2. La course nautique

  Il y avait une sorte une odeur de sel qui se dissipait dans l'air. Elle se propage comme une sorte de fumée. C'est le feu de camp qui se consumait au beau milieu de la plage, mélangée au sel de mer, qui donnait à Johan cette envie irrépressible de vomir.

  Pour s'éloigner de sa mère et de sa sœur, Johan décide de se diriger discrètement vers le stand de boissons.

  « Attention, si tu prends de l'alcool, tante Christine va te taper sur les doigts ! »

  Une voix familière le fait sursauter, alors qu'il s'apprête a décapsuler sa 8.6. Un jeune homme, dont la petite taille était inversement proportionnel à sa barbe fournie, lui souriait dans le dos. Au début, Johan pense à un transgenre qui essaye de l'accoster à cause de la longue chevelure qu'il trainait dans son dos. Puis, il écarquille les yeux lorsqu'il comprend.

  — Yann ?!

  — Ça fait un bail, tête de gland !

  — Depuis le mariage de oncle Lucien, ça fait déjà quatre ans.

  — T'as encore grandit ! s'exclame Yann en lui assénant un coup de poing au ventre.

  — J'ai toujours un peau de bébé contrairement à toi ! continue Johan. Regarde-toi, avec ta barbe de viking, là ! J'aurais jamais pensé que t'aurais développé une aussi grosse pilosité.

  — Alors, tu veux que je t'accompagne ? demande Yann avant de prendre une bière 8.6 comme Johan.

  Pendant que les deux garçons trinquaient à leurs retrouvailles, le bruit d'une corne de brume à gaz s'étira sur toute la plage. Un jeune homme au teint caramel et aux cheveux crépus commençait à attirer toute l'attention.

  — Préparez-vous à accueillir les trois champions de la course nautique ! Je veux entendre toutes les enceintes de la plage exploser !

  Johan ne savait pas si les filles présentes sur la plage commençaient à pousser des hurlements suraigus pour le jeune homme et ses abdominaux reluisant de sueur ou bien pour les bateaux dont il entendant les moteurs pétarader à quelques mètres de la surface de la mer.

  — Allons se rapprocher pour voir ça, disait Yann. Ça risque d'être intéressant.

  Johan le suit en se frayant des chemins parmi la foule, jusqu'au bord du sable, face à la mer.

  Lorsqu'il arrive au bord de la plage et que ses pieds commencent à tremper dans l'eau, un bruit de moteur lui arrive comme en pleine face. D'abord déconcentré par une bande de jeunes gazelles en bikini, il finit par sursauter lorsqu'il remarque un jet ski lui foncer droit dessus.

  « Saute ! » s'écrie Yann, pendant qu'un brouhaha amusé commence à croitre. Johan se jète sur les côtés. Ses claquettes Puma tournoient dans le vide avant de plonger dans l'eau. Le groupe de filles qu'il mirait se moque de lui tout en lançant des regards aux éclats face à l'homme qui venait de grappiller la première place du podium.

  Les muscles qui nimbaient ses bras transportaient le jet ski avec la légértée d'une planche de bois jusqu'au stand de boissons.

  « Tu peux de servir un peu de jus multifruits, mamie, j'ai un peu soif, là »

  Sa voix était encore plus grave que le moteur de l'engin qu'il venait de conduire. Malgré la foule qui commençait à le cerner, sa grande taille permettait à Johan de découvrir une croix chrétienne tatoué juste sous son œil gauche. Ses waves lui donnait l'air du fuck boy traditionnel, se disait alors le garçon.

  « Tu m'étonnes que ce tocard fasse mouiller les filles. Regarde comme il se la pète » pensait Johan.

  Yann l'aide à se relever. Il part se rincer dans l'eau avant de revenir à la surface.

  — Tu n'enlèves pas ton t-shirt ? Il est tout trempé.

  — Je préférerais le garder, répondit Johan en croisant les bras, yeux rivés sur les abdominaux du premier champion qui se désaltérait à quelques mètres de lui.

  — Je savais avant même de voir le premier arriver, disait Yann en secouant de la tête.

  — C'est bien la première fois que je vois ce type. Pourquoi on dirait un acteur porno de la catégorie gangster gang bang ?

  — Tu parles de Livan ? Il était pire. Dis-toi qu'il baignait dans des merdes pas possibles. C'est pour faire plaisir à nos tantes qu'il a décidé de se ranger un peu. Toujours mieux que rien...

  — Attends... comment ça « nos tantes » ?

  — Bah, c'est notre cousin.

  — Pardon ?

  — Tu sais bien que tous les gens qui habitent la Queue du Hareng sont de notre famille. Arrête de faire l'idiot qui sait rien.

  Johan active la caméra frontale de son iPhone et ne cesse de lever la tête pour observer chaque traits de Livan. Sa mâchoire carré et son nez pincé lui donnait l'allure d'un homme dur. Pendant que sa propre barbe avait du mal à pousser et que les quelques polis qui arborent le bas de son menton ressemblent plus à aux poils pubiens d'un prépubère qu'autre chose.

  — Attends, juste par hasard... le groupe de filles, là, disait-il en pointant son doigt vers les gazelles qu'il observait tout à l'heure.

  — Je sais pas si se sont nos cousines, mais il y a de forte chances, rigole Yann. Pourquoi ? en sachant très bien sa réponse.

  — Hein, non, non, pour rien ! se reprend Johan en agitant ses bras dans tous les sens. Justement, je-je trouvais qu'il y avait un air de famille.

  — Ça doit être ça, ouais, l'observe Yann du coin de l'œil. C'est pour ça que je ne drague jamais les filles de Queue du Hareng. Ça évite les mauvaises surprise.

  Les deux cousins se font interrompre par un bruit de corne bru. Le son arrache le brouhaha de gens surexcité par l'arrivée de Livan. Johan ne comprenait toujours pas comment il pouvait y avoir autant de boucan pour le simple fait qu'un connard soit arrivé le premier en jet ski sur une plage paumé du quartier.

  — Allons tous sur mon bateau ! détonne Livan.

  Il avait une voix tellement grave que Johan arrivait à la ressentir lui traverser les entrailles. Sans même réfléchir, il était prêt à s'exécuter en montant dans le bateau.

  — On aura une belle vue sur les deux autres tortues qui se sont perdues dans la mer.

  Tout le monde se met à rire.

  « Comment ça se fait que ce tocard ait un bateau ! gronde Johan. Et puis quoi encore ? »

  — Johan !!! hurle une autre voix dans son dos.

  Il fait volte-face avant de tomber nez-à-nez avec sa sœur. Elle avait un sac à main à son bras gauche puis un bébé à sa droite.

  — Tu peux me garder Nilhan ? Je vais monter sur le bateau de Livan.

  — C'est une putain de blague ? Tu le connais même pas !

  Mélanie lui faisait signe de ne pas dire de jurons devant son fils avant de lui donner une tape sur la main.

  — Mais qu'est-ce que tu racontes ?! Il venait jouer à la maison quand j'étais petite.

  — Pardon ?! Pourquoi je m'en rappelle pas ?

  — Peut-être parce que t'étais pas encore né, imbécile ! gronde sa sœur avant de lui tirer la langue. T'as oublié qu'on a sept ans d'écart, toi.

  — Hein ?! pousse Johan d'une voix suraiguë avant de secouer de la tête. D'façon je m'en fiche, je vais pas te laisser monter toute seule dans le bateau de ce malade !

  — C'est juste notre cousin, Johan, il y a vraiment rien, continue Mélanie. Je le connais très bien.

  — C'est pas parce que c'est notre cousin que ce type n'est pas un malade. Et puis, je sais pas... il y a quelque chose de bizarre chez lui, je trouve.

  — Quelle imbécilité est encore en train de te passer par la tête, soupire sa sœur. Tant pis, je vais donner Nilhan à maman et je monterai dans le bateau.

  — Compte sur moi pour te surveiller ! lui assène Johan avant de se retourner vers la foule.

  Yann se contente d'acquiescer avant de suivre Johan. Le ponton était bondé de monde. Si bien que Johan ne craignait de voir certains tomber dans l'eau tellement la foule donnait l'impression de se compacter – certains jeunes, tous armés de leurs maillots de bains, se bousculaient entre eux. Au bout de la plateforme capitonnée dans l'eau, la Mariposa et sa structure de sept mètre rappelait l'aspect d'un orque géant. Sa couleur noire et blanche donnait des frissons à Johan qui n'avait pas de suite percuté qu'il s'agissait là du yacht de l'autre type.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top