~7~ Fendalyn
-Alors ? Tu regrettes d'avoir accepté de me rejoindre ? Dit Sernec en haussant les sourcils avec un grand sourire, ses bras serrant ses genoux.
Ils étaient sur le toit d'un grand immeuble. Il n'y avait quasiment que des gratte-ciels sur Darkatras, comme sur tout l'Empire d'ailleurs, mais de temps à autre restaient quelques immeubles d'un autre temps qui avaient résisté à cette transformation il y a de cela quelques siècles. Il comportaient 17 étages mais c'était suffisant. Suffisant pour Fendalyn de prendre de la hauteur. De pouvoir projeter son regard. De scruter les passants de haut. Ils ressemblent à des fourmis, où vont-ils donc tous comme ça ? Leurs pas semblent si... ridicules, pensa-t-elle en riant.
-Ca te fait marrer ? Demanda son ami intrigué, en venant la rejoindre près des rambardes.
-Non Sernec, je regrette absolument pas ! Dit-elle en continuant de rire. Regarde ces gens, si je pouvais voir une de ses personnes qui se moquaient de moi, je pourrais l'écraser d'un pas !
-Ouais, c'est clair, les gens semblent si... pressés, occupés et de là haut toute cette... agitation, dit-il en montrant les environs de ses bras, semble ne servir à rien !
-T'as souvent l'habitude de venir ici ? Demanda la jeune fille tout en scrutant les passants.
-De temps en temps quand... les journées m'ennuient, quand j'ai envie de tout quitter d'un coup, je vais là et je prend un peu de recul. En haut de mon immeuble je vois tous ces gens et... je me dis que j'ai ma place aussi, d'une façon ou d'une autre. T'as jamais eu ce sentiment de vouloir fuir, de tout abandonner ?
-Des tas de fois... mais je repense à ma famille et je me dis qu'eux au moins, ils me considèrent. Ils me méprisent pas. Pas comme tous les gens de l'école.
Le garçon à la peau brune essaya de croiser le regard de Fendalyn avant de lui dire :
-Je te méprise pas moi.
Mais celle-ci semblait regarder quelques chose à l'horizon. D'un coup, elle blêmit et demanda :
-C'est normal qu'ils soient aussi nombreux ?
-De quoi ? S'inquiéta-t-il en voulant lui aussi voir ce dont elle parlait.
-Les vaisseaux... Ils sont... nombreux.
Alors Sernec les vit, plissa les yeux et d'une voix rapide commenta :
-C'est pas les vaisseaux de notre armée... Ils ont pas le "X" de Xandora...
Au fur et à mesure que les vaisseaux approchaient avec une vitesse folle, Sernec pu distinguer :
-Il y a peint un oiseau bleu enflammé sur fond bleu...
-C'est l'emblème des Follet ! J'ai vu ça en Histoire !
-On apprend pas ça en His...
-Je lis beaucoup, dit-elle simplement.
Sernec se concentra, prit une profonde inspiration et lui dit :
-Fendalyn, il faut qu'on redescende, c'est urgent ! C'est le Royaume de Midor qui nous attaque !
Mais sur le visage de Fendalyn des larmes apparurent :
-Mais mon père doit les combattre ?
-Mes parents aussi mais on peut rien faire à part se cach...
Puis une explosion se fit ressentir. Tous deux tombèrent à terre, le sol trembla un instant avant qu'un gratte-ciel au loin s'effondra sur lui même.
-Mais ?! S'étonna Fendalyn, le visage livide. Pourquoi ils attaquent des civils ?
Sernec lui prit alors le bras et l'entraîna vers l'escalier pour redescendre. Mais à peine eut il posé son pied sur la première marche qu'une secousse d'une violence inouïe les emporta. Fendalyn pu se retenir à la rampe mais son ami partit si vite que l'instant d'après elle ne le vit plus. A la place, une fumée ocre, qui s'échappait de l'immeuble.
-Sernec ! Cria-t-elle, desespérée.
Une main sortit alors de cette fumée pour la saisir. Elle hurla un instant avant de reconnaître la main de son ami. Puis son visage apparut, coloré par la couleur orangée de la fumée.
-Je me suis rattrapé un peu plus loin, c'est bon, allez on y va !
Elle ferma les yeux pour rentrer dans la fumée avant de les ouvrir un peu plus tard pour faire attention où elle marchait même si Sernec lui tenait fermement la main. Ses yeux brûlaient et lui ordonnaient de refermer ses paupières mais la jeune fille résista. Tout en descendant, ils entendirent des cris, des hurlements, des personnes appelant d'autre personnes, des bébés qui braillaient et des gens se disputer. Au bout d'un nombre incalculable de marches, un homme surgit devant eux, ce qui les fit reculer net. Il avait une paupière boursouflée tandis que le reste de son visage était en sang.
-Marie ?! Vous auriez vu Marie ?! Marie ! Marie !! Continu-t-il tout en les dépassant, s'apercevant que ce n'était pas Marie.
-Reste derrière moi, on va descendre au 7ème étage chez moi pour s'enfermer, on sait jamais ! Lui dit Sernec avant d'être prit d'une violente toux.
-Non ! Se fit entendre Fendalyn. Ma grand mère et mon petit-frère sont à la maison, papa m'avait dit de m'en occuper avant qu'il parte, j'aurais jamais dû partir j'aurais jamais dû les laisser, commença-t-elle à se reprocher.
-C'est la guerre dehors, ils tirent sur tout ce qui bouge, c'est trop risqué ! Dit-il tout en se dépêchant de descendre les marches.
-T'es pas obligé de me suivre, j'irais très bien toute seule !
Faîtes qu'il vienne avec moi faîtes qu'il...
Sernec ne répondit pas pendant ce qui parut une éternité à Fendalyn avant qu'il s'arrête pour se retourner et lui dire :
-Non, je vais avec toi, je connais un chemin sous terrain qui nous mènerait pas très loin de là où t'habites, ok ?
La petite fille acquiesça rapidement avant que Sernec sourit. Il se retourna et continuèrent leur marche. Cela dura cinq longues minutes alors même qu'ils se dépêchaient mais les étages étaient nombreux et la visibilité quasi nulle. Alors qu'ils se rapprochaient du rez-de chaussé, Fendalyn buta sur un obstacle avant de tomber sur son ami qui se tint fermement à la barre pour ne pas tomber à son tour.
-Qu'est ce qui se passe ? S'inquiéta-t-il en se retournant.
-Je sais pas, y'avait un truc dans l'escalier, dit-elle en se retournant à son tour.
En s'habituant à la fumée, leurs yeux purent observer ce fameux obstacle. C'était une femme qui était allongée en plein milieu, le regard vitreux et la chemise... La chemise pleine de sang oh mon Dieu !
Fendalyn était pétrifiée sur place tandis que Sernec affichait un visage de dégoût.
-Sernec, son sang coule jusqu'à nous, lui chuchota-t-elle.
-Inutile de chuchoter, elle doit être morte vu tout ce qu'elle a perdu, dit-il en réprimant l'envie de vomir.
Mais le regard de la femme bougea pour se fixer sur eux avant qu'un son ne sorte de sa bouche. Elle n'émit alors qu'un gargouillement d'où elle parut elle-même surprise.
-Fendalyn, on peut rien faire pour elle, ta famille, oublie pas ! Lui dit-il en la faisant sortir de sa stupeur. A nouveau, il lui prit sa main et elle pu enfin se détourner de cette femme pour s'enfuir.
Quand ils furent rendus au rez de chaussé, ils s'aperçurent que celui-ci était entassé par les habitants, comme s'ils s'étaient tous donné rendez-vous ici. Ils criaient plus fort les uns que les autres et les deux enfants purent voir une bagarre éclater, tout était dans un tel chaos que personne ne semblaient disposé à les séparer.
-Viens, on va au sous-sol, lui dit-il avant de continuer à descendre les marches.
Ils arrivèrent à un immense garage où toutes les voitures volantes des personnes de la résidence s'entassaient les unes à coté des autres. Sernec l'emmena vers une porte où il était marqué "issue de secours". Après l'avoir durement poussé, ils arrivèrent dans ce qui ressemblaient à des égouts.
-C'est ça, ton chemin souterrain ? lui demanda-t-elle en souriant tout en le suivant.
Sernec fronça les sourcils, comme s'il ne comprenait pas qu'elle puisse sourire dans des moments aussi graves.
-C'est vrai que la vue est pas aussi superbe que pour le toit, lui dit-il en se prêtant au jeu, mais regarde y'a une piscine au milieu !
Elle regarda l'eau verte s'écouler au centre du chemin et ne pu s'empêcher d'émettre un petit rire. Ils marchèrent ainsi pendant une demi-heure, Sernec devant et Fendalyn quelques pas plus loin, s'imaginant qu'elle traversait un jardin enchanté avec une rivière d'eau transparente et de la verdure de chaque côté, les arbres majestueux les recouvrant de leur ombre. Mais elle finit par émerger quand Sernec s'arrêta, regardant un mur courbé à sa gauche.
-Tu vois l'échelle ?
-Alors, c'est là qu'on reviendra à la réalité.
-Même d'ici, on entend les bombardements, maugréa-t-il avant de monter.
Alors elle tendit l'oreille et entendit les bruits sourds qui de temps en temps s'accompagnaient d'un brouhaha général. Tout le royaume a été rasé, pensa-t-elle, horrifiée. Puis elle rejoignit son ami et escalada les barreaux. Sernec, une barre au dessus d'elle, s'arrêta pour soulever péniblement la plaque en haut de l'échelle. Le son de la guerre les frappa alors de plein fouet. Des sirènes retentissaient, des bruits de missiles et des hurlements avant des explosions et parfois des gratte-ciel qui s'effondraient sur eux-mêmes. Sernec hésita alors en tenant la plaque et, jeta un œil inquiet derrière lui pour regarder Fendalyn.
-T'es vraiment sûre de...
-Sûre, confirma-t-elle, plus déterminée que jamais. Encore une fois tu peux rester ici mais moi j'y vais, je pars sauver ma famille, papa m'a dit de les protéger.
Voyant bien qu'elle ne renoncerait pas, il poussa alors la plaque sur le côté, et, très prudemment, se hissa à la surface. Fendalyn le suivit aussitôt et fut aveuglée par la lumière. Son ami l'entraîna alors sur le côté car ils étaient sur le bord de la route. Bien que les voitures volaient, elles passaient très près et les combats de vaisseaux se faisaient essentiellement sur ces voies. Frôlant les murs, ils se dépêchèrent, courbés, d'atteindre le gratte-ciel où habitait Fendalyn. Tout en courant, elle ne put s'empêcher de contempler ce désastre. C'est horrible, le ciel est rouge, il y a du feu de partout... Des... Des gens se jettent de leur gratte-ciel pour échapper aux incendies ! Parvint-elle à voir, les yeux écarquillés de terreur. Sur les rues, des vaisseaux et voitures gisaient, tel des carcasses abandonnées, le résultat de nombreuses collisions. Tout... Tout Darkatras est partit en fumée. Notre armée s'est fait balayer. Mon père... Oh pitié mon père où est-il ? S'alarma-t-elle, les larmes aux yeux alors qu'elle fonçait sur son ami qui s'était arrêté.
-C'est bon, Fendalyn, on y est ! Maintenant faut pas perdre de temps, vite !
Elle regarda néanmoins son gratte-ciel. Il y a des fissures sur le socle de fondation, remarqua-t-elle, alarmée. Et y'a de la fumée à certains étages, oh non, Lendalen, Doloron ! Alors elle reprit ses esprits et fonça vers le gratte-ciel. Elle s'apprêta à tendre son pouce sur le détecteur d'empreinte digital pour rentrer mais elle n'eut à se donner cette peine, les portes d'entrée étant ouvertes et éventrées. Quand ils s'y engouffrèrent, la première chose qui la frappa fut cette chaleur suffocante qui régnait à l'intérieur. Cela lui rappela l'immeuble de Sernec juste après les premières explosions.
-On habiteuuuuh, s'étouffa-t-elle avant de terminer sa phrase.
-Quoi ? Parvint à dire Sernec en la regardant.
Bon c'est pas grave il aura qu'à me suivre, conclut-elle en lui faisant un signe. Heureusement qu'on est au rez-de-chaussée si on était 100 étages plus haut on aurait pas tenu. Fendalyn longea le couloir pour atteindre son appartement mais quand elle voulu ouvrir la porte avec le boîtier digital, elle vit que là encore rien ne se fit. Dans les immeubles les plus pauvres c'est des clefs on aurait pas eu ce problème ! S'emporta-t-elle intérieurement. Elle voulu ouvrir la porte mais la poignée restait bloquée.
-C'est pas vrai foutue guerre de...
-Attend, laisse moi faire, le coupa Sernec avant de se jeter sur la porte. Celle-ci trembla mais ne s'ouvrit pas.
-Inutile c'est de la...
La deuxième fois fut la bonne, un mécanisme dans la porte finit par céder et celle-ci s'entrouvrit légèrement dans un deuxième temps.
-Les tremblements des bombardements m'ont avantagé sur ce coup, conclut-il modestement en tenant néanmoins son épaule endolorie.
Fendalyn le remercia grandement tout en se jetant à l'intérieur pour trouver sa famille.
-Doloron ?! Lendalen ?! Cria-t-elle car une fumée épaisse recouvrait les appartements. Quand ses yeux s'habituèrent à ces conditions, elle pu distinguer sa grand-mère assise sur le même fauteuil depuis que Fendalyn était partie ce matin. En s'approchant avec crainte, elle constata que l'on voyait anormalement ses veines sur sa peau, que ses yeux semblaient vitreux tandis que sa bouche formaient un grand O monstrueux qui la terrifiait. Elle n'eut besoin d'avantage pour comprendre et détacha ses yeux de cet horrible spectacle pour chercher du regard Doloron non sans une appréhension qui l'aurait cloué au sol si elle ne résistait pas pour chercher son petit-frère.
-Fendalyn, au fond, là ! Pointa du doigt son ami tout en se couvrant la bouche de son T-shirt.
En effet au fond de la pièce, dans un coin près de la fenêtre se tenait à même le sol l'enfant de 5 ans qui semblait inerte. Alors elle couru vers lui, la rage au cœur, et le porta dans ses bras. Sa sœur porta vivement son oreille sur son torse et au bout d'un temps qui lui semblait affreusement long, elle entendit un battement.
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