Chapitre 13

"Je ne veux pas aller là-dedans !"

Irène plaqua sa main sur la bouche de Niina en lui intimant le silence.

"Tais-toi ou mon oncle risque de nous entendre.
_ Quelle idée aussi de venir chez lui en nous habillant de la sorte ?
_ Ses serviteurs ont toujours l'habitude de donner un toit aux personnes démunies, expliqua Irène. Voilà pourquoi nous sommes déguisée en mendiantes. Si j'étais venue en me présentant comme sa nièce, mon oncle aurait été prévenu et il ne m'aurait plus lâchée. Or j'ai besoin d'opérer en toute discrétion.
_ Et tu n'as pas peur qu'on remarque notre absence ? demanda Niina, inquiète.
_ A l'heure qu'il est, ils doivent dormir comme des marmottes."

Niina hocha la tête et remis le premier sujet sur le tapis :

"C'est sombre, poussiéreux, plein de toiles d'araignées, ...
_ On fera avec", grimaça Irène en pénétrant dans le grenier.

Niina frissonna et suivit sa maîtresse. Elle découvrit avec stupéfaction une immense pièce aux meubles recouverts de tissus poussiéreux. La vicomtesse se dirigea vers une immense bibliothèque et soupira :

"J'espère que nous allons trouver quelque chose ici. Ce sont les anciennes affaires de ma mère. Normalement, je n'ai pas le droit d'y venir.
_ Tu ne les as pas gardées à leurs places ?
_ Mon oncle ne supportait pas de les voir. Il les a enfermées dans le grenier, et je ne l'ai découvert qu'il y a peu de temps, lorsque je cherchais un endroit pour rester seule. Au début, je pensais que c'était des choses inutiles, mais...
_ Tu n'y crois plus trop.
_ Je dois trouver un indice sur l'identité des parents de ma mère. De mes grand-parents. Tu peux trier ses affaires avec ta magie ?
_ Je peux essayer."

Niina ferma les yeux et agita les doigts. Irène la regarda faire, les yeux écarquillés. Jalouse, hein ? Je pensais que tu avais décidé de te calmer un peu. Raté. Niina rouvrit les yeux et ouvrit un grand tiroir. Les adolescentes découvrirent un tas de petits cahiers noirs, empilés les uns sur les autres. Irène hocha la tête et demanda :

"Comment arrives-tu à faire tout ça ?
_ C'est un tour que m'a appris ma mère, lorsque je vivais à Brocéliande.
_ En France ? s'étonna Irène.
_ Oui, je suis née là-bas. Je fais partie d'une famille où nous vénèront l'ancien culte d'Avalon.
_ L'île d'Avalon ? répéta la vicomtesse, intéressée. Elle existe encore ?
_ Non, malheureusement. Mais mes ancêtres étaient des prêtresses de l'île sacrée. Et j'ai pu apprendre des tours que ma mère avait appris de sa grand-mère, qui avait appris elle-même de la sienne, et ainsi de suite. En fait, tu me fais penser à Merlin. La fille d'un diable et d'une humaine.
_ Mais je n'ai pas tous ses pouvoirs, soupira la brune. Je ne connais ni le passé, ni le futur."

Niina lui sourit, et elles commencèrent à feuilleter les carnets, à la recherche d'un nom, n'importe lequel. Plusieurs heures s'écoulèrent sans que les jeunes filles ne puisse découvrir le moindre petit indice. Niina commençait à sentir la fatigue envahir son corps. Elle finit par s'endormir à même le sol. Irène la regarda tendrement avant de reprendre son travail. Elle finit par trouver un petit cahier noir, où une écriture fine et régulière noircissait les pages. Elle le feuilleta rapidement, et ses yeux se posèrent sur une petite phrase.

"Rendez-vous à 14h chez Vincent Phantomhive."

Irène referma le cahier avec un claquement sec et réveilla Niina :

"Niina, réveilles-toi, vite.
_ Que se passe-t-il ? murmura la servante en frottant ses yeux.
_ Je crois que j'ai trouvé un indice. Nous allons faire une petite visite à Ciel Phantomhive."

~.~.~.~.~.~.~.~.~.~.~.~.~.~.~.~.~

"Elle a disparu, grogna Aloïs en croisant les bras.
_ Elle reviendra, assura Claude en regardant son maître.
_ Qu'est-ce qui vous fait croire ça ?" maugréa Ciel.

Les deux garçons soufflèrent sous le regard pensif de Sebastian. Irène hantait leurs pensées, et le fait de ne pas avoir de nouvelles les inquiétait. Ciel ouvrit la bouche pour parler, mais un grand fracas l'interrompit. Une Irène décidée et une Niina à moitié endormie débarquèrent dans la pièce, ignorant les regards médusés qui fixaient leurs vêtements en loques. Aloïs sauta sur sa fiancée en criant :

"Irène !"

La jeune fille ouvrit grand les yeux et se laissa étreindre par le blond.

"Tu m'as fait tellement peur", murmura Aloïs dans son cou.

Les yeux de la brune se voilèrent un instant avant qu'elle ne secoue la tête et qu'elle se tourne vers Ciel :

"Qui est Vincent Phantomhive ?"

Le garçon eut un mouvement de recul, et il baissa la tête, tandis qu'Irène se trémoussait sur place, gênée. J'ai dit quelque chose de mal ? Bravo ma petite, tu as toujours le chic pour poser des questions embarrassantes.

"Il est mort dans l'incendie de notre manoir. Avec ma mère."

Ciel lança un regard meurtrier à Aloïs, qui regardait la scène en souriant. Irène prit la main de Ciel dans la sienne et murmura :

"Je... Je ne peux pas te dire désolé. Ce serait tellement hypocrite. Alors, je te dirai juste que je ne peux savoir qu'elle est la douleur que tu as ressenti. Et que je le regrette."

Ciel secoua la tête et demanda :

"Pourquoi as-tu besoin de lui ?
_ Ma mère le connaissait. Tu es son fils, peut-être qu'il t'a dit quelque chose sur elle.
_ Je ne pense pas, murmura Ciel. S'il m'a dit quelque chose sur elle, j'étais bien trop jeune pour le comprendre."

Irène baissa la tête, déçue. Ciel était son seul espoir, et maintenant, elle n'avait plus rien. Elle reporta son attention sur Niina, qui dormait sur le divan. La servante avait l'air paisible, et Irène l'envia. Malgré ses pouvoirs, Niina menait une vie tranquille et normale. Une vie que tu n'auras jamais. Irène se laissa tomber sur le sol et prit sa tête entre ses mains. Elle n'en pouvait plus. Vraiment plus. Elle ne savait rien sur sa mère. Absolument rien. Elle sentit des bras l'entourer et la voix de Ciel lui chuchota ;

"Je sais que c'est dur pour toi, mais je suis là. Nous sommes là. Nous ne t'abandonnerons pas.
_ Merci, fit Irène avant qu'un mot ne percute son esprit. Nous ?
_ Aloïs et moi, grommela Ciel en détournant le regard.
_ Est-ce que vous vous sentez bien ? demanda Irène. Depuis combien de temps êtes-vous réunis dans la même pièce ?
_ Depuis ton départ, répondit Aloïs
_ Et ne vous vous êtes pas entretuer ? s'étrangla Irène. C'est un miracle ! Que s'est-il passé ?
_ Rien, dit Claude en s'avançant vers elle. Maintenant, nous allons avoir une petite discussion rien que nous deux.
_ Je ne crois pas, non.

Mais en moins de trois secondes, Claude l'avait attrapée et ils se trouvaient maintenant dans le jardin. Claude reposa Irène sur le sol et celle-ci lui tourna le dos.

"On dirait une petite fille boudeuse, commenta Claude.
_ Laisse-moi tranquille, lâcha Irène d'une voix glaciale. Tu me dégoûtes.
_ Parce que je suis un démon ? s'amusa-t-il.
_ Tu m'as abandonnée ! Tu es parti fricoté avec je ne sais quels humains en me laissant seule. J'étais ta fille !
_ Et tu l'es encore. Pourquoi crois-tu que Vladimir est entré à ton service ? Parce que je le lui ai ordonné.
_ Comment as-tu fait ? Et où est Vlad ?
_ Je ne sais pas où il est, avoua Claude. J'imagine qu'il reviendra bientôt. En attendant, je dois savoir si..."

Le démon saisit Irène par le cou et la rapprocha de lui. Ses yeux étaient devenus rouge sang et Irène tenta de se dégager, effrayée.

"Laisse-moi partir ! Laisse-moi tranquille !"

Irène écrasa le pied du démon, et profitant de sa surprise, elle courut jusqu'au château, où l'attendait Sebastian.

"Mon maître m'a demandé de vous préparer une chambre. Je vais vous y conduire.
_ Merci Sebastian, chuchota la vicomtesse.
_ Votre conversation s'est bien passé ?
_ J'ai connu mieux."

Lorsqu'Irène fut enfin seule dans sa chambre, elle s'affala sur le lit et contempla le plafond, repensant à la scène qui venait de se dérouler. Elle avait eu l'impression que lorsqu'elle s'était enfuie, Claude avait poussé un soupir de soulagement. Elle secoua la tête et se déshabilla, avant de passer une chemise de nuit blanche qui lui arrivait mi-cuisses. Elle allait se coucher lorsqu'on frappa à la porte. Elle l'ouvrit, et elle se retrouva face à Aloïs, une chandelle à la main. La garçon regardait le sol et il finit par murmurer :

"Je peux dormir avec toi ?
_ Tu n'as pas ton majordome ?"

Aloïs la regarda les yeux écarquillés.

"Il... Je... C'est avec toi que je veux dormir !"

Irène recula, gênée. Le garçon paraissait si fragile. Elle mit ses mains sur le joues de son fiancé et murmura :

"Pourquoi veux-tu dormir avec moi ?
_ J'ai peur du noir. C'est ridicule, hein ?
_ Non, tout le monde a des faiblesses. Moi aussi.
_ Qu'elles sont tes faiblesses ?
_ Même toi tu ne voudrais pas savoir."

Aloïs hocha la tête et Irène le laissa entrer. Ils se glissèrent dans le lit, et Aloïs passa ses bras autour du ventre de la jeune fille.

"Aloïs ? chuchota-t-elle. Est-ce que... tu es amoureux de Claude ?
_ Je l'aime énormément. Il... Je sais qu'il ne m'abandonnera jamais.
_ Tu as peur d'être abandonné ? demanda Irène en se retournant pour voir le garçon dans ses yeux.
_ Les gens que j'aime finissent toujours par m'abandonner... Je ne veux pas me retrouver seul."

Aloïs avait les yeux brillants de larmes, et Irène ne put s'empêcher de le serrer contre elle.

"Ne t'inquiète pas, tout ira bien...
_ Est-ce que tu vas me laisser toi aussi ?
_ Non, je ne te laissera pas."

Irène frémit en entendant sa voix. Elle regrettait d'avoir accepté d'accueillir Aloïs. Elle lui avait menti. Elle allait forcément partir un jour. C'est avec toutes ces pensées qu'elle s'endormit, la boule au ventre.

"Hello ! lança la voix de ses cauchemars.
_ Oh non, pas toi !"

Irène ouvrit les yeux et se rendit compte qu'elle baignait dans une lueur grenat. Elle cligna des yeux, avant de ressentir une douleur au ventre. Elle poussa un gémissement avant de tomber sur un sol invisible.

"Ça fait mal ? lança la voix.
_ Non, ça chatouille, grimaça la brunette.
_ Et ce n'est que le commencement. La douleur s'intensifiera au fil des jours jusqu'à ce que tu en meurs. Ou alors, jusqu'à ce que tu fasses ce que tu as à faire.
_ Sympathique tout ça.
_ Et ce n'est que le début de ton malheur."

Lorsqu'Irène se réveilla, elle sentit qu'on lui tenait la main. Elle tourna la tête et lut de l'horreur dans les yeux de Ciel. Il ne cachait pas sa marque et il bredouilla :

"Seba... Sebastian !"

Irène se releva et se rendit compte que Claude et Sebastian étaient dans la pièce, et qu'ils la regardaient avec des yeux exorbités. Effrayée, elle tâtonna la place à ses côtés, vide. Elle sentit son coeur se serrer, et prise d'un mauvais pressentiment, elle sortit du lit et se planta devant le miroir.

Le bleu de ses pupilles était devenu rouge sang.

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Moi : Pas mal de choses dans ce chapitre. Et plusieurs questions :
1. Qu'est-ce qui lie Vincent Phantomhive et Judith Blackbird ?
2. Votre couple préféré ? Ça peut-être n'importe quoi, CielxIrène, AloïsxIrène, ...
Irène : Pourquoi toujours moi ?
Moi : Tous les couples possibles et imaginables.
Et une remarque : la dernière partie de ce chapitre avec le rêve est le plus bizarre que j'ai pu écrire o_O Alors, à pl...
Irène : Pas si vite M ! Où est passé Vlad ?
Moi : Il se peut qu'à partir de la scène au cimetière, je l'ai complètement oublié ^^' Mais il reviendra
Aloïs : Et dire que c'est elle qui écrit notre histoire --'
Moi : A plus !

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