6 - Rêve étrange


Mes rêves furent pourtant agités, sans doute en raison des rafales qui faisaient trembler les érables centenaires et les gouttières du manoir. Je me voyais dans une plaine, à l'orée d'une forêt. Un immense feu de joie s'élevait dans des flammes si hautes qu'elles semblaient lécher les étoiles. Une troupe d'Amérindiens dansaient et chantaient en ronde. L'un d'entre eux portait une coiffe de roseaux disposés de façon circulaire autour de la tête et reliés entre eux par un enchevêtrement d'érythrones, ces fleurs que ma grand-mère affectionne tellement, alternés de soucis orange, comme s'il célébrait le soleil. Je me sentais enjouée, pourtant personne ne remarquait ma présence. Au milieu des braises se trouvaient du poisson et du gibier. C'était assurément jour de fête. D'autres autochtones dansaient autour de celui qui portait la couronne de fleurs. L'un des indigènes, probablement le chef, arborait des plumes d'aigles dans ses longs cheveux noirs. L'un d'eux était recouvert d'une peau de bison et un autre s'était attaché des bois de caribou. Une jeune femme blanche trépignait en rythme avec eux, mais je ne pouvais pas deviner son visage dans la nuit. Dans ses cheveux, elle avait noué une petite queue de raton laveur. Elle tenait la main d'un amérindien paré d'une tunique ocre rehaussée d'un collier de plantes médicinales. Ils s'arrêtèrent de danser pour aller manger. Puis ils s'éclipsèrent dans l'un des tipis. Le jeune indien ôta la robe en peau que portait la jeune fille. Leurs mains se mirent à explorer leurs bustes et leurs bouches s'emparèrent l'une de l'autre. Ils s'allongèrent alors sur la couche et leurs corps se serrèrent langoureusement. Que faisais-je là ? Pourquoi ne me voyaient-ils pas ? Pourquoi ne pouvais-je détourner mon regard de ce couple d'amants ? Les seins de la jeune fille s'étaient raidis sous l'excitation tandis que la bouche du jeune amérindien parcourait chaque parcelle de sa peau. Leurs êtres s'embrasaient dans une danse rythmée qui me donnait des papillons dans l'estomac. Les battements de mon cœur s'accéléraient aussi. Il lui murmurait des paroles à l'oreille dans une langue que je ne connaissais pas.

— Niichiskweu, susurra-t-il.

— Nishak, acquiesça-t-elle.

Et il repartit explorer sa peau en redoublant d'ardeur. Finalement leurs corps s'unirent dans des ondulations brusques et répétées tandis que les papillons en bas de mon ventre s'affolaient. À ce moment, je me réveillais en sueur, circonspecte sur la nature de mon rêve. Étrangement troublée j'eus du mal à me rendormir. Je m'imaginais dans les bras du jeune première-nation et cette perspective me réjouissait. Puis, les traits de son visage tanné s'éclaircirent, ses cheveux devinrent blonds et ses yeux, bleus. Je me trouvais maintenant enlacée par Quentin. Je me voyais déposer des baisers au creux de ses lèvres, sur sa poitrine et enrouler mes jambes autour des siennes. Ses mains me caressaient lentement, très lentement, et je brûlais d'impatience. Son souffle chaud caressait mon cou, ses doigts s'attardaient sur mes épaules. Je me cabrai et m'abandonnai dans ses bras vers des abymes que j'avais jusqu'alors insoupçonnés.

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