Chapitre 6
Le soleil levant éclairait toute la côte d'une lumière ambrée, et même les volets de bois ne parvinrent pas à l'empêcher de se frayer un chemin jusqu'à la chambre d'Héléna. Le rayon de lumière tomba sur son visage encadré d'une auréole de cheveux roux, rendus flamboyants par le soleil.
Elle se tourna en soupirant : le matin ne pouvait-il pas la laisser sommeiller encore un peu ? Elle tenta de rattraper ses rêves, éloignés par son retour à la conscience – pour une fois, ce n'étaient pas des cauchemars. C'était peine perdue. Le sommeil la fuyait aussi. Elle envisagea l'hypothèse attrayante de rester encore allongée, lorsque le coffret se rappela à ses souvenirs.
Elle se redressa vivement en position assise, tout à fait réveillée. Il lui fallait trouver la clef. C'était certain, c'était ce qu'attendait son double qui venait la visiter en rêve. Alors que la veille, elle doutait encore de son existence, il avait maintenant revêtu une importance capitale, vitale. Que pouvait-il bien renfermer ? À n'en pas douter, c'était quelque chose de précieux, ou du moins important : en témoignait la qualité et la richesse de l'ouvrage !
Héléna considéra l'objet de ses réflexions, posé sur la commode à son chevet. La lumière matinale, dans laquelle dansaient des poussières, lui conférait un air mystérieux. Ce qu'il était, en fin de compte ! Mais pour découvrir ses secrets, la jeune fille n'avait aucune envie de le jeter au sol jusqu'à temps qu'il se brise ! Ses pensées revenaient toujours vers la clef.
Peut être avait-elle mal retourné le sol, hier ? Peut-être la clef était-elle encore cachée au pied de l'olivier ! Après réflexion, avait-elle vraiment regardé, après avoir trouvé le coffre ? Non, elle l'avait seulement nettoyé, avait remis la terre en place et s'était empressée de rejoindre sa demeure, obnubilée par sa découverte. Quelle idiote elle faisait ! Et puis... n'avait-elle pas vu un reflet métallique ? Non, ce n'était qu'un effet de son imagination. Mais tout de même...
Il lui fallait en avoir le cœur net. Elle devait retourner chercher au pied de l'olivier. Sa décision prise, elle se vêtit et descendit rejoindre sa mère, déjà levée depuis les premières lueurs de l'aube.
— Bon matin, Héléna. As-tu bien rêvé ? s'enquit sa mère.
C'était sa formule habituelle de salutations lorsque Héléna se levait. Pour elle, avoir fait de beaux rêves était la chose la plus importante que l'on devait demander à quelqu'un le matin.
— Oui, mère. Et toi ?
— Eh bien, j'ai rêvé que tu devais m'aider à ranger la bibliothèque.
Héléna se mordit la lèvre. Elle avait complètement oublié que sa mère avait besoin d'elle pour son rangement.
— Est-ce cela ne pourrait pas attendre ? Nous pourrions le faire... Demain, par exemple ! tenta-t-elle, bien qu'elle sachât que sa mère ne cèderait pas aussi facilement.
Celle-ci secoua la tête.
— La lune à commencé à décroître. C'est le meilleur moment pour le faire !
Héléna leva intérieurement les yeux aux ciel. Les vieilles croyances ont la vie dure !
— Que peux-tu bien avoir d'autre à faire ? continua sa mère.
— Je voulais aller en forêt...
— Tu passes tout ton temps dans la forêt !
— Je cueille des herbes, tu le sais bien, argumenta la jeune fille.
— Tu y es déjà allée hier. Les herbes pourront bien attendre un jour ! répliqua l'aînée.
Son ton n'admettait aucune réplique. Héléna dut se rendre à la conclusion que sa recherche de la clef ne serait pas pour aujourd'hui...
— Très bien, capitula-t-elle. Par quoi commençons-nous ?
☽⋆⛦⋆☾
Plus les heures passaient, et plus Héléna prenait goût au rangement. La répétition de la tâche – sortir le livre de son étagère, lui passer un coup de plumeau sur la tête, le dos et la queue, l'ouvrir pour vérifier son état, dépoussiérer sa place sur l'étagère, le remettre en place – laissait à son esprit le loisir de vagabonder, et tandis qu'elle exécutait mécaniquement sa tâche, elle réfléchissait à ce que la boîte pouvait bien renfermer.
Peut-être de l'or, des bijoux ? Ou bien quelque manuscrit censuré placé là pour protéger son propriétaire ?
Au fur et à mesure de ses réflexions, son imagination s'échauffait, et les idées les plus abracadabrantes surgissaient dans son esprit. Pourquoi pas une carte qui mènerait à un endroit secret, un endroit que personne n'avait jamais découvert ? Ou bien... Les os d'un animal étrange ?
Elle se força au calme. Au lieu de chercher des hypothèses sur ce qu'elle pouvait contenir, mieux valait réfléchir à comment l'ouvrir ! Mais elle avait beau se creuser la tête, elle ne voyait aucune solution. Hormis avec la clef, bien évidemment...
Tout à ses réflexions, elle manqua faire tomber le livre qu'elle allait attraper. Elle s'en saisit fermement et vit une feuille volante s'en échapper et échouer sur le sol.
Le livre toujours à la main, elle soupira et descendit de son escabeau pour la ramasser. Alors qu'elle se penchait pour le récupérer, elle s'immobilisa, la main à quelques centimètres du sol.
Sur le papier, sans nul doute possible, était dessiné une clef.
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