9 - Un meurtre au Lac Brome
— Tu rentres bien tôt !
Ma tante Éléanore se tenait en haut de l'escalier dans une robe droite bordeaux qui lui seyait à merveille. Guimauve était arrivé à mes pieds et se frottait contre mes jambes, heureux de me revoir.
— Quentin est soucieux de me ramener à une heure décente pour que vous ne vous fassiez pas de fausses idées sur lui, rétorquais-je en caressant la fourrure blanche de mon chat.
— En voilà donc des idées rétro ! se moqua-t-elle.
Éléanore descendit l'escalier, le porte-cigarette à la main, dans un déhanché impeccable qu'aucune miss canada n'aurait pu égaler. Arrivée à ma hauteur, elle lâcha une bouffée de nicotine en visant sur la droite pour ne pas m'incommoder.
— Ma chérie, nous ne vivons plus au dix-neuvième siècle. On ne te demande pas de rester au couvent ou de te réserver pour ta nuit de noces...
Elle fit une pause devant mes grands yeux ronds.
— Je veux dire... Assure-toi qu'il t'aime vraiment, c'est cela le plus important. Qu'il t'aime au point de vouloir t'épouser. Il faut bien que tu lui donnes de quoi te faire apprécier...
— Ma tante !
Je me sentais tellement mal à l'aise de parler de ce genre de choses avec elle. Enfin, ma vie intime ne la regardait pas !
Tante Molly arriva en courant vers nous.
— Venez voir le journal ! Il y a eu un meurtre juste à côté d'ici !
Des frissons me parcoururent. C'était donc cela les sirènes. Nous entrâmes dans le petit salon et prirent nos places sur le divan devant l'écran. Rocco Pistouli, un homme de vingt-sept ans, venait d'être retrouvé dans la forêt qui bordait le lac, à juste sept kilomètres du manoir. Un appel à témoin était lancé pour qui aurait la moindre information sur les faits et gestes de la victime dont le décès semblait remonter à soixante-douze heures. Éléanore se leva et éteignit les informations.
— Il n'est pas nécessaire d'affoler toute la maisonnée, Molly. Ce genre de choses arrive, c'est malheureusement le monde dans lequel on vit !
— Oui, mais enfin, pas aussi près de chez nous !
Elle fusilla sa sœur du regard. Il était surprenant de voir Molly en colère, elle, d'habitude si enjouée et patiente.
— Cela suffit Molly ! Tu effraies tout le monde. Un peu de contenance ! la rabroua sa sœur. Ne veux-tu pas plutôt savoir comment s'est passée la journée de Chenoa avec Quentin ?
— Heu, ba. Je.. balbutiai-je
Mais Tante Molly s'était radoucie et se tourna vers moi, avide de curiosité. Pour la rassurer, je lui détaillais ma journée.
— C'est parfait tout cela, ma petite Chenoa ! Parfait ! Quand le revois-tu ?
— Heu, bien, je ne sais pas, enfin, je vais le croiser à Bishop et puis il va me rappeler.
— Très bien... se rassura Molly. Ne le laisse pas partir ma chérie, si tu l'aimes, il faut que tu entretiennes la flamme ! Il ne faut pas avoir peur !
— Oui, et bien maintenant que tout le monde est d'accord sur ma vie amoureuse, je vais aller réviser mes cours, car j'ai un test cette semaine.
Je me levai, coupant court à la discussion et me dirigeai vers ma chambre, en sachant fort bien que mes deux tantes aller discuter de « ma » situation dans mon dos.
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