Chapitre 6

—Léana ? Tu vas bien ? j'entends une voix, qui me semble à la fois lointaine et proche.

Mes yeux se plissent et j'ai l'impression soudaine d'avoir reçu un marteau sur le crâne. Non sans l'aide de Léo que j'arrive à reconnaître, je me redresse. Mes mains s'accrochent de toutes leurs forces aux bras du jeune homme. Quelque chose me brûle les poumons.

—Je-je, j'ai mal, je croasse.

—Respire doucement.

Je suis son conseil et essaye de respirer calmement. Au bout d'un moment, la brûlure dans ma poitrine s'apaise et ma respiration se calle correctement. Je peux enfin respirer sans sentir la douleur m'oppresser.

—Ça va mieux ?

—Oui.

Il me fixe puis me lâche doucement le bras et s'étend à côté de moi. Sa chaleur me réconforte et j'essaye de profiter de l'air qui m'entoure, qui court sur mon visage, qui emplit mes poumons.

Le bruissement des feuilles, leurs ombres qui dansent, la chaleur du soleil sur ma peau et la senteur des fleurs qui vient chatouiller mes narines. Après tant d'années enfermée, le soulagement m'envahit de toute pièce. Je peux enfin sortir librement, ne plus avoir de peur de toucher quelqu'un sans le tuer, me sentir entière.

Avec Léo à mes côtés, je sais que je n'ai rien à craindre. Rien ne pourrait me m'attaquer, me blesser. Je sens en sécurité.

Je lui adresse un sourire discret et il me le rend.

—Donc tu es un loup-garou ?

—Oui, acquiesce t-il.

—Tu fais parti d'une meute ? Et est-ce que tu m'emmèneras un jour ?

Son rire vient accompagner les bruits de la nature et fait battre mon cœur. Il est incroyablement séduisant.

—Je fais parti de la meute Dark Wolf. Une vieille histoire derrière mais c'est la meute du nord. Et tu verras, un jour, je te montrerai mon univers.

Je souris puis finis par rigoler et le pousse doucement contre l'herbe. Étonnamment, il se laisse faire et ses mains viennent s'enrouler autour de mes poignets.

On se regarde les yeux dans les yeux mais je me sens aspirée. Il m'envoûte et je suis pleinement sous son contrôle. Il sourit et moi aussi. Je ne saurais expliquer pourquoi je suis autant attirée parce que ce garçon que j'ai rencontré il y a des années.

Des années ? N'importe quoi.
Quelques jours.

Et je n'aurais jamais pensé qu'il serait un loup-garou. Qui l'aurait crû d'ailleurs ? Mais j'ai la légère impression que mon attirance n'est pas normale ni naturel. Ou alors est-ce moi ? Une pensée me traverse.

Sa meute, Dark Wolf...

C'est là que je me souviens. Ma mère avait évoqué cette meute quand j'étais plus petite et elle n'avait rien dit de bon à propos d'eux. Mes sourcils se froncent et j'observe Léo avec une pointe de d'inquiétude. Il le remarque et se relève aussitôt.

—Léana.

—Léo, ta meute. A-t-elle commis des crimes ?

L'ombre de la peur passe sur son visage quand ses yeux s'écarquillent et elle a été si furtive que je doute, mais il se reprend assez vite.

—Tu as entendu des choses c'est cela ?

Je hoche la tête. Il soupire quand mes yeux reviennent vers les siens et daigne de répondre.

—Dans le passé, ma meute a eu dans ses rangs des loups méchants. Des tueurs. Ils ont été expulsés hors de nos terrains mais cela a entaché notre réputation. Tu as eu peur ?

Je réponds par la négative.

Même si je ne l'avouerai jamais, j'ai cru, un instant, qu'il n'était pas celui qu'il montrait, joyeux, gentil, et bienfaisant. Comme si, sous sa carapace impénétrable, se cachait un prédateur redoutable. Je rigole amèrement en pensant que j'ai pu douter de lui. Quelle honte...

Je relève la tête et me rend compte que le temps continue de tourner. En me levant d'un bond, je manque de m'étaler par déséquilibre. Un petit rire passe mes lèvres et je demande l'heure à Léo.

—14 heures.

—Oh mon dieu ! Je dois rentrer avant que ma mère ne remarque quoi que ce soit.

Il se relève lui aussi et se transforme en un loup majestueux. Je le dévore les yeux écarquillés et mon cœur bat contre ma cage thoracique.

—Comme ça ? je rigole nerveusement.

Comme il ne peut prononcer un mot, le loup hoche la tête et sors un petit grognement. En déglutissant, je passe délicatement ma jambe droite par dessus son dos et m'assois, non sans être gênée.

Je ne sais pas où poser mes mains sur son pelage mais je n'ai guère le temps de m'y attarder puisqu'il court, me plaquant contre son dos.

Ses pattes s'abattent dans la terre dure, le vent et quelques feuilles me cinglent le visage. Quelques minutes plus tard, on finit par y arriver. Je descends tranquillement et le remercie. Mais avant de pouvoir repasser par le trou dans mon jardin, il intercepte ma trajectoire et me tient par le poignet.

—On se revoit quand ? me souffle t-il.

Mon cœur commence à battre à tout allure mais je me retiens pour lui répondre correctement :

—Demain, viens.

Je lui souris et m'en vais.
Il est parfait... Même trop. Et c'est ça qui est si louche.

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