Animal
PDV TAEHYUNG :
« - Initie-moi, Taehyung. »
Ses baisers mouillés descendent le long de mon cou alors qu'il se balance, aguicheur, sur mes cuisses. Ses menottes s'amusent à la racine de mes cheveux, entremêlant ses doigts dans mes mèches abîmées par mes teintures. Je laisse glisser mes mains autour de ses hanches et appuie sur sa peau un peu sèche pour lui faire stopper ses mouvements.
« - Non. »
Je le sens se raidir sous mes doigts, mais il insiste toujours et encore, amplifiant ses mouvements de séduction animale.
« - S'il te plaît. »
Il use de sa voix suave pour me susurrer ces mots qu'il pense fatals.
« - On en a déjà parlé, je ne veux pas. »
Il gémit, puéril, alors que ses baisers dégringolent le long de ma mâchoire.
« - Taehyung. »
Il est clairement en train de jouer.
« - Je ne te laisserai pas toucher à ça. Tu es trop innocent, trop pur. »
Suite à mes mots, il éclate de rire et plonge de nouveau sa tête dans le creux de mon épaule. Il y laisse traîner sa langue qu'il remonte jusqu'à mon oreille. Il s'y arrête quelques secondes et je sens ses lèvres pulpeuses frôler mon lobe.
Dans un souffle sensuel, il murmure :
« - Mais Taehyung..., tu m'as déjà souillé. »
Il s'empare brutalement de mes lèvres, se fondant en un baiser libidineux.
Et tout me frappe. Encore une fois. Avant que je lui fasse l'amour. Avant que j'essaye d'oublier entre mes coups de reins et ses gémissements, que ce n'est qu'un gosse.
Un gamin dans un corps de jeune adulte. Un gamin qui croit encore que la vie n'est qu'un jeu. Un gamin qui a du mal à sortir de sa crise d'adolescence, qui croit quand couchant avec un mec un peu perdu et violent, ce même mec qui baigne dans des histoires et peu louches et dangereuses, il se sentira vivant. Après tout, c'est « excitant » de vivre dans le danger hein ? De devoir toucher à des trucs pas nets pour oublier qu'on a rien, qu'on est dans la merde, qu'on se demande si faudrait pas tout arrêter, là et maintenant. Lui, ça l'excite. Et j'aime sa candeur, j'aime tellement son innocence. Mais quand je vois mes mains sales vicier, pervertir, maculer sa peau qui reflète sa pureté, j'ai envie de vomir.
« - Fais-moi goûter Taehyung. »
Il se redresse sur mes genoux et quitte mes lèvres bouffies par son avidité.
« - Laisse-moi y goûter. »
Ses yeux fixent le vide alors que j'assiste à sa transe, spectateur de sa destruction, comme je l'ai été, comme je l'ai toujours été.
« - Laisse-moi goûter. »
Ses pupilles se dilatent, je le sens trembloter. Il m'harponne de son regard fou, de son regard mort.
« - Laisse-moi goûter. »
J'observe son visage aux traits encore adolescents.
« - LAISSE-MOI GOÛTER ! »
Son cri résonne.
Sa peau se flétrit, pâlit puis noircit. Des petits trous se forment, trouant son épiderme et j'y vois des insectes en émerger. Des larves blanchâtres qui grignotent sa tendre chair. Les mouches bleues arrivent, elles se posent, rodent, pondent, dévorent. Et bientôt ce n'est qu'un corps sans vie qui ressemble à tant d'autres aujourd'hui, qui se tient sur mes genoux.
Je me réveillai. Transpirant. Haletant. Nauséeux.
J'avais mal. Un peu. Au coeur. Au crâne.
Je me levai du lit humide et m'enfermai dans la salle de bain.
Bientôt, mon corps ne tenait qu'à l'aide du lavabo froid alors que je relevai mon regard vers mon reflet minable. Moins déplorable qu'à une époque, mais toujours aussi vide. Creux, superficiel, colérique, hautain. Des barrières encore et encore qui s'enroulaient autour de mon corps affaibli, qui plaquaient sur mon visage ce masque d'impassibilité qui forgeait le reste.
Je passai mes doigts sur ce faciès de pierre, espérant en arracher quelques morceaux.
J'aimerais demander à Mina ce qu'elle voyait sous ce déguisement, à Jimin aussi, à mon père, à Yeri, à Heechul. J'aimerais savoir comment faisaient-ils pour y voir encore quelqu'un d'humain. Je n'étais pas humain. Je ne l'étais plus. Ils ne le voyaient pas ? Que ce camouflage s'était incrusté dans ma peau ?
Je passai de l'eau sur mon visage, observant les gouttes dévaler les courbes un peu trop sèches de mon faciès.
Il faut que je fume.
Balayant rapidement les gouttelettes qui ornaient mon visage, je sortis, fuyant mon reflet aphasique. Le ciel se dévêtait de sa cape étoilée, laissant éclore la monstrueuse boule de feu.
Les marches du perron grincèrent sous le poids de mes os et de ma culpabilité avant que le son crépitant de la cigarette ne retentisse.
Puis, des pas désirés discrets crevèrent la douce sérénité que m'avait prodigué le tabac. Ils s'arrêtèrent quelques secondes avant de glisser jusqu'à mes côtés.
« - Salut. »
Jungkook.
Je tournai mon regard vers lui et je le sentis frémir. Une fois de plus, son regard se baissa, fixa ses pieds nus.
Je lui adressai un coup de tête qu'il ne vit pas, reportant mon regard devant moi, observant les nuages se détacher de leur épaisse couverture.
« - T-tu vas bien ?
- Oui. »
Je sentis ses billes puant l'innocence s'harponner à mon visage avant qu'elles ne dégringolent jusqu'au rouleau de tabac que je tenais entre mes doigts. Il se tendit.
« - T-tes mains Taehyung... »
Mes mains ?
Je laissai à mon tour tomber mon regard sur mes doigts tremblotants. Le dos de mes mains avait triplé de volume, rouvrant les croûtes qui décoraient mes phalanges brisées. Ma peau avait tourné au bleu violacé et j'étais pris de quelques spasmes.
Jungkook approcha sa main des miennes, ses orbes noirs fixés sur ces dernières. Il semblait hypnotisé par leur état.
« - Tu n'as pas mal ?
- Non. »
Je suivais la progression de sa main tremblotante, jonglant avec son visage ébahi. Avant qu'il ne dépose ses doigts sur mes blessures, il se stoppa. Il releva sa tête, et pendant quelques secondes, on se fixa en silence.
« - Et tu n'as pas mal... là ? »
De l'extrémité charnue de ses doigts, il vint tapoter mon poitrail. À gauche. Sur mon coeur. Il plantait toujours ses grands yeux candides dans les miens alors que ses doigts jouaient sur le tissu. Ses cheveux d'encre retombaient sur ses yeux, ses lèvres étaient sèches, craquées, meurtries par de précédents coups de dents et son teint trop pâle ne laissait aucun doute de son état.
Il était démoli.
Alors brusquement, je repoussai son bras qui retomba mollement sur ses hanches.
« - Ne me touche pas., crachais-je. »
Son regard s'assombrit et il baissa la tête, recouvrant ses yeux de ses mèches trop longues.
« - Je voulais juste te dire que tu peux m'en parler si-
- Tu crois vraiment que si j'ai envie de me confier j'irais te voir ? Laisse-moi rire Jungkook. Entre nous deux, c'est toi qui a besoin d'aide. Ou d'une dose. »
Il s'écarta légèrement de moi.
« - Comment est-ce que tu sais pour... ça ?
- Tes cicatrices.
- Elles ne se voient presque plus et personne ne sait que c'est à cause de la drogue. »
J'haussai les épaules.
« - Tu t'y connais en drogue ?
- Tais-toi. Pars ou ferme-la. »
Il hocha lentement la tête et le silence régna de nouveau. Les rayons de l'aube commençaient à brûler ma peau et éclairer le potager. Jungkook se rapprocha de nouveau de moi et pris appui sur la rambarde pour s'asseoir dessus, dos au réveil de la nature. Il entremêla ses doigts.
« - J'avais arrêté. Mes parents m'avaient envoyé en cure et j'étais ressorti trois mois après., il s'arrêta quelques secondes, son regard droit devant lui. Ils avaient fait comme si de rien était, comme si il ne s'était rien passé, comme si j'avais toujours été bien dans ma peau. Je ne leur en veux pas, ils ont très peur du regard des autres, la preuve, ils avaient dis aux voisins que j'étais parti en échange scolaire aux Etats-Unis. »
Il rit un peu, avant de reprendre :
« - J'allais mieux. J'ai cru que j'allais mieux. J'ai cru que ça irait si je me laissais aller un peu pendant une soirée. »
Il tendit son bras devant lui et laissa cavaler ses doigts sur sa peau aux empreintes d'aiguille.
« - Quel con. »
Il semblait si fragile et éternel, plongé dans le halo du crépuscule, un sourire un peu nostalgique étirant ses traits fatigués.
« - Mais quel con !, s'exclama-t-il, muant en un rire un peu nerveux. »
Il bascula un peu en arrière, relevant la tête vers le ciel qui se découvrait et j'observais son cou se dévoiler, redessinant ses os saillants du regard.
« - J'ai fait une overdose. »
J'aurais dû m'en douter.
Un désagréable frisson courut sur ma peau froide.
« - J'avais pris un peu de tout ce soir-là. Surtout de l'héroïne. L'ai-
- Tais-toi s'il te plaît Jungkook., le coupais-je. Tais-toi. Ne me donne pas d'autres raisons de te détester. »
Il s'était redressé, affichant une mine triste et blessée qu'il camoufla rapidement sous un masque de dentelle. Et pendant une seconde, je l'ai vu si inoffensif et pur que sa beauté sans vices me frappa de plein fouet.
« - Excuse-moi, j'au-
- T'excuse pas, c'est bon. »
La cigarette s'était consumée entre mes doigts, sans que j'eu la chance de la porter à mes lèvres une seconde fois. Je la laissai s'écraser au sol, l'éteignant d'un coup de talon avant de fuir sous le regard abattu de Jungkook.
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Chapitre beaucoup plus court que ce que j'ai l'habitude de faire mais je ne le voyais pas autrement !
J'essaye de jongler entre mes chapitres de Médusa et de LMDM et pour l'instant je me sens davantage inspiré par Médusa, donc attendez vous à plus d'update que pour La Marche Des Morts.
D'ailleurs, est-ce que vous préférez des chapitres plus courts comme celui-ci ou je garde le contenu de ceux d'avant ?
Merci d'avoir lu ! Fighting !
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