Épilogue

Voilà la fin ! Sorry pour le retard cette fois j'étais dans le désert sans connexion 😅 J'espère que cette histoire vous aura plu, n'hésitez pas à dire ce que vous en avez pensé que ce soit positif ou non, ça fait toujours plaisir d'avoir des retours ! Bonne lecture et à bientôt pour une nouvelle histoire, j'ai pas mal d'idées, mais je commencerai à les écrire en avril dès que je rentre en France !

Je n'avais pu me résoudre à revenir dans cette maison. Quand bien même la mienne n'avait pas été impacté par l'incendie, il m'avait été impossible d'y remettre les pieds. Que je le veuille ou non, cet évènement et ses potentielles conséquences étaient un réel traumatisme qui m'empêchait de revenir sur les lieux sans sentir la panique m'envahir.

Ce n'était pas faute d'avoir essayé. Shane avait aussitôt fait demi-tour en me voyant débuter une crise. Après m'être calmé une fois rentré, j'avais décidé d'appeler mon thérapeute pour en parler, ce qui nous avait pris une longue et éprouvante heure pour disséquer en détail tout ce que je ressentais vis-à-vis de ce qu'il s'était passé. Cela m'avait tout simplement épuisé psychologiquement.

Puisque j'étais incapable d'y retourner, nous avions fini par élire domicile au garage en attendant. Nous passions notre temps ensemble, soit à réparer les véhicules sur place, soit pour ma part, à peindre à ses côtés. Je n'étais pas mécanicien, cependant Shane était patient et m'apprenait en me montrant ce qui n'allait pas et comment le raccommoder. J'aimais rester à ses côtés, autant que j'adorais ces moments simples que nous partagions ensemble. Comment ne pas raffoler de ses mains qui m'effleuraient doucement lorsqu'elles le pouvaient ou ses lèvres qui papillonnaient contre ma nuque, mes tempes ou mes lèvres lorsque je m'y attendais le moins ? Notre complicité s'éveillait davantage jour après jour, lorsque nous échangions des sourires quand Walter s'énervait au téléphone, ou que nous communiquions d'un simple regard.

Le témoignage de Shane fut la dernière chose qui nous retint ici. Lorsque Jay vint le chercher pour l'interroger, nous fûmes enfin libérés des chaînes qui nous détenaient. Nous adorions Walter et Sheila, mais cette ville et ses habitants ne seraient jamais notre foyer. Alors après plus d'une semaine passée à squatter les lieux, nous avions fait nos adieux et étions partis à moto.

Vers où ? Nous ne le savions pas encore. Rouler en toute liberté nous permettait enfin de respirer loin de toute cette toxicité. Le procès – s'il devait y en avoir un – n'avait pas encore eu lieu, néanmoins nous nous fichions de leur sort. Nous ne voulions plus être mêlés à tout ça, ni en entendre parler de nouveau. Je savais que Jay ferait de son mieux pour leur incarcération, il avait déjà réuni de nombreuses preuves et parvenait à faire témoigner ces idiots l'un contre l'autre pour s'accuser mutuellement.

Waldport faisait partie d'un passé que nous nous efforcions d'oublier au profit d'une route qui se traçait vers l'avenir. Nos seules possessions prenaient l'allure d'un unique sac contenant papiers, téléphones, argent et vêtements. Le reste n'avait plus d'importance.

Mon pick-up avait été confié à Walter dans l'attente que je revienne le chercher, ou qu'il me le ramène un de ces quatre lorsqu'il nous rendrait visite là où nous aurions élu domicile.

Cela nous prit un an. Une longue et incroyable année où nous avions roulé sur des routes sans fin et dormi dans des motels jusqu'à trouver notre petit coin de paradis. Chacun de nous avait économisé depuis des années sans savoir que cela nous servirait tant à présent. L'Amérique était un pays immense. Nous avions traversé de nombreux États, passé plusieurs semaines dans des villes où nous proposions nos services pour nous ressourcer en argent, même si nous n'en manquions pas.

Ce fut notre thérapie. Pour apprendre à vivre et à redécouvrir la bonté de l'humanité. Parce que ce que nous avions vécu là-bas avait été un cas isolé et qu'il ne représenterait jamais l'ensemble des Hommes existant sur Terre. Nous avions rencontré tant de personnes incroyables. Leur bienveillance naturelle avait permis de nous ouvrir à eux. De nous ouvrir au monde. Que ce soit dans le Montana, le Dakota, le Minnesota, l'Indiana ou tant d'autres. Nous avions découvert des êtres uniques qui nous avaient hébergés sans rien nous demander en échange d'un peu de compagnie. Tous nous avaient racontés leurs histoires, partagés leurs passions ou leur façon de penser. Nous étions tous identiques et pourtant si différents.

J'avais fini par arrêter de prendre des anxiolytiques, car mes crises de panique avaient fini par cesser ou lors de rares cas – souvent à cause d'un cauchemar – demeurer suffisamment faibles pour que je puisse me reprendre seul ou grâce à Shane. Cette liberté que nous ressentions aujourd'hui, nous la devions à toutes ces personnes avec qui nous avions partagés des moments exceptionnels.

Nous pensions chercher un endroit où vivre pour se poser afin de se reconstruire. Jamais nous n'aurions pu imaginer un seul instant que ce voyage puisse nous offrir bien plus que cela. Et je pense que c'est tout ce dont il nous fallait à ce moment-là, pour surmonter cette enfance maudite et les traumatismes que cet incendie avait provoqués. Même s'il n'en avait jamais parlé, Shane avait longtemps refusé que l'on ferme la porte de notre chambre. Je comprenais cette angoisse, car je possédais la même vis-à-vis des fenêtres. Il nous fallait une échappatoire, un moyen de ne plus être prisonnier à nouveau, quel que soit l'endroit et la sécurité que celui-ci nous procurait. Puis un jour, nous nous étions arrêtés à Salisbury, dans le Massachusetts.

Et nous avions su. Que cet endroit serait notre destination finale. Nous avions roulé si longtemps, avalant les kilomètres au gré du vent et de la poussière qui s'élevait sur notre passage. Il nous était impossible rester plus de deux semaines au même endroit, comme en fuite de notre propre ombre. Peut-être était-ce le cas, ou peut-être que nous ne nous sentions jamais à notre place, qu'importe à quel point nous étions bien accueillis. Dans tous les cas, nous n'avions jamais ressenti ce sentiment : celui d'être arrivé chez soi.

De se sentir en droit d'être ici, d'y vivre et d'enfin se stabiliser.

Salisbury réunissait une grande partie de ce que nous avions quitté, en mieux. C'était une petite ville côtière, bordée par l'océan Atlantique et suffisamment proche de Boston pour ne pas être trop éloignés de tout. Aucune forêt, ni montagne à perte de vue, mais une immense étendue de sable peu fréquentée qui nous avait subjugués à l'instant où nous l'avions découverte.

L'océan avait marqué notre histoire et d'une façon ou d'une autre, nous étions liés à lui. Tout avait commencé au bord de celui-ci, et s'y terminerait très certainement. Parce qu'on a beau fuir à des kilomètres, nous finirons toujours par retrouver nos origines.

Ici, nous nous sentions à notre place. Les habitants étaient accueillants, d'une bienveillance sans égale et surtout ils ne connaissaient pas Céleste. Quelques jours avaient suffi pour que nous achetions une des maisons situées en bord de mer. Elle était modeste, mais chaleureuse. Après plusieurs mois de travaux, nous avions fini par la rendre à notre image. Ensemble, nous avions remis sur pied ce terrain presque délaissé dont personne ne voulait. Nous l'avions reconstruit selon nos envies jusqu'à ce qu'enfin, elle ressemble à ce que nous désirions.

Je ne pouvais m'empêcher de l'observer avec amour, alors que les vagues déferlaient dans mon dos et que les mouettes chantaient au loin. Mon sourire s'étira tandis que je me tournais vers l'océan, m'approchant si près que les vagues recouvrirent mes pieds nus. Leur fraîcheur me fit frissonner de plaisir tandis que je dirigeais mon attention vers l'horizon. Le soleil déclinait peu à peu dans des nuances toujours aussi somptueuses.

Non, vraiment, je ne m'en lasserai jamais.

Je sus sans même l'entendre qu'il était là. Je le sentais comme une partie de moi, indissociable de mon cœur et mon esprit. Le poids de son regard qui me dévorait, de sa présence qui me retournait sans arrêt. Alors je ne fus pas surpris lorsque ses bras s'enroulèrent lentement autour de ma taille, que son soupir caressa ma joue tandis qu'il posait sa tête sur mon épaule.

Imaginer une vie sans lui m'était insupportable.

À quel point aurais-je regretté son absence ? Si j'avais écouté les avertissements et inquiétudes de mes proches, à quel point le vide sous mes pieds se serait-il agrandi ? À quel moment aurais-je fini par sombrer, sans comprendre pourquoi cela m'arrivait ?

Il était la raison de tout, la clé de mon univers.

Celle de mes souvenirs, de mon enfance.

De mon passé et mon avenir.

Je ne pouvais qu'être reconnaissant d'avoir affronté mes peurs ainsi que celles de mes proches qui s'efforçaient de me protéger. Pour enfin me sentir serein d'avoir comblé cette absence qui m'avait rongé chaque jour de mon existence.

— Ils sont arrivés, murmura-t-il à mon oreille.

Alors mon sourire se fit plus grand tandis que le bonheur menaça de me submerger. Ils sont là. Cela faisait plus de deux ans que nous ne les avions pas vus : Calypso, Ekaitz, Sheila, Walter et ma mère. Nous les avions invités parce que nous nous sentions enfin prêts à dévoiler notre havre de paix, à lui insuffler de nouveaux souvenirs de par la présence de nos proches.

Ceux que nous avions rencontrés en route avaient également été conviés et s'ils n'arrivaient pas aujourd'hui, ils le feraient les jours suivants. Et ceux d'après.

Parce que notre porte demeurerait ouverte à jamais.

Jusqu'à ce que cette maison soit emplie de rires et de voix qui nous avaient soutenus tout au long de notre existence. Je me tournai dans ses bras pour poser mes mains contre ses joues. Il avait ce foutu sourire en coin dont je raffolais tant. Ce sourire dont je ne pouvais me lasser et qui me faisait tomber toujours plus sous son charme.

Je bénissais chaque jour de me permettre de le voir.

De savoir qu'il m'était adressé.

Rien qu'à moi.

Alors je l'embrassai sous les lueurs chatoyantes du coucher de soleil. Je l'embrassai tandis que les vagues déferlaient sur nos pieds, qu'il me rapprochait toujours plus de lui comme si le moindre centimètre qui nous séparait lui était insupportable.

À quel point le bonheur pouvait-il nous submerger ?

Parce qu'en cet instant, mon cœur s'y noyait avec une exaltation indescriptible.

FIN

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