Retour à la maison(2)
Mon bras me faisait mal lorsque j'ai été déposé le carton dans la chambre de ma mère alors je suis retournée m'allonger. Dehors la tempête battait son plein, ce qui me faisait moins regretter de ne pas pouvoir sortir. C'était amusant de l'observer blottie au chaud sous ma couette.
Ma mère m'a appelé, ça va ? Tu passes une bonne journée ?
─ Ca va maman ne t'inquiète pas, Babeth ne me quittes pas des yeux. Louis est passé aussi, tu verras dans ta chambre, j'ai trié des vieux papiers et je t'ai mis un carton sur ta coiffeuse, des notes de papy et des documents importants, dis-moi ce que tu en penses.
─ Génial, a fait ma mère toute contente.
─ On avait une Agathe dans la famille, une cousine à toi ou à mamie ?
─ Non cela ne me dit rien du tout, a répondu ma mère.
Les jours suivants la même routine se répétait, je lisais le journal et cherchais des informations dans tous nos papiers, trainant en pyjama dorlotée par Babeth.
Je pensais à mes camarades de classe au lycée me demandant ce qu'ils faisaient sous cette pluie diluvienne, des giboulées de mars en avril. Je pensais surtout à une personne en particulier, qui venait en moto. Je fermais les yeux et je revoyais les traits de Sébastien si beau. J'aimais penser à lui, mais je savais bien que jamais je n'oserais lui parler.
J'ai lu une bonne cinquantaine de page du journal regrettant qu'il n'y ait ni nom, ni date. Agathe ne songeait nullement à donner des indications précises et pour l'instant nulle trace de la folie dont parlaient le médecin et le père de la jeune fille.
Les promenades en vélo et des baignades dans la rivière, mais très convenable comme elle le précisait elle-même, des parties de tennis et des bals. Les années 1970 ou 1980 car il y avait des vélos et des voitures, la radio. Par contre, nulle mention de téléphone portable, d'internet ou d'ordinateur. Des passages du journal m'amusaient :
Sa mère leur avait appris à coudre et elle s'était mieux débrouillée que sa sœur.
Sa sœur Odette était parti pour quinze jours à Saint Malo chez des amies. La sœur ainée revenait souvent, et les deux filles n'arrêtaient pas de se jouer des tours. Agathe parlait aussi beaucoup d'un jeune voisin Thomas, son amoureux. J'étais absorbée dans ma lecture et quand Babeth est venue pour voir ce que je devenais, elle m'a fait sursauter. Elle m'avait préparé une collation et un thé. Quel temps tu te reposes ?
─ Oui j'ai trouvé un journal intime d'une ancêtre mais c'est idiot je n'arrive pas à savoir de qui il s'agit.
─ Tu vas trouver a dit Babeth avec son enthousiasme indéfectible.
Je suivais la vie quotidienne de ma petite inconnue . Si on considérait l'âge des jeunes filles, cela semblait correspondre aux années de ma grand-mère et j'ai failli lâcher le journal. Odette ma grand-mère, n'avait pas de sœur, elle était fille unique.
J'ai regardé la pluie qui balayait mes vitres, assise sur le banc près de ma fenêtre, pour admirer la rivière et réfléchir. Enfin je me suis décidée et j'ai appelé ma mère sur son portable.
─ Laurie je suis au travail, a-t-elle dit en décrochant.
─ Ben tu n'arrêtes pas de m'appeler toi, dis grand-mère elle avait une sœur ?
─ Non bien sûr que non, elle était fille unique.
─ Tu es sure ? Même pas une sœur qui serait décédée jeune.
─ Oui j'en suis sure. Je me rappelle, très bien, m'être plains d'être fille unique et elle m'a toujours répondu qu'elle aussi. En même temps dans la famille nous avions des problèmes de fécondité.
Je connaissais l'histoire mais je préférais vérifier encore une fois, mon arrière-grand-mère avait eu du mal à concevoir et avait eu mamie assez tard, qui elle aussi avait eu ma mère à 36 ans ce qui était très tard à l'époque. Du coup ma mère se croyait tranquille et j'étais arrivé trop tôt, c'était ballot.
─ Bon je te laisse fait attention en rentrant le vent souffle.
─ Merci ma puce je rentrerais tard j'ai une réunion importante à la mairie ce soir.
─ Cela va aller pour m'emmener à l'école ?
─ Oui promis.
J'ai continué ma lecture cherchant des traces de date. J'en étais au 17 Juillet dans la vie d'Agathe.
Je ne voyais toujours pas trace du moindre problème chez cette jeune fille et je commençais à me lasser de la lecture. Je me suis redressée dans mon lit quand j'ai lu la fin de sa journée ;
Maman m'a consolé car j'ai raté ma couture et pour m'encourager elle m'a donné une chemise de nuit ancienne de dentelle brodée par une ancêtre.
La coïncidence avec ma propre histoire se retrouvait à nouveau.
La page du 18 Juillet j'ai failli pousser un cri et le tonnerre dehors m'a fait sursauté ;
18 Juillet
C'est incroyable cher journal je ne comprends pas ce qui m'est arrivée la nuit dernière, je suis tellement perturbée que je vais essayer de tout noter mais je risque d'être horriblement confuse.
Je me suis couchée normalement pour me réveiller devant notre château détruit dans un incendie, c'était horrible. L'air était chaud acre avec une fumée épaisse partout et l'odeur épouvantable.
J'avais peur et j'aurais voulu que mes parents soient là ou surtout Thomas. J'ai appelé à l'aide mais je n'ai pas eu de réponses. J'ai avancé perdue cherchant vainement mes parents au milieu des décombres. En pleurs j'ai décidé d'aller me réfugier dans notre cachette à Thomas et à moi, là ou la rive de la seine forme une petite corniche. J'espérais peut être que mon cauchemar se transforme en rêve et que Thomas apparaissent pour me sauver.
Quand je suis arrivée j'ai eu une belle frayeur, car une jeune fille s'y cachait déjà.
Elle portait une robe de bal de couleur crème avec des nœuds compliqués des broderies et une perruque blanche salie. Pitié ne me fait pas mal m'a-t-elle dit.
Agatha avait aidé la jeune inconnue et réalisée qu'elle voyageait au moment de la révolution française. J'ai claqué le journal en le fermant. Comme moi, enfin je n'étais pas la seule, sauf que nous ne voyagions pas à la même époque.
Pour la cachette, je ne voyais pas l'endroit dont elle parlait. A la boucle de la seine il n'y avait pas de corniche.
Ensuite la pauvre Agathe est passée par de mauvais moments. Elle a eu le bon sens de ne rien dire de sa nuit mais tout le monde lui reprochait ses sautes d'humeur, ses absences, ses rêveries.
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