Partie 2 Chapitre 6
Isa nous a un peu grondé quand nous sommes rentrés parce que j'avais acheté des cadeaux et qu'en voyant le nom de la boutique, elle a su que c'était très cher. Je me suis justifié en disant que je n'avais presque jamais rien acheté à la petite depuis sa naissance et que ça me faisait plaisir. Allison qui s'était endormie dans la voiture a continué sa sieste dans son lit et je suis aussi allé dans le mien pour me remettre de mes émotions de cette journée.
Plus je pense à lui et plus je me sens ridicule de toujours être amoureux de lui mais plus je le vois et plus je sais qu'il ne pourrait pas en être autrement. Je l'aime et c'est ainsi. A moi de voir si je peux en faire quelque chose. Mais je ne peux pas agir sans avoir quelques informations sur lui. Je me lève donc et rejoins ma chère et si gentille cousine qui est assise sur le canapé en train de dévorer une coupelle de fruits en regardant un soap opéra à la télévision. Elle sent ma présence dans la pièce et se tourne pour me regarder, sa cuillère pleine qui stoppe son trajet avant d'arriver à sa bouche.
-Oui, tu as besoin de quelque chose?
-Et bien oui en quelques sortes...
Elle repose sa cuillère dans son bol et s'assoit de manière à me faire face en me faisant signe de venir à ses cotés.
-Je t'écoute.
Je m'installe moi aussi sur le canapé en me raclant la gorge. Je suis gêné de devoir faire ça mais je ne sais pas comment je pourrais faire autrement. Il est hors de question de demander ces choses à Val directement au risque que ce que je ressens pour lui ne soit pas, disons plus, partagé.
-En fait ... J'aurais besoin d'informations.
-D'informations.... tiens, tiens et je parie que je sais de quoi tu vas me parler.
-Oui en même temps, ce n'est pas très difficile de le deviner.
Je baisse la tête légèrement honteux que mes pensées puissent être si flagrantes.
-Alors que veux-tu savoir?
-Euh... Et bien d'abord, je voudrais savoir s'il a quelqu'un dans sa vie en ce moment?
-Non, il n'a personne.
Un sourire que je ne peux empêcher se pose sur mes lèvres.
-D'accord. Tu sais s'il serait toujours intéressé par moi ? Enfin pour que nous nous rapprochions un peu au moins.
-Ça je ne peux pas te dire mais je sais qu'il a toujours quelque chose pour toi. Quand on parle de toi, ses yeux brillent d'une certaine façon. Il y a bien sûr de la nostalgie mais une lueur brille au fond de ses iris et elle n'est présente qu'à l'évocation de ton nom.
-D'accord. Mais vous parlez souvent de moi ?
-Disons que c'est arrivé quelques nombreuses fois. Soit quand j'avais de tes nouvelles, soit quand il en avait envie.
-Oh ... ok.
-Tu vas essayer de le reconquérir?
-Je ne sais pas... C'est compliqué tu vois. Tu m'as dit qu'il bougeait pas mal et puis je n'ai pas encore fait mon choix pour savoir où je vais vivre et travailler.
-Tu as encore un peu de temps et puis pour son travail, la plupart du temps il reste dans la même ville un bon moment. Le mieux serait vraiment que vous en parliez tous les deux.
-Je sais mais c'est tellement plus facile à dire qu'à faire.
Isa se saisit de ma main et la serre.
-Je suis sûre que vous êtes destinés à être ensemble. La manière que vous avez tous les deux de parler de l'autre est juste magnifique, parfois un peu triste mais je sais que vous avez beaucoup d'amour et d'affection l'un pour l'autre. Maintenant à vous de saisir cette opportunité et d'en faire quelque chose ensemble.
-Je vais essayer.
-Tant mieux parce que je l'ai invité à diner à la maison tout à l'heure. Il devrait arriver d'ici deux heures. Ça te laisse le temps de te préparer psychologiquement et physiquement.
-Tu sais que tu vas me tuer à force... Maintenant je vais angoisser en attendant que l'heure tourne.
-Oh! Alors dans ce cas je vais te trouver une occupation. Tu pourrais m'aider à préparer le repas, je sais que tu sais cuisiner.
Elle me regarde avec un immense sourire, fière d'elle, en avalant sa cuillère de fruits alors que moi je suis nerveux, angoissé et tellement stressé que je ne réponds rien. Je me lève et pars dans la cuisine pour commencer à préparer le dîner.
Après une heure de cuisine je suis rejoins par ma petite princesse qui est toute sage. Elle s'est assise sur une chaise et me fais la conversation alors que sa mère s'active à faire dorer la viande dans une grande casserole....
-Laisse, je vais faire. Tu fais n'importe quoi. Va t'asseoir avec ta fille et reste sage.
Je la vire du coin cuisine pour éviter un massacre. Elle essaye de se justifier mais je lui dis de se taire et d'aller s'asseoir. Je lui donne une tape sur le haut de la tête ce qui l'énerve encore plus et ce qui me fait d'avantage rire. Axel arrive dans la cuisine, suivi de Val qui tient une bouteille de vin dans ses mains. Isa se réfugie dans les bras de son mari et se plaint de mes maltraitances.
-Il est aussi méchant que toi Val. Arrête de rire Raph, c'est vexant. Vous êtes vraiment chiants tous les deux à vous moquer de moi.
-Mais c'est parce qu'on t'aime. N'est-ce pas Raph?
-Mais oui. Qui aime bien, châtie bien.
Axel rigole et Isa lui donne une tape sur le torse pour qu'il se stoppe. Val s'avance vers moi.
-Ça sent super bon.
-Merci, je viens de sauver ce rôti des mains de cette ignorante.
-C'est vrai que la cuisine et Isa, ce n'est pas le grand amour.
-Ha ha... c'est vrai que toi, tu t'y connais ...
Je sens Val se tendre légèrement a la remarque de ma cousine et baisser le regard un instant, sans doute gêné. L'instant d'après, il relève ses magnifiques yeux pour se fixer dans les miens.
-Oui je m'y connais plutôt bien même si le dernier dîner que j'ai préparé n'a pas vraiment été fameux à la fin.
Je ne sais pas ce qui lui est arrivé mais j'ai envie de le serrer dans mes bras, de lui dire que je suis là et enlever cette tristesse de son visage et dans sa voix.
-Tu parles du dernier diner où tu nous as invité? C'était bon pourtant, dit Axel.
Je crois que le pauvre Axel n'a pas vraiment compris le message. Val sourit en levant les yeux au ciel.
-Ouais...
-Bon et bien puisque je suis si nulle en cuisine, je vais vous laisser gérer messieurs. Mon chéri, ma puce, venez. Nous allons profiter de notre soirée.
-Hé mais tu n'es pas gênée, tu laisses tes invités faire la cuisine pendant que toi tu ne fais rien.
-Je suis enceinte, il me faut du repos.
-Ah ben ça c'est pas mal comme excuse. File, va t'asseoir la lilliputienne.
-Et voilà, tu vois Val tu n'es pas le seul qui me traite de ça. Mais un jour vous allez le regretter tous les deux.
-Et bien va chercher ton armée chez les minimoys.
J'explose de rire face à la tirade de Val qui sourit de façon triomphante face à une Isa qui fronce les sourcils en essayant de paraitre méchante. Axel la prend dans ses bras en souriant lui aussi et ils partent dans le jardin. Allison les suit en demandant ce que c'est les "minimoys."
Nous nous retrouvons donc seuls, Val et moi dans la cuisine. J'essaye de ne pas paraitre trop nerveux, ce n'est pas un rendez-vous mais je ne peux m'empêcher de l'espérer.
-Tiens, j'ai acheté ça. Je pense que ça devrait s'accorder avec le repas.
Il me tend la bouteille de vin rouge. Nos doigts s'effleurent quand je la lui prends pour la poser sur le plan de travail. Nos yeux se connectent au même instant et j'ai tellement envie de lui dire que j'ai toujours autant de sentiments pour lui qu'il y a douze ans, mais je me calme et lui souris avant de me retourner pour m'occuper de la viande.
-Merci pour le vin, c'est très gentil.
-Avec plaisir. Je ne savais pas si tu en buvais mais j'imagine que tu en bois de temps en temps même si ça ne doit pas être le même qu'en France.
-Oui ça m'est arrivé mais il n'a pas les mêmes saveurs que le bon vin français.
-Alors je peux t'aider à faire quelque chose?
-Oui si tu veux, il faudrait effeuiller et laver la salade.
-Ça, je sais faire.
Val part se laver les mains, il remonte ses manches et je vois vers la pliure de son coude un début de motif encré dessiné sur sa peau. Je me demande ce qu'il s'est fait tatouer. C'est vrai qu'il m'avait dit en vouloir quand il serait majeur.
-Toi aussi tu es devenu accroc aux aiguilles?
Val me regarde l'air perdu, je lui montre son bras.
-Ohh oui. Je t'en avais parlé je crois. Je me le suis fais faire en Australie quand j'y suis allé.
-L'Australie? Waouh... j'aimerais y aller moi aussi un jour.
-C'est un très beau pays, j'y ai vécu un an après avoir eu mon bac.
-Tu as pris une année sabbatique?
-Oui j'avais besoin de me trouver et me comprendre.
-Je vois. Et tu as quoi du coup comme tatouage?
-C'est une plume qui se transforme en oiseaux qui s'envolent. Tu veux voir?
-Ouais.
Je m'approche de lui alors qu'il soulève d'avantage sa manche et laisse apparaitre un tatouage magnifique. Je pose mes doigts et retrace les contours en partant de son biceps.
-Il est vraiment très joli.
Je relève les yeux et tombe dans les siens. Il m'observait.
-J'ai vu que toi aussi tu en avais rajouté quelques uns aux tiens.
-Oui plusieurs même. On sait quand on commence mais jamais quand on finit d'en vouloir avec les tatouages.
-Je peux? demande-t-il en s'approchant de moi.
-Oui.
Il pose ses doigts à son tour sur mes nombreux dessins qui recouvrent quasiment la totalité de mon bras droit puis il passe à mon bras gauche. Il le scrute, je tourne mon bras pour lui montrer l'intérieur de mon poignet où se cache l'un de mes préférés. Il me regarde dans les yeux avant de revenir sur ce "V" qui trône au dessus d'un symbole infini que je me suis fait tatouer il y a presque douze ans maintenant. Il le caresse du bout des doigts en se mordant la lèvre inférieure.
-Quand?
-Deux semaines après que je sois arrivé à Toronto.
-Tu ne l'as jamais regretté?
-Jamais. Et jamais je ne le regretterai.
Mes mots résonnent comme un rappel de ce qu'il m'avait dit quand il m'avait avoué vouloir faire l'amour avec moi. Il voulait que je sois son premier et je lui avais alors demandé s'il n'allait pas regretter. Sa réponse m'avait tellement pris les tripes à ce moment là quand il avait prononcé le mot "Jamais". Je voudrais que ma réponse lui donne cette même sensation. Lui avouer à demi-mot qu'il compte bien plus que ce qu'il pense, bien plus que ce que je peux exprimer par les mots.
Ses yeux reviennent plonger dans les miens. Je pourrais lui dire maintenant que je l'aime toujours ou bien l'embrasser mais je ne veux pas rompre ce moment magique que nous avons enfin, ni précipiter les choses. Ses yeux brillent de plus en plus.
-Merci.
-Tu n'as pas à me remercier Val. C'était pour t'avoir un peu avec moi.
Sa main descend et nos doigts s'entrelacent.
-Désolé de vous embêter mais je viens prendre du jus de fruits pour ces dames.
Je me sépare de Val et retourne à la cuisson de la viande. Axel se sert dans le frigo avant de nous dire que ça sent tellement bon qu'il en bave. Une fois parti je regarde Val qui se trouve à quelques mètres de moi et qui pourtant me parait si loin. Il me sourit avant de reprendre l'essorage de sa salade.
Le repas est enfin prêt et nous apportons les plats. Un joli bouquet de fleurs sauvage posé au centre de la table qui a été dressée.
Nous dinons et je reçois une multitude de compliments. Je dis à Isa que je lui apprendrai la recette mais elle boude comme une enfant de dix ans à qui on aurait pris son jouet préféré. Axel débarrasse en m'interdisant de l'aider alors qu'Allison vient sur mes genoux. La pauvre est toute fatiguée. Elle se cale contre mon torse et suce son pouce. Je lui caresse les cheveux en la berçant doucement. Val me regarde avec un sourire étrange. Isa s'approche de lui et lui parle à l'oreille. Je vois son sourire s'agrandir quand elle se relève et me regarde elle aussi.
-Quoi? J'ai un truc sur le visage?
Je fronce les sourcils en me passant la main sur les joues, au coin des lèvres...
-Non tu n'as rien, tu es magnifique cousin.
-Alors pourquoi vous souriez?
-Je disais juste à Val que tu ferais un super papa.
Je rougis et secoue la tête.
-N'importe quoi...
-Je suis d'accord avec elle. Je t'ai vu plusieurs fois avec Allison et tu sais t'y prendre avec les enfants. Tu feras un magnifique papa.
-Merci. J'aimerais, mais il me faut le deuxième papa avant de penser à fonder une famille.
-Je suis sûre qu'il n'est pas très loin. Hein Val?
Isabelle et la subtilité, bonjour.... Je ne sais plus où me mettre. Val sourit et acquiesce alors que ses pommettes rosissent. Mince il est tellement adorable, j'ai l'impression de le revoir adolescent.
Axel revient avec des cafés et un gâteau au chocolat qu'Allison adore sauf que la petite puce vient de s'endormir dans mes bras. Il pose le dessert sur la table et se tourne vers moi.
-Tu veux que j'aille la coucher?
-Non, pour l'instant elle est bien là, j'irai la mettre au lit après.
-Quand tu ne sentiras plus ton bras tu me le diras.
-Ne t'inquiète pas, ça devrait aller.
Val est en face de moi, ses yeux ne me quittent pas. Je ressens à nouveau cette attraction qui existait entre nous avant. C'est chimique, physique, fascinant, hypnotisant... Je me perds dans son regard, tout comme lui se perd dans le mien. Il n'y a plus que nous, il n'y a plus que nos corps et nos cœurs qui battent à l'unisson. J'ai l'impression d'être emporté par un puissant torrent qui m'engloutit et me renverse. Si nous étions seuls je me jetterais sur lui sans aucune hésitation et le laisserais faire ce qu'il veut de moi.
Notre instant séduction s'arrête en douceur quand nous revenons tous les deux au monde réel. Axel qui découpe le gâteau et Isabelle qui en demande encore un peu plus. Val qui sourit, moi qui lui sourit en retour et Allison qui remue légèrement dans mes bras.
Je pars coucher la petite dans son lit pour lui éviter d'être balader de bras en bras. J'allume sa veilleuse et remonte sa couverture de princesse sur ses épaules. Je reviens vers l'extérieur et m'installe à côté de Val. Mon corps est tellement attiré par le sien que je ne pourrais plus rester loin de lui, même si ma tête me l'ordonnait.
Il me sourit et me tend une assiette avec une part de gâteau. Axel gronde Isa qui en demande encore en lui disant qu'après elle va le regretter. Nous restons ainsi tous les quatre assis autour d'un café et de ce délicieux dessert à nous remémorer le passé, notre été d'il y a douze ans. Celui qui a changé nos vies à tous les quatre. En une magnifique histoire pour certains et une bien moins heureuse pour d'autres mais tout aussi puissante et importante.
C'est fou d'entendre quelqu'un d'autre parler de nous. Nous qui pensions avoir été discrets, aucun geste, aucun mot qui aurait pu nous trahir. Seuls nos regards un peu trop amoureux et transis nous trahissaient. Isa nous raconte qu'elle a su presque de suite que quelque chose se passait entre Val et moi, à l'époque. Bizarrement évoquer notre relation ne nous met pas mal à l'aise, au contraire je pense que ça nous rapproche aussi bien mentalement que physiquement puisque nos cuisses et nos genoux sont collés sous la table. Nos mains se frôlent parfois quand l'un de nous se saisit de sa tasse ou bien change un peu de position. Je pense que chacun de notre coté nous cherchons à savoir si l'autre est toujours ce même jeune homme que nous étions.
Isa se lève d'un seul coup en frappant dans ses mains. Un immense sourire s'affiche sur son visage, ce qui n'est pas forcément bon signe mais nous attendons de voir ce qu'elle va nous dire. Je regarde Val qui fronce légèrement les sourcils quand ses yeux entrent en contact avec ceux de ma cousine.
-Val, mon meilleur ami pour la vie?
-Oui... tu me fais peur quand tu fais ça...
-Mais non allons. Tu veux bien nous jouer une chanson, j'ai toujours ta guitare.
-Euh...
-Dis oui s'il te plaît. Si tu m'aimes.
Val semble gêné. Isa le regarde avec ses grands yeux suppliants et ses mains jointes en prière. Il ferme les yeux, bascule sa tête en arrière et cède au caprice de cette maman qui gronde sa fille quand elle fait la même chose. Axel se lève et part chercher la guitare de Val à l'intérieur.
-Tu veux quoi comme chanson?
-Je ne sais pas, un truc calme mais je veux que tu chantes.
-Isa, tu sais que je n'aime pas...
-Je chante avec toi. Dis oui, dis oui, dis oui.
-D'accord mais t'es chiante quand même.
-Oui mais je suis sure que Raph va adorer.
Isa me fixe avec un sourire malicieux.
-Je l'ai déjà entendu jouer tu sais.
-Oui mais tu ne l'as jamais entendu chanter avec moi. Ahhh merci mon chéri. Tiens Val.
Val prend la guitare sèche entre ses mains. Son visage rougit légèrement quand nos yeux entrent en contact, il fait quelques réglages et s'installe un peu mieux sur sa chaise en se raclant la gorge.
Il commence à gratter quelques accords et je reconnais de suite cette chanson. Je l'ai tellement écouté quand je suis parti au Canada. Allongé dans mon lit et en train de pleurer parce que Val me manquait terriblement.
La voix de Val est sublime. Je l'avais entendu chanter une fois sous la douche parce qu'il me croyait endormi mais je dois avouer qu'elle est bien plus belle aujourd'hui, plus masculine, plus mélodieuse, plus suave. Il me donne des centaines de frissons sur tout le corps. Je sais que dire ça de l'homme qu'on aime n'est pas vraiment objectif, il pourrait avoir la pire voix au monde que je l'aimerai toujours.
Plus je les écoute et plus je me dis que leurs voix s'accordent parfaitement, ils ont sans doute l'habitude de faire ça ensemble.
Val est concentré, il ferme les yeux quand il joue, sauf juste avant le refrain quand il dit "And I wish I was special. You're so fuckin' special..." et qu'il me regarde droit dans les yeux. J'ai envie de lui dire que oui il l'était spécial pour moi. Que même s'il pense que notre relation n'a duré que deux petits mois pour moi ça n'a jamais réellement cessé d'exister et qu'il a toujours été présent dans ma vie.
La chanson s'achève, j'ai des frissons sur tout le corps ainsi que mon cœur qui bat frénétiquement. Trop d'émotions, trop de sensations, trop de questions qui tournent dans ma tête mais je ne peux m'empêcher de le regarder encore et encore. Axel applaudit en embrassant la tempe de sa femme.
-C'était magnifique, triste mais magnifique.
-C'est une chanson que j'ai beaucoup écouté en Australie.
Je vois que je n'étais pas le seul... Ça me serre le cœur de l'imaginer écouter cette chanson, peut-être seul, peut-être en pleurant... Comme moi.
-Et bien mon ami, tu devrais écouter des chansons plus gaies et plus entraînantes aussi. Je veux que pour ton prochain concert tu nous joues une belle balade romantique et optimiste à souhait.
-Promis, la prochaine fois.
La soirée s'achève entre fous rires et moments nostalgiques.
Il se fait tard, Isa tombe de sommeil et j'avoue que je commence moi aussi à ressentir un peu de fatigue. J'aide Axel à ranger un peu, Val annonce qu'il va rentrer chez lui. Isa lui fait la bise avant de venir vers moi et de me glisser à l'oreille d'aller le raccompagner au moins jusqu'au portail. Je lui souris et rejoins Val qui souhaite une bonne nuit à Axel.
Nous avançons dans l'allée de la maison. Le gravier crisse sous nos pas, l'éclairage des petites lanternes aux bord nous aide à nous guider jusqu'au petit portail électrique. Comme depuis nos retrouvailles, c'est Val qui parle le premier.
-Merci pour la soirée, pour le repas et pour le reste.
-Merci à toi d'être venu.
Un petit instant de silence s'installe entre nous mais nous en profitons pour nous observer.
-Je dois t'avouer que je stressais un peu de passer cette soirée avec toi. J'avais peur que ce soit bizarre entre nous.
-Moi aussi j'étais assez stressé.
Je ris doucement alors que Val me sourit franchement.
-J'aimerais qu'on fasse un truc juste tous les deux, si ça te dit bien sûr, propose-t-il.
-Oui j'adorerais. On pourra parler un peu plus parce qu'avec Isa pour en placer une, il faut se lever de bonne heure.
-Elle n'a pas changé, elle est toujours une vraie pipelette.
-Oui, toujours.
-Alors on pourrait se voir demain et on avisera.
-Avec plaisir.
-Super. Alors bonne nuit Raph.
-Bonne nuit à toi aussi Val.
Il s'approche de moi et me fait la bise mais pas comme il la ferait à Axel ou à quelqu'un d'autre... Non, c'est plus comme cette bise que je lui avais faite autrefois pour lui faire comprendre qu'il me plaisait, que j'avais envie de plus que son amitié. Cette bise où le coin de nos lèvres se touchent en douceur et pourtant ce n'est pas un baiser. Cette bise à la commissure des lèvres qui dit ce que chacun pense sans oser le dire à haute voix. Un petit signe qui donne un grand espoir à mon cœur.
Il se recule, son sourire en coin qui me fait craquer et me dit à demain en s'éloignant. Je pourrais lui courir après, je pourrais l'embrasser amoureusement mais je ne le fais pas. Je laisse le présent répéter notre passé mais en inversant les rôles. C'est lui qui a fait le premier pas cette fois et je trouve ça tellement romantique.
Il se retourne juste avant de passer la grille de chez lui et me fait un dernier signe de la main auquel je réponds également. Cependant tout bas je chuchote les petits mots que j'avais dit il y a douze ans quand j'étais entré dans ma voiture et que je n'avais pas eu le courage de lui dire.
-Je t'aime Valentino.
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