Chapitre 24

Une tranche de pain dans ma bouche, je tends ma main pour prendre le téléphone posé sur la paillasse de la cuisine qui n'arrête pas de sonner. 

Numéro inconnu, encore. Je me demande quelques secondes si je dois décrocher, c'est sûrement papa qui cherche une nouvelle fois de me contacter.  

J'ai finalement décidé de le bloquer. Peut-être qu'un jour je vais lui pardonner mais pour l'instant j'ai besoin qu'il me laisse du temps et surtout qu'il arrête de me harceler. 

- Allô. Dis-je avec appréhension. 

- Allô, Simone?

- Oui c'est moi, qui est-ce? Ne reconnaissant pas au premier abord la voix de la femme 

- C'est Élie enfin Élisabeth, je suis… des toussotements l'interrompt.

- Elie, quel plaisir. Je me rappelle de toi, comment tu vas? As-tu un souci ? Dis je me rappelant qu'elle m'avait dit être malade 

- Tu peux venir me chercher s'il te plaît? Je… je suis au… au... 45 Street Ray au niveau de l'arrêt de bus, je… Une nouvelle fois ces toussotement 

- J'arrive, ne bouge pas. Dis-je en récupérant mes clés de voiture. Je ne prends pas la peine de me changer et dévale les escaliers vêtu d'un pantalon en satin, d'un démembré qui me sert de pyjama et de mes pantoufles. 

Je me dépêche de déverrouiller ma voiture et active mon GPS. 

Il est à peine sept heures, heureusement la voie est assez fluide. Je repense à la voix d'Élie, toujours aussi douce, mais aussi très faible. Même à distance j'ai pu me rendre compte que ça n'allait pas. 

J'espère que ce n'est rien de grave.

Après avoir roulé de quelques minutes, j'arrive enfin. Je prend mon téléphone pour essayer de la joindre quand je remarque une silhouette assise sur la cabine d'attente. 

C'est elle.

Une fois garée, je sors et me dirige vers elle

- Elie?

- Ah Simone, tu es venue. Dit elle en resserrant sa veste contre sa poitrine 

- Bien sûr, qu'est-ce qu'il y a Elie.

- Tu peux me ramener à la maison s'il te plait? Ce n'est pas loin, je vais te montrer 

- OK, ma voiture est juste garée là. 

Elle me regarde et sourit. 

- En tout cas tu as bon goût. Dit-elle en regardant ma Rang Rover. 

- Ah. Dis je en rougissant

Nous marchons doucement, très lentement, je vois bien qu'elle fait des efforts pour ne pas s'appuyer sur moi, c'est une femme qui femme qui n'aime pas afficher sa souffrance. 

Une fois dans la voiture, elle m'indique et nous arrivons devant un joli immeuble assez moderne. Après avoir inséré le mot de passe la porte s'ouvre et nous pouvons enfin prendre l'ascenseur. 

Troisième étage

Elle ouvre une porte et nous entrons dans son appartement qui est toit simplement magnifique avec une jolie vue de la petite terrasse qui se trouve du côté du salon. Une cuisine ouverte est à gauche et un grand écran plan juste en face. 

Elle prend place au salon et je me permets de lui servir un verre d'eau au vu de sa fatigue apparente. 

- Merci beaucoup,  j'ai l'impression de t'avoir réveillé. Dit elle en buvant un peu

- Oh non, j'étais déjà débout ne t'inquiète pas. Dis-je en prenant place près d'elle. 

- Je suis sortie me promener un peu et je crois que mes reins non pas supporter, je me fais opérer demain. 

J'ai bien envie de lui crier dessus pour son inconscience mais je me retiens. 

- De quoi souffres-tu Élie? Je décide de demander d'abord 

- J'ai un cancer, un cancer ovarien. Me dit-elle.

- Oh mon dieu.

- Je suis préparée tu sais, j'ai essayé de repousser l'inévitable le plus longtemps possible mais la dernière fois mon gynécologue m'a dit qu'il ne peut plus rien, la chimio ne fonctionne plus. 

- Et il y a des chances?

- Oui, généralement le cancer ovarien se détecte tardivement, disons que j'ai eu de la chance, je pensais que la chimio allait fonctionner mais il est en train d'atteindre le pelvis et l'abdomen. Ça sera trop tard après. 

- Je comprends. As-tu prévenu ton fils?

- Non

- Elie! Dis je malgré moi plus durement 

- Il s'inquiète déjà tellement pour moi.

- Mais il doit être au courant, vous devez lui dire que vous n'êtes pas en vacances mais ici.

- Ce soir, j'irai à l'hôpital. J'ai déjà prévenu mon médecin, si ça se passe mal il sera mis courant. S' il est au courant maintenant, non seulement je n'imagine pas sa fureur mais il voudrait tout contrôler. Je veux faire les choses à ma manière, je ne voulais pas qu'il reste en imaginant que je peux mourir, je le veux heureux.

- C'est un peu normal, c'est votre fils, il doit beaucoup vous aimer.

- Au point de vouloir contrôler ma vie, et vouloir me surveiller? je crois qu'il oublie parfois que c'est moi sa mère et que j'ai le droit de faire ce que je veux.

Elle me rappelle bizarrement quelqu'un mais c'est forcément les manies de tous les hommes riches 

- Alors comment faites vous pour qu'il ne se doute de rien?

- J'ai mes petites habitudes, après tout je suis sa mère.  Généralement je redirige mes appels, j'ai quelqu'un qui m'aide 

- C'est de famille alors, je comprends. Dis-je en souriant.

- Faut bien, maintenant je vais me reposer un peu, merci encore. Je ne te dérange pas plus. Dit-elle en se levant pour se diriger vers l'intérieur 

- Tu peux me prêter des habits? Je pense que je vais passer ma journée ici, je ne peux pas te laisser seule maintenant. Dis-je en me levant également. 

- Tu as sûrement des choses à faire?

- Non, c'est le week-end je ne travaille pas.

- Tu fais quoi comme boulot ?

- J'ai trouvé un travail dans une bibliothèque, quand tu iras bien, viens y faire un tour.

- Je n'y manquerai pas. Dit elle en avançant 

- Alors l'habit ?

- C'est par ici, suis moi.

Je l'ai laissé dormir et j'ai commencé à faire à manger car je n'avais pas fini mon déjeuner. 

À son réveil, nous avons mangé et passé la journée ensemble, elle m'a raconté sa vie, mais j'ai bien vu qu'elle ne voulait pas prononcer le nom du père de son enfant et de son fils. 

D'après ce que j'ai compris, c'était des gens assez influents. Je suppose qu'elle ne me fait pas encore suffisamment confiance et je comprends. 

En écoutant sa vie, je me suis rendue compte que cette femme était comme moi, ou que j'étais comme elle. Nous avons à un moment donné donné notre cœur à la mauvaise personne. 

Je me rends compte de l'enfer qu'elle a vécu, et j'espère ne jamais le vivre, même si je continue inconsciemment de vouloir que Angel me voit différemment. 

Pas juste une poupée, pas juste un objet.

Je lui ai raconté ma vie, en prenant la peine de ne pas mentionner le nom d'Angel. Comme elle, personne ne doit être au courant de ma relation, cela n'a pas semblé la gêner 

- Alors tu portes son enfant ?

- Oui.

- Sa femme est enceinte ?

- Oui.

- Oh ma chérie, je comprends mieux pourquoi je t'ai trouvé si spécial, on se ressemble plus que je l'aurais cru. Je suis fier de toi, tu as eu le courage de tout arrêter à temps contrairement à moi. Sache que tu peux compter sur moi pour ta nouvelle vie, je serais ravi de te faire partie de ta vie, enfin si je survie.

- Elie.

- C'est bon, il y a une partie de ton histoire qui m'intéresse. La manière dont il fait attention est complètement contradictoire avec ce qui semble sortir de sa bouche. Cet homme tient à toi.

- Tu crois?

- Oui et rien qu'à la manière dont tu raconte, toi tu es complètement folle de lui.

- Sauf qu'il m'a …

Elle me regarde et sourit. 

- Quoi ? Dis je

- Mais ouvre les yeux, il était jaloux le pauvre

- Ja… jaloux? Le pauvre?

- Un homme qui pique une colère et te menace de ne plus parler à son cousin? Je n'accepte pas l'acte mais je pense qu'il n'a pas su gérer sa colère, après il a eu honte c'est le pourquoi il n'est plus revenu.

- Je ne crois…

- Fais moi confiance… le père de mon fils était aussi jaloux mais pour lui frôlait la folie et contrairement au tien, il n'avait aucun remords, il m'a éloigné de tout, même son propre fils. Je crois qu'il le détestait, je suis sûr que si je n'étais pas partie avec le temps il l'aurait arraché à moi.

- Hum. Dis-je en touchant mon ventre et regarde ma montre. Je crois qu'il est l'heure Élie. Dis je pour la prévenir. 

Il est dix huit heures quinze quand nous arrivons à l'hôpital, j'avais prévenu Rose de ne pas s'inquiéter. 

- Je te laisse à l'hôpital, je rentre m'échanger et je reviens. Dis-je une fois en route.

- Tu n'es pas…

- J'insiste, c'est ce que je veux.

- Merci. Dit elle.  Mais je ne réponds pas, c'est normal. J'ai l'impression d'être encore plus proche de cette femme maintenant. 

Comme prévu, elle est directement prise en charge à l'hôpital, l'opération se fera à six heures demain, là elle va subir des derniers examens de routine avant l'intervention. 

****

- Alors comment elle va?

- Bien, je retourne la voir. Dis-je à Rose une fois à la maison 

- Tu semble beaucoup l'apprécier cette vieille dame

- Oui, pas si vieille que ça. Tu devrais la voir, elle refuse d'informer son fils unique de sa maladie c'est son choix mais je ne veux pas qu'elle soit seule dans un moment aussi critique. 

- Tu as raison mais pense à prendre soin de toi, tu n'es plus seule. Dit elle en train de revoir Game of throne

- T'inquiète pas.

- Tu sais au moins comment contacter les membres de sa famille si ça tournait mal? Elle se retourne pour me regarder 

- Son médecin,  il paraît qu'il a toutes les coordonnées. 

- OK. Bonne chance. 

- J'espère aussi que ça ira mieux.  Dis-je en sortant de la maison douchée et au chaud. 

J'arrive à l'hôpital et on me prévient qu'elle est toujours sur analyse.  On m'indique sa chambre de repos et je m'y rend.

Assise sur le canapé au coin de la pièce, la porte s'ouvre sur un homme en blouse blanche et des infirmiers en ensemble bleu. 

Elle est assise sur une chaîne roulante et me regarde en souriant. 

- Vous devez être Simone, Elie n'arrête pas de parler de vous. Dit le docteur 

- Elle est tellement belle n'est ce pas Charlie. 

- Tu avais bien raison. Je suis le docteur Charlie Grey, le médecin traitant de cette grosse tête de mule. Me tends la main un homme de la cinquantaine avec les cheveux complètement blanc sûrement dû à la coloration car il n'est si vieux que ça.  En tout cas ça le va à merveille 

Je le salue et hoche uniquement la tête vue qu'il semble déjà le connaître une fois debout.

- C'est bon, c'est bon, tu as gagné, tu auras ton opération. Dit elle et je ne peux m'empêcher de sourire. 

On l'a replacée sur son lit et les infirmiers se placent derrière. Près de la porte

- Bon moi je vais rentrer, je dois être en forme pour demain. D'accord ?

- OK. Dit elle, salue moi Martha 

- Sans problème, d'ailleurs elle a hâte de venir te voir, si tu as un problème…

- Je ne suis pas seule, tu vois bien que j'ai maintenant Simone avec moi.

- Et je suis bien content de te savoir accompagner. Il me regarde et son large sourire ressortent les rides de ses yeux. Merci de supporter cette vieille…

- Attention Charlie. 

- Bon, moi j'y vais. Dit il en se dirigeant vers la sortie suivie des autres. 

Nous avons passé le reste de la soirée à parler de tout et rien et c'est finalement la fatigue qui nous à emmener vers un sommeil profond. 

J'espère que tout se passera bien demain. 

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