Sebastien et Monsieur Tardy


            La voiture avançait bien, il était content et il avait hâte de l'essayer. Le moteur devrait donner.
Il crevait de chaud avec les soudures et décida de prendre un peu l'air.

Il aurait encore des voitures à réparer chez eux. Son père n'était pas raisonnable et ne refusait pas les clients, alors qu'il ne pouvait pas faire le travail. Résultat tout était pour lui, s

Ce qui les sauvait, c'est qu'il ne travaillait que sur les voitures anciennes, généralement de collections et les propriétaires n'étaient pas pressés de les récupérer.

L'ancien champion était en crise en ce moment et particulièrement mauvais, cloué dans son fauteuil roulant, il agonisait d'injure son entourage. Seb devait presque se battre avec lui pour avoir ses weekends tranquilles ou au moins ses soirées. Il faisait de la piscine le jeudi soir en niveau compétition mais son père ne comprenait pas et lui reprochait de perdre son temps.

Sa mère ne disait rien et se contentait d'essayer de calmer son mari sans grand succès. Sébastien soupira, quelle famille ! Et il ne parlait même pas de son débile de frère.

─ Je vais faire une pause clope, dit-il aux autres.

─ Vas-y, dit Antoine, j'ai presque fini. Cette bagnole va être une bombe!

Il aimait bien ce bahut, les mecs étaient cools. Au début il avait été furieux de déménager pour venir dans ce trou mais maintenant il le reconnaissait il était bien ici.

Ils vivaient en banlieue parisienne ce n'était pas la joie et ils n'avaient pas d'argent, son père au chômage tournait en rond dans l'appartement et sa mère ne travaillait pas.

Greg avait été placé près d'ici en Février l'an dernier, ce qui parait-il, était une bonne chose, car il y avait un bon environnement et on prenait le temps de s'occuper de lui.

Sa mère n'avait eu de cesse qu'il vienne s'installer près de Greg. Elle n'avait pas beaucoup d'idée mais quand elle avait un truc en tête, pas moyen de lui faire changer d'avis.

Comme il avait été viré de son lycée après l'explosion du laboratoire, sa mère avait remis l'argument sur le tapis. C'était injuste car c'était la faute de son prof, mais personne n'avait voulu le croire.

Il avait un casier judiciaire un peu chargé, car il ne supportait pas la bêtise du système et avait eu un sacré caractère de petite frappe, il le reconnaissait maintenant. Il avait mis le feu à son collège et était arrivé à l'école en voiture 12 ans provoquant l'émoi de la directrice qui était partie en dépression.

Son père  s'était acheté son propre garage ici, malgré son handicap. Il était heureux de pouvoir réparer des voitures, sa mère avait trouvé un boulot de vendeuse et allait voir Greg qui n'était pas loin. Elle s'était prise de passion pour les plantes et s'était même mise à l'informatique, sa nouvelle lubie. Elle avait transformé tout l'arrière de leur maison en un jardin potager ou elle passait des heures à parler à ses plantes ridicules.

Lui n'allait plus voir son frère, il ne le supportait pas. Quelqu'un qui ne vous parle pas et ne vous regarde pas c'est trop dur. Quand il était petit il avait même eu envie de le tuer ce frangin encombrant.

L'amour des bagnoles avait calmé sa rage.

Il prit une bière dans le bureau de m Tardy, la bonne surprise quand il était arrivé dans ce lycée, un prof intelligent.

Ils avaient commencé un nouveau projet sympa, la construction d'un robot pour les championnats de France de robotique et il s'éclatait dans sa classe. Finalement il se plaisait à la campagne, en plus ici, il faisait des courses de voiture.

Il avait eu 18 ans début Février et ne voyait pas de changement, il avait juste le droit de conduire alors qu'avant non.

Plus que quelques mois avant de passer son bac et après que ferait-il ? Il n'en avait pas la moindre idée, mais pour lui la vie en dehors des voitures, n'avait pas de sens.

Son père lui disait de reprendre le garage et d'arrêter les études mais Stéphane Tardy le poussait à faire l'école d'ingénieur des mines qu'il avait fait lui-même.

Sébastien n'était pas emballer à l'idée de fréquenter des fayots.

Stéphane insistait je te promets les mines Nord, cela te plaira. Il le faisait marrer ce prof qui lui donnait goût aux études. Il était en train de se laisser convaincre, surtout qu'un copain Théo qui faisait des courses avec lui, était à Mines Nancy et lui avait confirmé que l'école était cool.

18h30, le lycée était désert, il faudrait qu'il soit toujours comme cela. Il prit une bouffée de cigarette en admirant sa moto un pur bolide. Il se méfiait de ce connard de Peff qu'il avait pulvérisé aux courses et qui avait menacé de se venger.

Il restait le vélo de Laurie sur le parking ou était passée cette fille ? Dire qu'il la trouvait jolie !

Qu'est ce qu'il lui avait pris de l'aider tout à l'heure ?

Il mangeait souvent en face d'elle et avait pu mesurer combien elle était incroyablement belle, mais il détestait ses manières bourgeoises. Elle avait des yeux gris, des cheveux bruns épais et un visage en cœur. Il avait même eu le délire de la boisculer, pour lui ôter ce chignon débile et cet imper de mémé. C'était dommage, qu'elle soit barge, car sinon elle aurait été canon.

Le monde dans lequel il vivait n'avait aucun sens, elle un ange sur terre, était martyrisée et des salops comme Diana ou lui étaient admirés. La ou le bas blessait, c'est qu'il ne supportait pas quand on la brutalisait.

Il avait vraiment aimé quand elle lui avait dit de rester et cela l'inquiétait un peu. Il ne savait pas a quel moment il l'avait vraiment remarquée, il l'avait toujours trouvé jolie et cela dès le premier jour où il s'était retrouvé assis en face d'elle, alors qu'on lui disait qu'elle était aussi cinglée que son frère.

Ensuite au fil des mois il avait été ému plusieurs fois par sa fragilité. Laurie était souvent envoyée sur le banc de touche, il l'avait trouvé adorable, assise recroquevillée. Ils avaient des cours de gym aux mêmes heures et il était écœuré par l'injustice de Garnier sa prof.

Elle n'avait pas peur de lui, malgré sa fragilité. Elle lui avait toujours tenu tête et une fois il avait même cru qu'ils allaient discuter. Il avait réalisé avec agacement depuis peu que ce n'est pas lui qui refusait le dialogue mais elle.

Il craquait pour elle, c'était idiot, d'ailleurs ce midi il s'était demandé s'il se risquerait à la draguer. Généralement il ne tenait pas deux jours avec une fille, alors c'était aussi bien qu'elles se jettent à son cou, elles avaient moins l'impression d'être trahie quand il devenait méchant, ce qui arriverait forcément.

Les filles ce n'était que des emmerdes, comme le disait son père.

Il n'allait pas draguer cette pauvre folle, se dit-il en tirant une bouffée de cigarette, mais il aurait bien aimé qu'elle s'intéresse à lui.

Il essaya de déterminer si elle avait fait un seul geste prouvant qu'elle était folle. Mais non elle semblait juste rêveuse et bien trop gentille. Il l'avait vu donné de l'argent à la quête de la pouf ou laisser sa place à quelqu'un.

La porte principale s'ouvrit et Laurie sorti. Arrivée à son vélo, elle ramassa ses cheveux en un chignon. Elle ne lui parlerait pas il le sentait. Leurs yeux se croisèrent et elle regarda ailleurs.

─ Ça va Sébastien, demanda Stéphane venu le rejoindre. Il suivait lui aussi du regard Laurie.

─ Ça va. Vous avez vu la voiture elle avance bien.

─ C'est drôle cette gamine, j'ai été raide dingue amoureux de sa mère.

─ Non ? s'exclama Sébastien incrédule.

─ Si je te promets, elle était aussi jolie que Laurie, mais le caractère opposé, une volonté de fer, elle régentait tout le lycée à mon époque. Tu ne sais pas qui est sa mère ?

─ Non.

─ Attends je te montre, dit Tardy en sortant son portable et en faisant une recherche sur internet, elle est tout le temps dans le presse du coin. Anne Breton la voilà elle est médecin, maire et député au conseil général.

Seb jeta un regard sur la photo. C'est vrai pas mal.

─ Quand j'avais ton âge, j'étais plutôt du caractère de Laurie je n'ai jamais osé l'approcher et j'ai passé des années à l'admirer de loin. Une fois j'ai voulu lui parler à la rivière mais des gars m'ont jeté à l'eau. Je ne savais pas nager et j'ai failli me noyer.

─ Pas cool !

─ Oui comme tu le dis pas cool. Elle est partie faire ses études à Paris et moi à Lille et je pensais l'avoir oubliée puis je suis revenu bosser ici, j'ai découvert qu'elle était revenue elle  aussi, veuve.

─ Qu'est ce que vous attendez pour tenter votre chance ? Au fait vous avez appris à nager depuis ?

Oui et je n'avais qu'une trouille l'an denier quand Laurie était dans ma classe c'était de rencontrer la mère.

─ Elle vous fait peur ?

─ Elle m'a brisé les couilles même ! Elle ne voit qu'un minable en moi.

A mon avis vous passeriez 5 minutes avec elle, vous arrêteriez de l'idéaliser, remarqua Sébastien.

M Tardy éclata de rire.

─ La petite est mignonne comme tout et n'a pas eu de chance.

─ Il parait qu'elle est cinglée, dit sombrement Sébastien.

─ Je l'ai eu dans ma classe un an, je suis sûr qu'elle n'est pas cinglée.

Tant mieux ! Songea la voie non raisonnable dans la tête de Sébastien.

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point de vu des garçons. 

Hum hum ce Sébastien n'est pas si indifférent et grosse brute que cela finalement!

Pensez à voter si vous avez réussi à lire, cela fait plaisir. 

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