Chapitre 5
Le crépuscule étendait ses tentacules rouges sur la mer et la colline. Aux maisons du village, les fenêtres étaient éclairées par la lueur des bougies, la plupart des habitants prenant leur souper. Cependant, un peu à l'écart du village, près de la forêt, la lumière d'une demeure s'éteignit soudainement. Une silhouette voûtée enveloppée de ténèbres en sortit, et referma sans un bruit la lourde porte en bois de noyer. Un long et noueux bâton dans la main, l'individu marcha dans la forêt, sans que ses pas ne fassent craquer les feuilles mortes du sous-bois.
Le soleil éclairait le ciel.
Au terme d'une longue marche dans le bois, le personnage atteignit une clairière. Il ne quitta pas l'ombre des arbres, préférant rester à couvert, et siffla doucement. Des branches du majestueux arbre planté au milieu de l'espace dégagé s'envola un oiseau d'encre, qui vint se poser sur le poignet du marcheur. Il croassa une brève fois. C'était le signal qu'attendait l'ombre.
— Bien, murmura-t-elle.
Elle s'avança alors à découvert, et marcha vers le centre de la clairière. Elle s'arrêta à distance du tronc et observa l'arbre, avant que son regard ne glisse à son pied.
Le soleil toucha l'horizon.
L'individu contempla longuement le sol, s'attardant sur la terre retournée maladroitement dissimulée.
— Ainsi donc, tu es venue...
Il ramassa un peu de menthe et la frotta entre ses doigts, laissant le parfum envahir les alentours.
— Les choses s'accélèrent... Enfin ! Le temps est enfin venu ! souffla la silhouette, comme pour elle-même.
Elle se saisit de son bâton et le brandit devant elle, murmurant d'inintelligibles paroles. La lueur rouge l'éclairait, ainsi que le corbeau. Ses murmures avaient l'allure d'une malédiction. De son visage, on ne voyait que de petits yeux, semblables à des pierres.
Le soleil s'enfonça lentement dans la mer.
Les murmures augmentèrent graduellement d'intensité, jusqu'à devenir une exclamation, que l'individu déclamait avec conviction, son bâton luisant maintenant de la même couleur que la teinte prise par le ciel. Rouge. Comme le sang, ou le symbole de la mort. Dans la forêt, il n'y avait plus qu'un bruit, hormis celui produit par l'ombre. Durant de longues minutes, celle-ci parla, n'ayant d'autre interlocuteur que son corbeau. Elle cessa tout à coup, et un silence irréel envahit les bois.
Le ciel avait viré au bleu nuit ; on ne voyait plus que la moitié de l'astre diurne, éclairant de pourpre les flots.
La silhouette tendit son bâton vers l'imposant arbre qui la dominait. À peine l'extrémité noueuse du morceau de bois eut-elle effleurée le tronc de l'olivier qu'une lueur bleue le parcourut, partant des racines, et vint repousser avec force le bâton. Celui-ci fut écarté du tronc avec une puissance qui fit tomber en arrière l'individu qui la tenait à la main. Ce dernier se releva vivement et quitta avec lenteur la clairière, se réfugiant sous l'ombre des arbres. Le corbeau s'envola, laissant tomber une plume bleutée.
Le soleil avait disparu, englouti par l'océan. Dans les cieux, la lune régnait.
Le personnage se détourna et quitta la forêt, non sans avoir auparavant jeté par dessus son épaule avec un air de défi :
— Le temps viendra, où tu ne pourras plus rien contre moi. Et ce jour-là... Tu sais aussi bien que moi ce qu'il adviendra...
Seule la brise et le silence répondirent à cette menace à peine voilée.
Dans le ciel, les étoiles veillaient.
~·*·~
Alors... Qui est cette mystérieuse personne ? Homme ou femme ? Qu'en pensez-vous, vous, de derrière votre écran ? Dites-le en commentaire !
Liranda_
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