#3 : Noël
"Irène ! hurla Aloïs dans le manoir. Tu es où ?"
Il entra dans le salon où il retrouva sa fiancée endormit sur le divan. D'habitude, il l'aurait laissée dormir et l'aurait regardée jusqu'à son réveil, mais là, il n'allait pas lui laisser de répit.
"Réveille-toi !"
Il secoua la brunette et finit par l'éjecter du divan, sans craindre sa réaction.
"Aïe, gémit la jeune fille en ouvrant les yeux. Qu'est-ce qu'il se passe ?
_ Le livre ! Elles ont rajouté un nouveau chapitre !
_ Tu l'as lu ? demanda Irène en se frottant les yeux.
_ Non, je voulais que tu le lises avec moi."
Irène lui sourit tendrement, lorsque Ciel entra dans la pièce.
"Qu'est-ce que vous faites ?"
Aloïs se dépêcha de raconter les détails, tandis qu'Irène installait plusieurs coussins sur le divan et attendit que les deux garçons s'asseyent pour poser sa tête sur les genoux de son fiancé.
"Je crois que c'est la première fois que je te vois aussi épuisée, sourit Aloïs. Qu'est-ce que tu as fait de tes journées ?
_ Seira et Niina ont passé la semaine à préparer la fête de Noël de hier soir à l'orphelinat, donc je les ai aidé. Et maintenant je suis épuisée !
_ Je te crois, sourit Aloïs en ouvrant le livre. Tu veux que je le lise à voix haute ?
_ Bien sûr !
_ Merci de prendre mon avis en considération", grinça Ciel.
Aloïs ouvrit le livre et commença à lire.
"Maman ! Maman !"
Une petite fille courait dans les couloirs, passant sa petite tête dans les entrebâillements des portes, inquiète. Une main saisit son bras avec douceur.
"Je suis là Irène..."
"Cette histoire parle de toi ? s'étrangla Ciel.
_ Si tu l'avais lu, tu saurais que le livre entier parle d'Irène, soupira Aloïs.
_ Parce que tu l'as lu ? s'étrangla sa fiancée. En entier ?
_ Je m'ennuyais !
_ Moment gênant, ricana Ciel. On peut reprendre maintenant ?"
"Je suis là Irène, fit tendrement sa mère. Tu n'es même pas encore prête ! Tu comptes te présenter à ton oncle et ton cousin ainsi ?
_ Mais je ne les connais pas ! Si ça se trouve, ils seront méchants contre moi !
_ On dit avec moi, la corrigea Judith. Et puis, c'est quand même une fête de Noël. Il y aura des personnes très importantes. Tu dois être irréprochable. Bon, laisse-moi au moins arranger tes cheveux."
Irène s'exécuta, docile. Elle ne voulait vraiment pas y aller. Elle aurait aimé rester dans son manoir, à attendre le retour de son père. Mais elle devait s'y faire. Et puis, peut-être que ce fameux cousin lui serait agréable.
"Et finalement, il s'est passé quoi ? demanda Aloïs. Tout c'est bien passé ?
_ Pas mal, fit Irène en haussant les épaules. Ça aurait pu être pire."
"Je suis ravie de vous revoir ici, Judith.
_ Moi de même Vincent. Je vous présente ma fille, Irène."
L'enfant s'inclina devant le comte avec un grand sourire.
"Ravie de vous rencontrer monsieur !
_ Où est Rachel ? s'inquiéta Judith. Elle est malade ?
_ J'ai bien peur qu'elle ne soit trop faible pour sortir de son lit, avoua Vincent, avant de se pencher vers Irène, un sourire amical aux lèvres. Tu devrais aller au salon. Ciel et Lizzy t'attendent."
Irène hocha la tête et courut hors de la salle. Elle se faufila entre les divers personnes réunies, sans se soucier de l'étiquette. Toutes les salles étaient illuminées par des centaines de bougies placées un peu partout. Des branches de guis étaient accrochées au plafond, et plusieurs couples s'embrassaient en-dessous. Elle se promena quelques minutes dans les couloirs, lorsque qu'elle entendit des éclats de voix.
"Tu es méchant Ciel !
_ Parce que tu crois que c'est de ma faute ?
_ Oui ! T'es plus mon fiancé !"
Irène entra dans la salle et vit deux enfants dos à dos. Une petite fille blonde croisait les bras, un air boudeur sur le visage, tandis qu'un garçon brun levait les yeux au ciel.
"Bonjour ! fit timidement la brunette.
_ Il fait nuit, donc on dit bonsoir, la corrigea le garçon. C'est toi notre cousine ?"
Irène hocha la tête. Elle remarqua alors une poupée sans tête sur le sol.
"Qu'est-ce qui s'est passé ?
_ Ciel a cassé ma poupée ! geignit la petite fille en lui montrant le visage de la poupée dans ses mains.
_ Je peux la réparer si tu veux, annonça Irène.
_ C'est vrai ? Merci beaucoup ! Je m'appelle Elizabeth, mais tu peux m'appeler Lizzy !"
Irène attrapa les deux morceaux, et après plusieurs minutes de concentration, elle lui tendit la poupée parfaitement réparée.
"C'est ma maman qui me l'a montré, avoua Irène. Je casse souvent mes jouets sans le faire exprès."
Les deux enfants hochèrent la tête avant de retourner à leurs jeux, oubliant Irène par la même occasion. Vexée, la fillette sortit en trombe de la pièce, bien décidée à retrouver sa mère et à partir de cet endroit. Elle finit par la retrouver en grande discussion avec Vincent, dans une salle loin de la foule.
"Non non et non ! Je ne lui fais pas confiance !
_ Je sais Judith, mais réfléchis bien. Si on la fiance avec son fils...
_ Je refuse de mêler Irène à tout ça ! hurla Judith. Je ne compte pas la fiancer avant qu'elle ne le veuille, et surtout pas avec le fils des Trancy ! Jamais !
_ Maman ? s'incrusta Irène, penaude. J'ai fait quelque chose de mal ?
_ Mais non mon amour, la rassura sa mère. Tout va bien ! Tu n'es pas avec Ciel et Lizzy ?
_ Je crois qu'ils ne m'aiment pas beaucoup."
Vincent s'agenouilla devant l'enfant, serein.
"Je pense plutôt que tu les intimides.
_ Moi ? Mais je n'ai rien fait ! s'étonna-t-elle. Vous êtes beaucoup plus riches que nous, vous avez plus d'importance ! Alors pourquoi...
_ Ils ne te connaissent pas, c'est normal. Je suis sûr que tu finiras par bien t'entendre avec eux.
_ Vraiment ?
_ Vraiment !"
Irène hocha vigoureusement la tête avec un immense sourire. Elle sortit en courant de la pièce et retrouva ses cousins qui jouaient avec la maquette d'un bateau.
"Je peux jouer avec vous ? cria presque la fillette.
_ Tu veux bien ? souffla Lizzy, les yeux brillants.
_ Bien sûr !"
Les trois enfants se mirent à jouer ensemble, sans regarder les heures passer. Ils furent interrompu par l'arrivée d'une femme assez âgée, aux yeux pétillants.
"Bonsoir mes enfants.
_ Bonsoir madame ! firent Ciel et Lizzy en choeur.
_ Bonjour !" s'écria rapidement Irène en faisant une révérence.
Ses joues rosirent et elle pria silencieusement pour que sa maladresse ne soit pas prise en compte. La vieille femme ne s'en préoccupa pas et lui sourit.
"Tu es Irène Blackbird je présume ?
_ Oui madame. Et vous êtes ?
_ Je suis la Reine Victoria. Puis-je rester seule avec votre amie ?" demanda-t-elle à Ciel et Lizzy.
Les enfants la regardèrent les yeux écarquillés, avant d'hocher la tête et de sortir.
"Ta mère m'a beaucoup parlé de toi, continua la reine d'un ton tranquille.
_ Je... C'est un honneur, balbutia Irène, tremblante.
_ Tu es encore bien jeune, soupira la reine. J'imagine que tu n'as aucune idée de ce qui t'attends.
_ De quoi voulez-vous parler ?
_ Bonsoir votre Majesté."
Judith était entrée dans la pièce, l'air inquiet.
"Bonsoir Judith. Vous passez une bonne soirée ?
_ Sublime. Mais j'aimerai la passer avec ma fille.
_ Je comprends, sourit la reine. Mais si j'étais vous, je ne tarderai pas à tout lui expliquer. Elle est peut-être jeune, mais pas idiote."
Les deux femmes regardèrent la fillette, qui ne pouvait s'empêcher de se dandiner sur place, mal à l'aise. Judith attrapa la main de sa fille et sortit de la pièce, sans le moindre regard à sa reine.
"Aïe... Maman... Tu me fais mal !
_ Excuse-moi ma chérie.
_ Qu'est-ce que je dois savoir ? questionna sa fille.
_ Rien de bien important. Quand tu seras plus grande, je te montrerai les ficelles de mon métier.
_ Celle de chef d'entreprise ? fit-elle doucement.
_ Non. Un autre métier palpitant et dangereux...
_ Comme les aventuriers !" s'écria Irène en brandissant le poing.
Judith sourit et embrassa son front.
"Allez, viens voir le sapin."
Elle lui tira la main jusqu'à une salle bondée. Lizzy et Ciel l'attendaient déjà, et ils se précipitèrent vers leur cousine.
"Qu'est-ce que la Reine t'as dit ? demandèrent-ils.
_ Elle a beaucoup parlé à ma mère de choses que je ne comprenais pas."
Le duo hocha la tête et Irène leva les yeux, remarquant enfin le sapin. Il était richement décoré. Il était immense, touchant presque le plafond et si brillant qu'on aurait dit que des milliers d'étoiles s'étaient posées dessus. Il était aussi garni de boules multicolores et de guirlandes.
"Il est magnifique ! s'écria Irène émerveillée.
_ Je sais", répondit fièrement Ciel.
Ils se regardèrent un moment lorsqu'une femme les fit remarquer :
"Vous êtes sous une branche de gui !
_ Oui et alors ? s'exclamèrent les deux enfants.
_ Vous devez vous faire douze baisers.
_ Vraiment ? fit Irène, sceptique.
_ Oui, c'est la tradition."
Ciel haussa les épaules et embrassa la joue de sa cousine douze fois. A la fin, les adultes qui les regardaient souriaient face à ce petit couple. Lizzy revint avec eux, boudeuse, et se jeta dans les bras de son cousin.
"C'est moi la fiancée de Ciel ! Il n'avait pas le droit de t'embrasser !
_ Je ne suis que sa cousine, répondit calmement la jeune fille. Tu n'as pas à t'en faire, je ne te le volerai jamais !
_ Promis ?
_ Promis !"
Les deux fillettes se jetèrent dans les bras de l'autre sous le regard d'un Ciel dépassé.
"Vous venez ? Les feux d'artifices vont bientôt commencer !"
Les enfants ne se firent pas prier et ils coururent jusqu'au jardin où une multitude d'explosion colorait le ciel. Du coin de l'œil, Irène aperçut sa mère discuter avec Vincent, rayonnante. La jeune fille fit le plus grand des sourires en se disant que finalement, elle avait bien fait de venir à cette fête.
"Cette fin est nulle, commenta Ciel.
_ Pourtant c'est ce qui s'est passé, s'amusa Irène.
_ Ta mère ne voulait pas que tu épouses un Trancy, fit Aloïs, la gorge serrée.
_ Aloïs, fit tendrement Irène en se relevant et en prenant son fiancé dans ses bras. Je suis sûre que si ma mère t'avait connu, elle t'aurait adoré et aurait accepté de me marier avec toi.
_ Vraiment ?
_ Vraiment."
Irène embrassa son fiancé avant de reposer sa tête sur ses genoux et de grogner :
"Maintenant, laissez-moi dormir. Et je vous jure que si l'un de vous me réveille, il est mort !"
Dédié à Moanahontas
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top