Chapitre 15
Il fait nuit noire quand nous sortons de la maison, mais des lampadaires éclairent le petit monde qu'est la meute. Un brouhaha et un flot de personnes m'accueillent. Tout est incroyable, allant de ceux qui rigolent et font la fête, aux enfants qui se courent après. Je suis émerveillée par tant de choses et par tout ce qui m'entoure.
C'est une grande première pour moi que j'en ai presque le tournis. Des rires par éclats me font vibrer. Il y a tellement d'énergies positives. Si différent de ce que j'ai connu. Quand je me tourne pour parler à Alexia, je remarque qu'elle n'est plus là. Je grimace, me demandant où elle avait-elle bien pu passer. En l'attendant, je fixe mes pieds sans savoir quoi faire.
— Léa. Tiens, me tend Ale.
Elle me met dans les mains un gobelet rempli de je ne sais quoi. Je me demande bien ce que c'est. Sous mon regard interrogateur, elle me répond en souriant.
— C'est du jus en pomme. Je serais vraiment folle de te faire boire de l'alcool. Et je suppose que t'en as jamais bu, non ?
— Non, c'est vrai, j'acquiesce.
Je porte le verre à mes lèvres et je bois cul sec. C'est rafraichissant par cette chaleur. Je me sens un peu gênée soudainement, je ne sais pas vraiment de quoi parler avec elle. Mais une idée me vient, sans que j'ose lui poser la question. Mais puisque je n'ai aucun choix, je me décide.
— Ale ?
— Oui ?
— Comment tu as su que j'avais une malédiction ?
En entendant ma question, elle grimace et je vois bien qu'elle hésite à me répondre clairement. Mais elle se lance quand même :
— Il y a des années, ta mère est venue voir notre chamane pour qu'elle enchante son collier. Elle voulait se protéger de ta malédiction.
Je ne comprends rien. Ma mère est ma mère. Elle ne peut pas me toucher mais les loups si ? Je me souviens juste que j'ai une prédisposition à être une louve, moi aussi.
— Vous pouvez me toucher, mais pas elle ?
— C'est parce que ta malédiction ne touche que les femmes louves. Et aussi grande qu'elle l'est, une malédiction ne touche jamais les semblables de la victime. J'ai cru comprendre que tu étais destinée à devenir une louve.
Je hoche la tête. Elle prend le temps de m'expliquer la situation, au moins, perdue comme je suis.
— Si tu étais une magicienne, et que la malédiction touchait uniquement les femmes magiciennes, tu pourrais nous tuer, tu comprends ?
— Oui, merci.
Je soupire. Il y a encore tant de choses que je ne comprends pas vraiment. J'ai l'impression d'avoir une sorte de brouillard dans le crâne quand j'essaie de réfléchir à tout ça.
C'est comme si le monde avançait tandis que moi, je restais immobile, incapable de bouger. Je ne préfère pas trop penser que Léo m'a trahi, que je me suis retrouvée dans une meute remplie d'inconnus qui plus est, sont des loups capables de vous tuer en deux secondes. Tout ça ne me fera que plus de mal. Et la douleur, je ne veux plus que la fuir. Mais la voix d'Ale me fait sortir de mes pensées.
— Ah ! Darrow ! crie Ale.
Un garçon, d'une carrure plutôt imposante se retourne en attendant son prénom. C'est donc lui Darrow. Quand il s'avance vers nous, je remarque qu'il est imposant. Il a de magnifiques cheveux blonds cendrés et une mèche lui tombe sur le visage. Un côté de son crâne est complètement rasé, ce qui lui donne un petit côté rock.
Ses yeux aussi bleus sont aussi translucides que de l'eau et je n'imagine pas le nombre de filles qui doivent tomber raide dingue de son regard. Sa peau est aussi blanche que celle d'un vampire et il a des muscles saillants qu'on devine sous son tee-shirt. Il a dû en soulever, des choses. Un appolon sur place. Il pourrait même rivaliser avec celui-ci.
Il n'est pas du tout désagréable à regarder après tout. Quand il arrive en face de nous, il nous offre un sourire étincelant. Il pourrait jouer dans des pubs tant qu'il y est ou en même faire mannequin. Il réussirait partout. Mais pourtant, il est en face de nous et dégage un charisme sans nom. Le monde semble être à ses pieds. Il n'y a qu'à voir le regard de certaines louves.
— Coucou Alexia, ravi de te revoir.
— Moi aussi.
Elle se tourne vers moi et m'adresse un clin d'œil que je ne comprends pas du tout. J'en viens à faire un sourire gêné et quelque peu forcé face au blond.
— Je te présente Léa, elle vient d'arriver ici et c'est la fille de Sarah, une de nos anciennes magiciennes.
— Enchanté, me fait-il en baissant brièvement la tête.
— Léa, je te présente Darrow. Ça fait sept mois qu'il est à la meute et pour un nouveau, c'est l'un des trois bêta.
— Wow, je m'exclame. Vous faites parti de ceux qui protègent la meute ?
— C'est ça, acquiesce le blond. On m'a choisi car j'ai plusieurs fois prouvé que j'étais digne de confiance.
Je lui souris. Il a l'air très gentil et Ale semble l'apprécier énormément. Après tout, il est beau et fort. Quoi de plus ? Mais je ne suis pas très à l'aise en sa compagnie, pour une première fois. Après tout, tant de monde à voir, tant de prénoms à retenir, tout ça est tellement nouveau.
— C'est vraiment cool pour toi.
— Merci. À vrai dire, la première fois j'étais très stressé et j'avais peur de mal faire. Y'a tellement de loups bien plus fort que moi.
— Et c'était normal hein, lui rétorque Ale. Je t'ai déjà dit que tu te sous-estimes, comme d'habitude.
Darrow lève les yeux quand elle commence sa petite leçon. Quand elle se rend bien compte qu'il ne l'écoute pas, elle lui donne une petite tape sur le bras, ce qui lui déclenche un rire spontané. Lui aussi, il semble beaucoup l'aimer.
— Tu m'écoutes pas en plus !
— Hé beauté, j'ai entendu ce discours des milliers de fois.
— C'est pas une raison, le contredit Ale.
Je manque de rire quand je les vois se chamailler comme deux gamins. Ils sont tellement différents de ce qu'ils dégagent. Alexia est elle aussi d'une beauté éblouissante. J'ai comme l'impression qu'ils sont d'un autre monde, irréels.
Mais c'est quand quelqu'un d'autre se rajoute que cette sensation s'accentue. Une jeune fille se place à côté de Darrow. Elle lui ressemble comme deux gouttes d'eaux. La jeune fille dégage cette même impression que, je suppose, son frère et sourit fièrement.
Ses cheveux couleur d'or attachés en queue de cheval se balancent quand elle tourne la tête et son visage ovale souligne la grâce de son cou. Ses cils noirs encadrent son bleu et lui font des yeux fins. La blonde est bien plus petite que son frère mais fine comme elle, elle pourrait se glisser n'importe où.
Et sa petite robe blanche lui va comme un gant, soulignant ses formes. Elle respire la féminité par tous les pores de la peau.
— Ah voilà ma sœur.
Elle sourit de ses lèvres rouges et nous salue chaleureusement.
— Léa, je te présente Shelley. C'est ma sœur jumelle.
— J'ai l'impression que y'a que des jumeaux par ici, je plaisante.
— Bonne déduction. Les loups naissent par paires et c'est très rare de naître seul.
— Oh.
Je suis estomaquée. C'est vraiment un autre monde que celui que j'ai connu. Enfin, connu. Je soupire et reprends mon sourire.
— Enchantée Shelley.
— Moi de même.
— Alexia, nous interrompt une voix.
Quand je me retourne, je vois Rodric qui sourit en nous regardant. Malgré les rides qui sillonnent son visage et ses yeux, il n'en reste pas moins beau. Je ne doute pas que ses enfants tiennent de lui.
— J'ai besoin de votre aide pour apporter un peu de nourriture.
— Bien sûr !
— Je viens aussi, je leur dis.
— Non non profite Léa, m'empêche Ale.
— Ale, j'insiste.
Elle me regarde d'une moue boudeuse et essaye de gagner mais c'est peine perdue. Je ne plierai pas. Je suis peut-être une invitée mais je préfère quand même aider. Et puis, ça me permettra de m'éclipser de la fête pendant quelques minutes. Je ne suis franchement pas à l'aise au milieu de tous ces inconnus et je me sens étrangère, encore une fois.
À deux, nous rentrons dans la maison pour prendre de grands plats qui contiennent de tout. De la salade, du jambon, radis et tout autre aliments d'entrée. Et à côté, du bœuf bourguignon, de la tartiflette, des quiches, de la ratatouille et ainsi de suite. Il y a tellement de nourriture alignée sur la table que je failli m'étouffer de surprise.
Je n'arrive pas à y croire. Ils nourrissent la meute entière. Mais comment ils font ? Et tous les jours ? Et encore mieux. Je vois plusieurs personnes rentrer comme bon leur semble dans la maison pour chercher de la nourriture et d'autres choses. Je secoue la tête, éberluée. Mais qui fait ça de nos jours ?
Alexia qui est à côté de moi, ramasse tout ce qu'elle peut.
— Euh Ale ?
— Ouais ?
— Les gens peuvent rentrer ?
— Oui, me sourit-elle. La maison est ouverte à tout le monde et seulement les chambres et le sous-sol sont fermés. Personne n'oserait voler quelque chose à l'Alpha, je te rassure.
Je déglutis et écarquille les yeux au plus possible. Ale manque de rigoler en voyant ma mine choquée.
— Tu verras, tu finiras pas t'y faire, me promet-elle.
J'attrape moi aussi des plats et les callent sur mes bras. Je perds un peu pied mais je réussis à rester en équilibre. Si j'amène la nourriture à sa destination sans qu'elle se soit étalée en chemin, ce sera un miracle. Heureusement, je ne renverse rien et pose les plats sur les grandes tables qui longent le marché installé plus tôt. Il y a des chaises partout pour que tout le monde puisse s'assoir, rigoler et manger en bonne compagnie.
Je souffle un coup et retourne à l'intérieur, pour me précipiter aux toilettes. Au moment où je sors, la main sur la poignée, je me fige. J'entends soudainement des voix inconnues. Quand je me force à écouter, je ne comprends absolument rien. D'après ce que je comprends, ils parlent en anglais. Mais j'arrive à surprendre quelques mots, dont je n'ai pas la traduction.
— They do not perceive. See nothing. It's in our pocket*, rigole la voix.
— Yes, it's perfect*.
La seconde voix continue de rigoler, ils se disent encore des choses mais je ne comprends toujours rien. Comme un brouillard qui s'est fiché dans mes oreilles. Quelle horrible et étrange sensation. Je ne remarque un peu tard que je n'entends plus rien.
Je suis plutôt perplexe mais par peur qu'on m'accuse d'écouter aux portes, j'attends encore un peu. Après un bon moment, je tourne enfin la poignée et sors. Je me dirige dans la cuisine pour me laver les mains et sortir dans le jardin.
Je déglutis et parcours des yeux tous les gens présents ici. Qui peut bien avoir parlé près des toilettes ? Et qu'est ce qu'ils disaient ? Ça avait l'air si important. Mais après tout, ça ne me regarde pas. Je ne comprends même pas pourquoi je me mêle de ce qui ne me concerne pas.
— Léa, m'appelle Ale.
Je la vois me faire signe depuis l'autre bout de la table, là où elle est assise. Il y a un trou pile entre Darrow et elle.
Bon sang, je ne voulais pas.
Je n'ai pas d'autres choix que de m'asseoir pile à cet endroit. Je n'ai aucune envie de côtoyer de près le blond mais comme tant de fois, je n'ai pas le choix. Et ça commence sérieusement à m'agacer. J'aurais préférée choisir ma place mais quand on arrive en dernière, on ne se plaint pas. Donc je ne dis rien et sourit, encore une fois.
Quand j'arrive à côté de Ale, je m'assois et me racle la gorge. Je vois déjà la soirée s'allonger et je sais bien que je vais perdre patience. Darrow me sourit et commence à parler avec moi. Compte tout fait, il est très sympa et c'est agréable de parler avec lui. Mais aujourd'hui, je suis bien trop dispersée, ailleurs. Mes pensées sont occupées par Léo.
Son image s'impose dans mon esprit et je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il serait bien là, avec moi. Je serre les dents. Il m'a trahi, je ne peux plus être avec lui. En seulement quelques jours, il m'a marqué d'une manière étrange. Mais je ne veux plus y penser.
Darrow me montre le reste des loups qui chantent, dansent, mangent, font la fête. Quand je vois une mère avec sa fille, ça me fait monter les larmes aux yeux. Je réalise combien ma mère me manque alors qu'elle est partie il y a seulement quelques heures. Elle aussi, je mets de côté. Je ne veux pas pleurer et surtout pas devant autant de monde.
Je m'enfonce dans mon siège et me dis que rien ne peut être pire que maintenant.
Comme je me trompe lourdement...
-
*1 = Ils ne perçoivent rien. Ne voient rien. C'est dans la poche.
*2 = Oui. C'est parfait.
-
Bonjour ! ✨ Je m'excuse pour
le retard que j'ai pris. À vrai dire,
je n'avais pas vraiment la pêche
pour écrire ce chapitre et
j'étais très découragée par les nombreux concours auquel j'ai participé. Mais je reviens en force pour vous écrire la suite. Je reprends mes marques et j'espère que la suite vous plaira.
Merci à ceux qui continuent de lire malgré les nombreux défauts de ce livre et un grand merci à vous.
De gros bisous et joyeux réveillon.
C'est mon cadeau ❤️✨
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