Chapitre 11

La voiture roule depuis quelques minutes sans qu'aucun mot ne soient échangés entre ma mère et moi. Ses doigts enserrent le volant si fort que ses veines deviennent visibles sous sa peau. Ses sourcils froncés me stressent plus qu'autre chose.

Elle roule vers l'endroit où se dirigeait Léo et je sais bien qu'elle ne semble pas vouloir me ramener à la maison. Les arbres à travers la forêt se ressemblent tous et défilent à travers la vitre infinement. La nuit est tombée et il fait si noir que je crains ce que cache la forêt. De grosses gouttes de pluie continuent de tomber contre le pare-brise et nous enferme dans une sorte de cocon.

Nous n'arrivons toujours pas à la maison. A-t-elle décidé soudainement de me jeter dans un trou ? Ça m'étonnerait. Avec tous les risques qu'elle a prise pour m'arracher à Léo. Et ce qu'elle a crié.

La forêt a comme répondu à son appel. À présent, je me dis qu'elle n'est pas humaine. Comment pourrait-elle l'être ? Ça devrait me choquer, je le sais. Pourtant, je ne ressens que le vide. Aucun questionnement, aucune remise en question, aucune colère ni joie.

— Léana, finit par dire ma mère. Écoute-moi bien, c'est très important.

J'acquiesce et tend l'oreille, prête à entendre ce qu'elle va me révéler.

— Je t'emmène à la meute du Sud. Elle n'est plus très loin. Je te mets là bas car ils sauront te protéger contre cette vermine de Léo.

Quelle le traite de vermine me fait tellement mal. Qu'a t-il mérité pour recevoir cette haine si grande ? J'essaie de parler mais ma voix n'a pas décidé de coopérer. Je n'arrive qu'à sortir un grognement gratural mais ma phrase reste inaudible, malgré ça.

— Pou-pourquoi ? Pourquoi tant...tant de haine ?

Ma mère ricane tristement. Sa voix n'est qu'un souffle et je me doute bien que derrière ça, se cache une douleur terrible. Elle semble vouloir le cacher de tout le monde. Mais à moi ? Je suis sa fille. Même si je semblais l'oublier, il y a quelques heures, remplacée par quelqu'un de cynique. Une étrangère.

— Léana. Quand tu seras là-bas, tu diras que tu t'appelles Léa. Et que tu es née enfin fin d'année. Ils ne faut pas qu'ils sachent la vérité sur toi. Essaie d'en dire le moins possible sans leur montrer.

Je reste la bouche ouverte. Je n'arrive pas à suivre. Elle veut que je mente à des loups ? Qu'elle connait ?

— Mais maman. Tu les connais ! Tu ne leur fais pas confiance ?

Elle se fige et ferme les yeux doucement, comme pour reprendre son calme. Je la vois serrer des dents et se contrôler. Mais contre quoi ?

— Léa... Si je leur fais confiance. J'ai grandi là-bas. — Je crie de surprise, complètement choquée —. Seulement, leur dire la vérité risquerait de tous les mettre en danger. Chérie... Je suis ce qu'on appelle une sorcière.

Mon cœur refait un bond. Il n'arrête depuis tout à l'heure, après toutes les révélations qu'elle me fait. Il bat dangereusement et si fort contre ma cage thoracique. Je n'entends plus que lui et ses battements qui résonnent dans tout mon être. Ma mère me jette des coups d'œil tristes et continue.

— Je suis plus exactement ce qu'on appelle une magicienne. Je suis capable de manier les quatre éléments de la nature ainsi que la forêt elle-même. Il y aussi les formules magiques... À vrai dire, nos pouvoirs sont très très vastes. Nous pouvons faire beaucoup de choses et nous n'avons pas énormément de limite, tant que ça reste de la magie blanche. Enfin, seulement pour les plus forts.

Ma bouche est toujours aussi ouverte. Je n'arrive toujours pas à y croire, c'est impossible. Ma mère ? Une magicienne ? Il se trouverait donc que je sois la fille d'une magicienne.

— Maman... Tu me fais une blague là ! C'est pas possible. Je...

— Léo est bien un loup-garou non ? Et pourtant, tu l'as accepté ! me coupe t-elle.

— Mais maman ! C'est Léo. Je le savais dès que je l'ai rencontré. Toi, tu es là mère et...tu me l'as caché toute ma vie, je réponds, soudainement défaite par un tel aveu.

— Chérie.

— Non ! je la coupe. J'aime pas le fait que tu me l'aies caché. Et donc, le fait que je tue les gens d'un simple toucher ? C'est une malédiction ?

Les lèvres de ma mère sont fixées, comme si elle ne voulait pas s'ouvrir tant c'est dur. Au fond de moi, je sens que tout ce qu'elle va me dire sera bien pire que ce que c'est j'ai appris jusque là. Et ça me fait terriblement peur.

— Oui. Cette malédiction remonte il y a 300 ans, dans la branche familiale. C'est une magicienne qui l'a lancée à une de tes ancêtres et elle est toujours vivante. Du coup, la malédiction n'a pas disparue de la famille. Elle se manifeste chez les femmes...

Elle me regarde d'un coup d'œil en grimaçant.

— Chez les femmes louves.

— QUOI ? je m'écris, soudainement folle.

Ça aussi, elle ne me l'a pas dit. Ma mère est magicienne mais j'aurais une prédisposition à être une louve ? Comme Léo ? Sérieusement ?

— Je ne peux pas t'en dire plus Léa... Moins tu en sais et mieux c'est.

Je ne tiens plus. Je détache violemment ma ceinture et je deviens comme folle. Ma mère me hurle de remettre la sécurité mais je n'ai plus envie de l'écouter.

— J'EN AI MARRE ! je hurle. Tu es sérieuse ? Moi, une louve ? C'est quoi ces mensonges que tu me débites à la vitesse de l'éclair ? Tu as fumé ou quoi ?

— Léa ! s'écrie t-elle choquée. Ne me parle pas sur ce ton, je suis ta mère !

— Oui et bien ma mère ne se comporte pas comme telle, je lui crache, comme un poison que j'ai trop gardé en moi.

Elle me regarde, éberluée mais garde tout de même un œil sur la route. Je sais que je l'ai blessé, rien qu'à voir ses mains.

— Tu veux que je te dise ? La magicienne à l'origine de la malédiction était au service d'un loup dans la meute du Nord.

Elle quitte les yeux de la route deux secondes, me regarde droit dans les yeux et déclare : .

— Léo.

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