~2~ Alistair

Il ne bougea pas. Sa tête tremblait légèrement, d'une façon quasiment imperceptible. Son regard fixait désespérément le sol en marbre. Sa cape noire semblait protéger son hôte de regards extérieurs. Le regard était celui d'Oswalda. Elle pouvait voir à travers la pénombre. Elle pouvait voir même en fermant les yeux. Elle savait lire les gens. Mais Alistair avait toujours été un mystère. Elle me pousse à bout... M'humilie... Me torture mentalement... Tout ça pour quoi ? Elle aurait pu me jeter aux lions depuis longtemps. Mais même après avoir retourné le cerveau de feu mon empereur, elle voulait me garder quand lui me jetait. Après avoir tué Walden Mormaint, pourquoi me garder ? Mes conseils lui sont-ils si utiles alors qu'elle sait que nous divergeons sur la plupart des sujets et que je contrecarre ses plans ? Elle veut après la torture que je lui sois éternellement reconnaissant... Que je la craigne pour lui obéir... Mais pourquoi autant d'efforts pour me garder oh bon dieu pourquoi pourquoi des innocents meurent par sa faute et l'intermédiaire de la mienne Eldane sous mes yeux elle voulait même que je la tue que je...

-Par pitié, tu vas pas te mettre à larmoyer tout de même ? Lâcha-t-elle d'un ton de dégoût, interrompant les pensées de son conseiller. C'est elle, qui te met dans cet état ? Dit-elle en se levant, montrant d'un doigt le corps de la scientifique reposant à quelques mètres seulement d'Alistair.

Celui-ci releva péniblement la tête, lui montrant ses yeux secs mais son regard foudroyant. Que je te tue et tu seras dans le même état qu'elle. L'Impératrice soutint son regard et paru satisfaite. Puis elle descendu lentement les marches, s'arrêtant à la dernière pour surplomber le conseiller sénateur.

-Mes amis, dit-elle aux gardes, débarrassez-moi de ce corps, rendez-le à sa famille ou que sais-je. Elle a conspiré contre l'Empire pour Alcatram. Puis elle regarda les soldats et conclu d'un ton sec. Virez moi ça et quittez tous la salle. Certains soldats se regardèrent, intrigués, mais n'osèrent émettre de commentaires. Une fois que les gardes furent partit avec le corps d'Eldane, la femme aux cheveux roux regarda ensuite Alistair pour lui dire :

-J'ai bien vu comment tu n'osais la regarder. Elle comptait autant pour toi ? Arrête, ça en devient ridicule.

Serpent.

Asterian descendit la dernière marche pour rejoindre lentement son conseiller. N'y tenant plus, il lui demanda d'un ton qui se voulait le plus neutre possible mais qui contenait toute la rage d'un homme qui venait de perdre un projet, une personne et dont l'avenir s'obscurcissait.

-Pourquoi faites vous ça ?

-Faire quoi ? Demanda-t-elle innocemment, s'arrêtant à un mètre de lui.

-Vous savez très bien que les processus de construction de fusées et de planifications de voyages sont entrain de commencer, lâcha-t-il. La tuer ne sert à rien, le peuple vous le pardonnera jamais, pas après les promesses de l'Empereur...

-L'Empereur est mort, le coupa-t-elle sèchement. Que tu le veuilles ou non, il faudra t'y faire. Et je te l'ai déjà dit Alistair, le peuple voit bien qu'il n'est pas question de fuir cette guerre. C'est vraiment ce que tu veux ? D'autant que tu sais déjà que seul l'élite sera sauvé, la majorité crèvera sur cette boule de terre, abandonné de tout décideur politique. Abandonné à ce chien de Kandall. C'est cela...

-Le plus grand nombre sera sauvé, on n'a guère le choix.

-Tu sais au moins s'il y a d'autres planètes habitables, conseiller Ormond ?! Clama-t-elle, rompant avec son calme traditionnel. Qui te dit que tes sois disant survivants xandoriens erreront dans une boîte de conserve pendant des années avant de finir par mourir d'asphyxie ?!

Alistair pensa aux vidéos restées sur la tablette d'Eldane et ses images de géant sur des montagnes. Cette technologie crée par une civilisation plus avancée que la nôtre... Oui il existe des vies venues d'ailleurs... Et donc des planètes habitables.

-Ce serait mal connaître notre technologie, d'autant qu'elle s'est dotée de l'aéronef capable de...

-Je me fiche de ton aéronef, Alistair. Pour la première fois, le conseiller sénateur vit l'Impératrice désemparée. Je ne veux pas quitter ma planète, tu comprends ? Je ne veux pas...

Elle tenta de regarder autour comme pour lui montrer la pièce avant de rajouter en tendant les bras :

-Je ne veux pas que tout ça s'effondre. Que tout ce qu'on construit mes ancêtres... disparaisse. Parce qu'on a été trop lâche pour affronter la situation.

-Oswalda, dit-il d'un ton plus assuré en s'avançant vers elle. Si tu ne veux pas que tout ça s'effondre, il faut que tu écoutes la politique de Kandall. Sur le point de vue environnemental.

Le sénateur semblait peser chacun de ses mots avec précaution tout en s'avançant vers elle.

-Ca va être dur, mais c'est parce qu'on en est arrivé à un stade où il faut cesser toute activité polluante si on veut respirer dans les prochaines années. A ce rythme, nos enfants auront tous des maladies et si on reste mais qu'on ne fait rien, les prochaines générations si ce n'est la nôtre verront l'effondrement de notre société. On en arrivera au même point, Oswalda.

Il s'arrêta à quelques centimètres d'elle, guettant sa réaction. J'ai posé mes cartes. Il faut que ça paye, même si je sais que je risque gros mais je ne peux continuer dans cette situation. L'Impératrice regarda longuement son conseiller, ses yeux ne cessant de bouger vers le visage d'Alistair. Puis son regard se stabilisa sur le sien avant qu'elle fasse elle aussi un pas vers lui. Alors elle se pencha vers Alistair, le tenant par les épaules et rapprocha ses lèvres vers son oreille. Le sénateur se tendit, redoutant chaque intervention se pouvant imprévisible de la femme habillée de blanc et rouge.

Mais celle-ci lui dit à voix basse, comme l'on confierait un secret :

-C'est trop tard. C'est le gouvernement de Walden qui a précipité les choses en tuant Aldresdane. Maintenant c'est la guerre et toute tentative de discussion se solderait par un aveux de faiblesse, tu comprends ?

Puis elle insista sur chaque mot :

-Il faut... Terminer... Cette guerre. Montrer que notre position est la meilleure. Si la situation sur les maladies n'évoluent pas alors... On reparlera des missions vers d'autres planètes. Mais pas maintenant, et ne propageons pas cette idée.

Puis elle se redressa en le tenant toujours par les épaules, le regardant droit dans les yeux.

-Est-ce que tu seras avec moi jusqu'au bout dans cette guerre ?

Puis devant le mutisme d'Alistair qui essayait d'analyser cette situation et de digérer les révélations accablantes d'Oswalda, celle-ci insista :

-J'ai besoin de toi. Vraiment.

Mais en quoi ? En quoi te suis-je utile ? Parce que je suis influent et que les membres du gouvernement ne se sentent pas inquiets s'ils me voient jeté dans les geôles du palais ? Cette tentative d'intimidation ne marchera pas avec moi. Mais j'ai bien peur qu'il faut que je fasse avec. Dans son regard, Alistair vit avec effroi que l'Impératrice ne saisissait pas les enjeux de cette pollution. Elle ne comprends pas. Ne veut pas comprendre. Tout ça pour des principes d'aveux de faiblesse. Et c'est comme ça qu'on risque de mourir. En refusant d'admettre des erreurs même si ce ne sont pas nous qui les avons commit. Tout ce qu'elle veut, c'est s'agripper à son trône. Le défendre bec et ongles pour rendre fier une lignée d'ancêtres tous retombés à la poussière. C'est sur cela qu'on risque de mourir avec elle. Mais je m'y refuse.

Le silence s'étira longuement, mais Alistair cru sentir qu'Oswalda allait lui dire quelques chose d'autre après une brève hésitation mais la grande porte de la salle du trône résonna. L'Impératrice regarda une dernière fois Alistair avant de clamer en direction de la porte :

-Entrez, faites- donc !

La lourde porte avait à peine le temps de s'entrouvrir que Hidro, le ministre de la guerre qui ne devait son poste qu'à Oswalda même quand celle-ci n'était pas Impératrice s'avança d'un air affolé vers elle avant de s'arrêter à un mètre pour abattre les mains d'un air désolé. Asterian se détacha d'Alistair pour faire parler son ministre d'un air interrogatif.

-C'est affreux, Votre Altesse !

-Abrégez, Hidro, vous savez très bien que je déteste que l'on me fasse attendre !

-Ma Dame... On aperçoit de la fumée sur Nysteria selon nos navires les plus proches. Tout est en feu selon nos sources... Toutes les usines... Toute notre économie...

-Kandall a une technologie suffisamment puissante pour réduire à néant les usines de tout Nysteria ? S'étonna-t-elle, perplexe et en proie au plus furieux doute.

-Justement... C'est pas sa technologie...Nos... Nos sources affirment bien que ce sont des vaisseaux et une flotte de guerre midorienne qui auraient incendié le continent !

Alors le visage de l'Impératrice se décomposa et Alistair pu y voir la fureur la plus sombre se refléter dans ses pupilles.

-Kelton. Ainsi il nous a trahit. Il brûlera comme tous les autres.

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