~5~ Alistair
Je suis son sénateur, son plus proche conseiller. En temps normal, je ne devrais pas être aussi proche de l'Empereur, je suis Sénateur et non conseiller. Mais le Sénat a été corrompu et est à la solde de l'Empereur depuis Jerald Mormaint. Alors je sers l'Empereur... Depuis 10 ans. Je ne l'ai jamais déçu. Je l'ai toujours servi sans intérêt personnel, sans plan lié à mon profit. Et c'est pour ça qu'il m'a choisi comme plus fidèle conseiller. Alors pourquoi Walden est aussi aveugle avec Oswalda ?
Alistair, toujours avec son long manteau noir, pensait à tout ça à bord de son vaisseau privé, regardant à travers sa vitre l'immense cité de Térébor : la capitale de Xandora. Il volait entre les grattes ciels, ceux-ci atteignaient des tailles phénoménales, certains culminaient à 1 lieue au dessus du sol.
Il est aveugle sans doute à cause de l'amour paternel qu'il lui porte. Mais tout ce qui l'intéresse à elle, c'est de prendre sa place...
Ce n'est pas une image quand on dit que vous vous élevez dans la société. Plus on est riche, plus on habite à un étage élevé. Les plus pauvres habitaient au rez-de-chaussée, dans la crasse, l'urine, les matières fécales et l'odeur de pollution qui brûlaient vos poumons.
Aldresdan n'était pas si sot que ça. Moins sot que ceux qui l'ont assassiné. J'ai tenté de m'interposer, mais je n'étais pas de taille. Je savais que cet assassinat conduirait à une guerre dont nous avions nullement besoin.
-Vous êtes arrivé à destination, Monsieur le Sénateur ! L'avertit son chauffeur en se retournant.
-Merci, Sernec.
Alistair sortit du véhicule pour atterrir dans le hall d'accueil des visiteurs. Il connaissait le chemin. L'ascenseur, 66ème étage : la salle de crise. Quand il arriva au bout d'un temps qui lui sembla une éternité, tous les plus proches conseillers de Walden Mormaint étaient là, réunis autour d'une table. Il y avait bien sûr Lorstair Varen, le conseiller militaire de l'empereur : un vieil homme avec une fine barbe blanche. Vu que cela faisait 170 ans qu'il n'y avait eu aucun conflit, Lorstair avait passé sa carrière à rassembler une armée et à l'entraîner. Ni plus ni moins. Il n'a aucune stratégie militaire. Mais la personne qui heurta Alistair Ormond fut Oswalda, assise à la droite de l'empereur, ses yeux pétillants et un sourire qu'il savait sincère. Comme elle doit être heureuse d'être désignée comme l'héritière de Walden, son plan voit enfin le jour. Le sénateur savait que ses compères n'aimaient guère voir de femmes prendre des décisions. Oswalda était d'ailleurs la seule à être conviée à cette réunion de crise. On doit lui reconnaître qu'elle est plus maligne que tous les autres, elle n'aurait pas pensé à assassiner publiquement le président d'Alcatram. L'empereur était adossé sur son fauteuil roulant, toujours aussi fatigué, mais Alistair put remarquer un léger sourire quand son regard croisa celui d'Oswalda.
-Alistair, on n'attendait plus que vous, vous êtes en retard ! Commença la nouvelle héritière de Xandora.
-Je ne reçois des remarques que de notre empereur, répondit Alistair en s'inclinant légèrement avant de s'installer en bout de table, à l'extrémité de Walden Mormaint.
-Nous pouvons dès à présent commencer, déclara l'empereur de sa voix gutturale. Comme vous le savez tous, Aldresdan, le président d'Alcatram à été assassiné par l'un de nos gouverneurs : Desnar Kallangue ! Nous tentons de réparer les torts qu'il a commis, à savoir une possible guerre avec Alcatram ! Gornec, votre rapport ?
Un homme chauve s'éclaircit alors la voix et déclara :
-Nous savons que son fils : Kandall Torcatram, s'est présenté aux élections avec comme projet de continuer celui de son père, à savoir stopper la pollution. Il prévoit également de venger la mort de son père... En nous déclarant la guerre !
Un long silence se fit alors, personne ne fit mine de feindre la surprise. Tous savait que c'était prévisible. Alors pourquoi l'avoir assassiné, pensa amèrement Alistair, Desnar a porté le couteau, mais vous êtes tous dans le complot.
-Quelles sont les chances que Kandall soit élu, avons nous des sondages ? Intervint Alistair Ormond.
-Je ne vous garantis pas leur fiabilité, mais ses électeurs seraient autour de 40% de la population d'Alcatram, répondit Gornec.
-Il y a forcément un candidat qui ne veut pas de cette guerre, avons nous un profil ? Demanda le conseiller militaire Lorstair.
-Son principal rival est Dermestan, lui dit-il. Il aurait 22% des voix, mais là encore, je dois vous dire que les sondages ne sont pas très fiables.
-Autrement dit on est bon pour la guerre, conclut Lorstair.
-Dans ce genre d'élection, il y a bien un second tour ? Demanda Alistair.
-Oui, c'est cela.
-Avez-vous des donnés sur le nombre d'électeurs qui sont réticents à une guerre ?
-En effet, lui dit Gornec en souriant. Ils seraient autour de 45%. Les Alcatramiens sont lassés de vivre sans aucune technologie et d'être écartés du monde.
-C'est insuffisant, reprit Lorstair.
-Oui... Mais là on a nos chances, lui répondit Alistair en regardant tout ceux réunis autour de la table.
-Expliquez-vous, lui dit l'empereur en fixant le Sénateur.
-Kandall va sûrement passer au second tour, je pense qu'on peut être tous d'accord sur ça. Mais si son concurrent Dermestan passe aussi, il aura vraisemblablement 45% des voix contre 55 pour Kandall. À nous de soutenir Dermestan et de favoriser son élection. Si on arrive à convaincre 6% des Alcatramiens...
Il tapa alors du poing sur la table.
-On évite cette guerre !
-C'est un scénario optimiste, dit malicieusement Oswalda.
-Certes, mais c'est le seul, lui répondit le plus proche conseiller de l'empereur.
-Alistair Ormond a raison, déclara Walden. Mais il faut prévoir une solution de secours si cela échoue. Lorstair, une stratégie à développer ?
-2 fois les Alcatramiens ont envahi notre continent de Vancoufer. 2 fois on les a battus. Mais on a également perdu à chaque fois que nous rentrions sur leur territoire. Même Aracorn l'Unificateur, votre ancêtre madame, dit-il à l'intention d'Oswalda, est retourné bredouille. S'ils veulent nous déclarer la guerre, très bien, qu'ils viennent, nous posterons notre armée aux limites de chaque continent. Dès qu'un éclaireur nous avertira, nous feront bloc vers l'endroit où ils débarqueront.
C'est bien ce que je me disais. Un piètre stratège, conclu Alistair.
-Croyez-vous qu'ils ne l'ont pas pensé ? Souleva-t-il.
-Et que croyez-vous qu'ils feront ?
-Ils pourraient très bien ne pas nous attaquer directement. Intervenir à distance par des espions.
-Ce n'est pas comme ça qu'on gagne une guerre, Ormond ! Ricana le conseiller militaire.
-Leur but est également de stopper les usines mises en place sur le continent de Nysteria. Ils pourront très bien les saboter de l'intérieur, pas besoin d'une grande armée pour cela !
-C'est vrai, Messieurs, intervint Oswalda Asterian. Mais vous avez tous les deux négligé une solution !
-Qui est ? Demanda l'empereur, curieux.
-La mer. Nous pouvons les attaquer après qu'ils aient lancé leurs bateaux. Mais avant même qu'ils aient atteint nos côtes.
-Ils sont de biens meilleurs marins que nous, les dames ne savent-elles pas cela ? Lui dit Lorstair d'un ton détaché.
J'ai beau ne pas l'apprécier, je salue le courage d'Oswalda de faire face à ces idiots.
-Un peu de respect à ma fille, Lorstair ! Lui dit sèchement Walden.
-Votre ? Oh excusez moi, je ne suis pas à jour dans les nouvelles !
-Ils sont certes de bien meilleurs marins, Lorstair, enchaîna Oswalda, mais nous sommes d'accord sur le fait que vous n'êtes pas à jour. Nous ne somme plus il y a 5 000 ans, notre technologie à évolué, êtes vous au courant ? Nos armes militaires également, je sais que vous aimez vous battre avec des épée, bien que je doute que vous vous fûtes battu un jour, mais passons. Nous avons des canons soniques, des revolvers laser à longue portée. Eux n'ont pas tout ça. Nous pouvons les battre à distance, sans qu'il y ait le moindre mort ! Mon père, dit-elle ensuite en se tournant vers l'empereur. Je pense que votre conseiller militaire a eu une belle carrière bien qu'il n'ait jamais connu de guerres. Malheureusement, il me semble qu'il est de la vieille époque et qu'il ne se met pas à jour. En clair, qu'il est "dépassé", que pensez-vous, père ?
Walden Mormaint haussa un sourcil, esquissa un sourire et déclara d'une voix maussade :
-J'étudierai votre proposition, Oswalda...
À cet instant, il y eut un silence où chacun fuyait du regard Oswalda et Walden. Chacun se mettait en tête la nouvelle situation : s'attaquer à Oswalda était s'attaquer à l'empereur, et l'héritière de Xandora vous le fera payer. Le conseiller militaire venait à l'instant de perdre son poste et une chose est sûre, il était le premier mais ne serait pas le dernier.
Alistair le savait, mais ses craintes s'avéraient fondées, et le plus proche conseiller de l'empereur voyait sa place voler en éclat au profit de la descendante d'Aracorn l'Unificateur.
-Je pense qu'on a suffisamment avancé pour cette journée, vous pouvez disposer, annonça l'empereur. Néanmoins vous resterez dans le palais Impérial, je risque d'avoir besoin de vous quotidiennement.
Quand il vit Lorstair, encore déboussolé, commencer à se lever, l'empereur rajouta à son intention :
-Sauf vous Lorstair. Je n'ai plus besoin de vos services.
Celui-ci paru décontenancé un moment, avant qu'Oswalda clarifia :
-Si vous n'avez toujours pas compris, vous êtes licencié !
Sans un mot, il quitta la salle, troublé mais ne voulant aggraver son cas. Tous partirent, à l'exception de l'empereur, d'Oswalda... Et d'Alistair, toujours en bout de table.
-Votre Grâce, commença le sénateur, j'aimerais m'entretenir avec vous.
-Et bien faites, Alistair.
Avec vous, pas avec celle qui veut prendre votre place.
-J'aimerais un entretien privé.
-Oswalda à toute ma confiance, soyez-en rassuré.
C'est bien ça, le problème.
-Laissez, père, j'ai moi aussi des choses à faire, ne vous en faites pas, déclara subitement Oswalda Asterian en se levant pour quitter la salle de crise.
Une fois qu'ils furent seuls, Alistair et Walden à l'opposé de cette immense table, Alistair commença :
-Vous savez que pendant toute cette décennie, je n'ai fait qu'exprimer les fonds de ma pensée. Vous m'aviez d'ailleurs dit que c'est pour cela que je suis votre plus proche conseiller, n'est-ce pas ?
L'empereur confirma de la tête, attendant la suite.
-Vous m'aviez dit que vous auriez toujours besoin de mes conseils, alors voilà, je pense qu'il est de mon devoir de vous avertir.
Alistair fit une pause, il s'était préparé à toutes les réactions possibles de l'empereur, mais redoutait la pire.
-Allons, ne tournez pas autour du sujet, venons en aux faits, lui fit remarquer Walden.
-Tout à fait, je pense que désigner Oswalda comme votre héritière était une mauvaise idée. Vous auriez dû m'en parler, connaissez vous ses réelles ambitions ?
-Les mêmes que les miennes, Alistair, répondit précipitamment Walden. Sauf que ma fille adoptive transforme ces ambitions en quelque chose de concret, et les réalise. J'ai besoin d'elle, elle fait avancer les choses, surtout en cette période de crise. Mais quelles sont vos réelles ambitions, Alistair ? N'est-ce pas de prendre la place d'Oswalda ? Peut-être que tous les bons conseils que vous m'avez prodigué m'ont été donné que pour que je vous désigne comme héritier !
C'est bien ce que je redoutais. Oswalda l'a changé.
-Faites de moi ce qu'il vous plaira, jetez moi en prison, écartez moi du pouvoir, car le pouvoir, je n'en ai cure. La seul chose que je voulais... Était le bien de l'empire. De notre peuple, déclara Alistair en fixant les yeux bleus glacés de l'empereur.
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