Chapitre 9

Un doux rayon de soleil réveilla Héléna. Elle s'étira avec paresse, puis se leva. Elle se lava sommairement le visage avec sa bassine d'eau, puis se prépara en hâte. Aujourd'hui, elle irait à son olivier, quoi qu'en dise sa mère. Elle descendit les marches menant à la pièce principale avec entrain : rien ne la détournerait de son objectif du jour !

Mais une surprise l'attendait. Assis à la table, se tenait une personne dont la vue réjouit Héléna...

Elle se précipita dans les bras de son frère avec un cri de joie. Ils s'étreignirent avec chaleur, heureux de se retrouver après ces longs mois de séparation. Puis ils se séparèrent et s'observèrent mutuellement.

- Eh bien, dis-moi, tu n'as pas perdu de temps pour grandir ! s'exclama le jeune homme.

- Et toi tu es presque un adulte... remarqua Héléna avec une pointe de regret en indiquant sa barbe naissante.

- Et encore, tu n'as pas vu ce que c'était sur le bateau ! plaisanta celui-ci.

Les yeux d'Héléna brillèrent à l'évocation du voyage.

- C'était bien, d'ailleurs ? Tu as vu de belles choses ? Et comment s'appelait le bateau, déjà ? La Frédégonde, ou quelque chose du genre, non ? Et puis, tu t'es fait des...

- Héléna, la coupa sa mère, je pense qu'Amalric a besoin avant tout de se reposer. Et puis, ne t'inquiète pas, il aura tout le temps de nous raconter ses expériences.

- Oui, tu as raison, Mère, concéda Héléna, contrite. Mais tu me raconteras tout, pas vrai ?

- Oui, bien sûr. Mais Mère a raison. J'aurais bien besoin de me reposer. Cela fait des semaines que je n'ai pas dormi sur la terre ferme !

- Je vais préparer ta chambre ! s'écria Héléna, avant de disparaître dans l'encadrement de la porte.

Elle installa tout le nécessaire pour son frère, avec une bassine d'eau pour son réveil. Mais, lorsqu'il alla se coucher, elle se pencha et lui chuchota :

- Tu veux bien me dire, tout de même, si tu as vu des choses nouvelles ?

Elle n'obtint toutefois aucune réponse : son frère s'était déjà endormi comme une masse. Elle sourit et le quitta en fermant la porte : à n'en pas douter, la pleine mer, ça fatiguait !

Elle hésita un instant en voyant sa mère en train de lire, mais enfila tout de même sa capeline verte et sortit. Puis elle se ravisa, et lança à sa Marjorie :

- Mère, je vais en forêt !

Sans attendre de réponse, comme de coutume, elle partit d'un pas leste en direction de la forêt. Elle la traversa en se gorgeant de tous ses sons, de toutes ses odeurs, de toutes ses couleurs. L'odeur du sous-bois, le pépiement des oiseaux, le bleu furtif des oiseaux... Les discrets pas des animaux ne lui échappaient pas non plus. Ceux-ci s'arrêtaient un instant, aux aguets, avant de repartir, apaisés, sans plus lui prêter attention : ils savaient, ils sentaient, qu'ils n'avaient rien à craindre d'elle. Parfois, même, ils la saluaient de loin : les renards inclinaient la tête, les cerfs bramaient...

Elle appréciait ce lien privilégié qui l'unissait aux animaux, étant parfaitement consciente que tout le monde n'avait pas sa chance. Même sa mère, qui pourtant en avait soigné certains et établi une connexion unique avec eux, n'avait pas ce degré de compréhension.

Car c'était bien de compréhension, qu'il s'agissait : elle parvenait à distinguer un mâle d'une femelle, un individu bien portant d'un autre blessé ou malade... Par exemple, elle savait que la biche, allongée là-bas, allait mettre bas dans quelques semaines ; ou que l'écureuil perché dans les branches du chêne cherchait de quoi nourrir ses petits. Il lui était même arrivé, une fois, de donner des baies à un renard mal en point.

Héléna continua son chemin. Elle aperçut le plus vieux chêne de la forêt, et décida d'aller le saluer, une vieille habitude qu'elle même trouvait puérile. Elle posa sa main sur l'écorce rugueuse du tronc noueux et ferma les yeux, s'imaginant qu'elle circulait avec la sève dans toutes les branches. Soudain, elle entendit une voix, qui semblait venir de nulle part et de partout à la fois :

- Bonjour, Héléna.

Elle ouvrit les yeux, surprise, et regarda autour d'elle. Or, rien alentour n'aurait pu être l'origine de cette voix.

- Il y a longtemps que je voulais te parler...

Elle sentit un l'arbre frissonner sous ses doigts, et retira prestement sa main avec un petit cri. Ce ne pouvait pas être... Non, bien sûr que non. Elle secoua la tête, se sentant bête d'avoir eu cette pensée.

- Je te pensais l'esprit plus ouvert... reprit la voix.

Héléna sursauta de nouveau, avant de se reprendre.

- C'est vous, qui me parlez ? chuchota-t-elle avec respect au doyen de la forêt, sans toutefois y croire vraiment.

- Bien sûr. Qui voulais-tu que ce soit, jeune magicienne ?

L'arbre frissonna de nouveau, comme s'il riait.

- Comment m'avez-vous appelée ? demanda-t-elle, intriguée.

- Ca n'a pas d'importance pour le moment. Sache seulement que j'ai longuement attendu le moment de te parler.

- Vraiment ? s'enquit-elle. Mais alors, pourquoi ne l'avez-vous pas fait avant ?

- Il y a des choses qui se produisent le moment venu, jeune fille. Il ne sert à rien de forcer le destin. Et puis, tu n'avais pas la capacité à m'entendre.

- Que voulez-vous dire ? Je vous entends, maintenant, pourtant ?

- C'est parce que tu es enfin devenue ce que tu devais être.

- Je suis désolée, je ne comprends pas ce que vous essayez de me dire, avoua la jeune fille.

- Ce n'est pas grave. Tu comprendras vite, le moment venu. Mais il me semble que tu étais venue ici pour une raison particulière. Va donc accomplir ta mission.

Sur ces mots, le chêne se pencha d'un geste protecteur sur la jeune fille, ses branches effleurant le sommet de son crâne.

- A bientôt, alors, murmura celle-ci, encore sous le choc de la discussion.

- Oui, nous aurons à nouveau l'occasion de parler...

L'arbre se redressa dans un craquement, reprenant son immobilité. Au bout de quelques secondes, Héléna se remit en mouvement, comme se réveillant d'un rêve.  Elle fit le reste du trajet la séparant de son olivier perdue dans ses pensées. Ce qui ne l'empêcha de sentir que, dans la clairière, quelque chose avait changé.

Elle se figea.

☽⋆⛥⋆☾

Voilà pour le nouveau chapitre de cette semaine ! Il est un peu plus long que d'habitude , mais c'est pour me faire pardonner de mon absence de la semaine dernière...

Sinon, nous n'avons toujours pas trouvé la clef du coffre, ni résolu l'énigme des symboles alchimiques... Mais pour ceux-là, j'attends vos idées en commentaire !

Sur ce, bonne journée/soirée, moi je vais me coucher !

Liranda_

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