Chapitre 1 : Déjà la rentrée

La rentrée était ENFIN -expression tout-à-fait ironique- arrivée. Mon père disait que c'est très important d'aller au collège, pour que je puisse faire le travail de mon choix, plus tard. Pourtant je n'avais jamais aimé cela... Les cours qui n'en finissaient jamais, les profs qui ne comprenaient même pas à quel point leurs cours étaient ennuyeux... Pas un seul instant ne passait dans ces bâtiments sans que je ne rêvasse de finir mes études, pour pouvoir enfin faire ce que je voulais de ma vie. La seule chose qui me faisait sourire lors de chaque rentrée, c'était que j'allais retrouver ma meilleure amie, Lucie.

- Idriiiiil !

Une voix stridente a soudain retenti derrière moi et, à l'instant où je me suis retournée, Lucie m'a sautée dessus.

- Ça fait tellement longtemps ! Tu m'as trop manqué !

Je l'ai serrée dans mes bras à mon tour. En voyant les regards curieux que nous lançaient les autres élèves, je lui ai chuchoté à l'oreille :

- Euh... Peux-tu me lâcher, s'il-te-plaît ? Il y a juste tout le collège qui nous fixe...

- Oh ! P-pardon ! Je n'avais pas vu...

Elle a lentement retiré ses bras de mes épaules, puis m'a entraîné derrière elle.

- Et ! Mais qu'est-ce que tu fais ?

- Il ne te tarde pas de savoir dans quelle classe tu es ?

- J'espère juste que je ne suis pas dans la classe de Brandon. Ça fait déjà trois ans que je dois le supporter ! Une année de plus et je meurs !

Après avoir traversé la cours qui devait être grande comme deux terrains de foot - en plus de ça, on avait aussi la chance d'avoir un petit jardin de la taille d'un terrain de basket ! Génial, non ? - je me suis retrouvée devant le tableau exposant les noms des élèves ainsi que leur classe. J'ai parcouru du regard les dizaines de noms jusqu'à tomber sur le mien.

- J'ai trouvé ! Je suis en 3°1 et toi ?

- Pareil ! Je suis trop contente on est dans la même classe !

Ce fut ce moment qu'a choisi Brandon pour venir nous embêter. Brandon Mersier était un jeune homme prétentieux qui se prenait pour Justin Bieber. - Je n'étais pas spécialement fan de ce dernier mais c'est la seule comparaison que j'ai pu trouver...- Mais malheureusement pour lui, il en était très loin.

- Salut les filles ! Alors, est-ce que je vais avoir la chance, cette année encore, de tomber dans la même classe que vous ?

Il a parcouru le tableau du doigt puis a fait une moue qui se voulait triste mais qui sonnait faux.

- Oh ! Quel dommage je suis en... 3°1 !

- Noooon ! nous sommes nous écriées en même en temps.

Lucie s'est précipitée devant le panneau d'affichage pour vérifier. Mais Brandon était bel et bien dans notre classe, une fois encore.

- Ne faites pas cette tête dégoutée, je vais penser que vous n'êtes pas contente d'être avec moi !

- C'est le cas ! ai-je maugréé.

Après cet évènement très triste - en tout cas pour Lucie et moi - nous sommes allées nous asseoir au fond de la cours, sur un banc contre le mur nous séparant du lycée. Puis nous avons commencé à parler de tout et de rien. Enfin... surtout Lucie parce que moi j'étais en train d'écouter de la musique, avec mes écouteurs. Ce qu'elle a dû remarquer car au bout d'un certain temps, je me suis rendu compte qu'elle était en train de me crier dessus.

- Idril ! Tu viens ? Ça fait déjà deux fois que je t'appelle. Elle a fait une pause puis, agacée, a désigné mes écouteurs. Est-ce qu'au moins une fois dans ta vie, tu vas te sortir ces trucs de tes oreilles ?

- Un jour peut-être...

C'était toujours comme ça : moi, la paresseuse avec mes écouteurs enfoncés dans mes oreilles, quand une occasion se présentait, et Lucie toujours derrière moi, en train de me dire ce que je devais faire. Mais bon, c'était pour ça que je l'adorais...

- Tu m'écoutes quand je te parle ?

Le ton de sa voix m'a fait sortir de ma rêverie.

- Ah, oui désolée, j'arrive.

- Tu ne pourrais pas au moins au début de l'année, essayer de faire un effort et couper ta musique, quand l'heure du début des cours approche ?

- Tu sais très bien que je saute sur toute occasion qui pourrait me faire rater un cours...

- Et ton avenir ? Tu y penses ?

- Oh non ! Tu ne vas pas t'y mettre aussi ! J'ai droit à la morale tous les ans avec mon père !

- Oui et bien, tu veux que je te dise ? Il n'a pas tort ! Elle a soufflé d'exaspération, puis a changé de sujet. Bref. Tu viens, sinon on va être en retard au cours de Mme Drousey.

- T'as eu le temps d'aller voir notre emploie du temps !? me suis-je exclamée, stupéfaite.

- Et oui ! Bon lève-toi. On ne va pas rester là indéfiniment.

- Ça ne me gênerait pas... ai-je murmuré.

***

Nous sommes entrées dans la salle de maths, où nous avons trouvé Mme. Drousey ainsi que M. Albiert - un peu plus et on aurait eu à faire à « Albert » ! - notre directeur ; qui n'avaient pas l'air de parler amicalement. Mme. Drousey, les mains sur les hanches, le regardait sévèrement, tantôt en nous pointant du doigt, tantôt en désignant l'extérieur du bâtiment. Le troupeau de 30 élèves que nous formions, m'empêchait d'entendre ce qu'ils disaient. En me rendant à ma place, j'ai chuchoté à Lucie :

- Je me demande de quoi ils parlent...

- Sûrement pas d'un truc qui te regarde ! m'a soufflé cette dernière mécontente.

- J'ai le droit d'être curieuse, non ?

- Pas quand ça concerne des adultes.

- Ah oui ? Et pourquoi ? je lui ai répondu en position d'attaque.

Sentant peut-être qu'une bagarre allait éclater, une jeune fille rousse qui devait avoir 13 ans - un an de moins que moi - s'est interposée entre nous.

- On se calme les filles ! Vous n'allez pas vous entretuer en plein cours quand même !

- Si elle arrêtait de s'occuper des affaires des autres, il ne se serait rien passé.

En disant cela, Lucie nous a tourné le dos et est allée s'asseoir. Quand le directeur est parti, Mme. Drousey a commencé à faire l'appel.

***

- Mademoiselle Hermine ?

J'ai sursauté et ai relevé la tête.

- Oui madame ?

- Pouvez-vous répondre à ma question s'il vous plaît ?

- Oui bien sur.

Je me suis tournée vers Lucie en espérant de l'aide, mais elle devait toujours m'en vouloir pour tout à l'heure et ne m'a donc rien dit. Juste à ce moment là, j'ai ressenti cette présence. Celle qui me suit partout. Elle semblait vouloir attirer mon attention sur quelque chose. Sur mon cahier !? Je me suis penchée vers celui-ci, et ai découvert avec surprise, une phrase, comme écrite par une main invisible. « Il faut additionner les deux nombres. ». Je suis restée bouche bé devant mon cahier.

- Mademoiselle Hermine ? Vous m'écoutez ?

J'ai entendu des rires au fond de la classe - il faut dire que je suis pas très appréciée dans ce collège - et dans la précipitation, j'ai dit la phrase que je venais de lire.

- Il faut additionner les deux nombres.

Me rendant compte de se que je venais de dire, je me suis écriée :

- Heu... Je voulais dire...

Mais je me suis arrêtée en voyant les regards stupéfaits que me lançaient mes camarades. Ne sachant pas comment le prendre, je me suis penchée vers Lucie et lui ai murmuré :

- J'ai dit quelque chose qui ne fallait pas ?

La prof, plus rapide et m'a répondu la première.

- Très bien. C'est exactement la réponse que j'attendais.

Quand elle a repris la leçon, je me suis retournée vers Lucie.

- T'as vu ça ?

- De quoi ? m'a-t-elle dit surprise mais avec un regard glacial.

J'ai soupiré. De toute façon, je savait très bien qu'elle n'était pas connue pour se remettre facilement d'une dispute...

- Sur mon cahier, tu n'as rien vu ?

- Non. Pourquoi ?

- Et bien, quand la prof m'a interrogé, la réponse est apparue en lettres dorées sur mon cahier !

Elle a soudain retrouvé sa bonne humeur et a éclaté de rire.

- Je veux bien croire que tu aies beaucoup d'imagination, mais bon là... Autant me dire, que tu as écouté le cours pour une fois !

Je l'ai regardée indignée.

- Mais je te jure que c'est vrai ! Je n'ai pas écouté le cours et quand Mme. Drousey m'a demandé de répondre à sa question, elle s'est écrit toute seule. Regarde.

J'ai ouvert mon cahier, mais il n'y avait plus rien de marqué. Elle a étouffé un rire mais n'a pas réussi à cacher le sourire qu'elle affichait.

- C'est bien ce que je pensais, tu as beaucoup trop d'imagination.

Alors que son visage s'illuminait car elle pensait surement que j'avais écouté mon premier cours de ma vie, j'essayais de trouver une logique. Mais je n'en trouvais pas. Pourquoi cette phrase avait-elle disparue alors que, j'en étais convaincue, elle était là deux minutes au paravent ? En y repensant, je me suis rendu compte que la présence que j'avais ressenti n'était plus là, elle non plus. Quand j'ai constaté cela, la jeune fille rousse de tout à l'heure, qui s'était assise devant nous, s'est retournée et m'a demandé, me suppliant presque du regard :

- Tu peux me donner ton secret, s'il te plaît ?

- Quel secret ?

- Ben ce truc que tu as, qui te permet de répondre à la prof alors que tu n'écoutes absolument rien !

Je pouvais lui dire « La réponse est apparue sur mon cahier. ». Mais elle aurait, à coup sûr, éclaté de rire, alors je lui ai dit, en essayant de cacher le mieux possible ma confusion:

- Tu l'as dit toi-même : c'est un secret.

- C'est pas juste ! Ça aurait été tellement bien si je pouvais faire la même chose !

Je lui ai donné une petite tape dans le dos, pour la consoler. Subitement, elle m'a fait un grand sourire et m'a tendu la main.

- Au fait, on ne sait pas présenté, je m'appelle Rachel Suzy Andréa Paulizar ! Mais tu peux m'appeler Rachel, c'est plus cours ! m'a-t-elle dit sur le ton de la confidence.

***

« Dring ! »

J'ai soupiré de soulagement. Une heure avec cette prof c'était déjà beaucoup mais deux... J'ai rangé mes affaires le plus vite possible et me suis précipitée vers la sortie.

- Mademoiselle Hermine ?

Je me suis arrêtée net, quand j'ai entendu cette voix et ai failli faire tomber un garçon qui se trouvait derrière moi. Ce dernier a grogné avant de s'élancer vers la sortie. Je me suis retournée et me suis retrouvée face à ma prof de maths.

- Oui ?

- Je pourrais vous parler deux minutes ?

- Oui bien sur... lui ai-je dit d'une voix mielleuse, pour cacher mon irritation.

Les récréations étaient déjà assez courtes, pour qu'en plus elle me l'écourte.

***

- Ouf... ça y est !

Quand je suis enfin sortie la classe, j'ai murmuré cette phrase, en sachant qu'il n'y avait personne dans le couloir. J'ai regardé ma montre et ai remarqué que cela faisait 20 minutes, que j'essayais de faire comprendre à Madame J'empêche-Idril-D'aller-En-Récréation-Avec-Ses-Amies, que personne ne m'avait soufflé la réponse à sa fichue question ! C'est vrai quoi ? Je l'avais trouvé toute seule ! Oui, bon, toute seule peut-être pas. Mais j'allais pas lui dire « En fait Madame, c'est mon cahier qui m'a donné la réponse ». Sinon, c'est sur que dès le lendemain, je me serais retrouvée dans un asile ! Je me suis dépêchée de descendre les escaliers, pour au moins profiter des dix minutes qu'il me restaient. En arrivant dans la cours, la première chose que Lucie m'a demandée en me voyant arriver était :

- Alors, elle t'a dit quoi ?

et je lui ai répondu encore exaspérée par ma conversation avec Mme Drousey :

- Elle était persuadé que quelqu'un m'avait soufflé la réponse de tout à l'heure...

- En même temps, ça se comprend, tu n'as jamais répondu à une seule de ses questions. Et quand je dis jamais, c'est jamais !

- Oui, sauf que là, c'est moi qui ai donné la réponse sans aide ! A part cette fichue phrase.

J'ai murmuré cette dernière pour moi-même.

- Qu'est-ce que tu dis ?

- Oh rien. C'est sans importance !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top