10. La sentence
Johan eut à peine le temps de relâcher toute la pression, l'inspiration coincée dans sa poitrine, pour comprendre ce qu'il venait de se passer. La foule se mit à hurler tellement fort que le sable se déroba sous ses pieds. « Bien envoyé, celle-là », « ce petit enfoiré de Mike avait qu'à rester chez lui se branler ! », tout le monde se réunit autour de Livan, lançant tous les débris qu'ils avaient en possession sur le corps inerte de Mike.
— Tu penses qu'il est mort ? demande Johan.
C'est la première phrase qu'il arrive à sortir correctement en regardant Yann.
— Il fait le mort, à la limite. Je pense qu'il n'a pas meilleure solution, après ce qu'il vient de faire.
Olive ne comprenait rien à ce qui venait de se passer. Elle ouvrit les yeux et vit l'homme à terre. Elle se relève et prend le temps d'essuyer le sable qui lui colle le long des jambes pour ne pas regarder Livan dans les yeux.
Le dos voûté, elle se contente de regarder la distance de sable qui les séparent. Son ombre surplombant la sienne.
— M-merci, chuchota-t-elle d'une voix tremblante, comme si elle avait peur de la réponse de Livan.
Puis se tourne en direction de Yann, toujours le nez rivé au sol. D'une démarche lente, les pieds qui rasaient le sable laissèrent un long sillage derrière elle.
L'homme qui la regardait s'éloigner ne fait fi de ses remerciements et se contente simplement de donner un autre coup de pied dans le visage de Mike.
— Réveille-toi, petite lopette ! La fête est finie, mais ta fête vient à peine de commencer.
En réponse, des acclamations s'élevèrent dans la foule. Livan se mit à siffler quand un groupe de cinq hommes commençait à se rapprocher de plus en plus. Salomon, Carl, Ruben, Mario et un certain Tristan se postèrent à ses côtés, formant bientôt un cercle autour de Mike.
— Les participants de la course nautique ? s'étranglait Yann.
Salomon avait échangé son micro du podium contre une barre de fer tandis que les quatre autres se munirent de morceau de bois encore intactes qui consumait le feu de la plage.
— DÉGAGEZ-TOUS D'ICI ! s'écria Livan.
Sa voix grave donnait le même effet que le grondement d'un pick-up. La foule sursauta et s'exécuta à la seconde qui suivi.
— J'espère qu'ils vont pas lui faire trop de mal, tremblait Olive.
— Tu rigoles, j'espère ?! tempêta Yann. Ce mec était en train de t'agresser ! Il faut qu'il paye !
— O-oui, je sais. M-mais je pense qu'il a compris que c'était pas bien ce qu'il a fait. J'ai pas envie que la soirée se termine à cause de moi.
Yann écarquille des yeux devant la réponse d'Olive et cherche l'approbation du regard en fixant Johan. Lui-même, couvert par la honte de ne pas avoir pu secourir la jeune fille à temps, trouva préférable de garder la tête baissée.
— On devrait rentrer, dit-il. Ils vont pas tarder à lui refaire le portrait. Déjà qu'il était pas gâté par la nature, ses parents vont pas le reconnaître.
— Et ça sera bien fait pour lui ! surenchérit Yann.
— J'espère qu'il y a pas d'enfants, ici. Ils vont être choqués, s'ils voient ça.
S'en suffit un « BANG » qui fendit l'air. La foule, qui s'éloignait pourtant, poussa un tressaillement similaire à celui d'un amas de poule effrayées. Salomon frappa le premier, sa barre de métal, bruyante, se mit à parler au visage de Mike.
— ARGH, PAR PITIÉ ! J'SUIS DÉSOLÉ ! J'SUIS DÉSOLÉ !
Les hurlements de Mike recouvraient bientôt la plage.
— Allons faire comme les autres. Restons pas là, répétait Johan.
Il attrape Olive par la main et remonte en direction de la route, en face de la Plage de Pêche.
— J'ai peur de ce qu'on va retrouver demain, ici, répétait Olive à mesure que le bois et le fer s'abattait sur le jeune homme.
On entendait bientôt plus le bruit de la foule. Il se remplaçait par le son du métal et du bois qui percutaient en chœur contre des os délicats. La plage devenait une chorale macabre dont les pleurs de sa victime faisait maintenant office de refrain.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top