Chapitre 9: Souper chez les Agreste
La journée de mardi passa comme dans un rêve. Marinette se demandait encore comment elle avait pu y survivre. Si la vie se calculait en battements de cœur, elle avait sûrement vieilli de quelques jours de plus tellement l'appréhension l'avait rongé.
Elle était devant son miroir dans sa chambre, en train de remettre en doute pour la nième fois la robe qu'elle avait choisie. Cette soirée allait être déterminante, autant pour sa vie personnelle que sa vie professionnelle.
Toute la journée, Adrien l'avait conseillé. Elle tentait de remettre en ordre les consignes qu'il lui avait données. « Porte une de tes créations, mon père va apprécier ton authenticité. Surtout choisi quelque chose qui te ressemble. Ne te laisse pas intimider, mon père ne respecte pas la faiblesse. Soit toi-même surtout, tu vas le gagner avec ton charme et ta force de caractère. »
La dernière personne qui l'avait rendue aussi nerveuse était Adrien. Pourtant le jeune homme était doux, attentionné, souriant. Elle allait maintenant affronter quelqu'un de froid et de critique.
« Marinette! Il y a quelqu'un pour toi à la porte! » Cria sa mère au bas des escaliers.
La jeune styliste empoigna les habits de bal bien rangés dans leurs housses ainsi que son carnet de croquis. Lorsqu'elle arriva au salon, elle vit un Adrien en habit et rasé de près. Son cœur rata un battement à la vue de son copain qui l'attendait là, encore plus magnifique qu'à l'habitude.
Il lui sourit. Elle était ravissante. Sa robe rose, d'un style « Marinette », la rendait irrésistible et le rouge de l'excitation, encore plus mignonne.
« Tu es prête? » lui demanda-t-il simplement.
« Est-ce que je pourrai jamais être prête pour cela? »
Sabine insista pour les prendre en photo. Elle en prit d'ailleurs beaucoup trop au goût de la jeune fille. « Allez maman, nous allons être en retard. » Elle embrassa sa mère et prit le bras que lui tendit Adrien.
Il lui ouvrit la porte de la voiture et grimpa à sa suite. Le voyage fût silencieux, Marinette s'agrippant au bras du jeune homme, en quête d'énergie et d'assurance. Ils arrivèrent beaucoup trop vite au Manoir Agreste. Adrien fût surpris de voir que son père les attendait à l'extérieur.
Gabriel Agreste était comme cela, il devait s'assurer que tout se passe toujours à la perfection. Si son garçon devait fréquenter une jeune fille, elle devait être irréprochable dès le départ. Marinette ignorait qu'elle subirait déjà son premier test. Le styliste ne laisserait rien passer et, parce que bien souvent les médias étaient là à attendre la sortie de voiture d'une célébrité, il fallait que la demoiselle en sorte parfaitement et ce, dès maintenant.
Adrien, sortit en premier, évidemment, avec toute la grâce qui lui avait été enseignée. Il tendit la main à sa partenaire. « C'est parti Marinette », se dit-elle simplement et elle prit une grande respiration qui lui donna du courage.
Gabriel ne détourna pas une seconde son regard de la portière. Il vit d'abord la main de la jeune demoiselle qui saisit délicatement celle de son fils. Puis elle posa un pied à l'extérieur, un pied parfait dans une chaussure stylée que Gabriel n'avait encore jamais vue. Enfin, avec toute la grâce qui lui rappelait son épouse, elle sortit de voiture, les yeux perdue dans ceux de l'homme de sa vie.
Marinette était une jeune fille maladroite, très maladroite. Mais aujourd'hui, la chance de la coccinelle lui sourit. Elle posa son 2e pied au sol, et sa robe retomba parfaitement jusqu'à ses genoux. Elle tourna le regard vers son hôte et lui fit un sourire mi timide, mi aventureux. Son instinct la guidait, elle savait maintenant ce qu'elle avait à faire. Ce n'était pas le temps de flancher, elle alla chercher toute l'assurance et le courage de Ladybug et entreprit de gagner le cœur de l'homme froid qui se tenait devant elle.
« Mlle Dupain-Cheng, bienvenue au Manoir Agreste! » lui dit-il simplement.
Marinette, se surprenant elle-même, tendit une main et il y déposa un baiser. Adrien sourit à l'audace de la jeune fille. Comment avait-elle pu penser que Ladybug et elle était si différente? Il voyait toute la détermination de sa Lady dans les gestes de sa copine... et elle ne portait pas le masque.
Ils entrèrent au manoir ; Gabriel ouvrait la marche et Adrien guidait sa douce, une main dans le bas de son dos.
En attendant le repas, ils allèrent discuter dans le grand salon adjacent à la salle à manger. Ils parlèrent d'abord de sujets très banals mais le styliste, malgré l'importance qu'il portait à cette soirée, n'avait pas de temps à perdre. Il était un homme d'affaire et chaque minute comptait.
« Mon fils m'a fait part de votre intérêt envers la profession de styliste. J'avoue que je suis curieux de voir vos créations. Si je me souviens bien, c'est vous qui avez gagné notre concours avec ce chapeau si original il y quelques années. »
« C'est bien moi monsieur.»
« Et cette robe que vous portez ce soir, c'est un modèle intéressant. Un mélange entre l'influence européenne et asiatique à ce que j'en comprends? »
« Tout comme moi monsieur. Je ne porte que des vêtements que je conçois. »
« Très intéressant. Vous êtes une passionnée Mlle. Je suis curieux. Ces chaussures, c'est vous qui les avez confectionnées? »
« En partie oui. Je ne possède pas l'art de modeler des chaussures mais j'ai débuté avec une paire de sandales qui m'avaient inspirées. Je n'ai gardé que la base et j'ai confectionné le reste. »
« Vous êtes très débrouillarde mademoiselle. Adrien, est-ce que tu lui as demandé d'apporter son carnet de croquis? »
« Oui, père. Mon garde du corps devrait avoir tout apporté à l'intérieur. »
« Nathalie! »
L'assistante arriva rapidement au salon. « Oui monsieur ! »
« Rapportez-moi le carnet de croquis de Mlle Dupain-Cheng et joignez-vous à nous s'il vous plaît. Vous pourrez aussi donner votre avis sur ses créations. »
« Oui monsieur ! »
Lorsque Nathalie revint avec le carnet de croquis, ils s'installèrent autour d'une table pour le feuilleter ensemble.
Mr. Agreste observa les premières créations en silence. Marinette avait clairement des aptitudes envers ce métier. Les premiers croquis dataient de quelques années et on y décelait déjà le talent brut de la jeune fille. Plus les pages défilaient et plus les créations se raffinaient. Les coups de crayons étaient plus précis et plus épurés. Gabriel commença bientôt à commenter les dessins de la jeune styliste.
"Très inspiré ce chemisier, un peu vintage, sans être démodé. La frange de cette jupe est originale, vous auriez pu la mettre d'une couleur plus vive. Ce chapeau est un peu large mais la coupe est intéressante. Cette robe à un bon potentiel, vous pourriez raccourcir les manches et modifier un peu la forme du collet et avec une petite modification à la taille, ça serait..."
"...une belle création Agreste" termina Marinette avec un sourire un peu provocateur. "Mais moi, je suis Marinette Dupain-Cheng"
L'homme releva la tête surpris. Il évalua la demoiselle du regard pendant un instant. Adrien se mordit la lèvre. Était-elle allée trop loin? Qu'allait lui répondre son père?
"Vous avez du caractère mademoiselle. Vous défendez vos idées et ne reniez pas qui vous êtes, ce sont d'excellentes qualités pour une future styliste." Elle baissa la tête et rougit légèrement, ce qui ne manqua pas au regard de Mr Agreste. "Vous me rappelez quelqu'un." Rajouta-t-il pour lui-même en jetant un coup d'œil au portrait de sa femme disparue.
Ils finirent de feuilleter le carnet de la jeune demoiselle. Les yeux de l'homme s'assombrirent lorsqu'ils arrivèrent à la création en l'honneur de Chat noir.
"Vous avez un faible pour les superhéros Mlle Dupain-Cheng?" Il avait dit cela d'un ton sévère presque dégoûté. Adrien n'avait rien manqué de ce changement de ton et il en ressentit un vif serrement au cœur.
"Le même intérêt que tous les citoyens de Paris pour ceux qui protègent leur ville." Répondit-elle calmement sans remarquer le changement de tempérament chez son copain. Elle essaya de ne pas laisser transparaître ses craintes. Elle avait carrément oublié ce dessin mais, de toute façon, elle n'aurait pas pensé qu'il pouvait mettre en jeu l'opinion qu'il aurait d'elle.
"Bien sûr." Murmura-t-il pour lui-même.
Un serveur entra discrètement dans la salle.
"Le diner est servi"
Marinette était contente de quitter cette pièce qui semblait chargée d'émotion. Elle espérait que le repas changerait un brin l'atmosphère.
Les conversations autour du repas, s'orientèrent vers la relation qu'entretenaient les deux jeunes gens. Gabriel voulait s'assurer que la jeune fille qui s'apprêtait à entrer dans leur famille était bien consciente des conséquences que cela aurait sur sa vie. Ils discutèrent particulièrement des désavantages qu'apporterait une relation amoureuse publique. Les paparazzis qui seraient sans cesse à leur trousse, les moindre détails de leurs relations qui seraient étalés dans les journaux à potins, les critiques qu'elle aurait à subir face à une gente féminine frustrée de voir s'envoler leur chance avec le jeune modèle.
Marinette n'avait pas réellement pensé à tous ces désagréments mais enfin, c'était bien peu, se dit-elle, pour avoir la chance de posséder le cœur d'Adrien. Elle fût interrompue dans ses pensées par une question inattendue.
"Mademoiselle, j'aimerais aussi savoir : êtes-vous réellement amoureuse de mon fils?"
"Père!"
"Adrien, c'est une question légitime et j'exige une réponse!"
Malgré la surprise, Marinette n'hésita pas une seconde. "Oui, bien sûr que oui!"
"Pourquoi?"
Adrien vint pour protester mais son père le figea d'un seul regard.
La jeune fille n'avait rien à cacher. Elle aimait Adrien de tout son cœur et pour tout ce qu'il était. Mais le dire tout haut comme cela, devant lui et devant son père, c'était quelque peu embarrassant.
"Eh bien, pour tout ce qu'il est en fait. Il est charmant, généreux, il passe toujours tout le monde avant lui. Il garde toujours son calme peu importe la situation, il est attentionné et intelligent. Il est juste et voit toujours le bon côté des gens. Enfin, il est lui, il est Adrien!"
Ses paroles venaient du cœur mais elle ne pouvait s'empêcher d'être intimidée. Quand elle se tut, attendant le verdict, elle était écarlate.
En entendant tout ce que la jeune fille avait dit sur son fils, Gabriel Agreste eût cette vague impression qu'elle aurait tout aussi bien pu parler de quelqu'un d'autre qu'il avait bien connu; une femme merveilleuse dont l'absence avait brisé leur famille. Elle avait visiblement légué à leur fils cet éventail de vertus qui la caractérisait. "Bien!" Fut le seul mot qui sortit de sa bouche. "Maintenant que le repas tire à sa fin, il est temps pour vous de me présenter vos tenues de bal."
"Oui père!"
Adrien était resté silencieux jusque-là. Il était touché par les paroles de son amies envers lui. Il savait qu'elle l'aimait mais, l'entendre le dépeindre de la sorte, c'était plus intense que ce qu'il n'avait jamais ressenti. Il lui prit doucement la main et l'entraîna vers sa chambre où Nathalie avait fait déposer les habits.
"Prends la salle de bain, je vais me changer ici. " Dit Adrien avant de saisir ses vêtements qu'il enfila avec soin. Pas questions pour lui de gâcher le moment en abîmant leur création. Un coup prêt, il alla doucement cogner à la porte de la salle de bain.
"Mari, tu es prête?"
La porte s'ouvrit doucement, laissant sortir une Marinette rougissante tout aussi fabuleuse que la première fois qu'il l'avait vu dans cette robe.
"Tu peux m'aider svp?" Elle se tourna pour laisse voir son dos nu. D'un geste un peu maladroit, Adrien remonta la fermeture éclair de sa robe, frôlant au passage la douce peau de la jeune femme et les tissus délicats de la robe. Il en profita pour poser un baiser dans son cou et reçu de plein fouet une bouffée de son parfum, délicat, enivrant. Il y alla pour un autre baiser, puis un autre, puis un autre.... quelque part dans le processus, ses mains étaient descendues sur les hanches de la jeune fille et elle poussa un soupir de satisfaction qui lui fit perdre toute contenance. À partir de ce moment, tout le sang de sa tête descendit dans le bas de son ventre. Il tourna la jeune fille pour qu'elle lui fasse face et il l'embrassa avec toute la passion qu'il ressentait.
Quand il laissa sa bouche pour descendre dans son cou, elle en profita pour faire valoir son point:
"A...Adrien?"
"Mmphh!" Fut la seule réponse qu'il réussit à placer alors qu'il promenait sa bouche entre ses épaules et son cou.
"Ton père"
Deux mots assez efficaces pour l'arrêter net dans ses actions. Elle se sépara doucement de lui et jeta un œil critique au jeune homme.
"Cet habit te va définitivement comme un gant... quoique j'aurais peut-être dû prévoir plus d'espace à la fourche." Elle le regarda d'un air moqueur.
Adrien la regarda dans les yeux, il n'allait pas la laisser le décontenancer de la sorte. "Avec une telle beauté ma Lady, tu devrais toujours prévoir plus d'espace dans les habits des hommes qui t'accompagnent... quoique j'espère être à jamais le seul homme à pouvoir revendiquer le titre." Il vint pour l'embrasser de nouveau mais elle le repoussa avec un sourire.
"En attendant, ce n'est pas de cette façon que tu vas devenir, disons, présentable."
Il se mit à rire. "Tu as raison. Il faut vite que je pense à autre chose."
"Autre chose comme... la pensée de te voir embrasser... je sais pas moi... Kim peut-être? »
"Ahhh! Mari! SVP!" Un frisson le parcourut...
"Moi je crois que ça va le faire » pouffa-t-elle « et pour l'instant je reste très loin de toi"
Après qu'Adrien ait réussi à reprendre ses esprits, ils retournèrent à la salle à manger où son père et Nathalie les attendaient. Adrien, tout mannequin qu'il était, guidait Marinette alors qu'ils paradaient brièvement devant leurs deux juges.
Gabriel hocha de façon favorable en conservant son air sévère. "J'imagine, Mlle Dupain-Cheng, qu'il est inutile de suggérer des ajustements"
"Vous savez Mr. Agreste, il s'agit d'abord et avant tout d'un travail scolaire sur lequel Adrien et moi seront évalués. Nous ne voudrions pas être pénalisés si jamais notre enseignant venait à apprendre que nous avons usé de vos bons conseils."
Il fit un léger sourire. "Bien sûr. Mais n'oubliez pas que votre professeur ne sera pas le seul juge. Je suis d'ailleurs surpris qu'Adrien n'en ait pas pris conscience. En apparaissant ainsi au bras de mon fils en tant que sa compagne et styliste, vous aurez tous les yeux du monde de la mode tournés vers vous. Il sera intéressant de voir alors comment le style de Mlle Marinette Dupain-Cheng sera perçu par les plus grands. Mais je ne suis pas inquiet pour vous. Vous avez le talent et le caractère pour affronter tous ces requins. En ce qui me concerne, vos habits sont dignes d'être portés par mon fils et celle qui l'escortera. "
"C'est très gentil Mr. Agreste. Mais je dois spécifier que ces créations particulières sont un travail d'équipe et loin de moi l'idée de ne pas donner le crédit à votre fils pour les idées qu'il a apportées"
"Bien! Je dois retourner au travail maintenant. Mademoiselle, je n'ai rencontré qu'une seule autre femme de votre qualité dans ma vie, et elle m'a donné le fils merveilleux qui se tient à vos côtés. Vous êtes la bienvenue dans la famille Agreste."
Gabriel Agreste n'était pas fervent des manifestations émotives, alors, avant que quiconque n'ait le temps de réagir à ses paroles, il se tourna vers son assistante.
"Nathalie, veuillez svp me trouver un bref moment pour aller m'entretenir avec les parents de cette demoiselle dès demain et donner l'information à Mlle Dupain-Cheng pour qu'elle les avertisse de ma venue." Il se tourna vers Marinette. "Votre famille n'a pas l'habitude des médias et je veux m'assurer qu'ils auront les armes nécessaires pour les affronter. "
Il retourna à son assistante. "De plus Nathalie, je veux que vous rédigiez un communiqué pour les médias concernés. Il est hors de question que la relation entre mon fils et sa copine ressorte dans les journaux à potins comme une aventure quelconque ou une passade de jeunesse."
Il se tourna vers son fils en pointant un doigt avertisseur. "La Famille Agreste a un nom à protéger. Je ne veux pas entendre par la presse que mon fils ne prends pas cette relation au sérieux."
Adrien hocha discrètement la tête.
Gabriel quitta la pièce, mais avant de complètement disparaître il se retourna une dernière fois. "Et Nathalie, procurer à mon fils une boîte de préservatifs. Je souhaite voir ma famille prospérer dans l'avenir, mais pas dans un avenir trop rapproché. Je me fais bien clair Adrien?"
"Oui père!"
Si le jeune couple avait pu disparaître à l'instant, il l'aurait certainement fait.
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