Chapitre 5

Ils finirent par se retrouver dans l'artère principale, et purent découvrir l'horreur de la situation. Des personnes se roulaient sur le sol, leurs corps enflammés, tandis que les bâtiments brûlaient.

"Elle veut détruire Londres ! cria Ciel.
_ Non, vraiment ? ironisa Irène. Pousse-toi."

Irène se jeta sur Ciel, en évitant de justesse un amas de bois en feu qui seraient tombés sur eux si la jeune fille n'avait pas été aussi vive. Ciel se dégagea des bras de la vicomtesse et se releva en lui tendant sa main. Main qu'Irène refusa. Ciel leva les yeux au ciel, exaspéré, tandis qu'Irène se relevait et regardait autour d'elle.

"Elle est en haut !"

Effectivement, la vieille Turner se trouvait en haut du Big Ben. Les deux jeunes se concertèrent du regard, et montèrent les escaliers en courant. Ils finirent par se retrouver tout en haut, essoufflés. La Turner les remarqua et se tourna vers eux, appareil photo à la main.

"Pourquoi ? demanda Irène sans préambule. Pourquoi tuer tous ces innocents ?
_ Tu ne comprends pas ! hurla la femme. Tu ne sais pas ce qu'est qu'un mariage raté.
_ Oui, par contre le mariage arrangé, ça me connaît, fit la jeune fille en dégainant son arme et en la pointant sur la femme. Vous ne comprenez pas ? C'est ridicule. Vous êtes ridicule.
_ Ridicule ? siffla la femme. Ridicule ? Je ne suis pas ridicule."

Elle commença à photographier les deux adolescents, qui esquivèrent les premières attaques, avant de se retrouver derrière une colonne. Génial ! songea avec amertume l'adolescente. Tuer par un appareil photo. Qui dit mieux ? Elle songea à sortir de sa cachette pour tirer sur la Turner, lorsqu'elle sentit Ciel bouger à côté d'elle. Elle se tourna vers lui, et le dévisagea, stupéfaite. Irène s'était bien demandé ce qui se cachait sous le cache-oeil de Ciel, mais de là à imaginer ça... Son oeil était mauve et une étoile y était dessinée.

Irène reconnut tout de suite l'étoile. La marque du diable, elle l'avait lu dans un livre sur la magie noire. Ciel serra son bras en murmurant :

"Ne t'inquiète pas, je ne te ferai pas de mal. Viens Sebastian !"

Que venez faire Sebastian dans cette conversation ? La Turner se retourna pour regarder le paysage cauchemardesque qu'était devenu Londres. Elle se pencha un instant et recula aussitôt, effrayée.

"Qui sont-ils ?"

Les adolescents se rapprochèrent du bord, et aperçurent Sebastian, Grell et Vladimir monter jusqu'au sommet de la tour. Ou plutôt courir à la verticale. Irène recula, effrayée. Vladimir arriva à ses côtés en moins de temps qu'il n'aurait fallu pour le dire et plaqua sa main sur les yeux de sa maîtresse, la forçant à reculer. Elle n'entendit que le crépitement des flashs, et le hurlement de Grell, qui parlait d'âme à recueillir, ou une histoire de ce genre. Avant qu'elle n'ait eu le temps de comprendre, elle se sentit flotter dans l'air, avant d'être posée tout doucement sur le sol pavé. Blanche comme un linge, Irène bafouilla :

"Que... Quoi... Que quelqu'un m'explique ce qui vient de se passer !"

Grell tenta de prendre la poudre d'escampette, mais Irène le rattrapa par l'oreille et énonça avec un calme effrayant :

"Si je comprends bien, vous êtes en lien avec un diable, un dieu de la mort, mon associé est une personne des plus étrange et il se peut que je sois la seule personne à peu près normale de ce groupe. Peut-être que ce serait bien de m'informer de quelques petits détails, non ?
_ Ça va être long", murmura Ciel.

Après s'être rendus au manoir d'Irène, et d'avoir bien expliqué toute la situation, Irène fronça les sourcils :

"Ce que vous dites est totalement insensé... Mais je ne vois pas d'autre explication. Alors toi aussi tu en es un ? questionna-t-elle en regardant Vladimir. Toi aussi tu es un démon ?
_ Oui, souffla Vladimir.
_ Alors tu vas manger mon âme ?
_ Pourquoi le ferais-je ?
_ Pourquoi resterais-tu avec une humaine ? J'ai renié Dieu, j'ai un diable dans ma propre maison, que veux-tu que je dise d'autre ? s'emporta Irène.
_ Irène a raison, la défendit Sebastian. Que viens-tu faire ici, alors ?
_ On m'a demandé de la protéger, répondit glacialement Vladimir. Alors, je le fait.
_ Mais qui...
_ Cela ne vous regarde pas. J'ai promis de vous protéger coûte que coûte, et je le ferai."

Irène prit sa tête entre ses mains, à deux doigts de fondre en larmes. Mais Irène ne le ferait pas. Elle avait déjà surmonter d'autres épreuves, ce n'était pas celle là qui allait lui faire du mal. Elle sentit des bras l'entourer et elle releva la tête, surprise. Ciel la serrait dans ses bras, en évitant de la regarder, et la jeune fille posa sa tête au creux de son épaule. Elle finit par fermer les yeux et tomber dans les bras de Morphée. Ciel releva la tête, et demanda, en ignorant le sourire de Sebastian :

"Alors, Irène est une fille normale ?
_ Ça dépend de ce que normal signifie pour toi. Elle n'a fait aucun pacte, mais... Son odeur est... Perturbante.
_ Elle n'a pas la même odeur qu'une humaine", expliqua Grell en pinçant la joue d'Irène.

Si elle avait su qu'on parlait d'elle comme cela, elle les aurait frappés. Mais elle se contentait de dormir, lové contre Ciel. Le jeune garçon sentit le rouge lui monter aux joues, mais il détourna le regard, et se concentra sur les maigres informations qu'il avait récolté sur Irène. Soudain, un détail le perturba.

"Vladimir, depuis quand es-tu à son service ?
_ Depuis ses douze ans.
_ Et où sont ses parents ?
_ Sa mère est morte quelque temps après sa naissance, je ne saurais dire quand. Et son père l'a abandonnée.
_ Qui s'occupait des plantations ? questionna Sebastian. Il paraît qu'elle est le fournisseur attitré de sa Majesté.
_ C'est son oncle, le Vicomte de Druitt. Lorsque je suis devenu son valet, Irène a décidé de reprendre les rênes et de tout contrôler par elle même.
_ Son oncle est le vicomte de Druitt ? grimaça Ciel. Quelle horreur."

Un silence pesant s'abattit sur la pièce, silence que Grell brisa en désignant la vicomtesse.

"Vous pensez qu'elle fait de jolis rêves ?"

Si elle avait pu, Irène se serait déjà réveillée. Mais elle était coincée dans son cauchemar. Le même qui la hantait depuis sa petite enfance.

Des cris, des hurlements, des pleurs. Irène se retrouvait au milieu des ténèbres, lévitant au milieu de la scène. Elle ne voyait rien, et se tournait pour pouvoir échapper à ce rêve. Mais celui-ci n'allait pas la laisser tranquille. Des voix retentissaient autour d'elle, dans une cacophonie morbide.

"Qu'elle est belle."
"C'est une petite fille."
"Ne nous quittez pas. Elle a besoin de vous."

Et vint ensuite le moment qu'elle détestait plus que tout. Elle entendait le hurlement d'un nouveau-né. Et ce nouveau-né, c'était elle.

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