~16~ Mordacus

Casque sur la tête, il inspectait sur un vaisseau les immenses chantiers qui s'étalaient principalement aux endroits qu'occupaient jadis les usines. À côté de lui sur la banquette arrière se tenait Vermien sa fille de 17 ans qui admirait cette vue de haut. Les usines étaient peu à peu remplacées par des logements plus vastes, s'étirant moins en hauteur et par de larges bandes de terres.

-Ces terrains que tu voies là seront d'immenses jardins et des forêts, Vermien ! Lui dit-il en lui montrant du doigt.

-Ça va être magnifique papa ! S'écria-t-elle. Enfin j'imagine, j'ai jamais vraiment vu ça.

-Tu vas voir, l'air que nous respirons sera bien meilleur. La vie que nous aurons, rajouta-t-il, sera bien meilleure.

Sa fille, qui avait perdu cet habitude, souria, rêvant d'un futur qui semblait accessible grâce à cette nouvelle vie.

-Et tout cet argent, il vient d'où ? Demanda-t-elle, s'intéressant de près au nouveau rôle de son père.

-C'est une très bonne question. J'ai dû considérablement utiliser la trésorerie de Nysteria, mais cela sera rentable, crois-moi. Les commerces aideront grandement et chacun dans ces chantiers construit son avenir, tous profiteront de ce ne nouveau climat et de ces nouvelles conditions, crois-moi ! Puis il finit par rajouter avec un sourire : ah et Kelton m'a certes un peu aidé !

-Ah je m'en doutais, dit-elle en riant, tu lui dois beaucoup !

-Oui je sais que je pourrais rien faire sans...

-Non c'est pas ce que je voulais dire, se reprit-elle, ces projets que tu entreprends c'est toi et non Kelton qui les a fait ! C'est grâce à toi s'ils pourront bénéficier de parcs, d'espaces vivables !

Son père souria alors avant de l'embrasser sur le front.

-Merci de me soutenir. Et de t'intéresser à ce que je fais car en tant que Roi et toi aînée de mes enfants tu reprendras sans doute mon travail un jour !

Sa fille souria, plus respectueusement qu'autre chose avant de lui dire :

-Je sais pas si je serais la meilleure à reprendre ce rôle. Je veux dire, y'a d'autres personnes qui doivent être beaucoup plus motivées que moi, qui doivent avoir de meilleures idées que moi, je sais pas si je serais assez légitime pour gouverner autant de mondes...

-Mais tu as le meilleure des professeurs, être au cœur du pouvoir à ton âge ne peut qu'être formateur !

-Écoute, je suis ravi que tu nous diriges, c'est mieux que l'autre pourriture de gouverneur de l'Empire mais... après toi ou quand tu en auras marre, tu pourrais faire comme à Alcatram ?

Le vaisseau, ayant finit le tour des principaux chantiers, se posa sur le toit de leur palais. Mordacus et sa fille sortirent du vaisseau avant que Vermien n'insiste :

-Tu sais, ils ont un système de république, là bas ! C'est le peuple qui choisit la personne qui les dirige pour une certaine durée, ce serait plus juste de faire comme eux, tu crois pas ?

-Écoute, dit-il en se rapprochant vers elle. Ce n'est pas moi qui dirige ce genre de choses. Je fais partie de l'Empire de Kelton. Je... je pourrais lui en parler, si tu veux... que Nysteria élise ses Rois suivant une liste approuvée par l'Empereur, pourquoi pas ! Mais je ne peux rien te garantir et sache que dans un premier temps je garde le pouvoir jusqu'à ce que mon entreprise soit menée à bien. Jusqu'à ce que les forêts absorbent cette pollution et que nos citoyens aient un niveau de vie qui leur soit digne.

-Je sais, je sais, s'empressa-t-elle de dire avant de tousser dans son coude.

-En attendant, profite de notre piscine ! S'écria-t-il avant de l'emmener doit vers des marches qui descendaient vers une somptueuse piscine à débordement sur leur toit, offrant une vue sur l'océan.

Vermien ne pu s'empêcher de se réjouire avant d'enlever sa veste et de courir vers l'étendue d'eau.

-Tu devrais peut-être te mettre en maillot de...

Mais trop tard, elle avait plongé. N'ayant nager que dans l'océan depuis petite, elle pu profiter de cette nouvelle eau qui ne lui piquait pas les yeux. C'est alors qu'un de ses gardes qui était constamment dans le palais pour sa sécurité sortit de l'ascenseur menant au toit terrasse avant de venir jusqu'à lui.

-Qu'y a-t-il ? Devança le Roi de Nysteria.

-Votre Altesse, votre femme et votre fils vous attendent à l'Hôpital royal.

-Que se passe-t-il ? Demanda-t-il, inquiet.

Devant le regard désemparé du soldat, il se contenta de laisser tomber avant de revenir dans le vaisseau.

-Attendez, il vous faut un chauffeur ! Hurla le soldat.

Au diable ces conneries de vie de châteaux, pensa-t-il avant de démarrer la navette. Celle-ci décolla pour rejoindre l'hôpital de la capitale Centarkès se situant à 5 minutes du palais. Des vaisseaux de la garde le suivirent peu de temps après pour surveiller leur Roi. Morsacus arriva néanmoins en premier, rentrant dans l'hôpital et demandant à voir son sa femme et son fils.

-Vous êtes le Roi Mordacus Daranéon, le Roi ouvrier ? On est tellement heureux que vous ayez pu prendre le pouvoir, vous faites partie du peuple, vous savez...

-Ma femme et mon fils, la coupa-t-il, aux bords des nerfs.

Huit soldats arrivèrent derrière lui au pas de course.

-Votre Altesse...

-Très bien, escortez-moi, mais je veux voir ma famille !

-Chambre 705, Votre...

Mordacus était déjà partit pour rejoindre la chambre. Arrivé à la porte de celle-ci, il fit un signe aux soldats de rester dans le couloir. Ceux-ci n'insistèrent pas et le laissèrent entrer.

-Chérie ? Dit-il en apercevant sa femme au chevet du lit.

Angelica se retourna, les yeux rougis par les larmes, révélant son fils de 8 ans allongé, inconscient.

-Que lui est-il arrivé ? S'alarma-t-il en se précipitant au côté de sa femme, son regard fixé sur Zouir. Un accident ?

-Non, dit-elle entre deux sanglots. Il... Elle souleva alors la couverture et le haut de son fils pour révéler d'immenses  veines noires qui allaient du ventre jusqu'au cou.

-Que... La maladie ?

Angelica hocha la tête avant de s'effondrer en larmes, tenant fermement la main de leur fils. Oh mon dieu.

-Je l'ai vu. Après notre premier festin, Zouir avait mal au ventre. Les tâches noires sur la cuvette c'était bien... c'était bien ça, j'aurais dû m'alarmer et ne pas prendre de risque... J'aurais dû lui faire faire une consultation !

-Quoi ? Lâcha sa femme en se redressant, ses cheveux collées à son visage. Tu le savais et tu n'as rien dit ?

Sa voix était vibrante, menaçante.

-Non, je ne... je ne savais pas et j'ai oublié. On était si heureux la première fois depuis si longtemps, j'ai cru que c'était sa diarrhée enfin j'imagine...

-Tu me prends pour une idiote ? Demanda-t-elle sèchement. Ça ne ressemble en aucun cas...

-Chérie je t'en prie, Zouir... lâcha-t-il en caressant le visage couvert de sueur de son fils. Que disent les médecins ?

-Ils n'ont pas trouvé de solutions à cette maladie... C'est partout pareil, ça touche tout le monde et 95% n'en survivent pas...

-Oh mon dieu mon dieu mon dieu, laissa-t-il échapper en tombant à genoux, un nœud lui compriment le ventre d'une douleur insoutenable.

-T'as intérêt à ce qu'il s'en sorte, lui dit-elle en déglutissant, évitant de regarder son mari.

-Évidemment que j'ai intérêt à ce qu'il s'en sorte, peu importe ce que tu me dis ! Cria-t-il, la voix enrouée en se tournant vers Angelica.

Devant le mutisme de celle-ci, il fit un effort pour se relever bien que ses jambes tremblaient et avant de quitter la chambre, le dos tourné vers sa femme et son fils, il dit :

-Je vais annoncer la nouvelle à Vermien.

Quand il ferma la porte, les soldats comprirent et ne dirent mots, se contentant de l'emmener vers son palais. Dès qu'ils arrivèrent, il entendit sa fille qui s'amusait toujours dans la piscine avec d'autres amies qu'elle avait ramené.

-Votre Altesse je suis confus, s'empressa de dire un garde. Il en allait de ma responsabilité de faire attention à ce que personne n'entre au palais sans votre accord cela ne se reproduira plus je vais...

D'un geste de la main, il l'interrompit.

-Non, laissez vraiment. Elle s'amuse. Elle a le droit de profiter encore un moment.

-Bien, mon Roi, dit-il en inclinant la tête.

Quand Mordacus s'avança vers la piscine, il s'aperçut que la veste de Vermien était toujours au sol, jeté à la hâte par sa fille avant de plonger. Un détail l'alarta mais il ne sût quoi. En ramassant sa veste, il s'aperçut que l'une des manches comportait une tâche noire. Il revit alors le moment où elle avait toussé dans son coude après être sortit de la navette.

-Papa t'es là ? Cria sa fille, l'apercevant. Ça te dérange pas que j'ai ramené des amies. Je savais pas où t'étais alors...

Puis elle cria quand une amie l'aspergea d'eau avant d'éclater de rire. Qu'est ce que j'ai fait pour mériter un destin pareil ? Pensa-t-il, le visage désemparé, encore sous le choc. Prenez mille fois ma vie mais pas celles qui me sont le plus chères. Oh pitié...

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