un dimanche qui commence mal
─ "Admire moi, je vais faire un chef d'œuvre."
Ma mère mélangea pour son brunch, du pâté avec des tomates et des courgettes, de la compote, du reste de saumon d'hier et des nouilles chinoises.
C'est pas mal comme mélange mais je l'ai déjà vu faire mieux.
Elle est neurochirurgien comme mon grand-père, maire et député. Tout cela pour le bien commun.
Elle réussit en plus, à se mêler de ma vie constamment.
─ Qu'est ce que c'est encore que cette odeur ? a-t-elle pesté plus tard.
─ Cela doit venir de la rivière, cela sent la vase ai-je fait en haussant les épaules.
─ Allez Laurie, ça suffit ! Arrête ta mauvaise volonté ! Ca vient du grenier! J'ai besoin d'aide pour trouver ce qui sent mauvais là-haut.
Nous nous disputons beaucoup toutes les deux, sur des thèmes ressassés, mes résultats scolaires c'est la débâcle, je gâche ma vie et ne m'intéresse à rien. Je refuse de l'accompagner à ses meetings politiques.
Je connais par cœur son discours : "quand je pense que moi je travaillais bien, j'avais des amies ...une vie merveilleuse."
Quand elle se lançait dans ce laïus je l'interrompais durement en lui rappelant sa solitude actuelle. Je pouvais faire car mon père s'est suicidé quand j'avais 10 ans.
Nous n'avons pas eu beaucoup à chercher pour trouver la pauvre bête, une chouette morte qui avait dû se coincer en passant par un trou dans le toit et n'avait jamais retrouvé la sortie.
─ Une caverne d'Ali baba cette maison.
─ C'est vrai, a-t-elle dit en balayant la pièce du regard et en frissonnant . Mais c'est surtout un gouffre financier ! (Elle désigna les fuites du toit d'un large geste de la main.)
─ Je ne suis pas montée depuis un moment et apparemment, ça ne s'arrange pas.
Elle s'est mis les mains sur les tempes. "Je vais faire de la place pour les travaux, la toiture ne va plus pouvoir attendre."
Le fait de constater que le toit de la maison est vraiment abîmé n'a pas arrangé son humeur.
─ Bon c'est décidé, a-t-elle dit. On vide tout ! Même si je ne sais pas encore comment je vais pouvoir payer les réparations.
Elle a ouvert la fenêtre, malgré la pluie, pour chasser l'odeur persistante qui me donnait envie de vomir.
─ On va juste trier si nous avons des souvenirs que nous voulons garder. (Maman m'a désigné un secrétaire) Tu peux voir s'il est vide?
─ Et s'il y a des araignées ? Ai-je marmonné.
─ Je ne peux pas recenser et m'occuper de vider les meubles, puce.
Tout cela dit avec un sourire persuasif, accompagné d'un ton autoritaire qui ne laisse aucune chance à son interlocuteur. J'ai horreur quand elle fait cela.
Je suis allée ouvrir le secrétaire en maugréant. Vide, par contre la bonnetière était pleine de linge, des draps anciens et des chemises de nuit féminines et brodées que j'ai sortie pour les examiner.
─ Je peux les garder ? ai-je demandé.
Ma mère a accepté d'un hochement de tête, et voilà, c'est à ce moment précis je crois que les événements se sont mis en route.
***
Elle était si énergique qu'elle me déprimait et je lui ai dit à de nombreuses reprises que je la diagnostiquais hyperactive. Comme elle est médecin, cela l'agace toujours quand j'utilise du jargon médical, surtout pour qualifier son comportement.
J'aurais voulu passer mon Dimanche tranquille à me reposer, et au lieu de cela j'ai le dos en compote.
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Un premier chapitre pour introduire la vie d'une de mes deux héroïnes.
La vie n'est pas facile pour elle et elle n'a goût à rien je pense que vous l'aurez remarqué.
Le chapitre suivant raconte encore son quotidien.
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