Chapitre 49

"Et donc, tu es une personne très importante chez toi ? demanda Sullivan, la tête penchée sur son dessin.
_ Non... je... suis... Euh... Non, fit Irène en secouant la tête, après qu'Aloïs lui ai traduit les mots de Sullivan.
_ C'est une vicomtesse. Elle a un statut plus bas qu'un comte ou un duc, mais plus élevé qu'un baron, expliqua Aloïs, tandis qu'il regardait Irène se concentrer sur un dictionnaire anglais/allemand.
_ J'aime la personne qui a créé cette chose, s'enthousiasma Irène. C'est tellement pratique !"

Depuis le début de la soirée, Irène et Sullivan tentaient tant bien que mal d'essayer de comprendre l'autre. Sullivan arrivait parfaitement à comprendre ce que lui disait l'anglaise, mais celle-ci ne comprenait que les grandes lignes de ce que racontait l'allemande.

"Et si maintenant tu nous racontais un peu l'histoire de ton village ? proposa Aloïs, curieux.
_ Ta fiancée la comprendra ?
_ Je lui traduirai, assura le blond avec un sourire.
_ Tu sais, le but premier des sorcières étaient de soigner les gens grâce aux plantes et aux formules magiques qu'elles seules connaissaient et qu'elles transmettaient de génération en génération. Mais les chrétiens les ont alors traitées d'hérétiques, en les accusant de pactiser avec le diable et de pratiquer des actes impurs. Il y a eu alors une énorme chasse aux sorcières dans tout le pays, et même à l'extérieur. J'ai lu dans un de mes livres qu'une grande majorité des prêtresses d'Avalon a été tuée dans cette période, et les survivantes ont été obligées de fuir vers l'Angleterre pour la plupart ou vers l'Irlande. Quand en Allemagne, elles se sont toutes réfugiées dans cette forêt, avant d'être encerclées par les hommes chargés de les tuer. Mon ancêtre a alors signé un pacte avec un loup pour les protéger. Elle a dû lui donner ses jambes, mais les sorcières ont été sauvées et on a alors appelé la sauveuse "Green Witch".
_ Alors ses pieds..., murmura Irène. C'est une sorte d'offrande au loup.
_ Ta fiancée a raison, acquiesça Sullivan. Toutes les descendantes de la Green Witch se font bander les pieds, pour perpétuer le rituel...
_ C'est triste, commenta Aloïs. Tu es si jeune.
_ A la fin, tu finis par t'habituer, assura Sullivan. Le seul regret que j'ai, c'est de ne pas pouvoir sortir du village.
_ Pourquoi ? l'interrogea Irène.
_ Je suis la Green Witch et j'ai pour obligation de rester ici. Je pourrai jamais voir à quoi ressemble le monde extérieur.
_ Au final, le loup ne vous protège pas... Il vous emprisonne !"

Sullivan hocha la tête, l'air triste. Elle sursauta soudain, comme si elle avait eu une illumination.

"Prenez ça ! fit-elle en sortant deux talismans des plis de sa robe. Ils vous protégeront du loup !
_ Merci beaucoup, lui sourit Irène en l'enfilant. Mais cela ne nous servira pas beaucoup, puisque nous partons demain."

Il y eut un grand silence et Sullivan murmura :

"Racontez-moi ce qui se passe dehors. J'aimerai tellement savoir ce qu'il y a ailleurs."

Irène hocha la tête et Aloïs s'allongea sur le lit, les yeux grands ouverts. Cette soirée promettait d'être longue.

Après plusieurs heures, Sullivan s'était enfin endormie. Irène la regardait tendrement, sous les yeux amusés de son fiancé.

"Ce n'est pas toi qui la détestait tout à l'heure ?
_ Je la plains, répondit simplement la brune. Elle est encore innocente... Enfin d'un certain point de vue. Et puis, tu ne l'intéresse pas.
_ Et ça te rend heureuse ? sourit Aloïs.
_ Oui."

Aloïs faillit s'étrangler en l'entendant. Depuis le match de cricket, Irène semblait plus à l'aise avec lui. Comme s'il s'était passé quelque chose d'important qu'il avait raté. Il n'eut pas le temps de lui poser la question que Wolfram entra dans la chambre.

"Vous êtes venu récupérer votre maîtresse ? s'amusa Irène. Vous lui êtes vraiment dévoué.
_ N'oubliez pas que vous partez demain matin, grogna le domestique en prenant Sullivan dans ses bras.
_ Ne vous inquiétez pas pour nous."

Les anglais attendirent patiemment que l'homme sorte, et Irène se leva d'un bond :

"On y va. Maintenant.
_ Pourquoi ? s'étonna Aloïs.
_ On va aller dans la forêt pour récolter des indices, fit sa fiancée en enfilant des vêtements d'homme qui se trouvait dans sa besace.
_ Ce n'est pas un peu dangereux ? s'inquiéta Aloïs. Avec le loup qui rôde...
_ Il ne nous fera rien, assura sa fiancée. Alors maintenant, on y va !"

C'est ainsi que le couple se retrouva dans la forêt à peine une demi-heure plus tard. Effrayé, Aloïs tenait fermement la main de sa fiancée, qui lui murmurait doucement :

"Ne t'inquiète pas, tout va bien se passer. Tout est calme, il n'y a pas de bruit, le loup dors sûrement...
_ Je pleure.
_ Pardon ?"

Irène se tourna vers son fiancé et vit des larmes couler en cascades sur ses joues.

"Ce n'est pas normal", murmura Irène, soudain angoissée.

Elle sentait ses yeux piquer et étouffa un juron.

"Vraiment pas normal. On rentre. Maintenant."

Ils se mirent à courir et quittèrent bien vite la forêt, jusqu'à se retrouver en sécurité dans le manoir de Sullivan. Les deux adolescents pleuraient à chaude larme, sans réussir à s'arrêter, et Irène était presque en train de porter Aloïs, qui semblait beaucoup plus mal au point qu'elle. Irène s'aperçut avec horreur que sa peau et celle de son fiancé étaient boursoufflées et couvertes de cloques.

"La malédiction du loup ! s'écria Irène, alors qu'Aloïs s'affaissait dans ses bras. Sullivan !"

La jeune fille et son majordome arrivèrent quelques minutes plus tard, les yeux bouffis par le sommeil.

"Que ce passe-t-il encore ? maugréa l'allemande avant de sursauter en voyant ses invités. Vous êtes allés dans la forêt !
_ Oui, avoua Irène, paniquée. Aide nous s'il te plaît ! Je crois qu'Aloïs s'est évanoui !
_ Vous y êtes allés il y a combien de temps ?
_ Je ne sais pas, une quinzaine de minutes tout au plus.
_ C'est très serré. Viens !"

Wolfram aida Irène à porter Aloïs et ils se rendirent dans une grande salle, où un chaudron géant était posé sur le sol.

"Entre dans le chaudron et déshabille-toi et ton fiancé !
_ Sullivan ! C'est indécent !
_ Tu veux le sauver oui ou non ?"

Irène hocha la tête et entra dans le chaudron, suivit d'Aloïs. Ils étaient entourés d'une sorte de liquide verdâtre, au grand bonheur de la jeune filles, ils avaient pied.

"Désolée", murmura la jeune fille.

Elle déshabilla son fiancé, tout en le tenant à une distance respectable pour ne pas le toucher. Elle retira ensuite ses vêtements et Sullivan lui cria :

"Il faut que vous plongiez tous les deux sous l'eau, le plus longtemps possible !"

Irène obtempéra, en veillant à ne pas noyer son fiancé. Au dessus d'eux, Sullivan murmurait diverses incantations, tout en préparant une décoction. Lorsqu'ils remontèrent à la surface, la sorcière tendit à Irène un entonnoir et un verre rempli de décoction.

"Il faut que tu lui fasses avaler ça ! Toi aussi d'ailleurs."

Elle hocha la tête, sentant son cœur battre rapidement. Elle avait l'impression de torturer Aloïs. Elle enfonça l'entonnoir dans la bouche de son fiancé et versa le liquide. Elle sentit le garçon se débattre sous elle mais elle tint bon, jusqu'à ce qu'il ne reste plus une goutte. Elle avala ensuite sa portion à elle, et sortit Aloïs du chaudron. Wolfram s'occupa du garçon tandis que Sullivan restait avec Irène, grâce à ses ballons de sorcière.

"Ça va ?
_ Ça peut aller", répondit Irène, frigorifiée.

Elle s'habilla en hâte, avant de se pencher sur le corps tremblant de son fiancé. Celui-ci délirait à voix basse. Il murmurait sans cesse :

"Victoire... Victoire... Où es-tu...
_ Chut Aloïs, murmura Irène, au bord des larmes. Je suis là, tu n'as plus à t'en faire..."

Le garçon ouvrit les yeux et dévisagea sa fiancée, les yeux écarquillés.

"Tu n'es pas Victoire... Qui êtes-vous ?"

_________________________
Moi : OMFG JE SUIS TELLEMENT FIÈRE DE CE CHAPITRE !!!!
Ciel : Si tu le dis... Moi ce qui m'étonne c'est que tu postes ce chapitre en avance... C'est la deuxième fois de suite que tu le fais...
Moi : En fait ça m'inspirait ^^
Irène : On voit ça --'
Moi : Par contre, j'ai besoin de l'avis des lecteurs : est-ce que vous êtes facilement choquable ?
Sullivan : Ce mot existe ?
Aloïs : Non.
Moi : Du genre, pour les scènes violentes de tout genre ? Ça vous gêne ou non ? J'ai vraiment besoin de savoir ça pour la suite de l'histoire...
Ciel : Elle me fait peur...
Moi : PARCE QUE JE VAIS TORTURER MES PERSONNAGES !!!! *rire hystérique* TELLE L'INCROYABLE HANJI !!!
...
Enfin pas trop non plus vous inquiétez pas ^^
Aloïs : Et après on dit que c'est moi le bipolaire --'
Moi : On atteint bientôt les 18k de vues !!! Vous êtes vraiment géniaux !!!

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top