18. Opération braquage maritime
Johan déposa le vivaneau sur la table sans prendre la peine d'avertir sa mère qu'il était déjà en train de décongeler. Il se contenta simplement de hurler « POISSON ! » arrivé à la barrière.
Sur le trottoir qui donnait en face de sa maisonnette, Adrian l'attendait sur son T-Max. Il y avait des motifs de serpent inscrits dessus – les mêmes que son canon scié – et il se contentait de faire vrombir le moteur pour presser Johan. Le garçon tourne autour de la moto d'un air dubitatif.
— Qu'est-ce que tu branles ? Monte, frère ! grogne Adrian.
— C'est que... je ne sais pas trop par où passer. Il y a pas qu'un siège pour ce genre de machin ?
— T'es jamais monté sur un T-Max ou quoi ?! Tu fais comme un puceau, là !
Au moment où Adrian prononça ces dernières paroles, Johan senti comme quelque chose lui glacer le sang.
« Moi, un puceau ? Attends un peu, je vais lui montrer ! »
Il enjambe au-dessus de la partie en cuir encore disponible. Au début, il avait songé à mettre ses bras autour de la taille d'Adrian mais s'était vite corrigé en voyant les poignées de maintient – sans compter qu'il en aurait profité pour le traiter de pédé.
— C'est bon ? prend la peine de demander Adrian sous un ton claironnant, pour se moquer de lui.
— Démarre la bête, mon frère ! vocifère faussement Johan en lui donnant une tape dans le dos.
Il sursauta en voyant que les roues de la moto commençaient à se déplacer, empoignant d'une prise tremblante la poignée de maintient qu'il avait lâché pour tapoter Adrian. En montant sur un ralentisseur, Johan lâcha une caisse lorsque ses fesses rebondirent contre le siège. « Heureusement que le vent allait à contre-sens » se disait-il en voyant qu'Adrian n'y réagissait pas.
Ils traversèrent la rue des pêcheurs et prient à gauche, dans une petite ruelle étroite qui menaient à un amarrage de bateau, tous entassés les uns à cotés des autres sur une plage de cailloux. Un petit carbet se dressait entre la surface de gravas et le petit escaliers qui permettait l'accès aux bateaux.
— Mais qu'est-ce que vous faites ici ?! s'exclama une voix par-dessous le carbet.
Carl Murène apparu dans la fine couche d'ombre qui assaillit l'un des recoins du carbet. Assis sur un banc en bois, il dépose un harpon emprisonnés par des sortes de lianes verdâtres et visqueuses.
— Tu tombes à pic, mon soldat ! renchérit Adrian. On a besoin de te prêter le bateau histoire de quelques minutes.
Carl commençait à froncer des sourcils. Johan comprit qu'il valait mieux user d'une autre méthode. Il prévoyait de pousser Adrian pour parler avec Carl mais se souvint du canon scié qui l'encouragea davantage à simplement le contourner pour se dresser face au jeune frère de Yann.
— Il manque un bateau, non ? demande-t-il en observant un grand écart entre deux d'entre eux.
— Oui, Salomon est parti avec des filles pour faire un petit tour...
— Un petit tour ? répétait Adrian d'un visage morose en se tournant vers Johan. Tu vois ! Je suis sûr qu'il s'est barré avec Coco !
— Et Olive, aussi... murmura Johan en levant son index.
— Écoute, le couz'... commença Adrian en se frottant les mains.
Il se penche sur les côtés pour regarder le bateau de Carl par-dessus son épaule.
— On va t'emprunter Martini. Le truc est chaud sur nous, là !
— Pardon ? Vous rigolez, j'espère ? répondit Carl en fronçant des sourcils. Aucun de vous deux n'a le permis bateau.
— On va apprendre sur Wiki-machin quand on va conduire ! Fais pas ta pute et laisse-nous la bébête ! gronda Adrian en commençant à hausser le ton.
— Dans tes rêves ! En plus, j'ai fait le plein au point de ravitaillement, tout à l'heure. J'ai besoin que mon bateau soit opérationnel pour l'épreuve des Trois-Pêcheurs.
— Tu fais chier avec tes épreuves de merde ! On sait déjà que tu vas rater ça ! Allez, donne Martini ! En plus, c'est dans deux semaines, t'abuses de fou !
— Une semaine, rectifia Carl en s'approchant un peu plus de lui.
Bientôt, les deux hommes se fixaient dans le blanc des yeux. Leurs fronts se frôlaient alors que Carl tentait de l'intimider par le biais de ses muscles. Adrian avait beau lui faire de l'ombre par le biais de ses un mètre quatre-vingt quinze, il restait taillé comme une allumette.
— Tu vois que tu me fais peur avec les sacs d'airs qui gonflent tes bras.
— Essaye un truc pour voir si j'ai des sacs d'airs, peut-être...
— C'est pour des types comme toi que Dieu a créé le neuf millimètres, disait-il alors qu'on entendait un cliquetis émaner de sa poche arrière.
« Ils ne vont quand même pas se battre ! Carl est suicidaire ou quoi ? »
— Je n'arriverai jamais à comprendre pourquoi la famille a peur d'un toxico comme toi. Regarde-toi, Adrian, tu fais pitié.
— J'ai l'âge d'être ton papa ! Parle mieux !
— On a huit ans d'écart, sombre crétin ! De quel papa tu parles ?
« Je devrais peut-être en profiter... »
Johan se voute le dos – comme si cela le rendrait invisible à Carl – puis passe sous le carbet sur la pointe des pieds de peur que le bois qui le soutenait se mette à grincer.
— Tatie Marie-Lise accepte tes idioties simplement pour faire plaisir à tatie Dédé.
— Sale pédé, ne parles pas de ma maman ! Tu as décidé de mourir aujourd'hui, ou quoi ? Je crois que tu ne sais pas encore qui je suis !
« Oh non, je dois faire vite ! Il ne faut pas qu'il sorte son arme. J'ai pas envie de dire à Yann que son frère est mort à cause de moi »
Johan accélère la cadence en entendant les voix des deux hommes s'élever de plus en plus. Il arrive au bout du carbet, mais c'est trop tard : Carl tord son cou en entendant le grincement des planches de bois. Il s'agrippe aux balustrades et enjambe avant de tomber à l'intérieur.
— Mon bateau !
Avant même qu'il n'ait le temps de réagir, Adrian profita de son moment d'inattention pour dégainer son canon scié et le fracasser contre la nuque du garçon. Sans avoir le temps de réagir, Carl s'effondre sur ses genoux avant de s'étaler à l'entrée du carbet.
— Oh putain ! Il est mort ? demanda Johan.
— Mais non, mais non ! Il dort, t'inquiètes. Allez, démarre la bête !
— Adrian ! On peut pas le laisser comme ça !
— Faut pas l'emmener avec nous. S'il se réveille et qu'il nous voit dans le bateau, cet imbécile va nous faire tous couler ! tempêta Adrian.
— Attends, attends ! On peut le poser sur les bancs du carbet. Si quelqu'un passe par-là, on va croire qu'il dort.
Adrian se retourne et attrape Carl par la taille avant de le poser sur son épaule. Johan était surpris qu'un type aussi maigre arrivait à porter un grand gaillard comme lui. Il le trimballait comme s'il s'était agit d'un sac de patates avant de le lâcher sur le banc. On entendit un fracas de son crâne percuter sur la planche de bois.
— Heureusement qu'il s'est pas réveillé ! T'aurais pu le déposer plus doucement ! chuchota nerveusement Johan.
— Ferme ta gueule et démarre le machin, là ! Salomon nous attend pas !
— A-alors, attends...
Il passe dans le petit carré de métal qui lui sert de gouvernail et fouille du regard.
— Raaahhh ! Il y a tellement de bouton...
Il appuie sur le bouton vert mais rien n'y fait. Il se penche sur les côtés du volant lorsqu'il remarque une clé encastré dans une serrure.
— Je pense qu'il faut la tourner...
— Bah active, alors !
— C'est ce que je fais ! Me stresse pas, s'il te plaît !
L'eau au se mit à bouillonner au-dessous d'eux. Adrian regardait la mousse se former avec un grand sourire.
— Bien vu ! Maintenant, on se lance !
— Je pensais pas que ça serait aussi facile, répondit Johan. En fait c'est comme conduire la Fiat de Mélanie.
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