Chapitre 20
Les cheveux encore mouillés, une serviette autour de ma poitrine, je me précipite pour décrocher mon téléphone qui n'arrête pas de sonner.
Numéro inconnu
J'hésite quelques secondes et l'appel prend enfin fin avant de recommencer
- Allô. Dis je vaincu priant ne plus entendre ce souffle angoissant
- Simone, c'est papa.
Cette simple phrase semble avoir remis mon être tout entier en question. Un poids lourd, aussi lourd qu'un roche se pose sur mon cœur et le tire vers le bas.
J'ai l'impression que mon cœur va quitter ma poitrine. La sensation est aussi désagréable que le silence qui s'est installé.
Ma gorge brûle et je ne sais pas si les larmes qui me montent aux yeux sont celles de la frustration ou de l'angoisse
Je me sens mal
- Pa...papa?. J'arrive à formuler. Je reconnais sa voix, plus rauque sûrement dû l'âge mais toujours aussi cassé à cause de l'alcool et de la cigarette qu'il aimait en consommer
《 Ça c'est la vie》 je l'entend encore me dire quand j'étais plus jeune, je l'avais trouvé dans son bureau en train de boire, un cigare en main, maman se plaignant qu'il avait encore dépensé toutes nos économies.
D'ailleurs je ne comprenais pas pourquoi elle continuait à faire compte commun avec lui.
Sûrement une stupide chose que l'amour n'explique pas.
D'aussi loin que je me souvienne, papa à toujours aimé la belle vie, il n'a jamais été satisfait de la vie monotone, trop simple, pas assez riche que nous vivions. Il a toujours voulu plus, vivre la vie qui n'était pas la sienne, jalouser et critiquer ceux qui étaient au dessus de lui.
Avec le recul, ça ne me surprend même plus qu'il se soit barré, maman n'était pas assez ambitieuse pour lui, elle n'aimait pas prendre de risques alors il a pris le risque de parier tout ce qu'on avait et la chance l'a souris.
Ce que je lui reproche le plus c'est de nous avoir abandonné, nous laissant sans rien, il n'a pas eu pitié de nous, de notre futur, de mon avenir.
- Comment as-tu eu mon numéro? Demandais-je doucement
- C'est ta mère, je l'ai appelée et nous avons beaucoup parlé. J'ai envie de te voir.
C'est juste qu'elle a toujours eu la manie de trop vite lui pardonner, j'espère qu'elle a compris qu'elle ne devait surtout pas.
- Je... je ne... me voilà qui perds mes mots tellement la colère fait rage dans ma gorge. Je prends place sur mon lit et serre fort mon téléphone
- Simone, s'il te plaît, fais ça pour ton vieux père.
Je crois que je viens d'entendre la plus grosse blague de mon répertoire
- Tu ne t'en souciais pas vraiment quand tu nous a abandonnés.
- Je veux prendre soin de vous.
- Fallait y penser quand tu nous a abandonné, maintenant c'est trop tard. Dis-je avant de raccrocher une bonne fois pour toute.
Je ne veux pas lui parler.
Comment ose-t-il ? il l'a fait, après tout ce qu'il nous a fait subir, il ose m'appeler?
Moi!
Il n'a pas le droit. Après mettre vêtu, je me rend à la cuisine me préparer quelque chose à manger pour me changer les idées, il ne va pas gâcher ma journée. Il est déjà sept heures cinquante minutes et je meurs de fin.
Rose est déjà partie au boulot une pomme à la main, j'ai rendez-vous à neuf heures à la bibliothèque Hall of Fame pour mon entretien, j'avais finalement fait ma demande d'emploi le lendemain de la consultation et tout semble croire qu'une semaine plus tard je corresponds au profil recherché.
Après m'être rassasiée, je me dépêche de prendre mon manteau et de me diriger vers la porte ayant sans doute pris beaucoup de temps.
Il ne faudrait pas que j'arrive en retard.
Je monte dans ma voiture et après avoir roulé à peine une dizaine de minutes, je tombe sur une rangée de voiture qui ne semble pas vouloir avancer, j'aurais peut-être dû aller à pied?
Ce n'est pas très loin, peut-être trente minutes à pied peut-être plus? Je ne saurais le dire.
Après m'être frayé un chemin, mon cœur bat à l'idée d'arriver en retard et de louper ma chance de trouver mon premier travail.
Je comprends mieux pourquoi Rose est si matinale. À l'université, nous habitions à deux pas du campus.
Je n'ai pas pour habitude de sortir aussi tôt.
Je regarde ma montre et il est déjà huit heures quarante et l'embouteillage ne semble toujours pas se dissiper.
- Allez avance. Dis-je commence si je pouvais faire quelque chose, je m'attarde à regarder ce qui se passe autour de moi, étant une file à double ligne, j'observe le couple à ma gauche qui semble se discuter, je baisse légèrement la vitre trop curieuse de les écouter et malgré le ronflement des moteurs je réussi tout de même à suivre quelques brides de les paroles
- Décidément tu n'es qu'un connard.
Peut-être j'aurais finalement besoin de pop corn?
- Un connard qui te baise, maintenant si tu n'es pas satisfait, descends de ma voiture. Gronde t-il et je ne peux m'empêcher d'ouvrir grand les yeux.
Il ne va pas de main morte lui
- Je te déteste. Dit-elle en ouvrant la porte pour sortir. Heureusement les rangées ne sont pas serrées pour laisser la place aux motos de circuler librement.
- Ouais c'est ça, je sais que tu vas revenir. Dit il alors que la jeune dame s'éloigne le visage rouge. Ma portière. Crie t-il alors qu'elle l'a laissé ouverte.
Je regarde la voix se libérer enfin. Un dernier coups d'œil vers ma gauche et je le vois sortir et contourner sa voiture pour la fermer. Il me regarde et me fait un clin d'œil.
- Elles reviennent toujours. Dit il comme si j'avais quelque chose à foutre de sa vie. Je m'avance tandis qu'il se fait klaxonner pour avoir bloqué la rue
- Rooh c'est bon. Crit il mais je ne le regarde pas et fonce vers mon rendez-vous.
Il me reste à peine sept minutes, je suis dans la merde.
J'arrive enfin devant la façade de la grande bibliothèque et me gare pour pénétrer rapidement.
- Vous êtes en retard. J'entends la voix fine mais forte d'une dame d'âge mûr, je regarde partout mais ne l'a voit nulle part. En haut. Dit-elle une nouvelle fois et effectivement, elle se tient là, sur l'estrade, le regard dur. J'espère ne plus vous réprimander sur votre retard.
Je fronce les sourcils ne comprenant pas.
- Le travail débute à neuf heures précise et se termine généralement à vingt heures, vous avez deux heures de pause que vous disposerez comme bon vous semble et en fonction de l'affluence. Le week-end c'est moi qui sera là où une collègue parce que voyez vous jeune fille, le savoir n'a pas de limites mais surtout pas de congé où de jour férié. Vous ferez les...
- Attendez une seconde, je suis prise? Je ne peux m'empêcher de lui couper
- M'adressais-je à une autre personne dans cette salle. Je regarde autour de moi avant de secouer la tête.
- On dit "non" jeune demoiselle. Vous êtes la représentation du savoir et du savoir vivre qui se trouve dans chaque page de ses livres. Dit elle en descendant les escaliers qui se trouvent tout au bout et dont je n'avais pas fait attention. Et surtout ne me coupez plus jamais la parole. Dit-elle en se tenant enfin face à moi dans sa tenue stricte et ses cheveux noués dans un chignon.
Où suis-je tombé.
- Comme j'étais de disance, vous vous changerez aussi à part de tenir la bibliothèque, de l'archivage et du triage, chaque lundi nous recevoir de nouveaux manuscrits mais aussi les commandes de nos clients alors il serait primordial de bien les noter et ranger en ordre alphabétique à leurs arrivées, je vous formerais durant la semaine. Maintenant allez déposer votre sac pour qu'on puisse commencer.
Perdue, voici le mot qui caractérise le mieux ce que je ressens pourtant j'obéis à l'instruction.
- Il y a une pièce tout au fond où vous pourrez disposer vos effets. J'entends dire et j'obéis encore une fois sans poser de question. Une fois fait, je m'avance vers elle et la voit raccrocher son téléphone avant de se tourner pour me regarder.
- Votre contrat vous sera déposé d'ici la fin de la semaine, j'espère que ça vous convient?
- Oui madame...
- Appelez moi Bauer, Dame Bauer.
- Bien Dame Bauer.
- Suivez moi mademoiselle Lane, d'après ce que j'ai lu vous n'avez aucune expérience.
- Affirmatif
- Alors nous allons commencer par la réception. Elle ouvre un ordinateur portable et l'allume puis ouvre une fenêtre. C'est alors que je vois une multitude de noms. Ce sont tous les livres présents. Dit elle
- Mais ça doit être des milliers de...
- cinq mille cent quarante deux exactement, répartis en cinquante neuf catégories, histoire, arlequin, science, physique, découverte, culture etc... Vous comprenez? Alors... Nous avons passé pratiquement tout la journée enfin qu'elle me montre le fonctionnement et comment utiliser l'ordinateur de la bibliothèque pas parce que je ne comprenais rien mais parce que nous avons été coupé plusieurs fois par l'arrivée de clients, elle m'a montré comment les indiqués ce qu'il recherchait et aussi comment faire pour les en proposer un semblable s'il ne trouvait pas. Tout le monde n'est pas patient et tout le monde ne s'est pas fouiller dans une bibliothèque, alors parfois je me déplaçais avec le client et madame Bauer pour lui montrer et apprendre.
J'arrive à la maison épuisée à vingt heures trente, on dirait que je suis retourné à l'école.
Couchée dans mon lit en étoile de mer, je peine à me lever après avoir lancé mes chaussures au coin de la pièce
- Tu devrais venir manger. Me dit Rose en entrant dans ma chambre.
- Je suis tellement fatiguée que je veux juste dormir, j'étais loin d'imaginer que travailler dans une bibliothèque était si épuisant et cette femme aaaaaah. Dis je criant de manière démesuré
- C'est normal c'était ton premier jour en plus tu ne connaissais rien, faut bien apprendre. D'ailleurs je trouve que tu as été chanceuse. Dit elle, je l'avais écrite pour lui expliquer la situation et aussi pour qu'elle ne s'inquiète pas de ne pas me voir à son retour.
- Pourquoi?
- Je te rappelle que tu n'as même pas eu besoin de passer un entretien? du premier coup en plus.
- Ouais, c'est vrai que j'ai trouvé ça bizarre mais peut-être qu'il n'avait pas assez de demande?
On se regarde, on n'y croit pas trop.
- Peu importe. Dit Rose, t'es une petite veinarde, maintenant travaille juste dur et tout ira bien pour toi.
- Oui, d'ailleurs j'avais déjà arrêté de piocher dans le compte qu'il m'avait ouvert... et je compte bien devenir indépendante et participer au loyer et aux charges de l'appartement.
Même si j'ai encore beaucoup d'argent de côté, je compte les garder pour mon enfant, son avenir et ses besoins.
- Comme tu veux, je ne compte pas tracher sur moins de dépenses hein. Dit-elle en souriant. Maintenant bouge ton cul ma nièce à besoin de force.
- Ehhh qui te dit que c'est une fille. Mais elle n'est plus là car elle s'en va en rigolant et je souris également en touchant mon ventre.
Oui ça ira.
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