Chapitre 3

Hey ! Voici la suite, j'espère que le début vous plaît ! N'hésitez pas à commenter que je puisse voir ce que vous éprouvez et me faire une idée sur les chapitres ! Bonne lecture ~

Il fallait que je m'excuse. J'avais passé la nuit à ressasser ma maladresse de la veille, à tel point que je me sentais mal désormais. Essayer de comprendre le souvenir qui m'avait frappé de toute sa brutalité n'arrangeait rien. Était-il le petit garçon que j'avais aperçu dans les escaliers, ou bien quelqu'un qui ne détenait aucun lien avec ? Après tout, nous avions bien déménagé alors pourquoi pas eux ? Les maisons ça se vendait.

Il était commun de voir les gens rechercher de nouveaux logements, surtout en grandissant. Peut-être s'était-il rendu dans une ville plus développée afin de poursuivre ses études ou bien d'obtenir un travail plus enrichissant qu'il serait impossible d'acquérir dans un endroit si restreint. Ou alors c'était vraiment lui, mais je n'en aurais la certitude qu'en faisant de plus amples recherches.

Dans tous les cas, mon étourderie d'hier soir me mettait mal à l'aise. La froideur avec laquelle il m'avait renvoyé également. Je devais arranger ça.

D'un soupir, j'avisai l'heure et m'empêchai d'aller toquer chez lui si tôt. Il était à peine six heures et demie. Quand bien même je m'étais levé avant le soleil, ce n'était pas un rythme habituel pour les gens ordinaires. Je devais prendre mon mal en patience, et quoi de mieux pour cela que de commencer une nouvelle toile ? Je me sentais inspiré aujourd'hui, surtout après avoir contemplé la somptuosité des paysages qui m'avaient accompagné vers l'Oregon. De plus, puisque j'étais artiste peintre indépendant, il fallait bien que je m'y mette si je voulais remplir mon portefeuille pour le mois à venir. Quoique rien n'urgeait, j'étais loin de manquer d'argent. Cependant, j'avais besoin de m'occuper alors j'allai chercher les toiles que j'avais laissées dans le salon et en déposai une face à la baie vitrée menant au jardin arrière. Je me serais bien installé sur la terrasse, seulement je devais la réparer pour être sûr de ne pas passer à travers les planches au prochain passage. Il fallait également que je tonde cette pelouse chaotique, mais mieux valait attendre l'après-midi histoire de ne pas réveiller tout le quartier.

J'installai le chevalet, posai la toile dessus, puis sortis mes peintures et pinceaux avant de commencer mon œuvre. Aussitôt, je cessai de réfléchir et plongeai à bras ouverts dans mon art.

Peindre m'offrait la liberté d'oublier tous les problèmes qui m'accablaient. Le monde n'avait alors plus d'importance, car j'étais immergé dans une bulle que rien n'aurait pu éclater. Cela m'apaisait autant que ça me divertissait. J'adorais ce que je faisais, d'autant plus que ma passion était devenue mon métier le jour où mes tableaux avaient attirés l'attention d'acheteurs d'art. J'avais ainsi eu la chance d'exposer mes œuvres à San Francisco, ce qui avait contribué à un effet boule de neige surprenant. Ma popularité autant que ma clientèle s'étaient développées à une allure folle suite à cela, au point que mes tableaux se faisaient acheter dans les minutes suivant leur mise en vente. J'avais également plusieurs commandes à honorer de temps en temps. Chose que j'avais momentanément interrompue afin de m'installer sans trop de stress au sein de cette nouvelle maison.

Mon pinceau glissait naturellement sur la toile, matérialisant les lignes d'un paysage qui marquait mon esprit. Ce ne fut qu'une fois les montagnes achevées que je remarquai à quel point j'étais affamé.

Merde ! Il est déjà treize heures !

J'avais tellement été absorbé par les détails que j'en avais oublié le temps qui s'écoulait. Le laissant à sa place, je m'étirai un bon coup puis me rendis en cuisine afin de me préparer un plat rapide. J'avais énormément de tâches à faire aujourd'hui, chose que j'avais négligée au profit de mon art. Au moins le tableau était achevé et j'en étais suffisamment satisfait. L'argent qu'il me rapporterait me permettrait d'investir davantage dans les rénovations de la maison. Et bon sang qu'est-ce qu'il y en avait ! Tant d'années de désuétude et d'absence d'entretien avaient engendré pas mal de dégâts.

Il fallait aussi que je m'excuse. Je me préparai avec cette pensée en tête et quittai la maison. Celle d'à côté m'inspirait toujours un étrange sentiment de malaise mêlé à quelque chose que j'étais incapable d'identifier. Le palier brillait de nouveau, comme si la catastrophe que j'avais provoquée ne s'était jamais réalisée. Je soupirai et toquai. Basculant d'un pied à l'autre, je frottai mon avant-bras et observai les environs en patientant. Après quelques minutes de silence, je recommençai. Personne ne vint m'ouvrir. Ma troisième tentative ne fut pas plus glorieuse, ce qui signifiait que soit il travaillait, soit il m'ignorait.

J'optai pour la première option et reculai, prêt à réitérer en début de soirée. En attendant, j'allais en profiter pour me procurer de quoi rénover la maison. Je m'emparai du pick-up et partis à la recherche d'une boutique de bricolage. Un passant m'indiqua le chemin que j'effectuai consciencieusement. C'était petit, mais suffisant pour le moment. Il me faudrait aller à Newport pour trouver des magasins qui contenaient plus de choix. J'achetais tout ce qui me paraissait utile ; soit des outils et des matériaux. Les quelques planches en bois que je vis m'intéressèrent, alors je les embarquai avec moi pour la terrasse. Le reste pouvait attendre, je devais d'abord examiner en profondeur les lieux pour faire une liste adaptée à mes besoins. Une fois payé, j'emportai le tout à l'arrière de mon pick-up, transpirant aussitôt entre l'effort et le soleil qui frappait ma peau.

Lorsque tout fut sécurisé, je grimpai à l'avant et fis démarrer le véhicule. Ou plutôt essayai de lui redonner vie.

Merde. J'avais oublié l'étape garage en urgence.

Je tournai à nouveau la clé, cependant le bruit du moteur qui se noyait littéralement m'obligea à arrêter. Eh merde... Je laissai tomber mon front contre le volant en soupirant profondément. La maison était loin d'ici et je devais ramener ce foutu matériel d'une façon ou d'une autre. Je ne pouvais pas me permettre de rentrer sans ces deux-là. Après m'être redressé, je fixai le tableau de bord et tentai un nouvel essai.

— Allez mec je t'en supplie, je sais que j'avais promis de t'emmener au garage ne m'en veux pas. On y va tout de suite si tu veux bien démarrer.

Mais ma prière resta vaine.

Fais chier.

Je sortis en claquant la portière involontairement trop fort puis observai le pick-up comme s'il pouvait me donner une solution. Par exemple la résolution de son problème immédiat, histoire de rentrer sans complications.

— Est-ce que je peux vous aider ?

Je me retournai, faisant face au propriétaire du magasin qui avait dû assister à mes galères à travers sa vitrine.

— Vous ne connaîtriez pas un dépanneur par hasard ? Je crois bien qu'il vient définitivement de me lâcher.
— Si bien sûr, je peux vous appeler Walter si vous voulez, c'est le meilleur du coin je peux vous l'assurer !
— Vous me sauverez la vie.

Il me rendit mon sourire et retourna dans sa boutique pour contacter le dépanneur.

Quel enfer. Je pouvais déjà considérer ma fin de journée comme foutue. Le propriétaire m'informa qu'il arriverait dans peu de temps et m'invita à boire un café à l'intérieur en attendant. Une chose qui ne se refusait pas. Étant donné que j'étais son seul client, nous discutâmes de tout et de rien et j'en appris plus sur les habitants et la ville que je n'aurais pu en regardant les infos. C'est fou comme les ragots circulent vite ici. Le dépanneur mit une trentaine de minutes à arriver et se gara proche de ma voiture. Je saluai le propriétaire et vins à la rencontre de l'homme avant de me figer.

Oh.

C'était mon voisin. Ses sourcils se froncèrent une seconde avant de retrouver une expression neutre, presque blasée.

— Bonjour, Walter c'est bien ça ?
— Walter est mon patron, il était occupé aujourd'hui alors je suis venu à sa place. Quel est le problème ?

Son ton froid me perturba, bien qu'il demeurât professionnel.

— Mon pick-up refuse se mettre en marche. À vrai dire cela fait un moment qu'il me donne du fil à retordre lorsque je tente de le démarrer, mais en général après quelques essais il fonctionne. J'avais prévu de l'amener au garage, mais avec l'emménagement et... J'ai complètement oublié.

— Je peux avoir vos clés ?
— Oui bien sûr.

Je les lui tendis tout en ignorant la chaleur de sa main qui me fit frissonner. Sa voix rauque semblait toujours aussi casée, cependant cela lui donnait un certain charme. Lorsqu'il mit le contact, le véhicule fit un bruit atroce tout en crachotant bien trop de fumée depuis le pot d'échappement. L'odeur d'essence me prit au nez tandis que le silence revenait. Son état s'était visiblement dégradé depuis mon dernier essai. J'avais définitivement outrepassé ses limites. Après avoir jeté un coup d'œil au tableau de bord, il sortit afin d'observer l'intérieur du capot. Je m'approchai légèrement par curiosité, même si je n'y connaissais pas grand-chose.

— Depuis combien de temps roulez-vous comme ça ?

Je grimaçai et frottai ma nuque.

— J'ai roulé de San Francisco à ici. Ce pick-up appartenait à mon père depuis des années. Il est assez vieux donc il présentait déjà quelques problèmes, mais rien... d'urgent. Sur le trajet tout allait bien, seulement après plusieurs centaines de kilomètres je suppose qu'il a fini par en avoir assez. Il a commencé à refuser de démarrer lorsque je suis arrivé à Medford alors j'ai un peu... forcé. Parfois il y avait une odeur de caoutchouc brûlé donc j'avais prévu de l'emmener aussitôt au garage, mais... Eh bien, j'ai oublié.

Le regard en billet qu'il me lança me donna l'impression d'être un imbécile. Je pouvais y lire tout le poids de ses reproches.

— Je n'avais pas le choix, il fallait que je me rende ici.
— Vous avez probablement noyé le moteur à force d'insister. Mais je pense que le véritable souci doit être lié à l'alternateur.
— Est-ce que c'est un gros problème ?
— Ça peut l'être. L'alternateur permet à la batterie de faire démarrer le véhicule. Je devrai regarder plus attentivement au garage, mais s'il est cassé cela à pu entraîner une défaillance dans d'autres pièces comme la poulie, le connecteur, le régulateur ou la courroie d'alternateur.

J'étais vraiment dans la merde. Un soupir m'échappa lorsque je pensais à tout l'argent que je perdrais entre la rénovation de la maison et les réparations de la voiture. Ce genre de choses pouvait chiffrer très vite et dilapider toutes mes économies.

— D'accord. Que fait-on dans ce cas ?
— Je vais remorquer votre véhicule pour l'emmener au garage. Vous ne pourrez rien faire avec si vous ne le réparez pas.
— Très bien. Allons-y alors.

Placer le pick-up sur la dépanneuse prit un certain temps, mais lorsque ce fut terminé, il m'invita à monter sur le siège passager pour nous rendre au garage.

— Merci pour tout.

Il haussa les épaules.

— C'est mon travail.

Son ton était toujours froid et plat tandis qu'il maintenait son attention figée sur la route. Il n'avait pas souri l'ombre d'une seconde depuis son arrivée. Je l'observai un instant en me demandant s'il avait quelque chose contre moi ou s'il agissait ainsi avec tout le monde.

— Je suis désolé pour hier soir. J'ai été maladroit alors que je voulais vous offrir cette bouteille.

Il me lança un regard indéchiffrable, puis se reconcentra sur la route sans répondre. Je triturai mon jean, grattant la matière du bout des ongles tant j'étais mal à l'aise. Je n'aimais pas ce genre de silence glacial, pourtant la majorité du trajet se déroula ainsi.

— Au fait j'y pense, je ne me suis toujours pas présenté. Aedan Peterson, je suis votre nouveau voisin, tentai-je à nouveau en souriant.

Ses doigts se resserrèrent sur le volant, blanchissant presque à vue d'œil. À cette allure je ne serais pas étonné de le voir casser quelque chose ou me jeter dehors. Est-ce que je l'énervais tant ? Peut-être était-il simplement asocial. Je mordis mes lèvres puis me tournai vers la brise qui caressait mon visage à travers la fenêtre ouverte.

— Désolé, ça peut vous paraître bizarre, mais... est-ce qu'on se connaît ? demandais-je en n'y tenant plus.

J'avais cette étrange sensation, ce sentiment que je n'arrivais pas à déterminer qui me poussait à croire que je l'avais probablement déjà rencontré.

— Non.

Il ne m'en donnait pas l'impression.

— Alors pourquoi agissez-vous ainsi avec moi ?
— Vous n'êtes pas une exception.

Ça, je pouvais bien le croire après avoir été témoin de cet étrange moment au café.

— Qu'est-ce que ces gens ont contre vous ? Ils semblaient... furieux au café.

Son soupir me fit comprendre que je l'emmerdais réellement.

— Vous n'avez qu'à leur demander, ils se feront un plaisir d'y répondre.
— Je préfère m'adresser aux concernés plutôt qu'obtenir une vérité déformée.

Il me lança un léger coup d'œil avant de tourner à gauche et d'arrêter le véhicule. Nous étions arrivés.

— Écoutez, je n'ai aucune envie d'en parler, ni à vous, ni à qui que ce soit. Je n'ai aucun compte à vous rendre.

Sur ces paroles, il quitta l'habitacle en claquant la porte. J'en frissonnai comme s'il m'avait frappé en plein visage. Décidant de le laisser tranquille, je le suivis à l'extérieur et l'observai faire descendre ma voiture avec des gestes précis nés d'une habitude.

Il m'ignora tout au long jusqu'à ce qu'un autre homme sorte du garage en me présentant sa main.

— Bonjour, je suis Walter.
— Oh bonjour, répondis-je en la serrant. Alors c'est vous le gérant de ce garage ?
— En effet. Je regrette de ne pas avoir pu me déplacer, S n'apprécie pas trop le contact avec les autres alors je suis désolé s'il vous a fait passer un mauvais moment.
— S ?
— Oh, il s'appelle Shame, mais je n'aime pas le nommer ainsi.

Shame ?

« Shame, c'est le nom qu'elle m'a donné. »

La voix enfantine résonna si fort dans mon esprit que j'en sursautai presque. Elle me parût si réelle que je dus me forcer à rester immobile malgré la réaction innée de mon corps qui s'efforçait de chercher son origine. Il n'y avait aucun enfant ici. Je me repris rapidement et souris avec hésitation, encore perturbé par les réminiscences de ces paroles.

— Oh, d'accord. Non ça allait, il était... enfin...

Je m'enfonçais. Il me sourit avec une indulgence mêlée d'amusement et tendit sa main vers son bureau.

— Je vous en prie entrez.

Je me laissai guider et pris place sur une chaise face à lui. Les minutes qui suivirent furent centrées autour de mon pick-up, de ses potentiels problèmes et des frais que ça pourrait engendrer.

— S n'est pas très sociable, mais je peux vous assurer qu'il est devenu meilleur que moi dans la réparation en moins de temps qu'il ne m'en a fallu.

Je rivai mon attention sur le concerné qui avait déjà la tête dans le capot.

— Il vous le rendra comme neuf. Nous vous appellerons demain pour vous informer de ce qui ne va pas après l'avoir évalué en profondeur.
— Merci. Vous pensez que ça prendra beaucoup de temps ? J'ai besoin de mon véhicule en ce moment alors ça ne m'arrange pas vraiment qu'il soit HS.
— Tout dépend de l'importance des dégâts. Nous serons davantage fixés après l'avoir examiné en profondeur.
— D'accord.

J'observai les alentours avant de me tourner vers lui.

— En fait, je suis nouveau dans cette ville et je vous avoue que je ne sais pas où on est exactement.
— Nous sommes situés juste à côté du lycée.
— Oh.

C'était plutôt loin de chez moi. Il me faudrait un peu plus de quarante minutes pour m'y rendre à pied contre moins d'une dizaine en voiture.

— Est-ce que vous avez besoin qu'on vous ramène ?
— Ce serait vraiment génial, d'autant plus que j'ai acheté tout ce bois et ces outils pour la maison et j'aimerais autant les emmener pour m'en occuper.
— Pas de souci. S ! Tu peux raccompagner Monsieur Peterson chez lui s'il te plaît ? Tu pourras te tirer chez toi ensuite, je finirai avec la voiture et fermerai après. Prends la mienne, ses affaires ne tiendront pas sur ta moto.

Le concerné pris un air renfrogné, mais acquiesça sans un mot. Il ferma le capot et se détourna vers l'arrière pour embarquer quelques-uns de mes achats jusqu'au véhicule. Je remerciai rapidement Walter et l'aidai à porter mes outils, posant le tout dans le coffre du 4x4. Une fois terminé, nous grimpâmes à l'intérieur et quittâmes le garage. Le silence nous enveloppa tandis qu'il conduisait, le regard rivé sur la route. Il était inutile de lui indiquer mon adresse étant donné que nous étions voisins.

Après quelques instants, je ne pus m'empêcher de le détailler du coin de l'œil. Son expression restait indéchiffrable, pourtant je sentais la tension dans chacun de ses gestes. Sa veste en cuir lui allait particulièrement bien, en accord avec son jean noir et ses boots. Un keffieh entourait toujours son cou, lui ajoutant un certain charme qui me fit frissonner.

Bon sang, reprends-toi.

Je détournai mon regard vers la fenêtre et me forçai à rester tranquille. Shame. Quels parents pouvaient donner un tel nom à son enfant ? J'avais la sensation de l'avoir déjà entendu auparavant, pourtant cela ne me plaisait pas. Pourquoi cela me dérangeait-il autant ?

— Je n'aime vraiment pas ce nom, murmurais-je avant même de m'en rendre compte.

Je me figeai brutalement lorsque j'en pris conscience. Merde. Est-ce que j'ai vraiment dit ça ?

— Pardon ?

Porte tes couilles Aedan, tu t'es fourré là-dedans tout seul.

— Pourquoi vos parents vous ont-ils appelé ainsi ?

Je me tournai vers lui, dissimulant le malaise que je ressentais. Exposer ce genre de choses... n'était pas très approprié. Ça ne se faisait vraiment pas, pourtant je ne pouvais m'en empêcher.

— Pourquoi pas ?
— Eh bien... Ça ne se fait pas vraiment. C'est plutôt péjoratif.

Je m'enfonçais.

Il ne répondit pas. Je mordis mes lèvres et reculai dans mon siège.

— Je suis désolé. J'ai tendance à ne pas savoir retenir ma langue et parler de choses qui ne me concernent pas. Problème de franchise.
— Je suppose que je le méritais après tout, fut tout ce qu'il me répondit avant de s'arrêter devant chez lui.

Je le fixai en fronçant les sourcils tandis qu'il quittait son siège. Je voulus le contredire, mais me forçai au silence. J'en avais assez dit pour la journée. Il m'aida à amener mes planches et outils devant la porte de ma maison.

— Merci beaucoup pour votre aide.

Il haussa les épaules.

— Ce n'est rien.
— Est-ce que vous accepteriez que je vous offre un café pour vous remercier ?

Il m'étudia quelques secondes en silence. Je fus happé par la profondeur de son regard et cessai de respirer l'espace d'un instant.

— Ce n'est pas une bonne idée.

Sa voix s'était faite plus basse, plus douce. Elle gronda contre ma poitrine qui se réchauffa instantanément. Lorsqu'il se détourna, déjà prêt à s'éloigner, ma main s'empara de son poignet avant même que je m'en rende compte. Le frisson qui me traversa à son toucher fut presque électrisant.

— Je...

Quelque chose m'empêchait de le laisser partir, pourtant je n'arrivais pas à savoir quoi.

— On se connaît pas vrai ?

Il resta silencieux quelques secondes, fixant mes doigts sur son poignet. Sa peau brûlait contre la mienne, accentuant les battements de mon cœur. J'étais persuadé de l'avoir connu, d'une façon que je ne saurais expliquer.

— Rien de bon n'en sortira. Tu ferais mieux de retourner d'où tu viens et de choyer chaque jour où tu ne te souviens pas. C'est la meilleure chose qui peut t'arriver.

Sur ces paroles, il se libéra de ma poigne et me tourna le dos, rentrant chez lui sans l'ombre d'un regard en arrière. Le sentiment de perte qui me transperça alors me coupa le souffle. La douleur, bien qu'irréelle, m'était insupportable. Je continuai de fixer sa porte, incapable de me détourner de ses mots. Qui es-tu pour moi ?

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