~19~ Fendalyn

Elle mit au moins cinq minutes avant de se relever tant cela lui fût difficile. Elle voulut essuyer ses larmes avec ses mains. Oh nan, de la boue. Le sang, les larmes et à présent la boue maquillaient son visage. Douleurs au ventre, à la tête et aux jambes. Jambes qui peinaient à la porter. Mais je dois aller jusque chez papa et mamie ! Ils habitaient au rez-de-chaussée, là où vivent les plus pauvres des pauvres. Au moins je n'aurais pas à attendre longtemps. Elle posa son doigt sur le détecteur d'empreinte digital. Mais rien ne se passa. Son pouce était trempé de sang et de boue. Saleté de technologie ! Alors elle essuya contre le mur son pouce, puis fit de même avec son autre main pour le boîtier qui était maintenant sali, et la porte du gratte ciel s'ouvrit dans un bruit sourd. La petite fille de 10 ans, sale et crasseuse, longea le couloir jusqu'à atteindre le numéro 15. Fendalyn regarda un dernier instant en arrière. Des traces de boue la suivaient. Si une des concierges voit ça, elle n'hésitera pas à me frapper malgré mon état. Elle posa son pouce sur un boîtier et la porte de chez elle s'ouvrit péniblement en grinçant. Elle s'apprêta à rentrer mais s'arrêta pour décrotter ses chaussures.

Elle enleva discrètement ses vêtements crasseux mais son père était venu et avait tout vu.

-Qu'est ce qui t'es arrivé ? Lança-t-il inquiet.

-Rien, j'ai glissé dans la boue et je suis tombé...

-Fendalyn, ma chérie, pas à moi...

Son père Gondal Kartafeç était un grand homme de presque deux mètres, assez fort, et l'on pouvait difficilement oublier sa fabuleuse moustache qui vous rappelait que vous ne pouviez vous mesurer face à un homme aussi puissant que lui. Or ce n'était pas le cas, Gondal était un homme assez soucieux des autres, sympathique avec à peu près tout le monde, ne recherchant jamais les problèmes et voulant toujours rendre service. Gondal l'aida à enlever ses vêtements déchirés, lui indiquant d'aller se laver.

-Tu m'expliqueras après, lui dit-il avec un mince sourire.

Quand elle en sortit, ses cheveux indomptés qu'elle détestait tant ne faisaient que ressurgir, comme pour lui dire que même après les avoir peigné des centaines de fois, elle ne pourrait les soumettre. Son père l'attendait dans le salon -une des seules pièce avec l'unique chambre et la salle de bain d'ailleurs-. Il y avait également sa grand mère, assise dignement dans le salon, à coudre une écharpe, semblait-il. Son petit frère de 5 ans s'amusait avec quelques camions miniatures sur le tapis, l'air insouciant. Son père eut l'air satisfait du nouvel état de Fendalyn : elle n'avait plus qu'une cicatrice sur le front. Mais la douleur au ventre est toujours là. Puis, d'un haussement de sourcils, il invita sa fille à s'expliquer.

-C'est encore à cause de mon nom, papa. Tout ça... Fendalyn sembla désespérée en montrant la pièce. Tout ça est dû à cause de notre nom.

-Tu ne dois pas avoir honte de ton nom, Fendalyn Kartafeç ! L'interrompu sa grand mère d'une voix sèche. Tu as un noble nom, peu importe ce qu'en pensent les gens, mais un jour notre famille retrouvera sa grandeur d'antan !

-C'est des gens de ma classe qui m'ont frappé sur le chemin du retour. Y'en a un qui m'a dit que ma famille avait réduit la sienne en esclavage... Mais je lui avait rien fait, mais c'est toujours à cause de Nordakuç, mon ancêtre tyran...

-Une vraie Kartafeç ne se plaint pas ! Elle se relève et affronte le danger !

-Lendalen, s'il te plaît, la coupa Gondal. Malheureusement, ma fille, ce ne sera pas la dernière fois qu'on te méprisera à cause de ton nom ! Dit-il en soupirant.

-Mais on doit changer de nom ! S'écria Fendalyn ! Toute notre vie est écrasé par notre ancêtre ! S'il n'avait pas été un tyran, on n'aurait pas une vie misérable comme cette putain de...

-Fendalyn, écoute moi...

-Gondal, tais-toi, tu n'es pas capable d'élever ta fille correctement ! Lui dit sèchement la vieille Lendalen. Ah si ma fille était toujours de ce monde, elle l'aurait bien élevé, pour sûr ! Malheureusement pour toi, Fendalyn, ta mère est morte...

-... Tuée à cause de son nom ! Lui cria Fendalyn.

-Tais-toi nom de Dieu, tais toi ! Renchérit sa grand mère. En attendant je crains que ce ne soit moi qui doive forger ton éducation, car ton père ne se comporte pas lui non plus en Kartafeç. Un Kartafeç doit défendre sa famille ! Y compris sa fille !

-Un Kartafeç doit apprendre à se taire, également ! Répliqua son beau fils.

L'attention de Fendalyn se remporta sur son petit frère : Doloron, qui le regardait à présent.

-Regarde Fendalyn, mamie a presque fini son écharpe ! On n'aura pas froid cet hiver !

Cela fait bien longtemps que l'hiver n'apporte plus sa fraîcheur d'antan. Je n'ai jamais vu de neige à part dans les livres d'histoire. Mais l'intervention du petit Doloron calma toute la famille et personne ne sut quoi rajouter.

-Au moins Doloron n'a encore jamais subi de moquerie, du moins ne s'en rend-il pas compte, finit par dire sa grande sur, brisant le silence. Ses camarades et lui sont trop jeunes pour se soucier de son ancêtre... Et ils ont raison !

Sur ce, elle se retourna, mais ne sut où aller. Cette satanée pièce est aussi là où je me couche. Alors elle s'affala sur le canapé, et fit semblant de lire un livre : "La conquête d'Aracorn vue par un Alcatramien".

Le lendemain à 6 heures, elle fut réveillée par l'arrivée du facteur. Elle voulut comme toujours se rendormir un peu, se disant que ses cours commençaient dans 2 heures, qu'elle a encore le temps, mais là encore, elle fut réveillée par les cris de son père, d'originaire si calme :

-Nom de...! Ils nous avaient dit qu'il n'y avait aucun risque ! Que la situation était sous contrôle ! Tu parles, ce foutu gouvernement ne maîtrisait rien, comme d'habitude !!

-Qu'est ce qu'il se passe ? Murmura faiblement Fendalyn en restant sur son matelas.

-C'est la guerre, Fendalyn, déclara-t-il d'un ton grave.

Aussitôt Lendalen sortit de la salle de bain pour rappliquer :

-C'est pas trop tôt, répliqua-t-elle en peignoir. Gondal, engage toi dans l'armée, il faut qu'un Kartafeç sauve Xandora, qui sait peut-être que tu te rapprocheras de l'Empereur !

L'intéressé souffla avant de continuer, lisant le journal quotidien avec attention :

-Kandall Torcatram, fils de l'ancien président Aldresdan, condamné à mort pour avoir tué son oncle soupçonné selon lui de complicité avec l'Empereur, s'est finalement vu sauver par un scandale d'abus de pouvoir sur mineurs venant de son adversaire Dermestan ! En effet, les résultats des élections lui sont donc favorable à 67 % ! Il sort donc de prison, et son premier discours fraîchement élu fut de tenir sa principale promesse de campagne à savoir...

-À savoir ? Le relança Lendalen.

-... De déclarer la guerre à l'Empire de Xandora, en réparation des dégâts causés sur la planète. Dégâts jugés pour certains irréversibles. Il.. Il y a un article indiquant que plusieurs hôpitaux dans l'Empire sont débordés par des dégâts qui seraient causés par la pollution ! La victoire d'Alcatram permettrait selon Kandall Torcatram de changer les manières de vivre, vu que les pourparlers de son père l'ont conduit à se faire purement assassiné. La République d'Alcatram se verrait ainsi contrainte à commencer une conquête pour faire chuter tous les Royaumes composant Xandora, selon le nouveau président d'Alcatram ! Ils... Ils n'ont aucune chance de faire cela ! S'épouvanta le père de Fendalyn.

La guerre, pensa rêveusement Fendalyn en se redressant de son matelas. Cela peut pas être pire que notre situation actuelle. À l'école on ne parlera que de ça et on me laissera tranquille !

2 heures passèrent quand la jeune Fendalyn arriva au portail de l'école "Ouran". Elle scruta ses camarades dans la cours. Ils s'étaient tous rassemblés en un cercle. Elle essaya de se frayer un chemin entre eux pour entendre les discussions.

-Moi mon père dit que Kandall Torcatram va commencer par attaquer le Royaume de Kratagne ! S'écria un garçon qui semblait être sur sa douzième année. Il parait que l'armée de Kratagne a commencé par se rassembler sur la côte Ouest !

-L'ennemi va venir en bateau alors ! Comprit un petit garçon en prenant peur.

-Ouais, leur spécialité c'est les bateaux, en même temps Alcatram c'est une île ! Ricana Karzec, un de ceux qui l'avait tapé la veille.

-Un petit continent, corrigea un élève à lunette.

-Ta gueule ! Fut tout ce que Karzec pu répondre à cela.

-On va tous mourir ? Demanda timidement un élève qui était l'un des plus jeunes.

-Mais nan, gros bêta, lui dit Gernasc, le leader de ceux qui l'avaient rouée de coup. Xandora est bien trop puissant, Alcatram va se faire écraser, la vraie question c'est en combien de temps l'Empereur va-t-il remporter cette guerre ?

Aussitôt une multitude d'élèves parlèrent en même temps. Fendalyn s'écarta alors discrètement. Elle était à reculons quand elle buta sur quelqu'un. Alors la jeune fille se retourna et tomba sur un garçon au teint brun plutôt grand qui devait être de son âge.

-Je... Excuse moi, murmura-t-elle avant de vouloir partir mais celui-ci l'arrêta en disant :

-T'as pas à t'excuser, je... Je sais que tout le monde à tendance à t'en vouloir d'avoir un tyran dans ta famille mais là... Il montra tous les élèves attroupés au centre de la cours qui se coupaient la parole et s'apostrophaient. Là ils semblent t'avoir oublié.

-Oui, je vois ça, dit-elle en se retournant à son tour. Toi, tu ne m'en veux pas ?

Il ricana avant de s'expliquer :

-Mon père est un criminel alors... Je ne suis pas très bien placé pour te reprocher ce genre de choses si tu vois ce que je veux dire !

-Ah, répondit-elle simplement. Je peux... Savoir ce qu'il a fait ? Si bien sûr ça ne te gêne pas d'en parler, s'expliqua-t-elle après.

-Mon père a tué une personne qui harcelait ma mère depuis un moment. Au début ma mère ne lui a rien dit par peur mais quand mon père l'a su, il l'a retrouvé et l'a tué. Voilà, en gros c'est ce qu'il s'est passé...

Comme Fendalyn ne su quoi dire, le garçon reprit :

-Mais t'inquiète c'était il y a 5 ans. Au faite, moi c'est Sernec !

-Moi c'est...

-Je sais... Tout le monde ici te connaît. Ton nom ne passe pas inaperçu... Dit-il d'un sourire.

La jeune fille voulut redire une banalité mais la sonnerie de son école retenti, alors le dénommé Sernec lui fit un signe de la main et disparut dans la foule, laissant Fendalyn un peu troublée d'avoir discuté, même très peu, avec une personne qui ne l'avait pas méprisé ou critiqué à cause de son nom. Décidément, cette guerre ne m'apporte que des bonnes choses.

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