Chapitre 25

Irène étouffa une exclamation d'horreur et descendit des bras d'Aloïs. Elle se tourna vers Kelvin et murmura :

"Vous n'avez pas le droit... Ces enfants... Ils ne vous rien fait ! Vous êtes ignoble ! Espèce de sale...
_ Tais-toi Irène, lâcha Ciel en regardant la pièce. Pourquoi... Pourquoi avez-vous fait ça ?
_ Vous m'avez toujours intrigué, cher comte Phantomhive. Depuis la soirée du comte Barton, la première fois où nous nous sommes rencontrés, j'ai toujours voulu en savoir plus sur vous et votre famille. Et j'ai appris que vous faisiez parti de ces êtres à part, ces lunes brillantes dans la pénombre de la nuit, ...
_ Les nobles du mal, compléta Aloïs, qui retenait Irène de se jeter sur le baron.
_ C'est ça. C'est ainsi que j'ai rencontré vos parents, Ciel, et j'ai appris que votre mère, Irène, était elle aussi une noble du mal. Je n'y aurai jamais pensé.  Je voulais tout faire pour vous approcher, pour vous toucher..."

Irène recula, tremblante, avant de murmurer à Aloïs :

"Il me dégoûte ! Laisse-moi tuer ce vieux pervers...
_ Tu ne tueras personne Irène, refusa Aloïs d'un ton catégorique. Nous devons récupérer les enfants.
_ Tu ne comprends pas Aloïs ! Jamais... Ces enfants ne pourront plus jamais vivre après ce qu'ils ont subi !"

Elle se mordit les lèvres pour retenir les larmes qui menaçaient de couler et elle prit une grande inspiration.

"Après tout ça, le mieux pour eux... C'est la mort.
_ Tu ne penses pas ce que tu dis, souffla Aloïs, effrayé.
_ Oh que si, crois-moi. Aloïs... J'ai peur."

Aloïs la serra contre lui et prêta une oreille attentive au discours de Kelvin.

"Je n'arrive pas à y croire, répéta-t-il. Je n'arrive pas à y croire. Des nobles du mal, sous mon toit. Tu les as tué, n'est-ce pas ? fit-il en se retournant vers Ciel. Les hommes qui t'ont enlevé et qui t'ont conduit là-bas. C'est bien toi leur meurtrier ?
_ Oui."

Un mot. Un simple mot qui fit taire tout le monde. Les yeux de Ciel reflétaient une tristesse infinie, et Irène se retint d'enlacer le garçon. Kelvin éclata de rire en s'écriant :

"Comme je les envie ! Se faire tuer par une lune glacée. Je t'en prie, admets-moi dans leur groupe ! Comme ce jour-là ! Regarde, j'ai tout préparé ! La place de la cérémonie, les agneaux, et finalement comte, toi !"

Un jet de sang tâcha la robe d'Irène tandis que le baron s'affaissa, raide mort. Joker se précipita sur Ciel, poignard à la main, mais Irène s'interposa et désarma le magicien, avant briser sa prothèse et de couper son autre main. Joker s'effondra et Irène énonça froidement :

"Ainsi, tu ne pourras plus faire de mal à personne."

Ses yeux écarlates brillaient de dégoût et elle se retenait visiblement de se jeter sur lui pour le dépecer à main nue. Ciel baissa son revolver, les dents serrés. Aloïs bougea le corps de Kelvin avec la pointe de son pied, et frémit de dégoût.

"Il est mort, annonça-t-il.
_ Non ! s'écria Joker en rampant vers Ciel.  Beaucoup de mes frères et soeurs sont encore à l'hospice.  Vous venez de...
_ Vous enleviez des enfants pour... sauver d'autres enfants ? cracha Irène, dégoûtée.
_ Nous étions des miséreux ! hurla Joker. Notre père nous a sauvé et...
_ Vous acceptiez tout ce qu'il disait, sans réfléchir, sans vous dire que se serait peut-être mal ? rétorqua la démone en proie à une rage intense. Vous n'êtes que des lâches ! Mais dommage, cette nuit, vous avez tout perdu !
_ Nous ne sommes pas les seuls à avoir perdu quelque chose, sourit Joker, les plantés dans ceux d'Irène. Des membres de la troupe se dirigent actuellement vers ton manoir Ciel.
_ Elizabeth ! souffla le comte, horrifié. Sebastian, va la protéger !
_ Mais Tanaka peut très bien s'en occuper...
_ C'est un ordre, fit Ciel en retirant son cache-oeil. Je veux que tu la protèges, quitte à y perdre la vie.
_ Yes, my lord, obtempéra Sebastian en filant.
_ Alors, lui murmura Irène, tu l'aimes vraiment ?
_ N'en parlons pas pour le moment. J'espère que ma milice privée va prendre le contrôle de la situation.
_ Milice privée ? répéta Aloïs. Depuis quand as-tu une milice privée Ciel ?
_ Depuis que je suis revenue au manoir. Bard, May-Linn, Finnian, Tanaka... Ils ont juré de me protéger et de protéger le manoir. Et ils ont toujours accompli leur devoir avec brillance, s'amusa Ciel.
_ Je me disais bien qu'il y avait une raison qu'ils soient encore au manoir après toutes leurs bêtises, soupira Aloïs. Bon, libérons les enf...
_ Baron Kelvin ! s'écria une voix à l'entrée de la salle.
_ Docteur ! cracha Irène, sidérée en voyant le médecin qui avait soigné Ciel au cirque. Je n'aurai jamais pensé que vous étiez avec lui. Vous... Votre métier est de sauver des vies. Pourquoi ?"

Le médecin éclata de rire et se leva de son fauteuil, sans aucune gêne dans ses mouvements.

" Vous avez fait semblant d'être invalide, devina la brune, dégoûtée. Je n'arrive toujours pas à y croire. Que vous apportait-il d'enlever des enfants ?
_ J'ai toujours voulu que mes prothèses atteignent la perfection, fit le médecin avec un grand sourire. Vous qui tenait cette prothèse dans votre main, comment la trouvez-vous ?
_ Elle est... douce, murmura Irène. Délicate. Comme... Comme la vaisselle de bone china. On ne dirait pas que c'est une fausse main. Jusqu'à ce qu'elle se brise.
_ Mais désolé ma petite, ce n'est pas cette vulgaire bone china qui donne ce rendu, s'amusa le docteur. Il me faut des ingrédients spéciaux, et il n'y a qu'ici que je peux m'en procurer."

Irène regarda les enfants, les yeux écarquillés, avant de tomber à genoux, la tête entre les mains, effrayée.

"Vous... Vous n'êtes pas sérieux ? Docteur, c'est impossible ! Ces enfants...
_ Ce sont vos ingrédients ? s'indigna Joker, qui était toujours à terre, baignant dans son propre sang.
_ Et dire que lorsque vous ne le saviez pas, les ingrédients vous importaient peu, se désola le docteur. Pourquoi on en peut pas se servir d'os humains, alors que les os bovins sont acceptés ?"

Il ouvrit une des cages et en sortit une petite fille. Il l'allongea au centre de l'étoile et leva son couteau :

" Qui a édicté une règle pareille, hein ?"

Il abaissa son arme et poignarda la fillette. Ciel se plia en deux pour vomir, et Irène s'avança vers le médecin, impassible. Ses yeux ne reflétaient rien, pas une même une once d'horreur ou de colère. En un geste parfaitement calculé, elle enfonça sa main dans la poitrine du meurtrier, et arracha son coeur sans l'ombre d'une hésitation. L'homme s'affala par terre et Irène lâcha l'organe, avant de se prendre la tête en les mains, horrifiée. Aloïs et Ciel s'approchèrent d'elle mais elle les repoussa.

"Sortez.
_ Quoi ?
_ Sortez de cette maison, murmura Irène, les yeux vides.
_ Mais les enfants ?
_ Je m'en occupe."

Les deux adolescents obtempérèrent et sortirent vite du manoir. Cependant, Aloïs émit des doutes :

"Comment va-t-elle faire pour sortir tous les enfants de la salle ? Elle ne voulait pas les sauver, elle n'arrêtait pas de dire que le meilleur pour eux, c'était..."

Il ouvrit grand les yeux, choqué, avant de se retourner, prêt à revenir sur ses pas. Mais lorsqu'il vit les flammes s'échapper de la maison, il savait qu'il était trop tard. Irène sortit quelques instants plus tard, chancelante, et les yeux brillants de satisfaction. Aloïs s'écria :

"Qu'est-ce que tu as fait Irène ?
_ Ils ne pouvaient plus vivre, murmura-t-elle. La seule solution qui les libérait, c'était la mort."

Et elle s'écroula, un sourire morbide étirant ses lèvres.

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