~9~ Oswalda

Elle était vêtue d'une fine armure grise. Sa cape rouge bien accrochée, elle toisait chaque membre assis autour de cette table. Des ministres. Des Rois. Il y avait même la Reine d'Atlantiss : Elena. Elle n'avait été que rarement conviée aux évènements, mais depuis la venue d'Oswalda sur le trône, cela avait tendance à changer. Parce qu'elle est une femme, ces porcs ne la conviaient pas. Et...mon père... n'avait pas la force nécessaire pour les dompter. Maintenant, chaque personne me craint et je leur dit quoi faire. En pensant à ces dernières paroles, elle se mit machinalement à regarder Alistair qui, en tant que conseiller, se tenait à sa droite. S'il me désobéit, les souvenirs de la mort de cette garce d'Eldane doivent lui revenir à la surface.

-Merci à tous d'être venue en cette réunion de guerre.

Chacun hocha légèrement la tête en signe de politesse. Après quoi Oswalda haussa les sourcils, et d'un geste de la main leur demanda :

-Quelqu'un souhaiterait s'exprimer sur un sujet en particulier ?

-Justement, s'empressa de dire le Roi de Delaria. Ce n'est pas vraiment au sujet de la guerre contre Alcatram et des traîtres que Kandall a entraîné, ou plutôt cela est lié, se corrigea-t-il, à vrai dire...

-Abrégez, Fergusson, s'irrita l'Impératrice tout en lui offrant un large sourire.

-C'est au sujet de ces vaisseaux, Votre Majesté, dit-il clairement. Vous avez interrompu l'avancée des travaux mais... ne serait-il pas plus judicieux au vu de l'avancée de cette maladie qui fait ô combien des ravages dans mon Royaume, d'offrir une... disons une porte de sortie pour nous comme pour vous même. Vous pourriez gouvernez sur cette lune, tout ceux qui ont été sélectionnés pour vous rejoindre vous seraient très reconnaissants et moi le premier. Je pense que...

-Vous pensez beaucoup Fergusson, le coupa-t-elle sèchement. A qui dois-tu ton poste ? Lui demanda-t-elle directement. Son tutoiement soudain déstabilisa le Roi de Delaria habitué aux formules de politesse à son égard.

-Je... A feu votre père, bien sûr. Et c'est pour cette raison que...

-En arrivant sur ce trône, n'ai je pas la légitimité de nommer n'importe qui à ta place ?

Celui-ci paru hésiter un instant avant de répondre :

-Oui.

-Donc... Je répète ma question. A qui dois-tu ton poste ?

-A vous. Dit-il d'une façon détaché, non sans commencer à suer.

-Bien, il serait donc désobligeant de revenir sur une décision que j'ai déjà donné.

-Votre Majesté, intervint Alistair.

Oh toi tu as intérêt à garder ta langue et c'est pour ton bien que je pense ça.

-Votre Majesté, répéta-t-il, ce que voulait dire Fergusson et sur le point où je le rejoindrais, c'est que l'opinion publique est plutôt favorable à ces constructions de vaisseaux. De plus c'est une réelle porte de sortie au cas où cela dégénèrerait franchement. La population vous en sera éternellement reconnaissant et d'autant plus dévoué si vous faîtes tout pour la sauver.

-Ces constructions nous ont déjà coûté une fortune.

-Mais cela sera d'autant plus rentable si nous survivons.

-Seriez-vous en train d'insinuer que nous sommes condamnés à mourir ?

Il y eu un léger flottement dans l'air avant qu'Alistair ne reprenne. Oh tu as calculé ton coup.

-Nous pouvons battre Kandall Torcatram et les alliés de Kelton Follet mais vaincre une maladie qui ne fait pas de distinctions et à un taux de létalité proche de 80%, je ne sais pas.

-On dit souvent que l'on est en surpopulation, quand on trouve une solution, pourquoi la refuserait-on, Alistair ?

Là encore, Alistair laissa un court moment de silence mais suffisamment pour avoir un impact. Ne désolidarise pas mes troupes, ou l'on foncera dans une catastrophe par ta faute. Je crois qu'il aurait mieux fallu te virer.

-Il suffit... de voir combien de vos ministres et gouverneurs préfèrent la solution qui laisse réchapper une partie de la population dans des vaisseaux en partance vers la Lune.

-Tu veux organiser un vote ? Elle se retint de rire, mais fut plus agacée qu'autre chose. Ce prétentieux ne retiendra donc rien ? Il lui faut combien de ses proches morts avant qu'il ne saisisse qu'il doit agir dans mon bien et non dans un idéal ? Il ose défier mon autorité en mettant en place une démocratie... Sous mes yeux. Quel affront. Très bien, alors qui d'entre vous préfère la lâcheté au courage et accepte de laisser ces terres à l'ennemi ?

Alistair leva une main puis fut bientôt rejoint par un Fergusson hésitant continuant de suer abondamment. C'est alors que la plupart se regardèrent, inquiets. La reine d'Atlantiss leva fièrement sa main, d'un signe de défis. Sale petite... C'est moi qui t'ai permit de nous rejoindre, aucun Empereur ne l'aurait fait et voilà comment on me remercie. Cela m'apprendra.

-Bon, et bien... Voulut-elle clore mais c'est alors que plusieurs mains timides se levèrent, qui furent suivies par d'autres. Oswalda n'eut pas à faire de calculs pour constater qu'il n'y avait une écrasante majorité. Seuls quelques uns laissèrent leurs mains sur la table, dont Hidro, le ministre de la guerre nommé par Oswalda et qui lui restait fidèle.

Ces fumiers. Ils m'ont trahit, pensa-t-elle en ressentant un creux au cœur. Je leur ai laissé leur poste. Pour certains je les ai nommé à la place d'autres. Je leur faisais confiance ! Et ils me crachent dessus. Comme si j'étais une pourriture. Une moins que rien. Cela lui rappela quelques moments dont elle se souvenait de sa jeune enfance, quand une domestique l'élevait avant qu'elle ne lui apprenne ses réelles ancêtres et qu'elle vienne réclamer son droit aux portes du palais impérial. Avant, on la méprisait, on la maltraitait. Pas la domestique qui lui servait de mère, mais les enfants de son immeuble. Les enfants de l'école. On la ridiculisait. Elle s'était faite quelques amis... Mais qui en réalité étaient avec ces harceleurs. Elle vivait la tête penchée sur le goudron, en ayant peur de croiser le regard de quiconque. Mais c'était terminée. Plus personne ne la mépriserait. Je les virais tous. Ils brûleront. J'en ai le pouvoir, se rassura-t-elle avant de se résoudre. Virer autant de monde, tout le monde se méfierait d'elle, on voudrait se venger. Elle voulait être crainte, respectée, mais elle n'en était pas moins intelligente et elle savait que c'était une mauvaise idée. Tout cela organisée par Alistair, je n'en suis pas dupe. Il ne comprend toujours pas que si je le garde c'est que je connais son potentiel et il continue de me trahir.

-Tiens, et l'on ne m'en parle que maintenant, conclut-elle. Je suis très déçu que vous ne me fassiez pas plus confiance je dois dire, mais en gage de bonne foi j'étudierais votre proposition.

Elle fut néanmoins satisfaite quand elle lu sur le visage d'Alistair de la consternation dû à ces derniers mots. Il s'attendait sûrement à ce que je sois dans l'obligation d'accepter leur proposition. Mais on ne m'oblige en rien. Au moins les laisserais-je dans l'incertitude. Mon cher conseiller ne connaîtra pas le goût de la victoire. Pas sans moi, en tout cas.

-D'autres sujets ? Lança-t-elle.

-Oui, intervint Hidro son ministre de la guerre. Et sur la vraie guerre, cette fois-ci, insista-t-il sur la distinction.

-Nous t'écoutons, mon brave Hidro, lui dit-elle non sans un sourire.

-Pour aller à l'essentiel, l'armée de Kelton Follet a attaqué le Royaume de Darkatras.

Tous les visages se tendirent à l'instant. Oswalda se contint néanmoins, mais elle serra les dents et les poings en évitant de penser à son Empire qui s'effritait sous ses yeux.

-Notre armée fait face ?

Hidro prit une inspiration avant de préciser :

-La bataille n'est pas terminée mais déjà on connaît le vainqueur. La base militaire centrale de Darkatras a explosé, ils contrôlent l'espace aérien et les endroits stratégiques. Les plus grandes villes sont à feu et à sang. L'armée de Darkatras est en déroute totale, ils essayent de se replier mais on a un rapport trop déséquilibré, de plus le Roi de Darkatras a fuit et...

-Attend quoi ?! S'exclama-t-elle, ne se retenant plus. Ce minable que j'ai nommé m'a trahit ! NOUS a trahit, se reprit-elle.

Hidro, d'un regard inquiet, hocha la tête.

-Il faudrait intervenir, lança un ministre.

-Non, se raisonna l'Impératrice, en reprenant contrôle d'elle même. On n'a plus nos terres là bas, on sera en défaveur. On sait qu'ils vont continuer à s'accaparer nos Royaumes, on les y attendra donc. Il sont néanmoins sur plusieurs front, le problème demeure donc : on ne doit pas envoyer toutes nos forces en un endroit précis, ils pourraient prendre des terres qui ne seront gardées par personne.

Soudain Oswalda, qui semblait ne se parler qu'à elle-même, s'arrêta, ses yeux eurent comme une pensée satisfaisante avant qu'elle ne laisse échapper un mince sourire.

-Qu'y a t-il, Votre Altesse ? s'inquiéta Hidro.

-Il faut les faire se replier. Le meilleur endroit pour cela est donc d'attaquer Alcatram. Malgré la technologie que pourrait avoir fournit ce traître de Kelton, ils n'auraient pas l'avantage, Kandall doit avoir prit la quasi totalité de son armée et par voie aérienne on ne ferait qu'une bouché de leur République.

Hidro sourit à son tour, bientôt suivie par plusieurs membres du gouvernement et plusieurs Rois.

-M'est-il permit de parler d'une chose ? S'empressa de dire Alistair. Oswalda eut un regard noir avant de lui faire remarquer :

-Tu le fais déjà, conseiller Alistair.

-Avant de faire ce que vous aviez dit, insista-t-il néanmoins, il faudrait peut-être tenter de raisonner Kandall.

Chacun se regardèrent avant que cela ne déclenche une hilarité générale.

-Raisonner ? Mais dans quel monde vivez-vous ! S'exclama un ministre

-Vous avez décidément trop de naïveté en vous ! Lui dit un autre.

-La voilà, notre solution, il fallait juste lui dire d'arrêter cette guerre ! Ironisa un dernier.

Oswalda, elle, restait impassible :

-Que veux tu dire ?

Alistair mit alors ses coudes sur la table avant de toiser tous ceux qui rirent de lui.

-Je vois que je dois donc vous rappeler certains souvenirs. Cela m'étonne que vous les ayez oublié si vite. Comment est mort Aldresdan, le père de Kandall, vous vous souvenez ?

Aussitôt tous cessèrent de rire et le regardèrent, inquiets.

-Ah, cela vous revient sans doute. C'est quand même un évènement clé dans cette guerre. En tout cas j'y étais et j'ai vu ce que la plupart d'entre vous ont fait. Kelton a attisé votre excitation pour que vous tuez sauvagement le président d'Alcatram !

-Voyons, Alistair, ce n'est pas le moment avec vos sottises ! S'emporta un ministre.

-Comment osez-vous ! S'exclama un autre.

-C'est parfaitement le moment, croyez-moi, puisqu'il suffit de dire à Kandall que Kelton est le principal auteur dans le meurtre de son père pour que celui-ci se retourne contre son allié. Le conseiller s'enfonça alors dans son siège avant de rajouter : Il n'y aura plus qu'à les regarder s'entre tuer, et abattre ce qu'il en restera !

Oswalda regarda ceux autour de la table qui étaient présent au moment du meurtre avant de leur déclarer :

-Qu'est ce qui vous est passé par la tête pour faire une telle sottise ! Voilà où on en est, aujourd'hui ! Alistair, tu aurais dû les en dissuader ce jour là, toi qui nous montre ton éloquence et ton talent pour convaincre des hauts placés de rejoindre tes idées, ce qui, je n'en doute pas, t'as servi pour aujourd'hui !

Le conseiller se rembrunit un peu avant qu'elle ne rajoute :

-Au moins nous avons un moyen de briser leur alliance. Kelton a précipité cette guerre pour prendre le pouvoir, nous allons révéler au grand jour qui il est réellement ! Si cela ne nous aide pas suffisamment, je brûlerais moi même Alcatram, assez que l'on mange mon Empire !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top