Chapitre 41
Alexander se redresse quand il me sent, tantôt affalé contre la porte et le mur, les paupières fermées.
— Tout va bien ? demandé-je en déglutissant nerveusement.
Il sourit suite à ma question et hoche la tête, tranquillement posé. J'avale ma salive et ma gorge me paraît extrêmement pâteuse cependant je ne peux ignorer la petite pointe de stress qui me traverse quand je suis à ses côtés. Ça fait déjà quelques temps mais à chaque fois que je suis proche de lui, je sens mon cœur s'emballer comme si je me faisais soudainement courser. Je ne parle même pas de mes mains moites qui ne peuvent pas s'empêcher de toucher quelque chose.
Et puis, je n'oublie certainement pas ce qu'il a failli se passer plusieurs fois. Il m'est difficile d'ignorer que nous aurions pu nous embrasser deux fois et dès que je le vois, cette pensée m'envahit pour ne plus se détacher de mon esprit. Mon cœur sursaute quand il ouvre un œil, une magnifique prunelle grise.
Son regard descend sur ce que je tiens entre mes mains. Le paquet de biscuits. Je rougis en le voyant m'observer manger, j'avais oublié que, le ventre vide, j'avais piqué de la nourriture. Sans même savoir ce que je fais, je lui tends avec entrain :
— T'en veux ?
— Non merci, j'ai déjà mangé, j'ai pas faim.
Je hoche la tête, le souffle bloqué misérablement dans ma poitrine. Le silence qui s'ensuit me gêne, surtout quand je me sens si bien en sa présence. Je ne pense ni à Léo ni à Alexia qui accaparent mon esprit en permanence et ça me fait du bien, souvent. Mais je sais aussi, d'un seul coup d'œil, qu'il reste sûrement dehors pour attendre sa jumelle.
Ça me fait sourire, car tout cela montre qu'il a simplement le cœur sur la main et qu'il se soucie de ceux qui l'entourent. Comme toi. Je serre les dents, le rouge aux joues, furieuse de voir les souvenirs remonter pile à ce moment où il est capable de voir ma gêne. Pourtant, je ne peux pas les empêcher de remonter et bientôt, je me souviens de ses mains qui touchaient avec délicatesse mon bras meurtri, ou alors de ses prunelles qui me dévoraient sans s'y cacher.
Cette fois, mon sourire s'élargit tellement qu'il s'en rend compte, le cœur gonflant de chaleur :
— Qu'est-ce qui te fait sourire ?
— Je me dis juste que tu es vraiment quelqu'un de bien. Tu te soucies de beaucoup de monde.
Je m'attendais à ce qu'il me renvoie un sourire chaleureux, content que je fasse cette remarque mais au contraire, je vois son visage s'affaisser et s'assombrir, comme si trop de mauvais souvenirs l'assaillaient d'un coup. Mon cœur accuse le coup et je me tends, prête à tout.
— J'en ai assez, soupire-t-il. J'en ai assez de me préoccuper de tout le monde et j'aimerais m'occuper un peu de moi aussi. Parfois, j'ai juste envie de rester seule, sans avoir à m'inquiéter de personne.
Un coup. J'écarquille, profondément surprise. Il ne s'est jamais confié ainsi et même si d'un côté, ça me fait terriblement plaisir, mon cœur se ratatine, sans que j'en comprenne la raison. Mes mains tremblent mais je ne dois surtout rien montrer et je le laisse continuer. Néanmoins, j'ose lui poser une question, en faignant la plus grande sérénité :
— À cause de ton père ?
— Non, assène-t-il, l'air dur. Enfin, à moitié. Tout est parti de la mort de ma mère. Nous étions sous le choc mais l'abandon de notre père a été la goutte qui a fait déborder le vase. Je lui en veux....je lui en veux toujours de n'avoir rien fait pour nous. Alexia fuit la douleur autant qu'elle peut, par n'importe quel moyen et ne supporte pas la vu du feu quand c'est trop... Jam et Kaïn ne parlent jamais de notre mère, de près ou de loin et changent rapidement de sujet, et moi...et moi...je ne sais pas.
Il souffle, le cœur lourd, les épaules rentrées. Le voir comme ça me serre le cœur et j'aimerais, comme j'aimerais pouvoir soulager le poids qui l'étreint en cet instant même. Je ne peux pas faire grand chose mais je me rapproche ostensiblement de lui et avec douceur, je pose la main sur son épaule. C'est ma façon à moi, certe assez maladroite, de lui montrer que je suis là, maintenant, à ses côtés. Qu'il n'est pas seul et qu'une oreille attentive l'écoute avec bienveillance.
— Merci, chuchote-t-il en tournant sa tête vers moi.
— C'est normal, je déglutis, encore plus perturbée par notre proximité mais je ne peux pas me laisser distraire, pas quand nous avons enfin une discussion sérieuse.
Je me racle la gorge et je reprends d'une voix, j'espère, plus douce :
— Tu penses à te réconcilier avec lui ou bien c'est mieux comme ça ?
— Je ne sais pas, soupire-t-il. Je ne crois pas qu'on puisse tout changer, en tous cas, le passé non. Il n'a pas été là et même si je sais que je ne peux pas tout lui rejeter dessus, je sais que... S'il avait été plus présent, peut-être qu'on aurait réussi à dépasser ça mieux. Je ne saurais jamais de toute façon.
— Je comprends, soufflé-je. J'espère malgré tout que vous arriverez à dépasser ça. Ça...ça me fait de la peine que vous soyez aussi mal.
Alexander ferme les yeux et hoche la tête en signe de compréhension. Je sais qu'il s'est déjà beaucoup ouvert pour ce soir et malgré le fait que je sois contente qu'il se soit confié à moi, moi, je ressens un petit pincement au cœur. Mais je ne le forcerai jamais à révéler plus qu'il ne le veut. Ma langue brûle, j'aimerais tant le découvrir plus, pourquoi ses cauchemars le hantent, sa force, comment il tient depuis la mort de sa mère.
Il a une grande force d'âme et pour ça je ne peux que l'admirer quand je le vois, sous la lune, les paupières fermées. J'aimerais vraiment le comprendre plus, savoir qu'il est, sur toutes les coutures. Je ne peux pas l'expliquer mais il me fascine sous bien des aspects, et ses airs mystérieux, même s'il ne le cherche pas consciemment. Seulement je ne peux pas demander plus et je m'en tiens là.
— Je crois que dorénavant, je ne veux m'inquiéter moins et arrêter de faire passer toujours les autres avant moi.
Un deuxième coup. Je serre le poing de ma main libre mais je m'efforce de garder mon air neutre, pourtant, au fait, j'ai l'impression soudaine de saigner, transpercée. Penser qu'il ne fera plus attention à moi, qu'il ne s'inquiétera plus pour moi comme la dernière fois me remplit d'une tristesse incommensurable mais je l'ignore. C'est égoïste et illégitime. Je n'arrive pas à accepter ce sentiment d'être trahie qui coule à présent dans mes veines.
Ne rien montrer est éprouvant quand je sens les yeux me picoter. Mais après tout, ce n'est pas la première fois au vu le nombre de fois que j'ai envie de pleurer. La douleur s'accroche à moi comme un tyran, peu importe le déclencheur de celle-ci. Darrow, les cauchemars, tout est bon pour me blesser et laisser leurs marques indélébiles sur moi.
J'ignore, j'ignore la douleur qui bat dans mon cœur jusqu'à m'oublier dans la fatigue qui scie mon corps. Je fais de gros efforts pour garder les yeux ouverts mais Morphée m'attire avec force dans ses bras pour que j'y sombre. Ma tête retombe à chaque fois que je m'assoupis mais j'arrive à rester debout jusqu'à le jeune homme à mes côtés brise le silence.
— Tu peux poser la tête sur mon épaule, hein, si c'est trop compliqué de rester éveillée.
Je suis contente qu'il me propose ça car j'ai l'impression de pouvoir le toucher un peu plus, malgré le fait qu'il ne s'ouvre qu'un peu. Mais ce n'est que purement physique. Cette pensée file droit vers mon cœur qui me pique sans cesse et je me retrouve à vouloir toujours en savoir plus. Je veux le comprendre. Alors je me retrouve à continuer de lui poser des questions, avide de ses réponses.
— Alexia ne t'en veut pas, si ?
Il ne répond rien pendant quelques instants et je le sens réfléchir sérieusement, le corps figé. Est-ce qu'il pense qu'elle le déteste ?
— Non, soupire-t-il. Enfin, je ne pense pas. C'est compliqué, c'est bien souvent comme ça entre frère et sœur mais je l'aime. Je ferai tout pour la protéger alors il est normal que je me mette en colère. Ne t'inquiètes pas, c'est la première fois qu'on se dispute.
— Quand même, murmuré-je. Je ne m'en fais pas, je vois juste à quel point vous vous aimez. Elle a de la chance de t'avoir.
Et pas moi.
— Je ne sais pas vraiment... C'est juste normal pour moi. Elle fait partie de la famille et la famille, c'est sacré. Même si parfois, elle ne nous rend pas nos actes à leur juste valeur...
Je le comprends. Je comprends absolument tout. La tristesse fichée en lui me touche en un seul instant mais je sens aussi l'amour qu'il ressent pour celle-ci à travers sa voix.
— Ton père t'a fait du mal mais tu l'aimes toujours...
— Oui. Évidemment.
Il s'esclaffe amèrement.
— Et c'est ça qui fait mal. Tout ce temps, on a vu une personne qu'on aimait nous laisser. Parfois, j'aimerais pouvoir le haïr, mais c'est impossible.
Maman.
Il me fait penser tout simplement à ma mère. Elle m'a enfermé pendant des années dans ma belle cage dorée, m'a protégée selon elle de tout ce qui pourrait me faire du mal et au final, a échoué, emportant avec elle ma liberté. Au fond de moi, j'ai toujours voulu aller où je souhaitais, faire ma vie, au lieu de rester prostrée chez moi, à ne rien faire que de lire ou de regarder les gens défiler, heureux. Mais j'ai été forcée d'en être seulement spectatrice, de cette vie, et de ne jamais contester mes parents.
Rien que pour ça, je pourrais lui en vouloir toute la vie à ma mère mais c'est impossible.
— Je comprends, je lui réponds. Mais je suis aussi sûre que ton père t'aime.
Après ça, ni lui ni moi ne rajoutons quelque chose. Au bout d'un moment, je sens de nouveau ma fatigue présente tout à l'heure revenir peu à peu que le silence prend de plus en plus place entre nous. Seulement, il n'a rien de gênant. Alex, en voyant, que je suis sur le point de m'endormir reformule la proposition qu'il avait faite tout à l'heure.
Cette fois, j'acquiesce, heureuse de cette offre et n'hésite même pas à me reposer sur lui. Aussitôt, la chaleur de son corps me fait le plus grand bien et je me sens partir dans les tréfonds sinueux du sommeil quand des renifflements brisent le silence dans lequel nous sommes installés, suivis de pleurs.
Aussitôt, je me relève mais je suis bien contente de ne pas avoir de miroir. J'aurais bien peur du reflet qu'il me renverrait, les yeux à moitié ouverts, écrasée par le sommeil. C'est alors que la silhouette à l'origine du bruit arrive en face de nous. Sans l'ombre d'un doute, je reconnais Alexia, dévastée et gémissante. Elle s'avance, les larmes aux yeux et me tombe dans les bras.
Je la serre contre moi tandis qu'elle vide toute la douleur qui gît en elle, comme une eau stagnante qu'elle n'a pas pu évacuer. Je lui caresse le dos, le cœur aussi serré qu'un nœud et j'espère ardemment que ma présence l'aidera à soigner. Je suis là, oui je suis là.
— Léa, gémit Alexia. Je...je veux te parler.
La tristesse contenue dans sa gorge l'empêche de bien articuler les mots mais malgré ça, j'arrive à comprendre ce qu'elle me dit. Comprenant qu'elle souhaite rester seule avec moi, Alexander pose une main chaude sur mon épaule ; un fugace sourire le traverse avant qu'il ne dépose un baiser sur la tête de sa sœur pour mieux s'en aller. Je ne fais aucun commentaire et me contente de serrer dans mes bras ma meilleure amie.
Quand j'entends ses reniflements, je comprends tout de suite qu'elle s'est arrêtée de pleurer. Je me détache doucement de son étreinte et l'observe avec un calme qui m'impressionne.
— Tu veux rester là ? demandé-je.
— Oui, couine la jeune femme.
— Tu veux en parler...un peu ?
Elle reste muette pendant un petit laps de temps, les yeux fixés sur un point que je ne peux pas voir. Finalement, elle finit par s'ouvrir peu à peu.
— Je hais les flammes... Elle me rappelle tout ce que j'ai perdu. Personne ne sait, personne dans la meute ne sait ce qui me hante.
Elle tourne ses yeux vers moi.
— Tu es la seule en dehors de la famille. Je te fais confiance pour ça.
— Tu...tu n'en n'as pas parlé à Darrow ? commencé-je avec précaution.
— Non. Je suis très proche de lui...mais je ne me sens pas de lui dire. Je ne veux pas qu'il voit la taille du gouffre avec lequel je vis.
— Alexia...
— C'est vrai, coupe-t-elle. Je m'efforce de le montrer à personne, à coup de grands sourires, de réactions enjouées mais il y a des moments où la douleur est insupportable. Je m'excuse....pour ce qu'il s'est passé. Je n'aurais pas dû te mettre en danger et j'ai obligé mon frère à te protéger alors qu'il nous avait mis en garde. Je m'en veux terriblement Léa, tu as dû souffrir et moi, je me suis renfermée et je n'ai pas fait...
— Alexia. Tu n'as pas à t'excuser.
— Si, pardonne-moi, s'étrangle-t-elle. Je n'ai pensé qu'à moi.
Je comprends tout à fait ce qu'elle ressent, la sensation vibre dans ma poitrine comme si elle était vivante mais je l'ignore en me rapprochant de ma meilleure amie. Je lui prends spontanément la main et la force à me regarder droit dans les yeux.
— Ne t'inquiètes pas, d'accord ? Je ne t'en veux pas et je ne t'en voudrais jamais.
— Merci Léa, bredouille-t-elle. Tu sais, je te considère comme une sœur. Je te remercie d'être rentrée dans ma vie.
Ses mots résonnent en moi comme un écho qui ne peut être arrêté. Je déglutis en sentant l'émotion venir se loger dans ma gorge mais la jeune femme ne me laisse pas seule face à l'émotion. Elle me prend dans ses bras et je ferme les yeux, en sécurité.
Sophie.
Je souris. Alexia n'a même pas idée de ce qu'elle me rappelle bien souvent. Mais cette fois, ce n'est pas triste. Les images horrifiques de la mort de Sophie ne me reviennent pas, même quand j'y songe. Non, il ne reste plus que la joie : celle d'avoir quelqu'un présent pour moi. J'ai peut-être aidé Alexia, mais elle me le rend au centuple et me témoigne grandement son amitié.
Alenscia.
J'ouvre soudainement les yeux en sursautant. Alexia le sent puisqu'elle se sépare de moi pour me demander si tout va bien. Mon cœur a bondit un instant hors de ma cage thoracique mais je ne dis rien et souris à la jeune femme pour la rassurer. Celle-ci reprend la parole à ce moment même :
— J'espère sincèrement qu'on pourra vaincre ta malédiction et en y passant, Léo.
Pendant qu'elle a parlé, ses doigts se sont renfermés sur mon bras mais je laisse couler. Léo est autant un cauchemar pour elle qu'il ne l'est pour moi. Il est celui qui a tout détruit. Alors elle a bien besoin d'évacuer cette douleur qui la ronge depuis la mort de sa mère.
— Moi aussi, murmuré-je.
Alenscia. Quel est le lien avec tout ça ?
Je pourrais y réfléchir des centaines d'années que je n'aurais toujours pas la moindre réponse. Peut-être en parler à la Luna me permettra d'en savoir un peu plus. Cette vision... Je ne l'oublierai jamais. Mais je ne veux pas y penser. En ce moment même, je suis avec Alexia, ma meilleure amie, ma sœur et nul part autre.
— Tu penses que...Alex m'en veut ?
— Non, je t'assure que non. On en a parlé et non, il ne t'en veut pas, il souhaite seulement te protéger Alexia.
— Et pourtant... Il a tout fait le droit de m'en vouloir pour ce que j'ai fait... En plus, je...je ne savais pas ce qu'il cachait. Je ne peux pas m'empêcher de lui en vouloir un peu pour ce qu'il m'a dissimulé. Mais après ce que j'ai fait, je n'ai pas vraiment ce droit là non plus.
— Alexia. Ce sont tes sentiments. Je pense quand même que tu es légitime de les ressentir.
— Vraiment ? murmure-t-elle. J'aimerais juste comprendre pourquoi il ne me l'a jamais dit.
— Donc, il ne t'en a pas parlé ?
— Non. Et toi ?
— Non plus... Je crois qu'il n'est pas encore prêt. Il a du mal à s'ouvrir tu sais.
— Chose qu'il n'a jamais apprise, c'est normal. Notre père nous a toujours dit de cacher nos sentiments, que nous devions paraître inébranlables simplement parce que nous sommes la famille de l'Alpha et que personne ne doit réussir à nous atteindre. Tu comprends ?
— Oui, soufflé-je.
Oui, je la comprends plus qu'elle ne le croit. Devoir jouer un jeu... Ce que je fais ici, elle ne sait pas, mais elle l'apprendra un jour, c'est certain.
Tu dois leur cacher qui tu es, Léana.
Ma mère avait-elle raison ? Ai-je fait bien ? Je sais, sans l'ombre d'un doute, qu'Alexia ni son frère jumeau ne m'auraient trahi. Si c'est pour me protéger, alors pourquoi me semble-t-il que ça ne marche pas ? Je passe une main réconfortante dans le dos de mon amie pour lui certifier que je suis bien là, à ses côtés.
— Peut-être que tu peux changer ça Alexia. Tu peux arrêter d'obéir à ton père pour certaines choses. Tu as le droit d'être toi-même.
— Tu crois ? demande-t-elle sans vraiment me poser la question.
Elle se parle à soi-même. Je le vois à ses yeux larmoyants et sa voix tremblante quand elle m'a posé la question.
— Et pour Alex ? Vous avez parler. Il s'est ouvert ?
— Un peu mais c'est déjà bien.
— J'aimerais qu'il fasse plus attention à lui tu sais. Même si je sais bien que c'est normal, il s'inquiète trop pour nous.
— Ne t'inquiètes pas, ton frère a dit qu'il s'occuperait plus de lui.
Et moins des autres.
De moi.
Je chasse cette sensation qui revient m'abîmer. Au contraire d'Alexia, je ne fais pas partie de cette famille, je n'ai pas le droit de ressentir cette pointe de déception et de douleur qui sillonne dans mes veines. Sauf qu'il est impossible de l'arrêter. Cette fois, mon cœur saigne abondamment et je suis seule. Profondément seule face à cette peine qui m'envahit aussi facilement que du poison. Que m'arrive-t-il ? Ma poitrine se déchire et je suis toujours aussi incapable de savoir ce qui cogite en moi.
Respire et subis. Comme tu l'as toujours fait.
— Léa ? m'appelle la jeune femme.
— Oui ?
— Merci d'être arrivée aussi, tu sais. Je tiens trop à toi alors merci d'être rentrée dans ma vie, d'être là tout simplement. Tu es très importante pour nous tous et je t'en serai à jamais redevable. Je t'aime.
Mes yeux s'embuent au fur et à mesure de ses mots qui se placent les uns après les autres, faisant naître en moi de l'émotion. Celle-ci se mélange à la tristesse et je n'arrive plus à les dissocier. Ne sait-elle pas, qu'en ce même moment, mon cœur crie ? Elle creuse le gouffre et je m'en veux, instantanément, d'avoir pu penser que je n'appartenais pas à cette famille. Alexia me montre, comme tant de fois, qu'elle tient à moi et je me sens terriblement coupable de ne pas être à la hauteur de ce qu'elle pense de moi.
Pour une fois, j'aimerais que l'amour qu'on me porte puisse entrer en moi paisiblement mais c'est si compliqué. Si dur de se sentir vulnérable. Le paquet de biscuits toujours dans mes mains est écrasé quand je regarde ce que j'ai fait. Ça me touche, que je le veuille ou non, sans même que je m'en rende compte.
— Moi aussi je t'aime, Alexia.
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