~17~ Renald

Tous se regardèrent, ne sachant que faire après s'être rendu compte que l'homme en face d'eux était Renald, la personne la plus recherché de tout Xandora. L'ancien médecin baissa la tête, regardant celle qu'il avait sauvé avant de soupirer de façon résigné. Les villageois de Metenor commencèrent à discuter entre eux, d'abord à voix basse puis des exclamations se firent entendre. Ils ne semblaient pas d'accord de ce qu'ils allaient faire de lui. Me voilà un piètre fugitif, pensa-t-il accablé. Une semaine aura suffit pour me faire démasquer par tous. C'est alors qu'une voix chevrotante s'éleva parmi eux.

-Vous songez sérieusement à le livrer à cet Empire destructeur ? 

Jeff Mortenbin s'avança péniblement dû à son âge avancé à l'aide d'une canne. L'hôte de Renald chargé par Alistair de le protéger s'arrêta au milieu de la foule et s'exclama : 

-Regardez-vous ! Depuis quand nous nous soumettons à l'Empire ? A t-on peur d'eux maintenant ? 

-Tu dis ça car c'est toi et ta femme qui l'hébergez ! Dénonça une jeune femme que Renald reconnut pour être la concierge de leur immeuble qui lui avait ouvert la porte, méfiante. On a dû grassement vous payer pour qu'il continue à vivre caché !

Certains approuvèrent et demandèrent des explications.

-Oui, c'est vrai, on l'héberge, avoua-t-il suscitant de vives réactions. Peu importe l'argent qu'on touche, le protéger nous fait agir pour une cause plus importante que nos simples vies. Cet homme... dit-il en le désignant, cet homme peut mener l'Empire à sa chute. Il est tout ce que cet Oswalda déteste, il n'a cessé de dénoncer cette pollution qui nous décime tous par cette maladie au sang noir ! Il a montré qu'il fallait changer notre mode de vie et que l'importance n'était finalement pas de se livrer une guerre entre nous mais contre cette pollution en prenant des mesures radicales ! Pour avoir montré les failles de Xandora il a été jeté en prison voué à une mort certaine... Les villageois le regardèrent alors d'une façon moins soupçonneuse avant que Jeff ne continue. On l'a fait évader pour une raison : qu'il continue de prêcher la vérité afin de faire prendre conscience à VOUS que vous pouvez changer les choses afin que VOS enfants puissent vivre dans un monde meilleur !

Le silence retomba alors et personne n'osa émettre d'objection. Renald, par cette description sur lui, semblait dépassé par la tâche qu'on lui confiait mais essayait surtout de ne pas montrer la moindre faiblesse pour s'en sortir. Tu t'es déjà suffisamment mit dans une situation complexe pour en rajouter.

-Alors ? Redemanda celui qui l'avait accueillit. Voulez-vous toujours le livrer aux autorités ? Si vous faites cela, soit mais je vous garantie que vous porterez toujours cette culpabilité d'avoir trahit vos propres valeurs !

Ses yeux foncés les regardèrent tous intensément avant qu'un homme chauve couvert de tatouage ne prenne la parole :

-J'ai un sous-sol chez moi. On ne peut y avoir accès que par une porte que je garde caché. Il jeta alors un œil vers Renald avant de rajouter : il pourra y rester le temps que l'armée fouille les lieux !

-On sait maintenant où tu cachais tes récoltes superflues ! S'esclaffa son voisin.

Jeff posa alors sa main sur la nuque de l'homme qui cacherait Renald avant de lui dire :

-Merci Clovis, tes actes ne seront pas vains. 

La jeune fille que Renald avait soignée s'était levée et s'approchant vers lui, lui dit avec une légère grimace :

-J'espère que vous réussirez. Histoire qu'on ne meurt pas pour vous inutilement.

Ne sachant quoi répondre à cela, il se contenta de remercier discrètement Jeff d'un hochement de tête avant de serrer la main du dénommé Clovis qui sans perdre de temps l'amena chez lui. En effet arrivé dans sa cuisine, celui-ci tira son four pour pouvoir débrancher et retirer son frigo avant de révéler une fine découpe dans son papier peint. Prenant une clef, il ouvrit cette porte fondue dans le mur et l'invita à le suivre où ils descendirent un escalier avant de se retrouver dans un sous-sol qui devait faire la taille de son appartement et où des sacs entiers de farines s'y trouvaient. 

-Si on survit à cela, vous éviterez de parler de ce que vous avez vu. C'est pour les jours difficiles, vous comprenez, dit-il en évitant de le regarder. Et puis c'est moi qui le récolte ce...

-Vous en faite pas, je suis pas là pour ça. La cause que vous défendez est bien plus grande que tout cela, le coupa-t-il en le regardant d'un air convaincu dans les yeux. C'est l'heure de jouer ton nouveau rôle de prêcheur. Ces gens doivent à présent t'écouter sans douter de tes paroles. Pas le droit à l'erreur. Clovis hocha la tête d'un air entendu avant de lui tendre ses clefs.

-Vous seul les avez, personne ne pourra ouvrir de l'extérieur ! Il le regarda alors un moment puis lui posa une main sur son épaule et fini par sortir, Renald refermant derrière lui.

Une fois seul, il pu se laisser aller à toutes les pensées qu'ils tentaient de refouler jusque là. Alistair avait donc un plan pour moi. Il ne se contentait pas juste de me sauver la vie par bonté d'âme. Jeff était dans la confidence. Je dois mener des foules à se soulever contre l'Empire. Il ne pu s'empêcher d'émettre un rire. Juste ça. Pourquoi ne m'a pas t-il prévenu ? A moins que Jeff ai dit ça dans l'unique but que les habitants de Metenor ne me jette pas aux soldats de l'Empire. Le médecin déchu regarda un moment un jet de lumière qui sortait de la pièce avant de se dire : de toute façon si je survie j'ai une dette envers ces habitants. Et c'est le meilleur moyen de rendre hommage à ma profession que d'éviter à tous de se faire tuer si ces usines seront reconstruites et que l'on continue à vivre ainsi. Puis il reporta à nouveau son attention sur la lumière et s'intéressant à sa provenance marcha dans sa direction. Il découvrit alors derrière un tas de planches callées contre le mur un trou en hauteur recouvert de barreaux donnant sur la rue. De là, discrètement, il pouvait voir l'armée de Xandora marcher dans la rue principale. Rien qu'avec le bruit, il pouvait constater les soldats tambouriner aux portes d'immeubles avant de les enfoncer pour se précipiter dans les appartements. Certains criaient, alors pour les faire taire ils n'hésitaient pas à tirer en l'air. L'immense majorité des habitants étaient au courant de l'endroit où était Renald, ils n'opposaient donc pour la plupart pas de sérieuses résistances. 

Cela dura plusieurs heures, à certains moments des soldats marchaient si près de cette fausse bouche d'égout d'où pouvait voir Renald qu'il recula de crainte de se faire repérer. Sa respiration était un vacarme assourdissant à ses yeux bien qu'il ai conscience que c'était ridicule. Personne ne pouvait l'entendre de la rue et encore moins le voir. Il faudrait ramper contre le trottoir pour le discerner dans l'obscurité. Il replongea alors dans ses pensées et se souvint du chauffeur qui l'avait amené à Metenor. Il lui avait posé beaucoup de questions et Renald naïf et peu habitué à cette nouvelle vie de fugitif avait dû trop éveillé les soupçons. Qu'est ce que tu lui avait dit déjà ? Réfléchis, réfléchis, réfléchis ! Ah oui ça me revient... Je lui ai révélé que j'étais un ancien médecin. Un ancien médecin qui quittait à ce moment là l'hôpital où j'exerçais à Delaria ne peut qu'être suspicieux. Il a dû alerter les autorités de l'Empire. Les alentours de l'hôpital devait déjà être surveillé, ce ne serait pas étonnant. Une fois que l'après-midi fut passé, les soldats repartirent d'où ils étaient venu, laissant les habitants vaquer à leurs habitudes. Déjà ? Bon, tant mieux, pensa-t-il avant d'attendre une heure au cas où avant que l'on toque à la porte. Méfiant, il ne dit mot avant d'entendre la voix de Clovis.

-Renald, c'est moi Clovis, ils ont finit par lâcher l'affaire après avoir retourné le village !

De toute façon si c'est un piège je ne peux fuir nul part, consata-t-il avant d'aller ouvrir la porte. Clovis le serra par les épaules, ce qui sans doute les surprit tous les deux. Derrière Clovis se trouvaient Jeff et Veronica. Le fugitif ne put s'empêcher de les serrer à leur tour dans ses bras avant de laisser échapper à l'intention de Jeff :

-Dites donc, vous m'aviez caché vos talents d'orateurs ! 

-C'est une des raisons pour laquelle on t'a confié à nous ! Lui répondit-il en souriant.

Mais il ne put s'empêcher de remarquer le visage triste de Veronica.

-Que se passe-t-il ? Demanda-t-il en les regardant.

Jeff prit à son tour une mine sombre mais c'est Clovis qui prit finalement la parole.

-On ne peut plus te garder longtemps parmi nous, Metenor a déjà été fouillé, ils continueront de nous surveiller, le risque est trop grand pour toi, tu dois partir.

Renald accusa le coup car il avait appris à connaitre Jeff et Veronica et venait tout juste de rencontrer Clovis. Cela doit être ça, la vie de fugitif.

-Vous avez raison, dit-il simplement. Merci pour tout, en tout cas. 

-Tu peux passer la nuit ici, partir maintenant serait aussi dangereux, se risqua à dire Veronica, les rides de son visage accentuant sa tristesse.

Renald hocha la tête, non content de pouvoir passer un peu plus de temps avec eux avant de les rejoindre pour retrouver sa chambre. Ils passèrent donc sa soirée avec ses deux personnes âgées qui lui redonnaient le sourire, lui qui n'avaient pas vraiment connu ses parents. Qui ne les avait pas vu vieillir. Pour continuer à rester discret, il passa sa journée chez eux, ayant prit la décision de partir la nuit. Après avoir prit son dernier repas avec eux, il s'apprêta à faire ses affaires quand on sonna à la porte. Veronica ouvrit alors prudemment mais Renald pu apercevoir Clovis qui ayant croisé son regard lui annonça, essoufflé : 

-Il y a... Il y a ta... Une jeune fille qui est venu dans le village, elle dit être ta fille. Je sais pas si c'est prudent après tout...

Le monde autour de lui disparut alors l'espace d'un instant laissant ses souvenirs l'envahirent dans une explosion où les images de sa fille se succédaient, repensant à celle qu'il n'avait pas vu depuis des années, depuis qu'ils ne se parlaient plus. 

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