
Il rejoignit les autres en un saut et mit le train en marche pendant qu'Irène hissait Wolfram dans le wagon.
"Il faut qu'on le soigne ! Maintenant !
_ Je suis désolé Sullivan, murmura l'allemand.
_ Ne dites rien, le gronda Sebastian en revenant auprès du blessé. Un majordome n'est pas autorisé à mourir avant son maître.
_ Il fait un couteau chauffé à blanc, et du tissu, énuméra Irène, imperturbable. Sullivan, j'aurai besoin de toi.
_ Que dois-je faire ? demanda la sorcière en séchant ses larmes.
_ Tu dois le sauver. Dans le monde extérieur, il n'y a pas de magie. Il faut que tu le soignes de tes propres mains."
Sullivan ferma les yeux et prit une grande inspiration. Quand elle fut calmée, elle rouvrit les yeux, un éclat déterminé brillant dans ses pupilles. Elle attrapa le couteau brûlant et s'écria :
"Si tu meurs maintenant, je ne te le pardonnerai jamais !"
Après plusieurs heures de route et de cris lancinants, Sullivan avait enfin fini de soigner Wolfram. Elle s'était écroulée de fatigue dans les bras de Finnian et s'était endormie aussitôt. Irène, elle, avait fini par s'asseoir à l'arrière du wagon, isolée. Aloïs finit par venir s'asseoir à côté d'elle.
"Tu as été formidable.
_ C'était éprouvant, mais je suis incapable de m'endormir, avoua Irène, essuyant ses mains pleines de sang sur sa robe.
_ Je comprends."
Il y eut un grand silence, et Aloïs finit par murmurer :
"Je t'interdis de mourir avant moi, c'est clair ?
_ Je ne t'abandonnerai jamais.
_ Promis ?
_ Promis."
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